27 juin 2006:
L'ASN recherche l'origine de la hausse de rayonnements ionisants
mesurée à Nancy les 18 et 23 juin 2006
NouvelObs, 24/6/06:
Radioactivité anormale relevée à Nancy
"Pour la deuxième fois en une semaine, un taux de
radioactivité anormalement élevé a été
enregistré. Sans conséquence sanitaire, assure la
préfecture...."
L'Est Républicain, 21 juin 2006:
Le pic de radioactivité relevé à Nancy dimanche est toujours inexpliqué. L'alerte n'a été prise en compte que 24 h après l'observation ! Faute de moyens...
NANCY. - Dimanche,
entre 8 h 08 et 11 h 34, le niveau de radioactivité est
passé de 0,15 microGray par heure à 0,53. La brièveté
du phénomène exclut tout danger pour la santé
de la population. Aucune « prolongation » n'a été
constatée, ni sur Nancy, ni sur les départements
limitrophes, malgré la psychose messine. Le pic a donc
bien été totalement ponctuel. Il reste inexpliqué.
Mais il soulève quelques questions, notamment sur la rapidité
de l'alerte. En effet, l'Association lorraine pour la qualité
de l'air (ALQA) n'a repéré cette hausse de radioactivité
que lundi matin à l'ouverture de ses bureaux. La préfecture
de Meurthe-et-Moselle n'a été informée qu'aux
environs de midi !
Le dépassement du seuil normal de radioactivité
n'est pas lié à un nuage sinon il aurait été
présent sur un autre capteur. L'ALQA en possède
12 sur la Lorraine mais un seul en Meurthe-et-Moselle. Quatre
sont installés autour de la centrale de Cattenom. «
C'est justement avec Cattenom que nous sommes en interconnexion
le week-end », explique Michel Marquez, chef de projet de
l'ALQA. « Nous n'avons pas de permanence à l'association
le samedi ni le dimanche, nous ne sommes que trois salariés.
Ce sont les services de la centrale nucléaire qui reçoivent
les mesures durant cette période. Mais si la situation
est normale chez eux, ils ne dépouillent pas les chiffres
qui arrivent d'autres secteurs... »
L'ALQA est la seule association française de surveillance
à disposer d'une telle interconnexion. Cependant, le principe
n'est pas totalement rassurant. « Il n'y a pas de PPI (plan
particulier d'intervention) en dehors de Cattenom. Pour la radioactivité
s'entend, car il y en a évidemment pour les risques industriels
et chimiques. »
L'Association lorraine pour la qualité de l'air a été
mise en place il y a douze ans. Elle est une émanation
du conseil régional. La fameuse loi sur l'air n'a pas intégré
la radioactivité. Il n'y a donc pas d'aides financières
pour effectuer les mesures. D'où le système très
allégé du week-end. Que se serait-il passé
si l'alerte avait été plus conséquente, si
le taux de radioactivité avait été dangereux
pour la santé ? « Il n'y a pas d'autre système
d'alerte que celui que j'ai expliqué », finit par
admettre Michel Marquez. « Donc même si la situation
avait été grave, il n'y aurait sans doute pas eu
de mise en garde plus tôt... »
L'ALQA n'est pourtant pas la seule structure à surveiller
la radioactivité. L'Institut de radioprotection et de sûreté
nucléaire, service dépendant des ministères
de la Santé, de l'Industrie et de la Défense, précise
qu'il n'a rien remarqué dimanche matin. Ce qui n'est pas
très étonnant car il ne dispose pas de capteur à
Nancy ! « Ses moyens sont concentrés près
des centrales nucléaires, des préfectures régionales,
des aéroports et dans quelques sites d'altitude »,
souligne Michel Marquez. Cet organisme, tout ce qu'il y a d'officiel
est le descendant, après plusieurs étapes, du fameux
« Service central de protection contre les rayonnements
ionisants » du professeur Pellerin qui avait garanti l'absence
de risque sur le territoire français après Tchernobyl
!
