Plans nucléaires américains en vue d'un éventuel recours à l'arme nucléaire contre certains pays

02/05/03
Jeu de cartes Greenpeace avec les portraits des "proliférateurs nucléaires"

 

Mini-bombe nucléaire: critique d'un haut responsable de l'Onu contre Washington

26/04/03 - Le sous-secrétaire général des Nations-Unies chargé du désarmement, Jayantha Dhanapala, a critiqué le projet des Etats-Unis de développer de petites bombes nucléaires, dans un entretien au site internet de la télévision allemande ARD samedi.

"Ces recherches seraient un pas en arrière, car nous voulons précisément réduire le nombre d'armes atomiques", a déclaré M. Dhanapala, alors que doit s'ouvrir lundi à Genève une conférence de l'Onu sur la non-prolifération nucléaire.

"Si quelqu'un brise le tabou de l'usage de l'arme nucléaire, ce sera l'enfer. D'autre pays utiliseront alors leurs armes nucléaires, ainsi que des groupes terroristes, et nous sombrerons dans l'Armagdedon", terme biblique signifiant la fin du monde, a ajouté le responsable sri-lankais.

Le projet américain de budget 2004 demande des financements pour le développement de de petites bombes nucléaires de type "mini-nukes", qui sont capables de pénétrer très profondément sous terre pour détruire des centres de commandement et contrôle, des dépôts de munitions et d'éventuelles caches souterraines.

Les puissances nucléaires doivent en outre comprendre que les pays ne disposant pas de la bombe atomique "ne tolèrent pas un +apartheid+ nucléaire, car ils se sentent ainsi attaquables", selon M. Dhanapala.

Quelques pays, parmi lesquels la Corée du nord, ressentent un sérieuse menace, "notamment depuis qu'ils ont été explicitement nommés par l'actuel gouvernement américain", a-t-il ajouté. "Il faut être conscient que, en agissant de cete manière, on encourage d'abord ces Etats à développer en secret des armes nucléaires", a-t-il encore averti.


Liberation le 26 décembre 2002

Le bluff nucléaire de Richard Nixon

Le «Washington Post» révèle que l'ancien président américain a simulé une alerte nucléaire en 1969 afin que les Soviétiques fassent pression sur leurs alliés nord-vietnamiens au moment où la guerre du Vietnam faisait rage.

Spécialiste des coups tordus, le président Richard Nixon est allé jusqu'à simuler une alerte nucléaire générale en octobre 1969, dans le but d'effrayer les Soviétiques et de les amener à faire pression sur le Vietnam du Nord au plus fort du conflit indochinois. C'est ce qu'a révélé le «Washington Post» dans son édition du 25 décembre, citant des documents secrets rendus publics cette semaine aux Etats-Unis.

Le coup de bluff, que Richard Nixon avait lui même qualifié de stratégie «du fou», n'eut cependant pas le résultat escompté: soit l'alerte a laissé les Soviétiques indifférents, soit ils ne s'en sont tout simplement pas aperçu, soit encore ils n'avaient pas l'influence escomptée sur leurs alliés nord-vietnamiens engagés dans une guerre civile avec leurs voisins du sud, pro-américains.

Selon l'article, qui mentionne des documents issus des Archives de la Sécurité nationale, l'administration américaine de l'époque ne savait plus comment débloquer les discussions en cours à Paris avec les représentants du Vietnam du Nord. Au début de l'été 1969, Richard Nixon a donc commencé à envisager la possibilité de lancer une alerte nucléaire pour inciter l'Union soviétique à faire pression sur son allié, afin qu'il accepte de reconnaître le régime sud-vietnamien en place. Début octobre, le chef d'état-major inter-armes, le général Earl Wheeler, a envoyé un mémo à ses hommes pour ordonner une «série d'actions entre le 13 et le 25 octobre destinées à tester notre préparation militaire dans des endroits sélectionnés du monde en cas d'affrontement avec l'Union soviétique». «Ces actions doivent être repérables par les Soviétiques, mais pas menaçantes», précisait la note. Les signes suggérant la préparation d'un conflit nucléaire incluaient le positionnement d'avions de combat dans des zones spécifiques, des périodes de silence radio et une surveillance accrue des navires russes. Mais quelques jours après le lancement de cette alerte rouge, l'ambassadeur soviétique Anatoli Dobrinin, qui rencontrait un responsable américain, n'a pas semblé en avoir été informé, et encore moins inquiet.
Un coup d'épée dans l'eau.

