Le Progrès de Lyon, 16/04/2007 :
La sécurité des installations régionales est « globalement satisfaisante », selon le bilan annuel de l'Autorité de sûreté nucléaire. Mais EDF se fait tirer un peu les oreilles par l'organisme de contrôle pour sa gestion des sous-traitants
Tout va pour le mieux ou presque
dans le meilleur des mondes nucléaires possibles : le slogan
aurait pu barrer en grosses lettres le très volumineux
rapport de l'Autorité de sûreté nucléaire
(ASN), s'il ne s'était agi d'un sujet aussi sensible que
celui-ci.
Le document, rendu public il y a quelques
jours à Paris, dresse, sur 520 pages, un bilan de tout
ce qui touche de près ou de loin à la sécurité
des activités civiles dans ce domaine, sur le sol français
pour l'année 2006. Parmi les installations passées
au crible par les équipes de contrôle : les centrales.
Rhône-Alpes en compte quatre en activité. Et l'ASN
leur distribue plus de bons, que de mauvais points. De façon générale, l'état
des matériels est jugé « satisfaisant »,
avec même des « progrès » en terme de
sûreté. Ici et là, apparaissent quelques remontrances.
Bugey, dans l'Ain ? Selon l'Autorité de sûreté,
« moins de déchets ont été produits
», mais le site doit « être vigilant dans le
transport des matières radioactives ». Cruas-Meysse,
dans l'Ardèche ? « La gestion des situations d'urgence
a été éprouvée avec succès
à plusieurs reprises, à l'occasion d'un exercice
national » même si l'ASN a noté « un
relâchement dans la rigueur d'exploitation ». Saint-Alban,
dans l'Isère ? Rien de particulier à signaler, si
ce n'est que la centrale « doit progresser dans la surveillance
en salle de commande ». Tricastin, dans la Drôme ?
« Plutôt performante dans l'organisation du suivi
de ses équipements ».
La gestion de la sous-traitance par EDF
critiquée
L'Autorité de sûreté est nettement moins élogieuse
en ce qui concerne la gestion de la sous-traitance par EDF. Un
constat valable pour l'ensemble des centrales françaises.
« La plupart des activités de maintenance sont confiées
à des prestataires, selon un système de qualification
et d'évaluation qui n'appelle pas de remarque »,
note l'ASN pour ajouter aussitôt que les sites doivent «
s'assurer de la suffisance des ressources allouées à
la surveillance des prestataires » en « renforçant
le pilotage et l'accompagnement par les services centraux »
de l'entreprise. Contactée par téléphone,
EDF n'a souhaité faire aucun commentaire à propos
de ces recommandations.
Critiques à Valence
A peine installée, déjà contestée.
L'Autorité de sûreté nucléaire, qui
a pour mission de contrôler les activités nucléaires
civiles, a été transformée l'an dernier en
organisme indépendant du ministère. Elle est dirigée
par un collège de cinq experts, dont trois sont nommés
par le chef de l'Etat. Dans la région, trente personnes
sont chargées du travail de terrain. La Criirad, association nationale basée
à Valence (cette association milite pour « le droit
à l'information sur la radioactivité et le nucléaire
»), réclame avec les réseaux anti-nucléaires
l'abrogation, en l'état, de l'ASN. « L'indépendance
de certains de ses membres vis-à-vis du lobby nucléaire
n'est pas garantie », accuse Corinne Castagnier, directrice
de la Criirad, en émettant des doutes à propos de
la fiabilité des informations contenues dans le rapport
annuel.