Avigolfe
, des vétérans et des familles dans la manifestation de Paris contre la guerre en Irak.

 

Le Figaro 14/07/2004

Pas de syndrome de la guerre du Golfe selon la première étude française

ÉPIDÉMIOLOGIE - L'opération «Daguet» a eu néanmoins des conséquences sanitaires auprès des 5 000 vétérans interrogés.
La première étude épidémiologique visant à décrire l'état de santé des militaires français engagés, en 1990-91, dans l'opération «Daguet» a été remise hier au ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie. Un travail réalisé auprès de 5 666 vétérans qui recense de nombreuses pathologies sans pour autant conclure à l'existence d'un syndrome spécifique de la guerre du Golfe. Trois ans de travail, une pièce de plus à un dossier déjà passablement boursouflé mais toujours pas de réponse à la question qui, depuis une dizaine d'années, taraude les vétérans de l'opération «Daguet» : ont-ils contracté un syndrome spécifique lors de la participation à la guerre du golfe Persique ?

Très attendu, le rapport rendu public hier par le professeur Roger Salamon (Inserm) échoue en effet à clore le débat initié, après 1993, par les témoignages de vétérans souffrant de troubles musculaires, maux de tête, fatigue, dépression et autres vertiges inexpliqués. Cette étude, réalisée par envoi d'un questionnaire à la moitié des 20 261 soldats français engagés dans le Golfe en 1990-91 n'a, au final, permis de recueillir que 5 666 réponses ­ principalement parmi des soldats encore en activité. Or, concède l'auteur, «il est vraisemblable que cet échantillon n'a pas la représentativité nécessaire pour extrapoler nos résultats à l'ensemble du contingent». Conséquence de ce biais : l'étude a aussitôt suscité les critiques de l'association Avigolfe, qui soupçonne l'armée de vouloir «enterrer» les conséquences sanitaires de l'intervention en Irak. Malgré ce point faible, l'ensemble de données collectées par Roger Salamon livre de précieuses indications, tant sur l'état de santé des vétérans à leur retour du golfe Persique que sur l'impact à long terme de leur participation aux opérations. Restés en moyenne 119 jours dans la région ­ en Arabie saoudite pour 76% d'entre eux, en Irak et au Koweït pour les autres ­, ces militaires déclarent massivement avoir été exposés à des tempêtes de sable (74%), des fumées de puits de pétrole (28%), des pesticides (25%) et des alertes nucléaires, bactériologiques ou chimiques (63%). Par ailleurs, 61% des soldats signalent avoir pris au moins un médicament sur place ­ souvent un antidote aux gaz neurotoxiques soupçonné par des médecins anglais et américains d'avoir pu causer certains symptômes évoqués après la guerre. Et 76% des sujets disent avoir été vaccinés avant ou pendant leur mission. Aujourd'hui âgés de 41 ans en moyenne, les membres de l'échantillon interrogé déclarent fréquemment être rentrés en France atteints de maladies respiratoires (14%), ophtalmologiques (13%) et ostéoarticulaires (13%). Par ailleurs, ils sont nombreux à ressentir régulièrement, plus de dix ans après le conflit, des migraines (83%), des troubles du sommeil ou de la concentration (71%), des douleurs dorsales (63%) et des troubles psychologiques. Enfin les symptômes le plus fréquemment attribués par des soldats à leur présence dans le Golfe, après la guerre, sont des pertes de dents, des attaques de panique, des pertes de poids inexpliquées et des états dépressifs. «Il semble donc clair que la guerre du Golfe a eu un impact sanitaire sur le plan fonctionnel dont peuvent se plaindre, à juste titre, les militaires, analyse Roger Salamon. En revanche, nous n'avons pu observer dans le cadre de ce travail aucune surmorbidité en matière de cancers et de maladies cardio-vasculaires, pas plus de problèmes concernant la descendance de ces vétérans.» De surcroît, l'auteur de cette étude a affirmé hier qu'il n'existe pas d'élément, en l'état, permettant d'accréditer l'existence d'un syndrome spécifique de la guerre du Golfe ­ c'est-à-dire un lien prouvé entre une cause unique et un ensemble de pathologies. Il est vrai que les agressions environnementales auxquelles ont été soumis les soldats de l'opération «Daguet» sont multiples, tandis que certains symptômes évoqués demeurent peu spécifiques. En outre, les examens médicaux auxquels se sont pliés 1 008 anciens soldats ne se sont guère révélés concluants. La recherche d'uranium appauvri dans les urines de 154 hommes s'est ainsi révélée systématiquement négative. «Le problème, tonne Hervé Desplat, président de l'association de vétérans Avigolfe, c'est que le protocole de cette étude a été en partie conçu par les médecins du ministère de la Défense qui, au nom de la raison d'Etat, ont fait en sorte qu'on cherche là où il n'y avait rien à trouver. Résultat : pour répondre à cette enquête qui veut faire passer les victimes de la guerre du Golfe pour de simples dépressifs et passe sous silence les 25 vétérans décédés à 26 ans en moyenne, nous allons devoir mettre en place un comité d'experts scientifiques indépendants, comme cela a été fait en Grande-Bretagne.» Outre-Manche comme outre-Atlantique, la controverse scientifique sur l'existence d'un syndrome de la guerre du Golfe continue, il est vrai, de faire rage. Les soupçons portant sur les munitions à base d'uranium appauvri persistent en effet, tandis que les mises en cause des cocktails vaccinaux se multiplient. Et plus de 350 études scientifiques n'ont pas réussi à expliquer les mystérieux symptômes dont affirment souffrir 15% des 700 000 militaires envoyés dans le Golfe.

