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Attac


Sylvie Brunel

Le «Charity-Business»: Les dérives des ONG

Les organisations humanitaires traversent un maëlstrom. Entre une ancienne dirigeante d'association, Sylvie Brunel, qui accuse les ONG de faire du business et un rapport du HCR qui dénonce les chantages sexuels exercés par certains humanitaires en Afrique de l'Ouest, autant de scandales qui ternissent un peu plus leur image.
Sylvie Brunel a dirigé l'Action internationale contre la faim (AICF) de janvier 1992 à 2000, ensuite elle est restée un cadre dirigeant de cette grande association humanitaire. Elle vient de démissionner avec fracas, dénonçant les dérives financières de l'AICF et des autres grandes organisations non-gouvernementales qu'elle connaît bien.
Agrégée de géographie et docteur en économie, Sylvie Brunel s'était déjà signalée dans le passé par des ouvrages courageux et non-conformistes sur le sous-développement et le tiers-monde. Dans un gros ouvrage collectif publié en 1987, Tiers Mondes, controverses et réalités, elle montrait, entre autres choses, que les raisons du sous-développement ne sont pas principalement économiques, que l'Afrique n'est pas surpeuplée et qu'il n'y a pas de corrélation immédiate entre forte croissance démographique et sous-développement, que les famines de ces dernières décennies sont davantage causées par les guerres, civiles ou non, que par les faiblesses de l'agriculture et de la nature.
Dans Le Gaspillage de l'aide publique (1993), elle faisait le constat que, depuis trente ans, l'aide massive apportée par les états occidentaux et les ONG à l'Afrique n'est pas parvenue à enrayer son sous-développement et elle se demandait si cette aide, « en permettant de reculer indéfiniment les échéances», ne contribue pas à entretenir la dépendance et le sous-développement.
Sa démission de l'AICF a des motivations différentes, et tout aussi graves. Elle dénonce la dérive des grandes associations humanitaires qui sont « devenues des business soucieux de parts de marché». «Les donneurs de leçons, dit-elle encore, sont tombés dans les défauts qu'ils dénoncent : la bureaucratie, le niveau élevé des rémunérations.» Sont visés les salaires élevés que s'attribuent les dirigeants et les cadres permanents de ces grandes associations qui vivent grâce aux dons des particuliers. Sont visées aussi les stratégies financières mises en uvre par les ONG.
Leur charité est sélective, explique Sylvie Brunel. De plus en plus, outre le financement privé apporté par les dons des particuliers, les ONG dépendent d'un financement public: les subventions que leur versent les gouvernements, les institutions européennes et les agences des Nations-Unies. Les missions à l'étranger vont donc être ouvertes ou fermées non seulement en fonction de critères humanitaires mais aussi financiers. Il s'agit pour les ONG d'attirer les subventions publiques. Et pour les obtenir, elles ne vont pas hésiter à se livrer à une concurrence parfois redoutable.
On comprend qu'un pays placé sous les feux de l'actualité, à cause des événements dramatiques qu'il connaît, va attirer les ONG alors que des pays où existent d'autres problèmes, parfois aussi graves, seront négligés parce qu'ils sont oubliés des médias.

L'ONU aussi...

Dans le même temps, un rapport accablant du Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (HCR) établit que dans des camps de réfugiés en Sierra Leone, au Liberia et en Guinée, des adolescentes, de 12 à 18 ans, ont été victimes d'abus sexuels de la part de membres des organisations humanitaires et aussi de la part de soldats de l'ONU. C'est l'association Save the Children qui, la première, avait dénoncé les faits.
Le rapport publié, qui n'était pas destiné à être rendu public, met en cause une quarantaine d'ONG! Parfois il s'est agi de viols, le plus souvent de chantages: pour obtenir de l'argent, de la nourriture, des ustensiles, pour leurs familles, des jeunes filles réfugiées ont dû se soumettre aux avances de membres d'ONG ou de soldats onusiens. Une commission d'enquête du HCR poursuit le travail d'investigation. Des sanctions devraient suivre.
Ces abus financiers et moraux ne sont pas des dérives marginales mais le révélateur du dysfonctionnement des grosses machines humanitaires qui sont devenues de véritables entreprises où la charité n'est plus qu'un alibi.

Yves Chiron, sur : Alias2000, Numéro 31, 4 mai 2002

Voir aussi: Le temps du dévoiement (Le Monde du 21/11/01), et sur: France5.fr le Mardi 2 avril 2002, "L'HUMANITAIRE EN ACCUSATION".