Enerzine, 28/05/2010:

Voiture électrique: c'est pas gagné !

Nos médias, nos activistes écologistes et nos hommes politiques nous présentent l'avenir de la voiture tout électrique comme radieux. Circulez, y a plus rien à voir. C'est acquis, la voiture tout électrique va déferler sur le monde.
Et pourtant les obstacles s'accumulent sur la route de la voiture électrique. Le dernier en date, et il n'est pas mince est celui de la prise électrique. Car bien sur si jamais vous achetez une voiture électrique, il vous arrivera forcement de l'utiliser pour aller faire un tour hors de nos frontières. Et là, vous aurez inévitablement besoin de la prise électrique qui marche.

Or vous n'êtes pas sans avoir remarqué que d'un pays à l'autre, les prises électriques varient et ne sont pas compatibles entre elles. Une prise unique pour tous les véhicules électriques du futur serait donc un plus incontestable. mais pour en arriver là il faudrait que tous les constructeurs de voitures et de matériel électrique ainsi que les compagnies d'électricité se mettent autour d'une table pour définir une norme commune. Ça vous rappelle la bataille des standards de magnétoscopes n'est ce pas ?

Sans doute. Nous n'en sommes pour l'instant qu'a essayer de définir si on va utiliser nos prises classiques actuelles,seulement capable de supporter un courant de faible intensité et donc associées à des temps de recharge des batteries long (7/8 hrs), ou des prises spéciales, à forte intensité de courant (16A) et charge relativement rapide. Pourquoi pas les deux d'ailleurs avec des tarifs différents ?

Il s'agit de très gros sous, car pour équiper la France seule, à raison de 2.5 bornes par véhicule électrique et 3 millions de voitures à l'horizon 2015 soit 10% du parc français, il en coutera environ 3 milliards d'euros. Il faudra également trouver où les installer et comment les alimenter pour qu'elle puissent fournir un tel ampérage. Si en plus, dès que vous aurez franchi une frontière il va vous falloir d'autre prises et d'autres câbles électriques, ca peut vite devenir Kafkaien. Or d'ores et déjà les japonais ont standardisé les leurs et il existe en Europe, dans les pays nordiques, des prises à fort ampérage qui sont utilisées pour... réchauffer les moteurs et les sièges après les nuits glacées d'hiver.

Il y a la solution de Better Place où, dans une station service d'un nouveau genre on vous échangera votre pack batterie en 15/30 minutes mais la aussi il faudra pouvoir alimenter la dite station en très fort ampérage pour qu'elle puisse recharger tous les packs batteries de ses échanges journaliers. A moins qu'un camion ne les amène tous les jours à la centrale nucléaire la plus proche.

Vous voyiez que la phase la plus simple de cette extraordinaire mutation technologique est encore de produire les voitures électriques. Leur ré-alimentation pose un problème d'infrastructure et de logistique autrement plus complexe, comme vous pouvez en juger. Au point que les constructeurs s'en inquiètent au moment où certains d'entre eux vont entrer en phase de production.

CaDerange

 


Rappel:

Combien de centrales nucléaires faudrait-il pour faire rouler le parc automobile français à l'électricité ?

A la louche, en rapide calcul de coin de table : la consommation routière française est [en 2001] de 40 Mtep/an (million de tonnes d'équivalent pétrole) ; 1 kWh d'électricité équivaut à l'énergie livrée par 77 grammes de pétrole. La consommation annuelle d'électricité pour remplacer l'essence et le gasoil serait alors de 520 TWh (milliard de kilowattheure). Le parc nucléaire actuel comprend 58 réacteurs de 900 à 1450 MW et produit 400 TWh par an. Pour faire rouler la France à l'électricité il faudrait donc construire 75 réacteurs supplémentaires. Il faudrait aussi doubler, voire un peu plus, le réseau des lignes THT et moyenne tension ainsi que le réseau de distribution basse tension.

12 kWh = 1 litre d'essence ; ce qui porte le " litre d'essence équivalent électrique " à 1 Euro hors taxes (5 fois le prix de l'essence [en 2001]).