Jean-Charles VERGUET
L'Est Républicain, 21 juin 2006:
BAR-LE-DUC. - Hier,
à 12 h 10, les enseignants du collège de Fresnes-en-Woëvre
(Meuse) ont été avertis qu'un nuage radioactif venant
de la centrale nucléaire de Cattenom était sur le
point de passer au-dessus de la commune et que de toute évidence,
il était prudent de confiner les élèves à
l'intérieur des salles de classe. Cette nouvelle leur était
venue par l'intermédiaire de leurs collègues du
primaire qui eux la tenait d'un parent d'élève travaillant
en Moselle ayant entendu parler de ce nuage. Il est vrai que dans
ce département, plusieurs alertes identiques avaient été
déjà déclenchées. Après avoir
mis les 340 élèves encore présents à
l'abri, à l'intérieur des salles de classe ou encore
dans les locaux abritant la cantine, calfeutrant toutes les issues,
les enseignants du collège Louis-Pergaud ont pris contact
avec les services de gendarmerie qui eux-mêmes se sont renseignés
auprès des préfectures de Meuse et de Moselle. Il
s'avère qu'en fait, il ne s'agissait que d'un canular lancé
depuis la Moselle. Cette fausse alerte qui a été
levée une demi-heure plus tard, a pu servir d'exercice,
mais a néanmoins pu traumatiser les élèves
comme les enseignants.
Radioactivité : le doute persiste
Le pic de radioactivité relevé à Nancy dimanche
est toujours inexpliqué. L'alerte n'a été
prise en compte que 24 h après l'observation ! Faute de
moyens...
L'Est Républicain, 21 juin 2006:
A Metz, Cattenom, mais aussi au-delà des frontières voisines, la peur s'est répandue comme une traînée de poudre. Retour sur un début de psychose incontrôlé.
METZ. - A quelques
centaines de mètres à peine à vol d'oiseau,
des tours réfrigérantes de la centrale nucléaire,
les fenêtres du secrétariat de mairie de Cattenom,
sont restées ouvertes, toute la matinée d'hier.
Drôle d'ambiance. « Les gens ont peur », affirme
l'employée. « Tchernobyl revient dans toutes les
discussions. On a été assailli d'appels. La peur
est perceptible dans toutes les voix ».
De Metz, de Thionville, du Luxembourg, d'Allemagne ou de Belgique,
l'inquiétude a fait son nid dans l'incertitude d'une rumeur
folle. Une angoisse surmontée d'une volonté de maintenir
le quotidien. « Je n'ai rien entendu », assure ainsi
le patron de la pizzeria « La Belle Epoque ». Les
clients n'en ont jamais parlé. Ils doivent être discrets
». Même à la pharmacie Auloge, non loin de
l'église, on ne s'est « rendu compte de rien »,
sourit une employée. « La tension a seulement commencé
à monter après avoir entendu les informations entre
midi et deux ». D'ailleurs, si à la même heure
une vague de panique avait commencé à se répandre
à travers les vallées de l'Orne, de la Fensch, et
dans l'est mosellan, les parents sont venus chercher leurs enfants
à l'école primaire Georges-Pompidou de Cattenom
sans exprimer la moindre inquiétude. « Ce n'est qu'en
début d'après-midi qu'on en a entendu plaisanter
», rapporte Mme Gaillard, la directrice.
« Un cas d'école »
Contraste saisissant : un décor de routine au pied des
tours, mais une psychose naissante à Metz, quarante kilomètres
au sud. Avec des dizaines d'écoles refermées sur
elles-mêmes, des parents d'élèves inquiets,
des rues du centre-ville anormalement calmes.
A travers les magasins, les rumeurs les plus diverses se propageaient
sans le moindre frein : un nuage de radioactivité «
arrivant de Nancy », un camion rempli de déchets
accidenté près de Thionville, pour finir par des
exercices effectués à l'hôpital militaire
Legouest (lire par ailleurs). Sans oublier cette information selon
laquelle un individu se serait présenté aux portes
des écoles demandant aux enseignants de confiner les enfants
dans les classes !