Elu en 1968 puis réélu en 1972, Richard Nixon a été au pouvoir pendant les années les plus dures de la guerre du Vietnam, qui s'est terminée au début de 1975 par la signature des accords de Paris, orchestrés par le diplomate américain Henry Kissinger. Le 8 août 1974, Richard Nixon est rentré dans l'histoire en devenant le premier et unique président américain à démissionner, afin d'éviter d'être destitué pour son rôle dans le scandale du Watergate. Il est décédé le 22 avril 1994.

Par C. Al.

 

Appel à quitter l'Inde et le Pakistan

LONDRES 5 juin 2002 - Les gouvernements américain et britannique ont appelé mercredi leurs ressortissants à quitter l'Inde et le Pakistan au bord de la guerre, en dépit de propos plus apaisants, quelques heures plus tôt, du secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld.

La Grande-Bretagne a appelé ses ressortissants à quitter ces deux pays, alors qu'elle leur recommandait seulement la semaine dernière d'"envisager" de le faire.

La nuance traduit une inquiétude des responsables consulaires britanniques, qui estiment que leurs ressortissants sur place, dont de nombreux touristes en Inde, n'ont pas pris la mesure de l'escalade militaire entre deux pays dotés de l'arme nucléaire.

Au moins 20.000 Britanniques résident en Inde et 700 sont enregistrés auprès de leur consulat au Pakistan.

Les Etats-Unis ont au même moment "encouragé fortement" leurs ressortissants à quitter également l'Inde et le Pakistan, qui ont massé plus d'un million de soldats à leur frontière au Cachemire.

Ces recommandations paraissent en contradiction avec des propos plus apaisants tenus peu de temps auparavant par des ministres autant américains que britanniques.

Le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld avait ainsi cru déceler quelques heures plus tôt mercredi des signes de détente entre les deux frères ennemis d'Asie du Sud.

L'Inde et le Pakistan "pourraient bien être en train de chercher des moyens de calmer les choses plutôt que de les voir s'aggraver", a estimé M. Rumsfeld à Londres, première étape d'une tournée qui doit le conduire, à une date encore non précisée, à Delhi et à Islamabad.


Le risque du premier conflit nucléaire mondial suscite l'inquiétude

ISLAMABAD, 26 mai - Le risque du premier conflit nucléaire mondial suscite l'inquiétude de la communauté internationale dont les dirigeants tentent de convaincre l'Inde et le Pakistan de renoncer à une confrontation qui pourrait faire des millions de morts.

Alors que la menace de déflagration nucléaire entre superpuissances durant la guerre froide semblait trop horrible pour être envisagée, le risque est bel et bien présent entre les deux vieux rivaux d'Asie du sud, qui se sont déjà affrontés par trois fois de manière conventionnelle, et a sonné l'alarme en Occident.

Les présidents des Etats-Unis et de Russie, qui ont signé des accords de réduction de leur propre arsenal, ont appelé à la retenue un Pakistan qui a procédé ce week-end à deux essais de missiles balistiques dans un contexte de tension extrême avec son voisin.

Le président Vladimir Poutine s'est dit très inquiet de l'escalade. George Bush a fait de même et le Français Jacques Chirac, en téléphonant au président pakistanais a dit que la tension "pourrait conduire au désastre".

Pour le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, "chaque fois que vous avez deux armées aussi proches et un tel niveau de tension, la probabilité d'un déclenchement d'hostilités existe, et tous deux possèdent l'arme nucléaire. C'est une source d'inquiétude pour tous".

M. Powell a exhorté Islamabad et New Delhi à "laisser la communauté internationale les aider à trouver une voie politique pour résoudre la situation".

