François Loos inaugure un musée controversé sur les déchets nucléaires

CEA DE MARCOULE (26 aout 2005) - Le ministre délégué à l'Industrie, François Loos, a inauguré vendredi sur le site du Commissariat à l'énergie atomique de Marcoule (Gard) un espace d'information sur la gestion des déchets nucléaire baptisé Visiatome, critiqué par les opposants comme de la "propagande".
"Faire partager la science (...) contribuera à ce que nos concitoyens s'approprient ces technologies, qui sont déjà présentes dans notre quotidien, et qui feront la croissance et la richesse de demain", a-t-il déclaré.
Le ministre et les élus se sont félicités de l'ouverture du premier centre d'information grand public sur la radioactivité en France, alors que démarre le 12 septembre un débat public sur la gestion des déchets nucléaires.
Dans un communiqué, la fédération nationale des mines et de l'énergie CGT (FNME-CGT) s'est elle aussi "félicitée" de cette inauguration, voyant dans le Visiatome un moyen pour "chacun de se faire une idée objective" de cette industrie.
"Visiatome = Propagande nucléaire" avaient pour leur part inscrit sur leur banderole une quarantaine de militants anti-nucléaire, arborant des lunettes obstrués par le sigle de la radioactivité pour dénoncer le manque de transparence du gouvernement sur sa politique énergétique.
Le Visiatome présente au cours d'un parcours interactif et ludique les cycles de l'uranium, les différents types de déchets radioactifs, et les différentes manière de stocker sur le très long terme les déchets hautement radioactifs.
On y apprend la France produit chaque année 250 m3 de déchets nucléaires très radioactifs à vie longue, soit l'équivalent "d'un tube de rouge à lèvre par famille". La radioactivité naturelle et le rôle du nucléaire dans la production d'énergie "sans émission de gaz à effet de serre" sont aussi largement décrits.
"On a souhaité dire avec franchise où en était la recherche scientifique, sans cacher l'existence et la dangerosité des déchets les plus radioactifs", a déclaré Catherine Rabbe, directrice du musée, ancienne chercheur au CEA. "L"objet est d'informer, d'ouvrir un débat et provoquer des discussions".
Elle prévoit une fréquentation de 20.000 personnes par an, dont "de nombreux scolaires" pour qui des ateliers scientifiques seront mis en place d'ici peu.
Devant les grilles du CEA, l'humeur était autre: "L'information est juste et très bien présentée, mais tronquée", a regretté une militante anti-nucléaire venue d'Alès. Le musée "est un instrument dangereux, surtout pour les enfants qui peuvent en tirer une impression fausse de sécurité".
"Les accidents, les conséquences du nucléaire militaire, ou encore le coût du retraitement sont volontairement omis", tempêtait une autre militante, venue du Vaucluse.
"Il n'y a pas de débat possible: le système des jeux avec question-réponse ne laisse pas la place à une autre position que celle des partisans du nucléaire," a regretté un militant avignonnais, sous couvert d'anonymat.