Les standards téléphoniques des pompiers, de la
préfecture et des mairies seront vite submergés.
Ce n'est qu'après l'accumulation de communiqués
rassurants, repris sur les ondes, que la vie reprendra son cours.
Ce n'était apparemment qu'une rumeur et une journée
particulière, fruit d'une « addition d'initiatives
individuelles de gens de bonne foi », dira un peu plus tard
le préfet de région Pierre-René Lemas, parlant,
au sujet de sa diffusion, d'un « cas d'école ».
Antoine PETRY
L'Est Républicain, 21 juin 2006:
Une fausse alerte à la radioactivité a semé la panique à Metz et bien au-delà.
METZ. Les directions
de plusieurs dizaines d'écoles de Metz et du département
de la Moselle ont pris hier matin des mesures de confinement des
élèves à la suite d'une fausse alerte à
la radioactivité. « Tout laisse à penser que
la rumeur prend sa source d'un exercice militaire actuellement
en cours à l'hôpital militaire Legouest à
Metz portant sur une contamination radioactive », a indiqué
le préfet de région Pierre-René Lemas, qui
a demandé l'ouverture d'une enquête administrative
pour déterminer avec précision l'origine de la rumeur
et son processus de propagation.
Des inquiétudes concernant cet exercice se seraient, semble-t-il,
combinées avec des informations sur un taux de radioactivité
anormalement élevé, mais inoffensif, relevé
dimanche dernier à Nancy. Ce taux élevé de
radioactivité serait d'origine naturelle, sans doute due
à du radon, suite à un orage, a ajouté le
préfet. De son côté, le réseau «
Sortir du nucléaire », qui regroupe plus de 700 associations,
affirme que « le nuage radioactif qui a touché dimanche
la ville de Nancy pourrait provenir d'un accident sur un transport
de matières nucléaires entre Metz et Thionville,
et peut-être en direction (ou en provenance) de la centrale
nucléaire de Cattenom (Moselle) ». « Si l'accident
de transport est confirmé, il est évident qu'il
est connu des autorités qui, une nouvelle fois, auraient
oublié d'avertir la population », ajoute le mouvement
antinucléaire, qui ne précise pas la source de ses
informations.
Selon le préfet de région, « il s'agit d'un
cas d'école de diffusion de la rumeur », résultat
de « l'addition d'initiatives individuelles de gens de bonne
foi », plus probablement qu'un acte de malveillance ou un
canular.
Ecoliers confinés
Une personne se présentant comme travaillant à l'hôpital
militaire Legouest a téléphoné à plusieurs
écoles de Metz en affirmant qu'à la suite de forts
niveaux de radioactivité, il fallait prendre des mesures
de confinement des élèves, a indiqué le directeur
de cabinet du rectorat. « C'est d'une irresponsabilité
absolue », a dénoncé M. Vergès en rapportant
que la rumeur s'est répandue très vite. «
Des cas d'écoles ayant fermé ainsi leurs portes
ont été rapportés jusqu'à Saint-Avold,
à une cinquantaine de kilomètres de Metz »,
a-t-il indiqué.
Un père de famille de Metz a indiqué que la directrice
de l'établissement de son enfant avait refoulé les
parents d'élèves venus chercher leurs enfants pour
la pause de midi, les élèves restant confinés
dans l'école. « Il est trop tôt pour savoir
s'il s'agit d'une maladresse, d'une malveillance ou d'un canular
», a indiqué le directeur de cabinet du rectorat.
Les rumeurs les plus folles se sont propagées dans les
rues à Metz mais aussi bien au-delà. Les standards
téléphoniques des pompiers, de la préfecture,
de la centrale de Cattenom et des mairies ont été
submergés par des appels d'habitants inquiets. Ce n'est
qu'après l'accumulation de communiqués rassurants
repris sur les ondes que le calme est peu à peu revenu.