On peut faire plus écolo en produisant l'électricité à partir d'éoliennes. En prenant pour base une productibilité éolien de 20 % et des grosses éoliennes de 2,5 MW, il faudrait en installer 120 000. Au prix actuel de l'éolien de 0,08 Euro auquel il faut ajouter 0,06 Euro de coût moyen de transport et distribution, cela nous ferait le litre d'équivalent essence en électricité éolienne à 1,68 Euro hors taxes. Et à ce prix là, il est évident que les jours sans vent, on ne roule plus.

Mais avec la voiture à air comprimé, on transforme l'électricité en air comprimé par des compresseurs, et l'on peut alors gonfler de gigantesques cuves. Il serait alors possible de rouler les jours sans vent. Mais il faudra rajouter le prix de la compression de l'air et de son stockage au prix de " l'équivalent litre d'essence ", ce qui risque de faire vraiment très cher le kilomètre en bagnole, surtout si on ajoute une taxe pour participation des frais routiers payés par la collectivité.

Pour faire plus dans le détail, une batterie ne restitue que 60 % de l'électricité qu'on lui a injecté pour la recharge - quand elle est en bon état. Je passe sur les quantités de plomb [ou Lithium...] qui seraient alors nécessaires et la pollution chimique qui en résulterait. Pour l'air comprimé, le rendement est environ le même.

Si la bagnole qui roule à l'électricité nucléaire ou éolienne ne vous passionne pas, vous pouvez préférer le biocarburant.
Bien : soit du diester de colza en agriculture intensive (fertilisants chimiques et pesticides ou colza OGM) avec un rendement de 30 quintaux à l'hectares, permettant de produire après trituration et estérification 1100 kg de diester par hectare, dont il faut déduire 500 kg d'intrants énergétiques, soit un rendement net de 600 kg à l'hectare, pour une consommation de 40 Mtep par an, il faudrait cultiver 666.666 kilomètres carrés, soit un peu plus que la superficie de la France qui n'en fait que 550.000.

J'espère que ces quelques chiffres ne vous ont pas trop pris la tête, et que vous aurez compris que les délirants de la bagnole électrique ou à air comprimé, et du biocarburant, il vaut mieux les laisser où ils sont, leur pathologie étant incurable !

Claude Boyer, 2001-2002,
lettre d'information n° 89-90 du Comité Stop Nogent.
www.dissident-media.org/stop_nogent

 


Le Monde, 8/12/2009: 

Course d'obstacles pour la voiture électrique

APRÈS plusieurs tentatives, les constructeurs automobiles avaient jeté l'éponge sur le véhicule électrique. Mais l'envolée du prix du baril à 140 dollars en 2008 et le durcissement des normes environnementales en Europe - dès 2012, les émissions de CO2 ne devront pas dépasser les 120 grammes par kilomètre (g/km) et 95 g/km dès 2020 - les ont poussés à se remettre au travail.

Si l'un des obstacles majeurs semble levé - celui de l'autonomie des batteries (de 150 à 200 kilomètres) grâce à l'utilisation du lithium-ion à la place du plomb - tous les problèmes ne sont pas encore vraiment résolus.

Il faudra d'abord diminuer le temps de recharge. Et mettre en place un réseau de points de rechargement suffisamment dense pour éviter que les automobilistes s'inquiètent à l'idée de tomber en panne. Des solutions sont envisagées : des points classiques qui mettront entre cinq et six heures pour recharger le véhicule complètement, semi-rapides (une heure) et ultrarapides (20 minutes). Dans certains pays, comme c'est le cas en Israël et au Danemark, un réseau d'échanges de batterie pourra être institué.

Le prix du véhicule électrique pourrait aussi être un frein à son succès. Celui de la batterie est aujourd'hui compris entre 10 000 et 15 000 euros. Pour limiter la facture, les constructeurs ont imaginé une solution qui consiste à louer la batterie. Le véhicule sera, lui, vendu à un prix voisin de la version diesel équivalente. Les constructeurs sont formels : la location de la batterie, ajoutée au coût de la consommation électrique, sera inférieure au coût d'un véhicule à essence... à condition d'effectuer plus de 12 000 kilomètres par an !

