Le Dauphiné Libéré, 22/11/2008: 

Cruas-Meysse: Quels sont les risques ?

La réunion de la commission locale d'information sur la centrale nucléaire de Cruas-Meysse a été très suivie hier après-midi à la mairie du Pouzin. Le préfet Claude Valleix, lui-même, avait tenu à être présent, et le président Pascal Terrasse a profité de l'actualité pour poser les enjeux du vieillissement du parc d'EDF (lire article connexe).

« Ne pas créer un climat de peur". Prise par la patrouille de l'Autorité de sûreté nucléaire au cours de cette année, la direction du centre nucléaire de production d'électricité ardéchois a dû répondre à de nombreuses interrogations sur les points qui posent problème. Ceux-ci ont été exposés par le directeur de la division lyonnaise de l'Autorité de sûreté nucléaire, Pierre-Antoine Louët.

Le directeur du CNPE, François Verdiel, et son équipe se sont efforcés d'expliquer l'organisation du dispositif. Mais ce qui est apparu lors de cette réunion c'est le souci exprimé par des élus d'être informés clairement sur les chiffres qui leurs sont transmis, pour pouvoir informer clairement leurs administrés, qui les interpellent de plus en plus souvent. C'est ce qu'ont exprimé notamment les maires de Saulce et de La Coucourde.

Pascal Terrasse, président du conseil général et de la CLI, a indiqué pour sa part que la loi sur la transparence et la sécurité nucléaire doit avoir des conséquences sur l'information, que la communication appartient à l'exploitant et qu'il convient de la vulgariser. Il faut même clarifier a estimé le représentant CFDT, « dire quels sont les seuils, les risques d'explosivité quand on parle de matière explosives ».

Ce qui rejoignait les propos d'Henri Fauqué, maire de Saulce, qui a souligné en substance qu'il ne s'agit pas de créer un climat de suspicion et de peur, pas plus qu'être des procureurs, ni même débattre sur l'opportunité du nucléaire, mais de faire face à des questions pratiques : « Ce qui nous intéresse ce sont les moyens pour la centrale de mettre en oeuvre les mesures nécessaires. »

« Informer sur l'environnement »
Enfin, sur la CLI elle-même, Roland Desbordes a estimé qu'elle « ne consistait pas à rendre le nucléaire acceptable, mais à informer sur le risque et l'environnement ». Même si pour le préfet : « indirectement la CLI est un instrument d'acceptation du nucléaire : ce n'est pas son objet, mais sa conséquence. »

 

REPÈRES

QU'EST-CE QUE LA CLI ?
Cette commission locale d'information se réunit deux à trois fois par an. En Ardèche dans des lieux différents. Elle est composée des maires des commune proches, des institutions, administrations, syndicats, associations de protection de la nature, et placée sous la présidence du président du conseil général. Habituellement réunie à huis-clos, elle a été ouverte exceptionnellement à la presse hier, à l'initiative de Pascal Terrasse, son président.

D'AUTRES CENTRALES DANS LE COLLIMATEUR
l'inspection des centrales du Blayais (Gironde) de civaux (Vienne) et de Golfech (Tarn-et-Garonne) par l'ASN a montré qu'EDF doit «mettre en oeuvre un plan d'actions plus général sur le sujet des risques d'explosion des canalisations de transport de fluides explosifs».

 

 

Une année mouvementée pour le CNPE de Cruas-Meysse

L'année a été émaillée de nombreux évènements à au CNPE de Cruas: le bilan de sécurité 2007 "décevant" a donné lieu à une inspection de l'ASN menée en septembre, et complétée en octobre. Entre temps en juin est survenu un exercice d'alerte auprès des populations, et des conflits dans la sous-traitance sur le site au CNPE lui-même.

Le diagnostic de l'inspection de l'ASN fait état d'une "impression générale négative sur l'état des canalisations véhiculant de l'hydrogène". Un non-respect de la règlementation qui vaut à la centrale la première mise en demeure de l'histoire du parc nucléaire français. Mais il s'agit là d'une possibilité récente dans l'arsenal de l'ASN, comme l'a souligné Pierre-Antoine Louët qui a cependant considéré, d'une façon générale, que "des progrès sur l'ensemble du parc français sont nécessaires: EDF devra être plus réactif".
Pointés également des problèmes à répétition liés à des causes humaines et organisationnelles sur les fermetures dans l'enceinte de confinement réacteur.