L'Est Républicain, 21 juin 2006:
Un exercice de l'hôpital militaire Legouest de Metz sur un événement nucléaire a suffi à déclencher un vent de panique.
METZ. - «
Il n'y a pas eu de taux de radioactivité sur la Lorraine
qui soit différent de la normale. » Rassurant, le
Préfet de la Lorraine Pierre-René Lemas a surtout
voulu dès hier après-midi mettre définitivement
un terme à « cette rumeur infondée »
selon laquelle un nuage radiactif survolait la Lorraine. «
Il y a eu une addition de contextes et d'une source », a-t-il
affirmé.
Le scénario retenu hier semblait, en effet, le suivant
: des personnels de l'hôpital Legouest entendent le matin
même un flash sur France Info les informant d'un pic de
radioactivité sur Nancy. En milieu de matinée, ils
voient défiler sur l'écran de leur ordinateur à
l'hôpital, une information leur demandant de « fermer
les fenêtres ».
L'amalgame a lieu. Ces personnes, qu'il reste à identifier,
appellent de toute urgence les écoles du Département
pour recommander le confinement des enfants... alors qu'il s'agit
d'un simple exercice « en situation » sur les chaînes
de décontamination.
« Nous sommes missionnés pour mesurer la radioactivité
sur des personnes qui auraient été contaminées
», explique le médécin-général
Claude Pierre. « Une information avait été
diffusée en interne auprès des 850 salariés
de l'hôpital pour prévenir de cet exercice mais vous
savez comment l'information circule... »
Ecartant totalement l'hypothèse d'un acte de malveillance,
le Préfet privilégiait hier « un acte émanant
de personnels de bonne foi qui sont aussi des parents ».
« Cette expérience grandeur nature m'a confirmé
la nécessité d'avoir un exercice d'alerte et de
gestion de la communication à la centrale de Cattenom avant
la fin de l'année », a-t-il reconnu ; un incident
à la Centrale ayant été, à tort, maintes
fois évoqué hier. Une enquête administrative
sur les sources de la rumeur a été engagée.
Gaël CALVEZ
L'Est Républicain, 21 juin 2006:
NANCY. - La réglementation
européenne en matière de radioactivité place
la norme à un « milliSievert » par an. Le Sievert
est une unité de mesure du rayonnement absorbé par
un organisme vivant. Ramené à une heure, c'est-à-dire
en divisant par 365 puis par 24, on arrive à un maximum
de 0,114.
« Il s'agit là d'un chiffre concernant la radioactivité
artificielle », précise Michel Marquez. « C'est-à-dire
celle qui viendrait s'ajouter à la radioactivité
naturelle. Nous sommes en permanence exposés à une
radioactivité naturelle dont le taux est lié à
la composition du sous-sol, voire à l'altitude. A Nancy,
le taux habituel est de 0,15 microGray par heure. Il est de 0,09
à Stenay dans la Meuse et de 0,16 à Plainfaing dans
les Vosges. En Inde, la barre est fréquemment à
0,90. »
L'enquête sur l'origine du pic n'en est qu'à ses
balbutiements. « Nos agents ne se sont pas encore rendus
sur place pour récupérer les données »,
explique Jérôme Goellner, le Directeur régional
de la recherche, de l'industrie et de l'environnement. «
Il faudra voir ce qu'il y a autour du capteur de le fac de Sciences
et aussi en dessous, dans les labos. Il existe des portiques de
détection, dans les usines d'incinération ou chez
les ferrailleurs, qui pourront également nous donner des
indications. Ces augmentations de radioactivité sont liées
souvent à des phénomènes météo.
Les soudures industrielles, les produits à usage médical,
d'autres utilisés en biologie moléculaire, peuvent
aussi générer des fluctuations. Nous n'écartons
aucune hypothèse. Même celle d'un éventuel
acte de malveillance. »
J. -C. V.
Tageblatt, 21/06/2006:
Le 20 juin 2006, entre midi et treize heures,
le central des secours d'urgence 112 de l'Administration des services
de secours a reçu des appels de citoyens inquiétés
par des rumeurs qui faisaient état d'un incident à
la Centrale électronucléaire de Cattenom ayant entraîné
l'évacuation d'écoles dans certaines régions
de la Lorraine.
