Source/auteur :
Confédération paysanne Mis en
ligne le lundi 17 décembre 2001, par Pedro http://hns.samizdat.net
Demande de relaxe
pour les paysans inculpés suite à l'action de juin
1999 dans les serres du CIRAD
A
l'audience d'appel qui s'est tenue à Montpellier les 22
et 23 novembre 2001, le procureur a requis des peines très
sévères contre 3 paysans pour leur participation,
en juin 1999 avec des paysans indiens, à la neutralisation
de plants de riz transgéniques dans une serre du CIRAD
(Centre de coopération internationale en recherche agronomique
pour le développement). Cette action avait pour objectif
d'alerter l'opinion sur un programme de recherche comprenant
une phase d'essai par repiquage en Camargue, destiné à
évaluer la productivité d'un riz génétiquement
manipulé, porteur d'un gène Bt insecticide de la
pyrale et contenant un gène marqueur de résistance
antibiotique. Par cette action sur du riz, culture camargaise
mais surtout culture de base en Inde et dans de nombreux pays
du Sud, les paysans français et indiens entendaient ainsi
protester contre le passage en force d'une technologie aux conséquences
potentiellement très graves, sur les plans économiques,
sociaux, culturels et environnementaux.
Pour cela, le procureur a réclamé
de la prison ferme, notamment 8 mois à l'encontre de José
Bové et une peine atténuée pour Dominique
Soullier, porte-parole de la Confédération paysanne
de l'Hérault. La cour rendra son arrêt le 20 décembre.
Mais que juge-t-on vraiment
ici ?
Depuis quelques
années, des firmes semencières et agrochimiques
sont parties à la conquête d'un marché planétaire,
par l'utilisation marchande de la manipulation génétique
des semences. La possibilité de déposer et exploiter
des brevets sur les découvertes relatives aux plus élémentaires
composantes du vivant, les gènes, leur a ouvert la perspective
de fabuleux profits, en rendant totalement dépendants
les paysans à leurs produits (semences et produits phytosanitaires).
Pour ces firmes, tout retard dans la diffusion de leur production
transgénique, toute contestation, toute entrave "citoyenne",
est synonyme de perte d'argent, donc obstacle à éviter
ou à détruire.
Les
entreprises semencières et agrochimiques françaises,
aussi peu philanthropiques que les autres, participent à
cette compétition, cette course aux "semences d'or".
Elles ont ainsi fait pression pour que les institutions scientifiques
nationales concernées se lancent massivement dans ce travail,
prétextant que la France ne doit pas prendre de retard
dans la guerre commerciale des OGM, face à la "concurrence
étrangère".
Triste
argument Car si en France comme un peu partout
dans le Monde, des paysans et des citoyens s'opposent aux OGM,
ce n'est pas par anti-patriotisme ou obscurantisme, c'est parce
qu'il s'agit d'une technologie : - qui
permet aux firmes semencières et phytosanitaires, via
le brevet sur le vivant, de déposséder les paysans
de leurs propres semences et de les transformer en receleurs
s'ils réutilisent des semences OGM ; -
qui n'est qu'un bricolage, puisque les chercheurs eux-mêmes
n'expliquent pas scientifiquement la manipulation qu'ils opèrent
et n'en maîtrisent pas le résultat (c'est du bombardement
à l'aveugle de gènes sur des chromosomes des cellules
reproductrices) ; - dont les risques irréversibles
pour la biodiversité et la santé animale sont avérés
mais ne sont toujours pas évalués, puisque cela
prendrait trop de temps avant la mise en marché ;
- que les consommateurs rejettent massivement
dès lors qu'ils sont informés de ses caractéristiques
et de son objet ; - dont l'intérêt
économique à court et moyen terme n'est toujours
pas démontré , ni pour les paysans à qui
ils sont destinés, y compris et surtout ceux du tiers-monde,
ni pour réduire la faim dans le Monde, puisque c'est essentiellement
affaire de répartition d'une production alimentaire globalement
suffisante.
Cette hostilité
porte un message en direction des Etats et des instituts de recherche :
le refus de voir les représentations politiques cautionner
l'orientation de la recherche publique vers des domaines rejetés
par les populations, dans le seul intérêt mercantile
d'une poignée de grandes firmes, fussent-elles "nationales".
Alors la justice française
va-t-elle embastiller des militants qui, par leurs actions de
désobéissance civile, ont contribué de manière
décisive à instaurer une prise de conscience sans
précédent parmi les citoyens, les responsables
politiques et les chercheurs, sur la technologie OGM ?
La justice est censée
être rendue au nom du peuple. Soutenant les actions des
militants de la Confédération paysanne, dont José
Bové et Dominique Soullier font partie, les signataires
de ce texte, acteurs parmi des millions d'autres de la société
civile, demandent que celles et ceux qui ont permis par leurs
actes de nous alerter sur les enjeux d'un dossier complexe ne
soient pas réprimés pour cela. Ils s'opposent à
ce que la prison sanctionne leurs actions de désobéissance
civile conduites dans ce but. Se référant aux décisions
récentes de tribunaux britanniques pour des actes similaires
de neutralisation d'OGM, ils demandent que leur relaxe soit prononcée
le 20 décembre prochain.
NOM
Prénom Organisation/
association
accepte de signer
le texte d'appel "Demande de relaxe pour les paysans inculpés
suite à l'action de juin 1999 dans les serres du CIRAD"
Fax de soutien à adresser
à la Cour d'appel de Montpellier : 04.67.66.38.39
www.confederationpaysanne.fr/
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