Impossible,
après les attentats de New York et de Washington, díécrire
de la même façon sur líinjustice du procès
intenté au nom de la charia ñ la loi islamique
ñ aux 52 Égyptiens accusés díhomosexualité
et jugés au Caire sans possibilité díappel.
Car les juges de líÉtat égyptien et les
terroristes qui ont semé la mort au cúur de Manhattan
prétendent condamner et tuer au nom díAllah. Et
on sent, confusément, que les mêmes pièges
de líHistoire sont à líúuvre dans
les deux cas, dont le principal serait de réduire tout
cela à de nouvelles variations sur le thème du
vieux conflit entre líOrient et líOccident. Au
même moment, partout dans le monde, des autorités
musulmanes, des sages, nous disent que líIslam est une
religion de paix, quíon ne tue pas des innocents en son
nom. Pourtant, au nom de líIslam, on peut réduire
les femmes afghanes à líétat de silhouettes
et les priver de tous leurs droits. Pour servir un orgueil national
blessé par une crise économique et sociale sans
précédent, toujours au nom díAllah, líÉgypte
peut se rêver en pays où líhomosexualité
níexisterait pas. Paradoxalement, la situation des homos
boucs émissaires du Caire, tout aussi égyptiens
que leurs juges, montre clairement quíon perd son temps
en opposant le Nord au Sud ou les Arabes aux Américains.
Et on a presque honte de dire, après tant díautres,
ce qui saute aux yeux : le problème, à líévidence,
cíest Dieu. Tous les dieux, et tout ce que des hommes
font en leurs noms. Associée à líidée
de Nation, la foi des gouvernants ñ leur attachement à
un être suprême ñ a toujours et partout été
synonyme de guerre, de destruction et de mort. On dira : «Cíest
le fanatisme.» Mais non ! Victime des fondamentalistes
islamistes, la plus grande démocratie du monde se tourne
vers la prière : «God bless America.» Et comme
son père en Irak en 1991, George W. Bush va mobiliser
le Dieu des chrétiens pour faire la guerre aux responsables
réels ou supposés de líhorrible massacre
du 11 septembre. Pendant ce temps, sur les bords du Nil, les
juges ont déjà fait une première victime.
Il síappelle Mahmoud Abdel Fatah. Parce quíil a
17 ans, il a été jugé à part. Le
18 septembre, il a été condamné à
trois ans de prison ferme, suivis díune période
probatoire équivalente, par le tribunal correctionnel
pour mineurs du Caire. Líaccusation síest appuyée
sur ses «confessions» lors des interrogatoires. Dieu
blesse aussi les Égyptiens.
tetu.com/edito/
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