200 000 soldats américains indemnisés

En Angleterre non plus, le syndrome de la guerre du Golfe n'existe pas. C'est du moins ce qu'indique une étude portant sur plus de 40 000 vétérans britanniques rendue publique hier. «Les anciens de la guerre du Golfe rapportent considérablement plus de symptômes que le reste de la population, sans qu'il existe à cela une explication claire», expliquent notamment les auteurs du texte, qui ne devrait toutefois pas clore la controverse outre-Manche. Depuis le milieu des années 90, Britanniques et Américains multiplient les études pour tenter d'apaiser le mécontentement des vétérans et de leurs familles. C'est en effet sous la pression de son opinion publique que l'administration américaine s'est trouvée contrainte de faire, peu à peu, la lumière sur les risques auxquels ont été exposées les troupes alliées sur le sol irakien.
En 1996, le Pentagone a d'abord reconnu la destruction d'armes chimiques à proximité de militaires occidentaux stationnés en Irak. Depuis, on sait que 450 000 soldats américains ont pu se trouver en contact avec des poussières d'uranium, tandis que 250 000 hommes ont absorbé un antidote aux armes chimiques soupçonné de toxicité. Aujourd'hui, 200 000 vétérans sur les 700 000 Américains alors impliqués dans le conflit perçoivent une pension d'invalidité.

Sébastien Hervieu et Cyrille Louis

 

"90 minutes"
Une émission du magazine 90 minutes sur Canal + était consacrée aux munitions à l'uranium appauvri largement utilisées sur le champ de bataille durant la guerre du Golfe.
90 minutes en RealVidéo 21 kb

"Armes nouvelles, population en danger"
Présenté par Elise Lucet pour "Pièces à conviction" un reportage de 80 mn en RealVideo 33 kb.

Mort de soldats, leucémies et armes à uranium appauvri

A propos de la mise en orchestration de la culpabilité de l'uranium 236

L'uranium est mortifère qu'il soit civil ou militaire

Un déchet radioactif dangereux utilisé comme une matière première banale !

Les munitions à l'uranium appauvri

Les munitions à l'uranium appauvri françaises doivent être démantelées


Guerre du Golfe - Rapport de l'Inserm : l'enquête était "biaisée"

13/07/2004 - Rapport de l'Inserm : l'enquête était "biaisée", selon Avigolfe BORDEAUX, 13 juil 2004 (AFP) - L'association Avigolfe, qui milite pour la reconnaissance de maladies liées aux guerres du Golfe et des Balkans, a dénoncé mardi une enquête "biaisée dès le départ" après la remise du rapport définitif de l'INSERM sur la santé des militaires français ayant participé au conflit du Golfe. Les résultats de l'enquête, remis à la ministre de la Défense, "n'ont pas démontré l'existence d'un syndrome spécifique du Golfe au sens scientifique du terme", a indiqué mardi le Pr Roger Salamon, directeur d'une unité de recherche de l'Inserm à Bordeaux, chargé de l'enquête. Or, selon Hervé Desplat, président d'Avigolfe et ex-caporal de la Guerre du Golfe, interrogé par l'AFP, sur les quelque 20.000 militaires français ayant participé à la guerre, "seuls 10.477 ont été contactés, et 75 % des répondants sont encore en activité. Ceux-là sont forcément en bonne santé". Par ailleurs, certains militaires ayant répondu étaient "loin des fronts", en poste "au Pakistan, en Turquie ou au Yémen". M. Desplat a condamné l'absence d'indépendance de certains médecins - des militaires - ayant participé à l'élaboration du protocole destiné à réaliser l'enquête, ainsi que la faiblesse des moyens mis en oeuvre, soit "180 euros par militaire ayant passé des examens médicaux". A ses yeux, la conséquence est notamment l'absence de recherche d'uranium 236, "déchet nucléaire présent dans les munitions françaises et américaines", ou des "organophosphorés, molécules contenues dans des gaz de combat irakiens". "Qui ne cherche rien ne trouve rien", a conclu M. Desplat, qui a précisé que son association souhaitait mettre en place "un comité d'experts indépendants, comme l'ont fait les Anglais".

