Une assemblée convoquée par le bourgmestre de Bruxelles Thielemans pour expliquer le dispositif de sécurité installé à Laeken lors des manifestations contre le sommet européen a eu lieu ce lundi soir. Les plus inquiets étaient présents et Thielemans a essayé de jouer " manifestants " contre " riverains " de Laeken.
Une assemblée convoquée par le bourgmestre de Bruxelles Thielemans pour expliquer le dispositif de sécurité installé à Laeken lors des manifestations contre le sommet européen a eu lieu ce lundi soir. Les plus inquiets étaient présents et Thielemans a essayé de jouer " manifestants " contre " riverains " de Laeken. Mais des représentants de D14, par l'entremise de Manneke Pis, ont expliqué pourquoi ils voulaient manifester devant le Grand Château.
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Le cadre " l'Auditoire 2000 " sur le plateau du Heysel où avait lieu cette assemblée est situé à bonne distance du cúur populaire de Laeken de la place Boeckstael. Dans la salle, peu d'habitants de la rue Marie-Christine et environs et pas une seule famille d'origine immigrée. Par contre, pas mal de commerçants inquiets des répercussions de la quasi-fermeture du quartier Heysel. Mais aussi quelques parents inquiets pour leurs enfants qui fréquentent leurs écoles. Et aussi pas mal de policiers en civil (habitants Bruxelles et " mobilisés " par leur chef de corps) et en habit.
Il faut dire que le bourgmestre de Bruxelles avait convoqué la population pour lui expliquer les mesures de sécurité et surtout la mise en place d'un périmètre de précaution. Non pour donner les motifs profonds et les revendications des manifestations.
Or, comme consciemment depuis Göteborg (les " hooligans politiques " de Verhofstadt), le gouvernement a concentré le débat sur la " violence potentielle " de certains manifestants et non sur leurs revendications, une certaine psychose s'est emparée de certains habitants.
Thielemans, derrière un discours en apparence d'ouverture, fit transparaître à plusieurs reprises, qu'il comptait sur la " maturité " et le " sens des responsabilités " des organisateurs pour lutter " contre les casseurs ". Il déclara d'ailleurs à la presse que Bruxelles ne devait pas se transformer en ville assiégée comme à Gênes car la Belgique était un de seuls pays au monde à pouvoir arrêter administrativement des manifestants préventivement, " s'ils portent des objets ou vêtements suspects " (RTBF-Capitale, 27 novembre, 8h30)
Mais revenons à la soirée même. Le porte-parole de la police fédérale de Bruxelles, De Coninck, fit un exposé sur les mesures de sécurité annonçant (sur base de quoi ?) 70.000 personnes pour la manifestation syndicale, 15.000 pour la manifestation de D14 et des ONG du 14 décembre et 5000 pour la manif pour la paix du samedi.
Le périmètre de sécurité autour du Palais (la zone orange) est assez large. Elle inclut aussi la fameuse avenue des Artistes qui avait été demandé par D14 et les ONG pour leur manif du 14 décembre. Cette zone semble donc encore bougé en fonction des demandes des manifestants qui veulent faire entendre leur voix au palais de Laeken !
" Je ne comprends pas que nous deviez aller au commissariat pour demander une accréditation alors que vous pourriez simplement tirer un listing avec tous les habitants concernés et leur envoyer chez eux le laisser passer ".
Dans cette zone, seuls les riverains, les commerçants, les médecins et certains services sociaux pourront avoir accès au périmètre à condition de demander une accréditation au commissariat de police.
Une habitante fit remarquer à juste titre : " Je ne comprends pas que nous deviez aller au commissariat pour demander une accréditation alors que vous pourriez simplement tirer un listing avec tous les habitants concernés et leur envoyer chez eux l'accréditation ". Cette remarque de bon sens ne trouva pas d'écho chez les pandores présents. Quoi ? Toute cette informatisation des services policiers ne sert-elle pas à faciliter la vie du citoyen ? Visiblement pas. Il s'agit sans doute de savoir avec précision qui est présent dans la zone pendant ces quatre jours. Et puis si vous habitez la zone orange, pas question d'accueillir de loger un ami venant aux manifestations ou même inviter votre maman à manger à la maison.
