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Assurer la diversité culturelle
et linguistique C'est la question sur laquelle se sont penchés, avec
leur public, les trois panélistes de la table de discussion
consacrée vendredi aux médias, à la culture
et à la contre-hégémonie. Fier de rapporter la parole du Zapatisme devant les participants du Forum, Alfonso s'est félicité d'avoir l'occasion de faire savoir qui sont les peuples indigènes du Mexique, d'où ils viennent, ce qu'ils font et / ou essayent de faire. Leur principale lutte est de faire reconnaître par le politique le caractère indigène de leurs cultures ("nous tenons à rester indigènes"), afin qu'elles soient mises en valeur. Ils réclament de l'aide pour que leurs peuples soient reconstruits, renforcés, pour que leurs cultures soient diffusées. La menace qui pèse sur ces cultures demeure celle qui a fait disparaître certaines et qui a conduit les autres à devenir minoritaires : le processus absurde de formation des états modernes. Pour Alfonso, le concept qui prévaut aujourd'hui encore et qui a conduit aux ethocides et autres génocides d'Amérique latine et d'ailleurs est celui du pays monoethnique qui pourrait se résumer dans l'équation : un pays = une nation = une culture = une langue. Les peuples indigènes restent exclus des institutions de ces pays préfabriqués, mais leur résistance est de plus en plus forte : le Zapatisme n'a-t-il pas annoncé que le temps était venu de racheter les erreurs du passé, de restaurer les identités qui construisent l'humanité ? Et pour amener le politique à abandonner l'idée d'un État monoethnique et à entreprendre les modifications économiques, sociales, juridiques que cela impose, les indigènes peuvent aujourd'hui compter sur leur maîtrise des outils légaux notamment. Alfonso a souligné son orgueil de voir son peuple opposer aux armes qui tuaient les mots qui découvrent le mensonge. En revendiquant le droit à leur reconnaissance et à leur autonomie, c'est la figure d'un État multiculturel, multiethnique, multilinguistique, que dessinent les peuples indigènes, une figure qui demande à ce que la parole dominante se fasse moins arrogante et que nous nous interrogions sincèrement sur la façon dont chaque culture doit pouvoir contribuer de façon équitable, non seulement à l'imaginaire collectif mais encore à la gouvernance publique, en matiére de Santé, de lutte contre la faim et la pauvreté, d'assainissement, d'éducation... En réclamant dignité et justice, Alfonso a surtout voulu faire une intervention qui tranche avec une revendication à l'autodermination au prix d'affrontements violents, mais son discours n'en est pas moins resté radical dans son exigence de voir protéger d'un péril constant la diversité culturelle de fait. François de Bernard, du Germ, a pour sa part ouvert la voie d'une diversité culturelle moins synonyme d'"exception culturelle" et donc de protectionnisme. La défense des cultures minoritaires n'est certes pas à négligé face à la menace de ce que Dorval Brunelle n'a pas craint de nommer la monoculture hollywoodienne (évoquant un graffitti qui l'a frappé, il a résumé l'hégémonisation culturelle américaine à la réduction du "to be is to do" de Hegel et du "to do is to be" de Marx au "tobedobedo" d'un Sinatra!). Mais il serait peut-être aussi intéressant de donner à la diversité culturelle un caractère plus offensive en en faisant un projet collectif qui mette de l'avant un fondement philosophique redéfini pour donner à la diversité culturelle un sens anthropologique. Dorval Brunelle n'est pas allé dans un sens différent en pourfendant la culture dominante américaine mais aussi en contestant la réduction de la lutte à mener à des tentatives d'assimiler la culture a un bien commercial qu'il s'agirait de protéger au moyen de lois et d'autres motions. Les mouvements sociaux, en tant qu'expression d'une indignation de l'être collectif, ont, selon lui, un rôle constituant à jouer. Par ailleurs, M. Brunelle propose que la défense de la diversité culturelle passe à travers des projets culturels qui favorisent le processus de dialogue collectif pour permettre d'ouvrir à un plus large public l'identité des immigrants (ou des peuples indigènes), la faire comprendre et reconnaître plutôt que de l'enfermer dans une ghettoisation des cultures minoritaires. La discussion s'est achevée sur le rappel de la tenue en 2004, à Barcelone, du premier Forum Mondial des Cultures et sur un chant interprété a capella par un participant venu de Salvador de Bahia, pour faire, si besoin était, la démonstration, plus que réussie, de la richesse des cultures d'ici et de plus loin...
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