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Attac

Anciens et nouveaux mouvements sociaux : des catégories pertinentes?
KARINE, vendredi 24 Janvier 2003 - 21:37

Au lendemain d'une marche d'ouverture réunissant près de soixante-dix mille personnes, les activités et conférences du troisième Forum Social Mondial se sont aujourd'hui officiellement mises en branle un peu partout à travers Porto Alegre. Présentant simultanément plusieurs tables-rondes (centrées sur cinq axes thématiques distincts : Développement démocratique et durable ; Principes et valeurs, droits de l'homme, diversité et égalité ; Médias, culture et contre-hégémonie ; Pouvoir politique, société civile et démocratie ; Ordre mondial démocratique, combat contre la militarisation et promotion de la paix) mais aussi de nombreuses conférences et ateliers, la programmation 2003 du Forum rend en fait des plus difficiles, pour les participants, le choix d'une activité au détriment des autres.

Une des cinq table-rondes de la journée semblait toutefois particulièrement pertinente pour inaugurer un Forum officiellement dédié à "l'échange entre les associations et mouvements de la société civile qui s'opposent au néo-libéralisme et à la domination du monde par le capital et par toute forme d'impérialisme". En effet, conscients de la forte diversité présente à l'intérieur des différents participants au Forum et des tensions qui surgissent inévitablement de ces divergences, les organisateurs de l'événement ont organisé une présentation portant justement sur ce thème. Portant le titre de Nouveaux et anciens mouvements sociaux, nouveaux espaces de convergence et de tension des multiples acteurs aux niveaux local et mondial, cette table-ronde rassemblait les membres de six différents mouvements sociaux, sensés représenter la voix des mouvements traditionnels ( Carol Phillips du syndicat canadien CAW et P. K. Murthy du All India Federation Trade Unions) et tout autant que celle des acteurs sociaux dits nouveaux (Gerd Leipoldde Greenpeace Holland, Huijg Dieuwertje du réseau hollandais The Next Generation Network et Maria Betânia Ávila de SOS Corpo- Brésil).

Officiellement chargés de répondre à la difficile question des divergences et des modes de collaboration possibles entre mouvements sociaux traditionnels et nouveaux mouvements, bien peu des panelistes se sont finalement effectivement attaqués à cette réflexion. De fait, le représentant de Greenpeace de même que celle de The Next Generation ont plutôt choisi de centrer leur allocution sur la présentation de leurs organismes respectifs, ne proposant aucune définition des concepts, somme toute vagues, d'anciens et nouveaux mouvements sociaux et passant outre la question des difficultés et promesses reliées à leur potentielle collaboration. Un peu plus explicite, la représentante du syndicat canadien CAW s'est quant à elle livrée à l'exercise d'identifier deux des principales questions sur lesquelles, selon elle, divergent ces différentes "générations" d'acteurs de la société civile, soulignant une différence au niveau de l'importance accordée au consensus et de la diversité absolue à l'intérieur des organisations. Plus hiérarchiques, les mouvements traditionaux ne chercheraient pas, comme plusieurs groupes de formation plus récente, le consensus à tout prix et verraient comme inopérante la recherche, menée par plusieurs, d'une diversité absolue du groupe. S'appliquant sans aucun doute à certains mouvements sociaux dits nouveaux mais sûrement pas à tous ceux généralement inclus dans cette vaste catégorie, cette première caractérisation peut être sérieusement remise en question par d'autres visions de la distinction entre anciens et nouveaux groupes activistes, chose qui a d'ailleurs été faite par une membre de ATTAC France présente dans la salle et qui a plutôt proposé le rejet de toute hiérarchie, l'absence de programme global et le caractère festif des nouveaux acteurs sociaux comme les éléments les distinguant réellement de leurs prédécesseurs. Mais, minimal, cet approfondissement de la question semble finalement se limiter à établir les points de divergence entre syndicats ou partis politiques et tous les autres mouvements sociaux, un exercise qui ne contribue que modestement à une meilleure compréhension des causes et solutions possibles à l'actuel manque de concertation entre organismes membres de la sociéte civile.

En fait, c'est la piste de réflexion soulevée par Maria Betânia Ávila qui apparaît comme la plus révélatrice du sens réel à donner à l'idée d'un "nouveau cycle de lutte" sociale. Se positionnant à un niveau plus global, elle propose la rupture avec l'idée de sujet unique, historique, comme caractéristique majeure des plus récents mouvements sociaux. Non plus représenté dans sa globalité, l'individu voit aujourd'hui son identité se fragmenter en diverses facettes séparées les unes des autres, l'union de tous les travailleurs d'une région laissant aujourd'hui place à des groupes plus spécialisés tels, par exemple, un organisme de défense des droits des gais et lesbiennes de la zone caraïbienne. Individualiste et pouvant maintenant, de par la séparation de ses sphères d'activité, choisir les gens avec qui il désire entretenir des liens, l'acteur social d'aujourd'hui se retourne toujours davantage vers les groupes répondant le plus strictement possible aux diverses caractéristiques qu'il considère le définir.

Cette constatation de la fragmentation de la société civile internationale semble bien représenter et expliquer la diversité extrême qu'on peut actuellement y retrouver, replaçant par le fait même le débat à un niveau plus global que la simple mise en relation des syndicats avec les autres types de groupe. En effet, le problème majeur auquel est aujourd'hui confrontée cette société civile est sans aucun doute l'absence - ou du moins le manque- de points de ralliement idéologiques suffisamment larges pour créer une mobilisation globale. Souvent repliés sur leurs droits particuliers, les différents groupes qui la composent ne trouvent que difficlement un terrain de mobilisation commune, ce qui nuit considérablement à leur poids politique. Une certaine convergence ne serait-elle pas avant tout à rechercher à l'intérieur même des mouvements sociaux dits nouveaux ?