Ouest-France, 8/2/2008:
EDF met la pression sur ses négociations
avec Aréva pour de nouveaux contrats de retraitement des
combustibles nucléaires usés.
EDF nouveau propriétaire de l'usine de La Hague ? Pierre Gadonneix, le PDG d'EDF
a lancé une pierre dans le jardin d'Aréva. Il a
récemment dit qu'il était prêt à reprendre
l'établissement du Cotentin dont il est le principal client.
Cette déclaration surprenante intervient au moment où
EDF et Aréva renégocient le contrat qui les lie
jusqu'en 2015. Confrontée à la libéralisation
du marché de l'électricité, EDF tente de
tirer les prix vers le bas. Ce n'est évidemment pas du
goût d'Aréva. Des centaines de millions d'euros par
an sont en jeu
Ce n'est pas la première fois que les discussions entre les deux groupes, dont l'actionnaire principale demeure l'État, sont âpres. Déjà lors de la signature du contrat 2001-2015, la partie de bras de fer avait été rude. EDF avait même envisagé de diminuer le volume de combustibles à retraiter pour faire baisser la facture. Au final, l'électricien s'était engagé sur 850 tonnes pas an sur les 1200 t produites par ces 58 réacteurs chaque année. Les combustibles non retraités sont entreposés dans les piscines de la Hague. Ils représentent aujourd'hui plusieurs milliers de tonnes en attente.
Cette fois, EDF a poussé le bouchon un peu plus loin. Il a imposé un audit de l'établissement de La Hague pour traquer les économies potentielles. Mené, en secret, par un cabinet spécialisé, il doit être bouclé dans les prochains jours. Chez Aréva, on se refuse à tout commentaire. Toutefois, concernant l'avenir du site du Cotentin la réponse est nette. « La Hague n'est pas à vendre », insiste la direction du groupe nucléaire. « Le retraitement fait partie intégrante de notre « business model » et constitue un élément important pour nos perspectives de développement. » Le groupe vient d'ailleurs d'ouvrir des discussions avec les Chinois « pour travailler sur l'aval du cycle ».
Ce démenti d'Aréva met-il un
terme à la polémique lancée par Pierre Gadonneix
? Pas si sûr. L'industrie du nucléaire est en effervescence.
La reprise du marché des réacteurs, en sommeil depuis
des décennies, aiguise les appétits. Total, Bouygues,
Aréva, EDF... ont l'intention de mordre à pleines
dents dans ce gâteau. Or, le retraitement et les déchets
radioactifs que l'on ne sait pas comment et où stocker
pour les plus dangereux, ne sont pas des plus « sexy »
pour attirer des actionnaires. Qui sait si l'atout d'aujourd'hui
ne sera pas le boulet de demain ? A la fin des années 90,
La Hague retraitait 1600 t chaque année. En 2007, elle
n'a pas dépassé les 980 tonnes.
Lire:
- Une usine qui vieillit mal: Femme de ménage atomique intérimaire
(à La Hague)
- L'état de
l'environnement...
- Polémiques sur les leucémies
- Le retraitement de combustibles
étrangers
- Et une mauvaise blague, une pub de l'office du tourisme de La Hague
en PDF (dans le magazine "Pays de Normandie"
n°57 été 2007)