Des contacts établis entre les autorités luxembourgeoises
et les autorités françaises ainsi que l'exploitant
de la Centrale de Cattenom, il est ressorti qu'aucun incident
nucléaire, voire radiologique, n'avait eu lieu dans la
Centrale de Cattenom ni ailleurs dans la région lorraine.
En effet, le réseau de mesure et d'alerte automatique de
la Division de la radioprotection de la Direction de la santé
n'a enregistré aucune augmentation de la radioactivité
artificielle dans l'air, résultat d'ailleurs confirmé
par l'Association de la région lorraine sur la qualité
de l'air, qui dispose également d'un réseau de mesure
de la radioactivité.
Cependant, il est très courant que des phénomènes
météorologiques naturels, comme p. ex. de fortes
variations de pression atmosphérique, puissent engendrer
une augmentation de la radioactivité d'origine naturelle,
notamment le radon dans l'air ambiant.
1/ Détection d'un niveau de radioactivité
anormalement élevé à Nancy par l'ALQA le
Dimanche 18 juin 2006
2/ Alerte à Metz ce 20 juin
Les faits:
La CRIIRAD a été informée ce jour à 10h30, par une journaliste d'Europe 1, qu'une des balises de contrôle de la radioactivité atmosphérique que gère l'ALQA (Association Lorraine pour la Qualité de l'Air) avait détecté un niveau de rayonnement gamma anormalement élevé au niveau du capteur situé à Nancy sur le toit de la Faculté des Sciences Nancy 2, laboratoire de physique des milieux ionisés. Le niveau de rayonnement gamma maximal enregistré dimanche 18 juin au matin aurait été d'environ 4 fois le niveau naturel enregistré habituellement par le capteur.
La CRIIRAD a joint aussitôt l'ALQA pour obtenir des précisions techniques. En l'attente de ces précisions il est possible de faire quelques remarques préliminaires à partir des informations disponibles sur le site de l'ALQA : www.atmolor.org <http://www.atmolor.org/> .
Les graphiques établis par l'ALQA indiquent la présence, le dimanche 18 juin 2006, d'un premier pic à 0,29 µGy/h à 11 heures et de 0,18 µGy/h à 14 heures. (pour un niveau normal typique de 0,15 µGy/h). Les niveaux sont redevenus normaux depuis.
Il manque cependant sur le site de l'ALQA un certain nombre d'informations scientifiques qui permettraient de déterminer l'origine de l'anomalie (position du détecteur gamma par rapport au sol, pas de temps entre chaque mesure gamma, caractéristiques des prélèvements sur filtre, résultats des mesures alpha-beta sur l'air ambiant, suivi des niveaux de radon, comptage différé des filtres à aérosol, etc.).
En l'état des données disponibles, on en est réduit à émettre un certain nombre d'hypothèses
Remarques préliminaires de la CRIIRAD / causes possibles de l'anomalie
L'augmentation du niveau de rayonnement gamma ambiant pourrait :
1. provenir d'une contamination de l'air ambiant (présence de particules radioactives). L'ALQA dispose à Nancy d'une balise de contrôle de la radioactivité alpha et bêta des poussières atmosphériques. Ces résultats ne sont pas disponibles sur son site. Sur les balises de contrôle que gère la CRIIRAD, cette information est disponible en temps réel, mais les caractéristiques techniques des balises gérées par l'ALQA ne sont pas précisées. Par ailleurs, le site de l'ALQA ne donne aucune indication sur d'éventuelles analyses par spectrométrie gamma des filtres. Conduites en urgence, elles auraient permis de déterminer si l'excès de rayonnement gamma enregistré par le capteur était ou non lié à la présence de radionucléides émetteur gamma dans l'air ambiant.
