DDmagazine.com, 14/2/2009:
Dans un communiqué du 13 février, l'agence de presse russe Novosti rapporte que les écologistes (sans autres précisions, ndlr) s'inquiètent d'une possible pollution d'une large partie du territoire russe par de débris des satellites américain et russe qui sont entrés en collision. Dans notre article publié le 12 février, nous faisions état de la possibilité que le satellite russe soit équipé d'un réacteur nucléaire. La collision, entre un satellite de télécommunication américain en cours d'exploitation et appartenant au réseau Irridium (66 satellites) et un satellite russe hors d'usage, serait survenu à environ 800 km au dessus de la Sibérie. L'agence de presse russe, précise qu'il s'agit du satellite Cosmos-2251 (un satellite militaire, ndlr) et rapporte les propos de Konstantin Tsybko du service fédéral russe pour la supervision des ressources naturelles : "la peur des écologistes peut se comprendre, d'autant que des médias occidentaux, ont laissé entendre qu'un réacteur nucléaire pourrait se trouver à bord de l'un des satellites " et de poursuivre "vous pouvez imaginer les dégats si des morceau de satellite tombait dans le lac Baikal" (la plus grande réserve d'eau douce du monde (plus que les Grands Lacs américains réunis, ndlr). Aussi, poursuit Tsybko, "les écologistes nous ont demandé de prendre contact avec les administrations concernées pour calculer les trajectoire des retombées des débris sur terre".
Décodage
Ces informations, ne
confirment pas la présence d'un réacteur nucléaire
à bord du satellite russe, mais elle ne l'infirme pas,
laissant simplement, et habilement, supposer qu'il y avait peut
être un réacteur nucléaire dans l'un des deux
satellites. Les médias occidentaux
: il s'agit du Wall Street Journal, repris par DDmagazine.com
en France. Le plus prestigieux quotidien économique du
monde a fait savoir le 12 février que "selon des représentants
de l'industrie américaine, l'un des deux satellites, un
satellite militaire russe Cosmos, mis en orbite en 1993, pèserait
plus d'une tonne et aurait à son bord un réacteur
nucléaire". L'auteur de l'article n'avait cependant
pas pu vérifier cet élément auprès
d'une source officiel russe. Le
site web Strategy Page, spécialiste de l'information militaire,
affirme que le Kosmos-2251, lancé en 1993, était
équipé d'un réacteur nucléaire. On se souviendra qu'en 1978, un satellite russe, le
cosmos 954 s'abima dans l'atmosphère, éparpillant
des déchets radioactifs sur une 154 000 km? ( Archives
Radio Canada). Pourquoi cette allusion au lac Baïkal ? Le
gouvernement russe a proposé en 2006 de construire à
Angarsk, à 90 km du lac Baikal un complexe international
d'enrichissement d'uranium destiné à produire du
combustible nucléaire pour les pays qui voudrait se doter
de centrales nucléaires. Le principe d'un tel centre est
encourgée par l'Agence internationale de l'énergie
atomique dans le but d'éviter la prolifération nucléaire.
Les écologistes ont alerté l'opinion d'un désastre
possible sachant que seuls 10 % la matière première
(de l'uranium naturel concentré) destinée à
être enrichie serait retournée au pays demandeur,
le reste (90%) devant être stocké sur place. En décembre
dernier l'Ukraine s'est jointe au projet (plus sur Wise-uranium).
Le lac Baïkal est classé Patrimoine de l'humanité
par l'Unesco
A propos de chutes de satellites:
- 21 avril 1964, un satellite américain
Transit se désintégre
dans l'atmosphère saupoudrant de plutonium 238 l'atmosphère
au nord de Madagascar
- 18 mai 1968 le satellite américain Nimbus B-1
tombe à 100 m de profondeur, près de Santa-Barbara,
avec son générateur nucléaire SNAP-19 (il
a été récupéré).
- 11 avril 1970, un générateur SNAP-27 contenant
1 650 000 gigabecquerels de plutonium 238 et appartenant
à un module de la mission Apollo tombe au sud des îles
Fidji, par 6 000 m de profondeur.
- 24 janvier 1978, chute de Cosmos 954, (Sciences & Avenir
n°373, mars 1978, en Pdf) ce satellite est équipé d'un réacteur nucléaire.
La même année on révèle un accident
survenu en 1969 dans l'Himalaya, la CIA a dû y abandonner
un dispositif nucléaire lui permettant d'espionner la Chine,
lequel a peut être pollué les sources du Gange.
- 23 janvier 1983, le satellite soviétique Cosmos-1402
avec un réacteur nucléaire d'une radioactivité
estimée à 1 000 000 de gigabecquerels,
tombe à 1600 km à l'est des côtes brésiliennes.
RIA Novosti, 12/2/2009:
Le satellite russe hors service Cosmos-2251 qui est entré mardi en collision avec le satellite américain opérationnel Iridium-33, serait équipé d'un réacteur nucléaire, a rapporté jeudi le journal américain Wall Street Journal se référant à des "représentants de l'industrie spatiale". "L'accident pourrait créer des débris radioactifs. D'ailleurs il est peu probable que ces débris atteignent les régions habitées de la Terre après avoir traversé les couches denses de l'atmosphère terrestre", indique le journal.
A l'heure actuelle, 220 satellites commerciaux et des centaines de satellites militaires, espions et de recherche se trouvent sur orbite circumterrestre. Les analystes militaires redoutent que les satellites militaires américains puissent être victimes "d'embouteillages spatiaux" artificiels. Iridium 33 a été mis en orbite en 1997. Cosmos 2251 a été orbitalisé en 1993, mais n'était pas utilisé depuis 1995.
Les satellites de type Cosmos ont été conçus pour accomplir différentes missions militaires allant de la reconnaissance aux télécommunications militaires sécurisées, selon le Wall Street Journal. Ils ont déjà provoqué plusieurs accidents spatiaux dont la collision d'un satellite Cosmos avec un fragment d'un autre Cosmos en 1991, un risque de collision entre un satellite et une navette américaine en 1991 et la chute d'un satellite au Canada en 1978.