Rapport du Pr Salamon (INSERM): les principales données
PARIS, 13 juil 2004 -
Voici les données majeures du rapport final sur la santé des vétérans français de la guerre du Golfe, remis mardi par le Pr Roger Salamon (INSERM, Bordeaux) à la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie:

- Sur les 20.261 militaires français ayant participé à la guerre du Golfe d'août 1990 à juillet 1991 (séjour de 119 jours en moyenne), 10.478 ont été contactés par l'INSERM et 5.666 ont participé à l'étude en renvoyant le questionnaire. Parmi les participants, 1.008 ont réalisé un bilan médical.

- Maladies les plus citées durant la mission: diarrhée (36%), céphalées (28%), troubles du sommeil (27%).

- Maladies survenues après la mission: maladies respiratoires (14%), "atteintes de l'oeil" (13%), pathologies ostéo-articulaires (13%), maladies digestives (11%), maladies dermatologiques (8%). Des tumeurs malignes ont été rapportées par 64 vétérans, des anomalies hématologiques par 29, la sclérose en plaque par 8, et les maladies thyroïdiennes par 63.

- Symptômes survenus après la mission: 83% déclarent ressentir "au moins une fois par mois" des maux de tête (céphalées et migraines), 71% des troubles du sommeil, 69% de l'irritabilité, 63% des douleurs dorsales, 56% des problèmes de concentration, 55% de la fatigue, et 53% des problèmes pour trouver les mots.

- S'agissant des enfants des vétérans, 3% des enfants nés avant la mission et 11% des enfants nés après la mission présentaient au moins une pathologie, principalement des pathologies respiratoires. Par ailleurs, 17% des participants ont fait état de fausses couches: 5% avant la mission, 12% après la mission.

 



Syndrome de la guerre du Golfe: décision de la cour d'appel le 18 mars

04/03/03 - La cour d'appel de Bordeaux a repoussé au 18 mars son délibéré concernant la demande de pension d'invalidité introduite par Hervé Desplats, un ancien caporal atteint de tuberculose et d'insuffisance respiratoire, conséquences, selon lui, de la guerre du Golfe à laquelle il a participé.

Cette demande avait été rejetée en première instance par le tribunal des pensions de Périgueux (Dordogne), où demeure l'ancien soldat.

La décision est particulièrement attendue par l'association Avigolfe, association de "défense des victimes militaires et civiles de la guerre du Golfe", basée à Bordeaux et présidée par Hervé Desplats.

Cette association se bat pour faire établir le lien de causalité entre la participation des militaires français au conflit du Golfe et les maladies qui ont touché ceux-ci, entraînant, selon Avigolfe, plusieurs décès.

Le parquet de Paris a ouvert l'an dernier une information judiciaire sur le syndrome de la guerre du Golfe, suite à une douzaine de plaintes de militaires s'en disant victimes. Cette information judiciaire pour "homicides et blessures involontaires" a été confiée à la juge d'instruction Marie-Odile Bertella-Geffroy, spécialiste des affaires sanitaires.

 

 

Mardi 18 Février 2003 

Pauvre uranium, pauvres soldats

Dans le défilé de la manifestation parisienne pour la paix, samedi 15 février, l'association Avigolfe rappelait les effets des pathologies mortelles dues aux armes chimiques et à l'utilisation de l'uranium appauvri.