Nota : Le réseau de balises que gère la CRIIRAD dans la Drôme au niveau des villes de Romans, Montélimar et Valence et dans le Vaucluse à Avignon, n'a détecté aucune présence de particules radioactives d'origine artificielle ce dimanche 18 juin 2006 (cf. site http://balisescriirad.free.fr).
2. être liée à un dysfonctionnement du capteur. Dans le passé l'ALQA a déjà enregistré des niveaux plus élevés, par exemple, 0,25 µGy/h, le 5 septembre 2005 à Plainfaing. L'ALQA attribuait ces anomalies ponctuelles (moins de 3 heures) à des « orages violents ». Le site de l'ALQA ne précise pas si ce dimanche 18 juin 2006, la situation était orageuse à Nancy.
3. être due au passage d'un objet irradiant à proximité du capteur. Il faut savoir en effet qu'un certain nombre de sources radioactives circulent dans notre environnement.
Par exemple :
· Certains patients ayant subi un traitement du cancer de la thyroïde par IRATHérapie sont autorisés à sortir de chambre plombée alors que le niveau de rayonnement gamma qu'ils émettent est très élevé (25 µGy/h à 1 mètre du patient). Le passage d'un patient à proximité du capteur ce dimanche matin pourrait induire les augmentations enregistrées.
· La réglementation sur le transport de matières radioactives autorise des débit de dose très élevés au voisinage des véhicules (100 µGy/h à 2 mètres). Le passage d'un véhicule à proximité du bâtiment où est situé le capteur aurait pu expliquer cette anomalie.
Interrogations sur l'impact sanitaire
Au niveau du capteur, la dose ajoutée au bruit de fond habituel et cumulée sur la durée de l'anomalie (moins de 4 heures) est de l'ordre de 2 microgray (µGy). Rappelons qu'au sens de la Directive Euratom de mai 96 qui sert de base à la réglementation française, le seuil du risque négligeable est de 10 µGy par an.
Si ces valeurs sont dues à un dysfonctionnement technique, il n'y a eu aucune exposition réelle et le risque est donc nul.
Si l'augmentation du débit de rayonnement gamma est effective, on ne pourra évaluer précisément les risques qu'une fois déterminée l'origine de cette augmentation. S'il s'agit du passage d'une source radioactive irradiante (objet ou personne) à proximité du détecteur, il faudra rechercher les expositions en amont et en aval, sur tout le parcours de la source, et non pas seulement dans le secteur de la balise : s'il s'agit d'un patient ayant subi un traitement médical comportant l'administration de substances radioactives, il faudra rechercher la date de l'administration, la date de sortie, les itinéraires... les personnes les plus exposées font généralement partie de l'entourage familial ; s'il s'agit d'un transport de matières radioactives dans le bâtiment ou à proximité, il faudra vérifier le trajet, les conditions de transport et de manutention, l'information et la formation du conducteur, etc.).
Les doses de rayonnement reçues par un personne dépendent du temps d'exposition, de la distance à la source, de la présence éventuelle d'écrans susceptibles d'atténuer le flux de rayonnement. L'activité de la source décroît dans le temps, à des rythmes très variables selon les radionucléides (division par 2 tous les 8 jours pour l'iode 131 par exemple).
Situation d'alerte à Metz
Ce matin, une procédure d'alerte a été lancée par l'hôpital militaire de Metz dans les conditions suivantes[1] <mid://00002198/#_ftn1> . Un message diffusé sur France Info ce matin alertait l'hôpital sur la présence d'une radioactivité anormalement élevée en Lorraine. La direction de l'hôpital décidait de profiter de la réalisation ce jour d'un exercice de gestion de crise NBC (Nucléaire Bactériologique Chimique) pour réaliser quelques mesures de radioactivité au moyen de 2 contaminamètres X de type MIP 10. Le niveau enregistré habituellement par ces appareils était de 2 c/s (coups par seconde) alors que les valeurs enregistrées ce matin du 20 juin à l'extérieur de l'hôpital était de 4 à 5 c/s. Par précaution, la direction décidait de recommander à son personnel de fermer les fenêtres de l'Etablissement, le temps que la situation soit analysée. Les mesures réalisées au moyen des mêmes appareils 1 heure et demie après auraient donné des résultats normaux. Par ailleurs une mission de contrôle radiamétrique effectuée par les pompiers de Metz ce matin aurait confirmé l'absence de contamination.