Côté négatif toujours, le manque de robustesse dans la coordination des services, l'exploitation insuffisante du retour d'expérience, un défaut de clarté du pilotage pour améliorer la sûreté et le manque de poids du service sûreté-qualité. Mais les aspects positifs ont aussi évoqués: ils concernent la transparence, la compétence et les bonnes pratiques.

Les bilans de rejets présentés apparaissent satisfaisants. Le préfet a félicité la direction pour sa bonne gestion des équipements et leur qualité. "Les cadres font bien leur travail avec les moyens qu'on leur donne" a souligné Pascal Terrasse qui a souhaité que la CLI se réunisse à nouveau en février pour un bilan à l'issue des trois mois de délais pour la mise en conformité.

 


Cruas-Meysse: Le vieillissement du parc sur la sellette

La commission locale d'information sur la centrale nucléaire EDF de Cruas-Meysse, en Ardèche, s'est déroulée hier dans un contexte marqué par la mise en demeure, par l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), de mettre en conformité des canalisations transportant des fluides explosifs. Ceci intervenant dans une année où la centrale avait déjà fait l'objet de critiques par l'ASN concernant sa gestion de sûreté, la quarantaine de membres présents, parmi lesquels des élus, a porté une attention particulière à la situation.

À commencer par Pascal Terrasse, le président du conseil général de l'Ardèche, également président de cette commission, qui s'est interrogé sur le vieillissement du parc énergétique nucléaire français, et les engagements d'EDF sur la maintenance de ses centrales.

Inquiet "d'une compétition économique à la recherche du moindre coût", il a estimé que "si l'on pense que l'énergie nucléaire a toute sa place, il faut lui donner des moyens". Et notamment "des moyens d'investir pour se maintenir à niveau". "Je ne veux pas surdimensionner l'évènement, mais d'autres évènements plus graves pourraient avoir lieu si des décisions nécessaires ne sont pas prises" a-t-il considéré.

Le préfet Claude Valleix lui a fait écho parlant de "doutes et d'inquiétudes face à la répétition l'incidents liés au vieillissement" ; sans dramatiser pour autant "tant qu'on saura réagir comme il le faut". Il a dit sa confiance envers la direction de la centrale pour la gestion, et envers l'autorité de sûreté nucléaire pour la garantie de la sécurité.

D'autant que l'ASN, par la voie du directeur de sa division de Lyon, Pierre-Antoine Louët, a souligné que la loi Transparence et Sécurité Nucléaire de 2006 lui donne des outils nouveaux qui la mettent en mesure "d'être plus à l'aise dans son rôle de gendarme du nucléaire"



Centrale nucléaire de Cruas-Meysse: EDF épinglée par l'Autorité de sûreté sur le "risque d'explosion" !

17/11/2008 - EDF a été mise en demeure de mettre la centrale nucléaire de Cruas-Meysse (Ardèche) en conformité "vis-à-vis du risque d'explosion", a annoncé lundi l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) dans un communiqué. Selon l'ASN, des inspections menées en septembre et octobre pour contrôler "l'application de la réglementation concernant la maîtrise des risques d'explosion" sur cette centrale ont "détecté des écarts à la réglementation concernant les canalisations de transport de fluides explosifs". Celles-ci, selon la réglementation en vigueur, doivent être "convenablement entretenues", faire l'objet "d'examens périodiques appropriés", être "consignées sur un plan" et "signalées in situ conformément aux normes en vigueur". Notant "une carence dans l'application de ces règles", l'ASN "a donc mis en demeure EDF de mettre en conformité, sous trois mois, la centrale nucléaire de Cruas-Meysse", précise le communiqué. Par ailleurs, l'ASN a noté lors d'inspections ces dernier mois, notamment sur les centrales nucléaires du Blayais, de Civaux et de Golfech, "qu'il était nécessaire qu'EDF mette en oeuvre un plan d'actions plus général" concernant la maîtrise du risque d'explosion "pour l'ensemble des centrales nucléaire". En conséquence, l'Autorité lui a prescrit des "actions à mettre en oeuvre sous trois mois", concernant notamment le pilotage renforcé "permettant de garantir le respect de la réglementation relative au risque d'explosion" et "l'examen de conformité de l'ensemble des canalisations de fluides explosifs avec les exigences de la réglementation". L'explosion de ces canalisations pourrait "endommager des éléments essentiels au maintien de la sûreté ou conduire à une rupture du confinement et donc à la dispersion de matières radioactives dans l'installation voire dans l'environnement", rappelle l'ASN.

 


Lire:

- Contamination à la centrale nucléaire de Cruas-Meysse

- Et maintenant incident à Cruas