Le véhicule électrique a néanmoins ses détracteurs parmi les écologistes, qui estiment que la voiture électrique ne serait pas si propre. Surtout si l'électricité provient de centrales au charbon, comme en Chine. Ils mettent également en garde contre la nécessité de construire de nouvelles centrales nucléaires pour en produire davantage.

 


Le Progrès, 16/10/2009: 

Un non-sens écologique. Xavier Rabilloud, porte parole du Réseau « Sortir du nucléaire » porte un regard global sur la voiture électrique

Considérer la voiture électrique comme un véhicule écologique est une imposture. Soit l'électricité est produite par des centrales à gaz ou à charbon et le bilan en termes de gaz à effet de serre est catastrophique. Soit elle est d'origine nucléaire et l'on délocalise simplement la pollution. L'extraction de l'uranium, en effet, est fortement émettrice de gaz à effet de serre. Les pointes de consommation d'électricité le sont tout autant, comme le montre une étude de l'Ademe et du Réseau de transport de l'électricité. En hiver, la consommation des radiateurs est telle que les centrales thermiques prennent le relais. Un parc de voitures électriques aggraverait la situation, car les automobilistes les mettraient en charge massivement le soir en rentrant du travail. Mais ce débat sur les gaz à effet de serre ne doit pas faire oublier les pollutions spécifiques au nucléaire. La filière produit des déchets radioactifs dangereux pour l'homme pendant des centaines de milliers d'années. Par ailleurs, un parc automobile électrique mondial augmenterait certainement le nombre de centrales, et avec lui le risque de catastrophe nucléaire. La pollution atmosphérique est un alibi pour promouvoir la filière nucléaire. On a déjà exclu l'électricité de la taxe carbone, on veut maintenant imposer la voiture électrique pour sauver une filière en grande difficulté financière, sous perfusion étatique depuis l'origine. La France veut à tout prix justifier la construction de nouveaux réacteurs de type EPR. Avec le véhicule électrique, l'Etat est dans la même logique qu'avec le chauffage. On a favorisé le développement des convecteurs plutôt que d'isoler les logements et de réduire la consommation d'énergie. Enfin, le nucléaire est une filière très opaque. Celle du pétrole l'est déjà un peu, mais là, on est dans l'absence totale de transparence et de démocratie. Les citoyens ne sont jamais consultés sur l'implantation d'une centrale.

Recueilli par S.P.

 


L'Etat devrait annoncer une première commande de 40.000 voitures électriques

12/9/2009 - Le gouvernement devrait annoncer une première commande d'environ 40.000 voitures électriques pour l'administration et les entreprises publiques, lors de la présentation du plan "véhicules propres" le 23 septembre, a-t-on appris samedi auprès du ministère de l'Ecologie.

Cet appel d'offres sera la première tranche d'une commande plus large, a-t-on ajouté, confirmant une information parue dans Le Parisien. "Il y a la volonté d'un plan de commandes publiques. C'est ce qui permet de lancer le marché", a-t-on expliqué au ministère.

Selon Le Parisien, La Poste, la SNCF, Aéroports de Paris, EDF, les services de l'Etat et les grandes communautés urbaines seraient concernés. La commande devrait porter sur des véhicules utilitaires légers.

Le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo doit présenter le 23 septembre un plan destiné à promouvoir l'achat de voitures "propres", qui prévoit notamment une prime de 5.000 euros pour l'achat de ce type de véhicule, avait annoncé jeudi Nicolas Sarkozy.

Lors du dernier Mondial de l'automobile en octobre 2008, M. Sarkozy avait annoncé une enveloppe de 400 millions d'euros sur quatre ans pour muscler la recherche sur les véhicules propres.

Pour soutenir la demande pour de telles voitures, le chef de l'Etat avait indiqué que le "super bonus" écologique de 5.000 euros, déjà disponible pour tout véhicule émettant moins de 60 grammes de CO2/km, serait étendu aux véhicules utilitaires légers et maintenu jusqu'en 2012.