Il convient de souligner par ailleurs que les capteurs qui enregistrent le niveau de rayonnement gamma ambiant au niveau de la centrale nucléaire de Cattenom (réseau Téléray géré par l'IRSN) n'ont pas enregistré d'anomalie (les niveaux de rayonnement 128 nGy/H en moyenne et 135 nGy/h ce jour à Cattenom, réseau Téléray
Rédacteurs : Bruno Chareyron et Julien SYREN / Laboratoire CRIIRAD
[1] Conversation téléphonique du 20 juin 2006 avant 14 heures entre le directeur de l'Hôpital, monsieur Pierre, et M Chareyron, ingénieur en physique nucléaire, responsable du laboratoire de la CRIIRAD.
Communiqué de presse du Réseau Sortir du nucléaire du 20 juin 2006:
Suite à l'élévation de
la radioactivité dans l'Est de la France, le Réseau
"Sortir du nucléaire" rappelle que la France
est en permanence traversée par des transports de matières
nucléaires par train et par camion qui, tout comme les
centrales nucléaires, font courir un risque majeur à
l'ensemble de la population.
Ainsi, le 5 octobre 2004, un accident a eu lieu dans le Loiret
entre un camion d'uranium enrichi - allant de Lingen (Allemagne)
à la centrale nucléaire du Blayais (Gironde) - et
un autre camion qui, heureusement, ne transportait que des téléphones.
Le camion d'uranium avait été rapidement caché
par les autorités dans la centrale nucléaire de
Saint-Laurent (Loir-et-Cher), voisine du lieu de l'accident.
Par ailleurs, le Réseau "Sortir du nucléaire"
rappelle que :
- la majorité des informations concernant le nucléaire
en France sont classées "secret défense",
les citoyens devant se contenter de ce que veulent bien leur dire
les autorités, c'est-à-dire rien la plupart du temps.
- 20 ans après Tchernobyl, les responsables politiques
du mensonge d'Etat n'ont toujours pas été inquiétés.
Comment croire que le mensonge ne serait pas à nouveau
de mise aujourd'hui en cas d'accident ?
- l'affaire de cette semaine dans l'Est montre que, en cas d'accident
nucléaire, de nombreux parents vont chercher leurs enfants
à l'école, ce qui est bien humain, mais qui remet
en cause toutes les prévisions des "spécialistes"
Il est clair qu'en cas d'accident nucléaire, rien ne se
passera comme prévu. Comment - et où ? - évacuer
des centaines de milliers de personnes ? Par ailleurs, les pastilles
d'iode constituent une protection dérisoire qui ne sauvera
personne dans la zone la plus touchée.
Le Réseau "Sortir du nucléaire" estime
:
- qu'il ne faut pas attendre qu'une catastrophe nucléaire
se produise pour interdire les transports de matières radioactives
et fermer les installations nucléaires
- que, a fortiori, il ne faut pas construire de nouveaux réacteurs
nucléaires comme l'EPR et ITER prévus respectivement
à Flamanville (Manche) et Cadarache (Bouches-du-Rhône)
Le Réseau "Sortir du nucléaire" exige
de la part des autorités que toute la lumière soit
immédiatement faite sur l'affaire du pic de radioactivité
dans l'Est: il n'est pas possible que la radioactivité
soit apparue "spontanément", il y a forcément
une source, une cause.
