Sarkozy-Compter sur le seul nucléaire était une "erreur"

9/6/2009 - Penser que la France pouvait ne pas développer les énergies renouvelables parce qu'elle était leader mondial dans l'énergie nucléaire était une "erreur", a déclaré mardi Nicolas Sarkozy, qui s'est de nouveau présenté en champion du développement durable.

Cet aveu intervient deux jours après les élections européennes, marquées en France par une percée vigoureuse des écologistes d'Europe Ecologie (16,3% des suffrages).

C'est la première fois que le président français, qui n'a eu de cesse de militer depuis deux ans, en France et à l'étranger, pour l'exportation du savoir-faire français dans l'atome civil, va aussi loin dans la main tendue aux antinucléaires. Le chef de l'Etat s'exprimait lors d'une table ronde organisée sur le campus scientifique de l'Université de Savoie sur le thème du développement des énergies renouvelables, en présence d'un millier de représentants des secteurs concernés.

La date de ce déplacement, qui coïncide avec le début, mercredi, de l'examen en deuxième lecture par les députés du projet de loi sur l'application des mesures du "Grenelle de l'environnement", avait été fixée avant les européennes. Le calendrier a cependant bien fait les choses. Nicolas Sarkozy a certes imputé collectivement aux gouvernements de droite et de gauche qui se sont succédé ces cinq dernières décennies en France le retard français dans le domaine des énergies renouvelables.

"Nous avons tous commis une erreur collective", a-t-il dit. "La France, en tête de tous les pays sur l'énergie nucléaire, pensait ne pas avoir besoin des énergies renouvelables." Pas question de revenir sur le choix fait dans les années 1960 de doter la France d'une puissante industrie nucléaire, a dit Nicolas Sarkozy. Mais il a promis de prendre pour les énergies renouvelables des décisions "aussi importantes" que celles prises à l'époque par le général de Gaulle pour l'atome.

LE TEMPS DE RÉFLÉCHIR "Nous allons devenir leader dans les énergies renouvelables au même titre que nous sommes leader dans les énergies nucléaires", a-t-il dit en précisant que la France dépenserait autant pour la recherche sur les technologies propres et sur la prévention des atteintes à l'environnement. La France s'est d'ores et déjà engagée à porter à 23% la part des énergies renouvelables dans sa consommation énergétique en 2020, contre environ 10% aujourd'hui.

"C'est de mon point de vue un minimum", a souligné Nicolas Sarkozy pour qui c'est là une "bataille historique." Il a laissé entendre qu'il n'avait pas attendu la percée électorale des Verts pour prendre le virage du développement durable : "J'ai fait campagne sur ce thème", a-t-il dit. "Nous avons inventé le Grenelle de l'environnement (...) Nous l'avons fait avant la crise (économique) mais la crise ne fait que renforcer ce que nous avons décidé dès 2007." Il a assuré que toutes les mesures décidées dans le cadre du Grenelle de l'environnement seraient votées d'ici fin 2009.

A six mois du sommet de Copenhague, qui doit conclure les négociations sur les suites à donner au protocole de Kyoto sur la lutte contre le réchauffement climatique, il a confirmé que la France serait en pointe dans ce débat international. "Il va y avoir deux théories qui vont s'opposer (...) entre ceux qui penseront que la crise est une parenthèse (...) et ceux, et la France prendra la tête de ceux-là, qui pensent qu'il y a des leçons à tirer de cette crise", a-t-il dit. Il a dit au passage ne pas comprendre le début de polémique suscitée par la diffusion sur France 2 du film "Home" de Yann Arthus-Bertrand sur les effets du réchauffement climatique, deux jours avant les élections européennes.

Le MoDem, de François Bayrou, et le Front national, de Jean-Marie Le Pen, deux des grands perdants de ce scrutin, ont estimé que la diffusion de ce film le 5 juin sur une chaîne publique avait favorisé le vote écologiste à leurs dépens. Nicolas Sarkozy a pour sa part estimé que le service public de la télévision s'était "grandi" en diffusant ce film.

 


Sarkozy à Flamanville: petite manifestation et haute surveillance policière

DIELETTE (6 février 2009) - Une trentaine de personnes, militants antinucléaires ou élus locaux Verts, ont manifesté vendredi matin à un kilomètre du chantier de l'EPR à Flamanville (Manche), placé sous haute surveillance policière pour la visite du président Sarkozy, a constaté un journaliste de l'AFP.
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Le rassemblement des écologistes a eu lieu dans le calme, aux sons des tambours, sur le port de Dielette, à côté de la centrale nucléaire de Flamanville.

Les militants ont jeté une gerbe à la mer au son du clairon, en hommage "à l'irradié inconnu" afin d'attirer l'attention sur les "dangers" du nucléaire.

L'EPR est "inutile car il ne sert qu'à exporter de l'électricité à l'étranger", a déclaré Yannick Rousselet, en charge des questions nucléaires à Greenpeace France, s'indignant que la construction d'un deuxième EPR en France ait été annoncée (à Penly en Seine-Maritime) avant que le bilan du premier EPR ne soit fait.

"M. Sarkozy veut faire du chantier de l'EPR une vitrine commerciale pour qu'Areva vende ses réacteurs à l'étranger. Or, le chantier multiplie les problèmes techniques, les surcoûts et les retards", a indiqué de son côté l'ancien député européen Didier Anger, administrateur du réseau Sortir du nucléaire.

