Home Page

Participer

Publiez si vous respectez les règles de Dissident-media

Qui sommes nous ?

Nous contacter

Comment soutenir dissident-media.org


Archives

Millau - Euromed - Nice

Davos 2000 - 2003

Göteborg - Gênes

De Londres à Ottawa

Doha - Bruxelles

Radio 1 - radio 2

Antinucléaire

911/USA/guerre


Les liens

lsijolie.net: Mobilisation contre les lois sécuritaires

Urfig Information sur la Globalisation

Transnationale (info sur les...)

Samizdat (info)

A-Infos (info)

No pasaran (anti fafs)

Sans-Titre (info)

Maloka (info)

Risbal (info Amérique Latine)

Solidaridad.Ecuador les résistances en Equateur (fr, es)

germany.indymedia.org


forumsocialmundial

Attac

 

Technlogy by PageMill 3.0 and SPIP


Messages de refuseniks

H. Matar est emprisonné dans les geôles israéliennes, pour le motif de refus de servir dans les territoires palestiniens.

Aujourd'hui, 23 octobre 2002, je vais être envoyé dans une prison militaire, conséquence de mon insistance à  faire prévaloir mes opinions politiques, qui sont totalement contraires à mon enrôlement dans l'armée de mon pays.

Malgré mon jeune âge (j'ai à peine dix-huit ans), et bien que je ne sois en rien dépositaire des souvenirs du passé d'Israël, je déclare de tout mon cúur qu'Israël a atteint un étiage moral sans précédent.

Cette extrême détérioration a commencé avec les soi-disant « offres généreuses » de Barak, qui n'étaient rien d'autre qu'une énième tentative d'imposer un « accord » unilatéral au peuple palestinien.

Aujourd'hui, la caporalisation et le racisme atteignent le niveau du fascisme, dans la population juive. La répression de toute pensée critique, l'acceptation comme allant de soi des crimes de l'occupation, la déification de l'armée et l'acceptation croissante des principes de la « purification ethnique » - tous ces éléments constituent, en partie, car il y en a d'autres, un des aspects de l'effondrement de notre société.  

Il faudrait encore, en effet, ajouter à cette liste les mauvais traitements systématiques infligés aux citoyens palestiniens d'Israël, la violence haineuse déversée contre les manifestants pacifistes et une attitude d'indifférence généralisée, une totale absence de sentiments et de cúur, à l'égard de l'anormal et du faible.

Pour moi, avec tout cela, il est impensable de coopérer. La voix de la conscience et les leçons que l'humanité aurait dû tirer d'innombrables situations similaires, par le passé, ne me laissent d'autre choix que de refuser l'enrôlement dans l'armée israélienne, faussement adoubée du titre trompeur de « Forces de Défense ».

Mon refus de faire mon service est absolument irrévocable. L'oppression subie par les peuples de cette région, à l'âge des grands Empires, les tourments des esclaves et des Indiens en Amérique du Nord, la guerre d'indépendance de l'Algérie et l'apartheid en Afrique du Sud - tous ces précédents font que mon refus est irrévocable. 

Les actes (héroïques) de mon grand-père, durant la Seconde guerre mondiale, dans sa lutte contre le fascisme nazi, et son idéal humaniste - voilà ce qui éclaire mon objection. Dans ma famille, j'ai appris ce que sont l'oppression et la justice. Face à un mal tel que quiconque peut le constater ici et maintenant, il n'y a pas d'autre voie.

En ce jour très important dans ma vie, accompagné par ma famille et mes amis, qui me soutiennent tant, je veux rendre hommage à mes compagnons, les héros invisibles de notre lutte : ce Palestinien, qui supporte l'occupation sans pour autant céder à la tentation de la violence contre la population civile israélienne, qui continue à se battre pour la coexistence (entre les deux peuples) en dépit d'humiliations quotidiennes incessantes; la jeunesse (israélienne) qui fait tout afin de ne pas contribuer à l'occupation, en dépit d'une éducation qui est faite pour l'y pousser ; le militant européen pour la paix, qui défend physiquement les Palestiniens dans les Territoires occupés; et mon amie, une jeune fille élevée dans une famille de droite, qui est tombée amoureuse d'un Arabe, à la suite de quoi elle a été exclue de sa famille.

