1/03/2005 - Des
rescapés des deux catastrophes nucléaires de Tchernobyl en
1986 et de l'essai Bravo, test américain aux îles
Bikini en 1954, se sont réunis mardi aux îles Marshall,
dans le Pacifique, pour dénoncer "les mensonges"
officiels dont ils s'estiment victimes (voir le documentaire de Denis O'Rourk en RealVidéo 33 kb sur les
habitants de deux atolls qui sont délibérément
soumis aux radiations de l'essai "Bravo").
Cette conférence était destinée à
marquer le 51e anniversaire de l'essai Bravo, premier test américain
d'une bombe à hydrogène sur l'atoll de Bikini aux
Marshall. Des rescapés de l'explosion du réacteur
nucléaire de Tchernobyl en 1986 avaient fait le voyage.
"La raison pour laquelle l'exposition de la population a
été si terrible est qu'on leur a menti sans arrêt",
a déclaré le docteur Lyudmyla Porokhnyak, rescapée
de Tchernobyl.
Les habitants des Marshall, qui ont survécu à l'essai
Bravo de 1954, ont confirmé les similitudes entre ces deux
événements qui se sont produits à une trentaine
d'années d'intervalle et à des milliers de kilomètres.
Tandis que Mme Porokhnyak racontait comment les autorités
de l'ex-Union Soviétique avaient à l'époque
tenté de dissimuler la contamination radiactive consécutive
à l'explosion, les résidents des Marshall ont décrit
l'attitude comparable des Etats-Unis en 1954 pour minimiser l'impact
dévastateur de l'essai Bravo.
Les habitants de Bikini n'ont pas été évacués
alors que leur atoll était comme englouti par une sorte
de neige radioactive, qui est tombée pendant deux à
trois jours après l'essai. Bien que de nombreux insulaires
aient été atteints de brûlures et perdu leurs
cheveux, les responsables de la Commission à l'énergie
atomique américaine ont publié un communiqué
après l'essai affirmant "qu'il n'y avait pas de symptômes
de brûlures" et que les habitants étaient en
bonne santé. Les autorités américaines ont
par la suite autorisé les habitants à retourner
vivre sur leurs terres, dans des environnements contaminés.
Le Dr Porokhnyak a expliqué les résultats désastreux
qu'avait eu la tentative des autorités soviétiques
de cacher l'ampleur du drame. Les activités à l'extérieur,
y compris les rassemblements du 1er mai auxquels plusieurs millions
de personnes ont participé à Kiev, la capitale ukrainienne,
ont été autorisés à se poursuivre
pour ne pas provoquer la panique, mais cela a conduit à
l'exposition inutile de la population aux radiations de Tchernobyl,
a-t-elle déclaré.
Rayon William, une habitante de Rongelap, île des Marshall,
a raconté qu'elle était retournée chez elle
quand les autorités américaines avaient donné
leur feu vert en 1957 mais qu'elle sait désormais que la
nourriture qu'elle a mangé à l'époque était
contaminée. "J'ai eu de nombreuses maladies parce
que j'ai vécu dans une île contaminée",
a-t-elle déclaré.
Ce n'est qu'après 1985, lorsque les habitants de Rongelap
ont décidé eux-mêmes d'évacuer leur
île, que le Congrès américain a financé
des études scientifiques qui ont confirmé les craintes
des populations locales.
Un budget de 45 millions de dollars a alors été
voté pour nettoyer l'île et financer un programme
de réinstallation des habitants.