Note du Réseau "Sortir du nucléaire" : remarquable exercice de propagande dans Le Figaro. Cet article a certainement été recopié dans quelque publication du CEA. Aucune mention du processus "démocratique" qui permet à 9 crétins de se prévaloir de représenter 56% des terriens (tout en promettant de faire bénéficier les 44% restants de leurs stupidités). Ecoeurant. Rappel : l'accord international doit encore être ratifié. La surprise pourrait venir du Sénat des USA, pas très disposé à avaler les salades iteriennes ... A suivre...
Le Figaro, 26/05/2006:
Premiers essais prévus en 2016.
C'EST UN TERRAIN de garrigue au milieu des bois qui fleure bon le romarin, comme la Provence en compte tant. Pour l'instant, à part une tente abritant une simple maquette, il ressemble à tous les autres. Et pourtant, c'est là, sur ce terrain de 180 hectares, que va surgir de terre le plus grand projet scientifique mondial jamais mis au point, après la station spatiale internationale.
Mercredi à Bruxelles, les ministres de la Recherche des sept partenaires (1) ont enfin, après cinq années d'âpres négociations, apposé leur paraphe au bas du traité qui va donner naissance au réacteur de fusion Iter. Cet ambitieux programme de recherche sur la fusion nucléaire, qui reproduit l'énergie des étoiles, ne se fera qu'au prix d'un budget colossal : près de 10 milliards d'euros étalés sur 40 ans, dont 4,5 milliards pour sa construction et 5 milliards pour son exploitation. Mais, dans un contexte de plus en plus tendu, «la fusion pourrait être la solution énergétique pour l'avenir», souligne le commissaire européen à la Recherche, Janez Potocnik. Car si les partenaires du projet représentent pas moins de 56% de la population mondiale, un éventuel succès de l'opération bénéficiera à l'ensemble de la planète.
Il ne faut pas pour autant perdre de vue qu'il s'agit d'un processus extrêmement long. Il faudra pas moins de dix ans pour construire cette fameuse machine, qui devrait réaliser ses premières expériences en 2016. Et aucun réacteur de fusion ne sera en mesure d'être opérationnel avant le milieu de ce siècle.
Cela n'empêche pas les équipes internationales, dont les premiers membres sont arrivés à Cadarache en décembre, de commencer à travailler sans attendre. Sur place, les plans sont déjà prêts. «Vous vous trouvez là au coeur du réacteur», lance, Tada Eisuke, chef du site, à un jet de pierre des installations actuelles du Commissariat à l'énergie atomique (CEA). En attendant la pose de la première pierre en 2008, le reste des équipes s'apprête à affluer du monde entier. 150 personnes sont attendues dès cet été, principalement en provenance des centres de recherche étrangers qui travaillaient jusqu'à présent sur la fusion, Garching en Allemagne et Naka au Japon, ces derniers devant fermer à la fin de l'année.
Les collectivités locales françaises, qui doivent participer au financement du projet à hauteur de 467 millions d'euros, ont d'ores et déjà prévu les infrastructures nécessaires à l'accueil d'un tel projet. Les composants, qui afflueront du monde entier vers le port de Fos-sur-Mer, seront ainsi acheminés par camions spéciaux de 40 mètres de long d'une capacité de 600 tonnes. De quoi représenter une formidable opportunité économique pour la région. «Nous attendons des retombées dans un rapport d'un à trois par rapport à l'investissement», précise le ministre de la Recherche, François Goulard. Plus de deux cents contrats, dont 130 pour le matériel et 90 d'ingénierie, vont prochainement faire l'objet d'appels d'offres.
La fusion plus «propre» que la
fission nucléaire. Il y en aura pour tout le monde, la
règle étant que chaque partenaire a droit à
sa part des marchés à hauteur de sa contribution financière.
Soit, pour la France, 10% des coûts de construction et 8% des
coûts d'exploitation. Exception faite du Japon, qui a obtenu
le quota de 20% malgré une contribution de 10%. Il
s'agit d'une des mesures de compensation accordées
au Japon pour compenser le choix du site français
au détriment de celui de Rokkasho Mura, arraché
de haute lutte le 28 juin 2005 au terme de trois années
d'âpres négociations. Tous les partenaires pourront
de la même façon bénéficier des
connaissances acquises dans le cadre de l'expérience Iter,
tant qu'ils n'en feront pas d'applications commerciales. Les détracteurs
du projet font valoir son coût exorbitant, pour un résultat
incertain.
Rien ne garantit en effet que les scientifiques parviennent
un jour à produire un courant continu avec le principe
de la fusion, à des conditions économiques
rentables. «Il faudra au moins vingt ans après
le début de l'exploitation pour le savoir, soit pas
avant trente ans», confirme le directeur général
d'Iter, le Japonais Kaname Ikeda. Certes, d'un point de vue
environnemental, il est indéniable que la fusion est
beaucoup plus «propre» et présente moins
de risques que la fission nucléaire, sur laquelle repose
le fonctionnement des centrales actuelles. Iter rejetera
du tritium dans l'atmosphère, mais en très
petites quantités.
«En exploitation, un individu vivant dans les environs
ne peut recevoir plus de 0,01 mSv et en cas d'accident, cette
dose ne peut pas excéder 0,2 mSv, soit l'équivalent
de deux radios des dents», souligne Neill Taylor, britannique
qui vient de rejoindre l'équipe de scientifiques de Cadarache.
En tout état de cause, le réacteur est entouré
d'une double enceinte de confinement, ce qui limite les risques
d'accident. Surtout, un réacteur de fusion ne peut
pas s'emballer comme un réacteur de fission. Autant
de questions qui ne seront pas d'actualité avant un
demi-siècle. Comme le fait remarquer le néerlandais
Akko Mas, conseiller scientifique du directeur général, «j'espère
que mes enfants et petits-enfants pourront considérer la fusion
comme une option». Ce sera à Iter de le prouver.
(1) Union européenne, Etats-Unis, Japon, Russie, Chine, Corée du Sud, Inde.
Caroline de Malet