En prison, lorsque je serai contraint de saluer l'Etat et l'Armée (d'Israël), je saluerai, en pensées et de cúur, tous mes amis courageux, auxquels je ne  peux prétendre me hausser, en raison de mon identité : tous ceux qui sacrifient beaucoup plus de choses que je ne le fais moi-même - pour la paix,  contre l'occupation. 

Haggai Matar / Shministim - PO Box 70094 - Haïfa 31700 - Israël - E-mail : Shministim@hotmail.com

 

Refus de servir dans les territoires occupés!

Lettre de prison
Yigal Bronner

Chers amis,

J'aimerais partager avec vous quelques unes des pensées qui occupent mon esprit quand je passe de longues heures à peler des sacs d'oignons, à laver des douzaines de grandes marmites graisseuses ou quand on me demande d'expliquer mes raisons à ceux qui m'entourent et ont bien de la peine à les comprendre. Pourquoi un homme de mon âge, marié avec deux enfants, trouve cela nécessaire ? Pourquoi je trouve que cela vaut ma peine de refuser de servir dans les territoires occupés ?

Ces questions m'ont obligé à examiner mes actes depuis la perspective des autres prisonniers. Voilà un homme de 36 ans qui se trouve emprisonné avec des soldats qui ont la moitié de son âge. Il est séparé de sa famille, on lui interdit d'enlever son chapeau, même quand il est assis dans sa cellule ou pendant qu'il mange, on lui interdit d'employer un coussin ou des draps, de porter une montre. On lui interdit de manger au réfectoire, il doit manger sur une table pliante dans le couloir à côté de sa cellule, derrière des barreaux. On lui interdit de parler pendant qu'il travaille ou qu'il mange. On l'oblige à travailler quatorze heures par jour dans la cuisine ou à nettoyer les toilettes de la base, à se mettre au garde à vous en criant « garde à vous » chaque fois qu'un officier passe et il doit suivre une longue liste d'autres ordres et interdictions dont la seule fonction est de l'humilier. Pourquoi quelqu'un qui est sain d'esprit s'exposerait-il à cela ?

Pour pouvoir répondre sérieusement à ces questions, il faut rappeler quel est l'autre terme de l'alternative, qu'est ce que c'est que j'ai refusé de faire. On cherche vraiment à m'humilier par toutes ces règles. Mais je crois que c'est encore beaucoup plus humiliant d'humilier une autre personne.

Regarder un Palestinien ou une Palestinienne dans les yeux à un barrage routier et l'empêcher d'arriver à son travail, à l'école ou à l'hôpital. Regarder dans les yeux les habitants à qui je viens d'imposer un autre jour de couvre-feu, un couvre-feu qui semble n'avoir ni début ni fin. Regarder dans les yeux un paysan dont j'ai reçu l'ordre d'arracher les vergers, ou une famille dont je vais démolir la maison. Et voir dans les yeux de ces gens mon reflet, mon image: un soldat méprisé en face de gens tremblants qui implorent sa pitié. Cela pour moi est beaucoup plus humiliant.

Bien sûr il y a ceux qui prétendent que la présence de gens comme moi dans les territoires occupés peut rendre l'occupation plus humaine. C'est vrai, on ne peut pas nier qu'il est possible d'arracher un verger poliment, démolir une maison tranquillement et d'une manière civilisée, et peut-être même expulser toute une population de son village, comme cela a été fait à Hébron-Sud, d'une manière organisée et moins violente. Il est possible, semble-t-il, de calmement exproprier et opprimer tout un peuple. Néanmoins, la question se pose quand même : Une personne qui souhaite conserver son humanité peut-elle commettre de tels actes ?

Pour moi, la réponse est claire. C'est non.

C'est pourquoi, quand nous les refuseniks déclarons qu'il y a certaines choses qu'une personne juste ne fait tout simplement pas, nous ne parlons pas de nettoyer une cuisine car c'est là une tâche très digne. Nous voulons parler d'actes qui humilient l'Autre et nient son humanité. Il n'y aucun doute qu'il vaut mieux croupir en prison, isolé, le chapeau sur la tête, silencieux, en lavant la vaisselle et en pelant des oignons.

Je préfère, de loin, les larmes que je verse quand je pèle sac après sac d'oignons aux larmes qui me viennent chaque fois que je vois en esprit les images de l'occupation.

Salutations cordiales, Yigal