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Un curieux cortège qui impose le silence : deux soldats fatigués mais marchant encore en cadence soutiennent un mannequin en treillis, masque à gaz et seringue plantée en plein coeur. Derrière eux, pour tous les noms inscrits sur les pancartes, il est trop tard. Le masque n'aura pas empêché les 27 décès dénombrés par Avigolfe. L'association pour les victimes civiles et militaires de la guerre du Golfe et des Balkans est crée en juin 2000. Son président, l'ex-caporal Herve Desplat avait porté plainte pour sa maladie que les médias qualifieront plus tard de " syndrome de l'uranium appauvri " ou " syndrome de la guerre du Golfe ". Depuis, les membres de l'association ont été contactés par plus de 600 familles et ont enregistré 317 dossiers. La liste des troubles et maladies contractés par les soldats français mais aussi anglais et américains pendant les opérations militaires dans le Golfe est longue : leucémies, tumeurs du cerveau, carcinomes, lymphomes, maladies de la moelle osseuse, déficiences musculaires mais aussi crises cardiaques, suicides, troubles psychiatriques graves, troubles cognitifs, problèmes neurologiques, troubles neuropsychiques, malformations congénitales chez des enfants nés après la guerre du Golfe, maladies cutanées (pour certains également chez les enfants), problèmes respiratoires, tuberculoses, fatigue chronique, douleurs musculaires et articulaires.

Les origines sont multiples et toutes dénoncées par Avigolfe qui demande depuis dix ans que ces maladies soient reconnues et que les malades et leur famille soient indemnisés. Autour c'est le silence de la "grande muette " qui décline toute responsabilité. Pourtant depuis dix ans les témoignages se sont accrus. On parle des avions français qui après chaque mission revenaient couverts d'un dépôt non identifié près avoir traversé d'épais nuages de fumées toxiques (puits de pétrole en flammes, sites industriels ou dépôts d'armements). Des techniciens ayant manipulé ces avions sont aujourd'hui malades. Mais aussi certains témoignages appuient sur l'administration de médicaments, de piqûres et d'amphétamines données aux soldats pour " augmenter l'agressivité et empêcher de dormir ".

Si l'armée se tait, les anciens soldats trinquent et ne veulent plus faire la guerre. Christian, ancien caporal-chef en mission dans le golfe en 1991 est aujourd'hui parmi les manifestants pour demander la paix. " Vous connaissez l'uranium appauvri non ? ". le regard triste et fatigué il porte le nom d'un ami décédé sur sa pancarte. L'uranium appauvri utilisé dans les nouvelles armes est-il responsable de ces maladies ? Aux Etats-Unis l'armée américaine publiait dès 1990 un bulletin sur les " consignes de sécurité en cas d'accident de manipulation, de stockage et de transport impliquant des tanks, des munitions ou des blindages contenant de l'uranium appauvri ". Un document qui détaillait les " caractéristiques chimiques et radioactives de l'UA, les mesures d'urgence, les procédés de
Dé-contamination, les équipements de protection, etc. ". Pourtant ce document n'avait jamais été transmis aux armées sur le terrain. " Nous n'avons jamais été tenus au courant " confirme Christian.


En attendant la guerre

Avigolfe souligne que la France s'est abstenue lors du vote par l'Otan, d'un moratoire sur l'utilisation et la fabrication de munitions à l'uranium. Des enquêtes ont été menées mais elles sont insuffisantes. Et surtout la course à l'armement et la " qualité " des armes est en telle augmentation que ce sont les dommages à venir qui sont sans doute le plus à craindre. Une nouvelle guerre en Irak risquerait d'être alors le théâtre de nouvelles expérimentations dont les premiers spectateurs les soldats comme les populations civiles risqueraient de payer cher leur place. Dans une lettre publiée sur le site de l'association, son président Hervé Desplat écrit : " Le 17 janvier 1991 s'abattait un déluge de feu sur le sol irakien. Ce prélude devait se poursuivre par une offensive terrestre d'une ampleur sans précédent depuis la 2e guerre mondiale. Les années qui se sont écoulées depuis la libération du Koweït ont été marquées par l'interminable châtiment de l'Irak soumis à un embargo dans faille, mais ont vu aussi s'effriter le mythe de la " guerre propre " et des " frappes chirurgicale ".
Depuis une dizaine d'années, les voix des vétérans s'élèvent dans tous les pays de l'ancienne coalition, pour faire admettre aux états les conséquences de la première campagne sur la santé des soldats. " Pesticides, fumées toxiques, prises de produits tels que pyridostigmine, virgyl, cocktail de vaccins, alertes chimiques réelles, autant de facteurs qui nous ont causé les maux dont nous souffrons aujourd'hui, déclarent les militaires via Avigolfe. Quant aux nouveaux armements, bombes à souffle, à fragmentation, munitions à l'uranium appauvri, ils ont aussi participé à ce phénomène. Les mêmes armes, voire pire, seront certainement utilisées pour la prochaine guerre. Si aujourd'hui, nous, Avigolfe, dénonçons l'uranium appauvri et les autres facteurs de risque employés il y a dix ans, il est évident que nous les dénonçons pour la guerre à venir ".

Valerie Labrousse
Digipresse