L'uranium enrichi des réacteurs scolaires pourrait poser des problèmes

29-09-2005 - Dans la lutte contre le terrorisme international, la communauté internationale a décidé de ne rien négliger. Ainsi donc, dans la nuit de mardi, les alentours de la faculté du nucléaire, des Hautes études techniques tchèques, dans le quartier de Troja, à Prague, pouvait faire penser qu'une attaque terroriste venait d'y avoir lieu.

En effet, un commando des unités spéciales de la police, armé de mitraillettes, surveillait le chargement de trois conteneurs blindés dans un camion ne portant pas de numéro d'immatriculation. Ce camion prit ensuite la route de l'aréoport de Prague, sous bonne escorte, et son chargement fut transbordé dans un avion des forces spéciales russes. Destination Dimitrovgrad, une ville russe à la frontière avec le Kazakhstan. C'est ici que se trouve un entrepôt spécial pour les matières dangereuses, dont l'uranium enrichi qui est aussi utilisé par les réacteurs expérimentaux des écoles techniques. Les hautes études techniques tchèques utilisaient, jusqu'à maintenant, de l'uranium enrichi, concrètement l'izotope de l'uranium 235 pour son réacteur expérimental, VR-1 Vrabec (le moineau). D'après l'Office national pour la sécurité nucléaire des Etats-Unis, il suffirait de 25 kilogrammes de cette matière pour fabriquer une bombe atomique. Cet office affirme, en commun accord d'ailleurs avec l'Agence internationale pour la sécurité nucléaire, que les mouvements terroristes pourraient attaquer les écoles techniques qui possèdent des réacteurs nucléaires pour réunir cette quantité minimum et fabriquer de petites bombes atomiques. Un danger réel reconnu par la communauté internationale. Les Etats-Unis, en commun avec la Russie (donc les deux plus grandes puissances nucléaires) ont décidé de minimiser un tel danger pour l'humanité : le ministère américain de l'énergétique remplace gratuitement le combustible nucléaire des réacteurs scolaires par un combustible moins dangereux. Il ne contient plus que 20 % au plus de l'izotope enrichi d'uranium 235. Ce combustible est inutilisable pour la fabrication artisanale d'une bombe nucléaire. La Russie participe à ce programme en entreposant le combustible dangereux, les autres pays possédant des réacteurs nucléraires scolaires, dont la Tchéquie, en acceptant le remplacement du combustible. La faculté du nucléaire des Hautes études techniques tchèques recevra un nouveau combustible pour son petit réacteur expérimental, dans les quinze jours.

Alain Slivinsky

 


Les réacteurs de recherche en France


Attention, il n'y a pas que les réacteurs nucléaires d'EDF qui peuvent être redoutables. Les centres d'études nucléaires (des centres dits scientifiques) peuvent être menaçants.

En France, il y a deux réacteurs nucléaires de recherche technologique. L'un, Siloé, est situé sur le site CEA de Grenoble, l'autre, Osiris, est à Saclay en région parisienne.
Tout d'abord quelques précisions. Siloé, d'après le Petit Robert, est une piscine de Jérusalem où se baigne l'aveugle-né guéri par Jésus, (Jean IX,7) ". Pourquoi ce réacteur nucléaire a été baptisé ainsi n'est pas expliqué dans la littérature du CEA. Quant à Osiris, on trouve dans le Petit Robert " Dieu égyptien anthropomorphe représenté sous l'aspect d'une momie tenant d'une main le sceptre, de l'autre, le fouet ". Tout un programme ! Dans la publication du CEA " Les défis du CEA " (63, déc. 97/janv.98), on a quelques informations intéressantes sur ce problème des réacteurs de recherche technologique. Le CEA faisant le bilan de ses activités se rend compte que deux réacteurs c'est beaucoup trop pour ce qui reste des recherches nucléaires. Un seul réacteur devrait suffire. Lequel sacrifier ? Celui qui guérissait grâce à Jésus ou le dieu égyptien tenant le sceptre et le fouet ? C'est finalement le sceptre et le fouet qui ont été retenus. Les critères mythologiques ne sont pas déterminants mais leur sens symbolique est très significatif. Il y a d'autres critères plus décisifs dans notre société économique.
Dans l'article " Réacteurs à la loupe " de la revue déjà citée on a la réponse grâce au texte titré " Siloé passe le relais ". La motivation du CEA sur le choix de mettre au rancart l'un des deux réacteurs, est claire. L' article précise : " Dans la décision d'arrêter Siloé c'est le raisonnement économique qui a primé, estime Frédéric Tournebize, chef du service du réacteur Siloé (.) Osiris et Siloé n'avaient plus les plans de charge justifiant leur double exploitation. Restait à choisir lequel des deux resterait en lice. Osiris plus éloigné d'un site urbain s'est imposé (souligné par nous) ". Ainsi dans l'optimisation d'un site de recherche la non proximité d'une zone urbaine est prépondérante. Mais en quoi cela concerne-t-il le site si ce n'est la possibilité d'un accident nucléaire grave. Un site accidenté en zone urbaine causerait des problèmes sociaux beaucoup plus pénalisants que le même accident dans une zone rurale. Ainsi, Osiris à Saclay continuera à fonctionner car en cas d'accident les bourgades du voisinage, Saint Aubin, Orsay, Saclay, Gif-sur-Yvette, etc. poseraient moins de problèmes que Grenoble. A propos de l'accident de Tokai-mura on nous a dit que quelques personnes ont été bien irradiées sur le terrain de golf jouxtant le site nucléaire. Signalons qu'il y a un terrain de golf à la clôture de Saclay !

Roger Belbéoch (6 octobre 1999)