Communiqué de presse
Les Amis de la Terre
Metz, le 20 juin 2006
Suite à une élévation
significative de la radioactivité sur la Lorraine, une
folle rumeur d'accident nucléaire à la centrale
nucléaire Cattenom a provoqué un affolement et une
panique générale sur les agglomérations de
Metz et de Nancy. Ces faits ont démontré l'inquiétude
des populations face une industrie considérée comme
dangereuse et la crainte d'une désinformation comme celle
que nous avons connue en 1986 lors de l'accident nucléaire
de Tchernobyl.
Contrairement aux affirmations des préfectures de Moselle
et de Meurthe-et-Moselle, cette rumeur était fondée.
Il y a bien depuis plusieurs jours une augmentation de la radioactivité
dans l'air ambiant lorrain. Ce phénomène est très
certainement naturel et lié aux conditions météorologiques
de ces derniers jours. Après de fortes chaleurs et des
pressions atmosphériques très lourds, l'arrivée
d'orages crée une dépression et libère du
sol un gaz radioactif naturel : le radon. Cette augmentation de radioactivité
doit être néanmoins vérifiée. Est-elle
d'origine naturelle comme supposée où d'origine
artificielle ?
Certaines sources bien informées ont provoqué une
rumeur qui a soufflé un vent de panique sur l'agglomération
messine: des ordres et des contre-ordres de confinement ont été
dictés auprès des établissements scolaires
et des entreprises de l'agglomération messine. Nuage radioactif
? Accident à la centrale nucléaire de Cattenom ?
Certaines affirmations laissent même supposer que la préfecture
de Lorraine ait voulu réaliser un exercice d'alerte nucléaire.
Au-delà des responsabilités de cette panique il
est intéressant de s'interroger sur la panique des populations
face au risque d'accident nucléaire. L'industrie nucléaire
représente pour les citoyens un risque extrème.
Le syndrome sur l'information subi par nos populations après
l'accident de Tchernobyl en mai 1986 a laissé des traces.
Les citoyens ont la plus grande méfiance à l'égard
des informations fournies par les pouvoirs publics en matière
de radioactivité. D'autre part il est inquiétant
de constater que face à une alerte radioactive, même
fausse, les citoyens soient dans l'incapacité d'être
informés en temps réel : seule la rumeur a fonctionnée
! A notre époque où la communication est exponentielle
les populations se sont retrouvées seules face à
la rumeur !
Ceci ne peut que nous inquiéter. Si malheureusement demain
un grave accident survenait à la centrale nucléaire
de Cattenom quelle serait la capacité des pouvoirs publics
à alerter et à protéger les populations ?
Contact presse Gérard Botella 06 83 12 78 24
NANCY (20/6/06) -
La direction de la communication de la centrale nucléaire
de Cattenom (Moselle) a démenti mardi que l'activité
de ses réacteurs puisse être à l'origine du
mystérieux taux anormalement élevé de radioactivité
enregistré dimanche matin à Nancy (Meurthe-et-Moselle).
Ce pic, quatre fois supérieur à la normale, a été
enregistré entre 8h04 et 11h34 par l'Association lorraine
pour la qualité de l'air, a précisé mardi
Michel Marquez, porte-parole de l'association.
Selon le responsable de l'ALQA, "le taux qui atteint un pic
de 0,53 microGray à 8h12 au lieu d'une limite de 0,15 microGray
n'a aucune incidence sur la santé de la population"
de part le laps de temps trop court de l'exposition.
L'élévation de radioactivité a été
constatée par un appareil de mesure installé sur
le toit de la faculté de sciences de Nancy. Pourtant, aucune
expérience de laboratoire universitaire ne peut expliquer
le taux.
Plusieurs services, tels que les pompiers ou la préfecture,
ont été sollicités afin de déterminer
l'origine de ce pic de radioactivité. La première
hypothèse qui faisait état d'une défaillance
de l'instrument de mesure n'a pas été retenue après
vérification du matériel.
"Une autre piste consiste à penser qu'un individu
mal intentionné a approché volontairement une source
radioactive du capteur", a avancé mardi un porte-parole
de la préfecture de Meurthe-et-Moselle.