Selon la préfecture, 539 policiers et gendarmes ont été mobilisés à l'occasion de la visite du président à Flamanville, qui a eu lieu en milieu de journée.

Des fourgonnettes de gendarmerie stationnaient à chaque croisement routier autour de la centrale et des barrages filtraient l'accès des voitures dans un rayon d'un petit kilomètre.

Seuls les salariés et les journalistes accrédités pouvaient approcher de la centrale.

La préfecture maritime a en outre pris un arrêté pour interdire aux navires de s'approcher à moins de 4 milles nautiques des côtes de Flamanville.

La précédente visite de M. Sarkozy dans la Manche, le 12 janvier à Saint-Lô, avait été marquée par des incidents entre police et manifestants, et le chef de l'Etat avait été sifflé.

A la suite de cette visite, le préfet Jean Charbonniaud et le directeur de la Sécurité publique (DDSP), Philippe Bourgade, ont été mutés, une décision justifiée selon M. Sarkozy par le fait qu'ils n'avaient "pas pris les mesures pour que l'ordre public soit respecté" le 12 janvier.

En venant à Flamanville vendredi, "le président veut nous dire : je veux montrer que je vais où je veux", a déclaré vendredi Thierry Malherbe, un responsable de l'Union locale CFDT de Cherbourg.

 


Sarkozy justifie le choix nucléaire, veut que la France exporte de l'énergie

6/2/2009 - Nicolas Sarkozy a justifié vendredi son choix de développer la filière des centrales nucléaires [dit] de troisième génération (EPR) et appelé à l'union sacrée des grands groupes français du secteur pour que la France devienne exportatrice d'énergie [les pertes en ligne sont de 50% à partir de 1500 km]. Une semaine après avoir donné son feu vert à la construction d'un deuxième EPR à Penly (Seine-Maritime), le chef de l'Etat a visité le chantier du premier exemplaire du nouveau réacteur à Flamanville, près de Cherbourg, dont l'entrée en service est programmé pour 2012.

Devant un parterre d'ouvriers d'EDF, le maître d'oeuvre et exploitant, d'Areva, le concepteur du réacteur, et de Bouygues, qui en coule le béton, Nicolas Sarkozy a justifié sa décision, très critiquée par les écologistes, et confirmé qu'il envisageait même la construction d'un troisième. "Notre pays a besoin de cet investissement", a-t-il plaidé, évoquant le vieillissement du parc nucléaire français, la nécessité de "maintenir au meilleur niveau" le savoir-faire national, en la matière et sa volonté de faire de la France "une exportatrice d'électricité".

[Rappel: Le nucléaire en France, c'est déjà 12 à 15 réacteurs de trop !]

"Notre stratégie, c'est le developpement du nucléaire avec l'EPR et la 3e génération, on en a deux de signés, je réfléchis à la possibilité d'un troisième dans les années à venir", a insisté M. Sarkozy. Il a également insisté sur sa volonté d'"investir massivement dans les énergies renouvelables", comme l'impose l'ambitieux plan de lutte contre le réchauffement climatique adopté en décembre par les 27 pays de l'Union européenne (UE). Ce "paquet" impose à la France 23% d'énergies renouvelables dans sa consommation en 2020.

"Franchement, on a les moyens de faire les deux, même les trois", a insisté Nicolas Sarkozy en y ajoutant les "économies d'énergie". Mais pour y parvenir, le chef de l'Etat a demandé la collaboration de tous les groupes français du secteur, parfois concurrents à l'étranger, citant EDF, Areva, le groupe privé GDF-Suez, le fabricant de turbines Alstom, le pétrolier Total et Bouygues, actionnaire à 30% d'Alstom. "Il faut maintenant qu'on travaille tous ensemble", a-t-il lancé aux PDG Pierre Gadonneix (EDF), Anne Lauvergeon (Areva), Patrick Kron (Alstom) et Martin Bouygues, présents à Flamanville.

"Il y a le monde à conquérir en matière d'énergie, et la France qui n'a pas de pétrole, qui n'a pas de gaz, elle va devenir exportatrice d'énergie. Voilà l'ambition que je vous fixe", a poursuivi Nicolas Sarkozy. C'est par cet objectif qu'il a justifié sa décision d'associer GDF-Suez à EDF pour la construction du 2e EPR, qui inquiète certains syndicats de l'électricien public. "La France a un deuxième énergéticien de taille mondiale et doit aussi lui donner toutes ses chances", a-t-il dit.

Il a aussi abordé le délicat dossier de l'avenir d'Areva, théâtre d'un bras de fer entre Anne Lauvergeon, favorable à une augmentation de capital, et Patrick Kron, partisan d'un mariage entre son groupe et le numéro un mondial du nucléaire. Il est toutefois resté prudent, souhaitant que la réflexion du gouvernement "aboutisse prochainement", a fortiori depuis la décision du groupe allemand Siemens d'arrêter son partenariat avec Areva.

Après les incidents survenus en janvier lors de la dernière visite présidentielle dans la Manche, sanctionnés par la mutation d'un préfet et d'un commissaire de police, la sécurité était maximale jeudi autour du site de Flamanville. Seule une petite trentaine de militants antinucléaires et d'élus locaux a manifesté, à un bon kilomètre du président.