Riet Dhont, au nom de D14, put alors présenter brièvement les motivations des manifestants : " Nous allons manifester contre cette Europe qui, par exemple, met la Sabena en faillite. Nous voulons le dire aux ministres réunis à Laken et qu'ils nous entendent. Nous voulons que Manneke Pis puisse aller à Laeken ". A ce moment, le Manneke Pis, fabriqué en un jour par une jeune artiste Elise, est amené devant le panel de Thielemans et des policiers. Tous les appareils photos crépitent.
Un quidam essaie d'interrompre Riet Dhont en criant de manière agressive : " taisez-vous, nous ne sommes pas là pour ça ". Plus tard, je découvre que ce quidam s'entend comme larron en foire avec un jeune cadre PS bien connu : une intervention bien préparée de l'expression populaireÖ
" Monsieur Thielemans, Si vous adoptez les mêmes méthodes le 13 et le 14, vous allez chercher les problèmes. "
Une syndicaliste intervient ensuite : " J'habite le quartier, et je manifesterai et le 13 et le 14 car il faut faire quelque chose face à cette Europe. Il faut arrêter de criminaliser les manifestants Monsieur Thielemans. Vous avez déjà fait contrôler les identités à l'entrée car il y avait un petit groupe de personnes qui se réunissait devant l'entrée. Si vous adoptez les mêmes méthodes le 13 et le 14, vous allez chercher les problèmes. "
Les commerçants sont surtout préoccupés par le manque à gagner de cette quasi-fermeture du quartier : " C'est le week-end avant Noël, un de nos meilleurs chiffres d'affaires ". Certains demandent une compensation financière de l'Europe. Mais bien sûr, ce n'est pas possible affirme le bourgmestre.
Thielemans osera même dire pour amadouer la salle: " Nous n'avons pas demandé que ce sommet se passe ici sur notre territoire mais il faut le faire "
Guy Van Sinoy de D14 lui fera aimablement remarqué que c'est lui Thielemans qui a proposé que les sommets européens qui se dérouleront à Bruxelles tous les trois mois à partir de 2004 ait lieu de manière permanente au Heysel.
Je rencontre à la sortie, Jan Vromman, cinéaste (il a notamment fait un très beau film sur le chantier naval de Boel-Tamise) et habitant du quartier. Il me livre son sentiment : " Il y a une peur chez les gens. Cela ne m'étonne qu'à moitié vu l'image négative donnée par les médias sur les manifestations. J'ai trouvé positif que Thielemans fasse un effort pour informer les habitants mais en même temps, il parle de risque de violence et pas simplement de petites nuisances inévitables quand il y a manifestation. C'est triste aussi de l'entendre dire c'est pas nous, c'est à cause de l'Europe qu'il y a ces désagréments, c'est le système parapluie.
Mais ce qui m'a le plus intrigué est que Thielemans parle essentiellement de la manifestation syndicale du 13 et pas de la manif du 14 décembre. Il laisse encore dans l'obscurité le trajet de cette manifestation. Probablement que contrairement aux syndicats, le politique a moins de contrôle sur cette manif, qu'elle fait peur aux institutions. Visiblement l'option est de faire marcher les manifestants du 14 le moins possible, c'est chercher les problèmes. En tout cas, je serai là le 13 et le 14"
Les négociations sur le parcours continuent aujourd'hui. Et samedi 1er décembre, D14 informera les habitants de Laeken lors d'une tournée dans le quartier pour les inviter à participer à la manifestation.
Rendez-vous, à 10h, rue du Poinçon 19 (en face de l'hôpital César de Paepe, métro Anneessens) , à Bruxelles. Make a quick comment on this article. |
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