Leurs craintes ne devraient guère s'apaiser à la lecture de déclarations de Pervez Musharraf au Washington Post, selon lequel la situation est "estrêmement explosive".

Selon le magazine britannique New Scientist, un conflit nucléaire entre les deux pays, même "limité", causerait au moins trois millions de morts et 1,4 million de blessés graves.

Le premier test nucléaire pakistanais, en 1998 avait bouleversé l'Occident puisqu'il confirmait l'existence officielle d'au moins une "bombe islamique".

Samedi, peu après le test de son missile, le président Musharraf qui s'adressait à une assemblée de religieux s'était félicité de ce que son pays dispose de la puissance nucléaire, puis répété par trois fois Allah-u-Akbar (Dieu est grand).

L'Islam est au coeur de la tension entre l'Inde et le Pakistan qui se disputent la région himalayenne du Cachemire, peuplée majoritairement de musulmans et tombée sous la férule indienne à la fin de la colonisation britannique en 1947.

Le seul élément nouveau de la difficile équation des relations indo-pakistanaises depuis plus de 50 ans, est le ralliement d'Islamabad à la coalition antiterroriste mondiale, dont l'activité principale se déroule actuellement en Afghanistan, à la frontière occidentale du Pakistan.

Le Pakistan aurait déjà retiré une partie de ses troupes de la frontière ouest pour regarnir celle de l'est avec l'Inde.

Pour le général en retraite Hameed Gul, ancien chef du renseignement militaire pakistanais, son pays est "puni au lieu d'être récompensé" pour s'être rallié à l'initiative occidentale.

"Nous sommes mis au coin. Si nous devons nous soumettre à l'Inde sous la pression américaine, alors qu'aurons nous tiré de Washington".

Samedi, George Bush a demandé au Pakistan de tenir ses promesses de sanctions contre les militants islamistes impliqués dans les attaques transfrontalières au Cachemire.

"Il est très important que le président Musharraf fasse ce qu'il a dit qu'il allait faire, cesser les incursions à travers la frontière" a dit le président américain.

Mais le Pakistan ne peut que difficilement renoncer à des années d'engagement en faveur de ce qu'Islamabad qualifie de "guerre de libération" des musulmans du Cachemire.

Le Pakistan subit également le contrecoup de son soutien à la campagne contre le terrorisme sous la forme de plusieurs attentats qui poussent progressivement les expatriés à quitter le pays.

Son seul espoir réside donc dans les missions de bons office que doivent effectuer dans les jours prochains à Delhi et Islamabad le ministre britannique des affaires étrangères, Jack Straw et le secrétaire d'Etat adjoint américain, Richard Armitage.

 

Le Pakistan a préparé une attaque nucléaire contre l'Inde en 1999 (responsable US)

WASHINGTON, 15 mai - Les Etats-Unis avaient la preuve que les militaires pakistanais préparaient une attaque nucléaire contre l'Inde en 1999, à l'occasion d'une confrontation entre les deux pays sur la région du Cachemire, a affirmé un ancien responsable de la maison Blanche.
Bruce Riedel, ancien conseiller spécial de l'ex-président Bill Clinton, estime possible que ses préparatifs aient été faits à l'insu du Premier ministre d'alors, M. Nawaz Sharif, par le commandant en chef des forces armées de l'époque, aujourd'hui président pakistanais, le général Pervez Musharraf.

Dans une communication préparée pour le Centre d'Etudes avancées sur l'Inde de l'Université de Pennsylvanie, M. Riedel estime que M. Musharraf "était considéré comme un tenant de la ligne dure, quelqu'un qui, certains le craignaient, semblait déterminé à humilier l'Inde une bonne fois pour toutes".

La publication de cette communication intervient alors que de nouvelles tensions apparaissent entre les deux pays éternellement rivaux, que deux guerres ont opposés depuis 1947 sur la question du Cachemire.

Selon M. Riedel, le gouvernement Clinton s'était réellement inquiété d'une telle perspective en juin 1999, lorsque l'Inde tentait de déloger des soldats pakistanais de Kargil, où ils avaient pris position après avoir franchi la ligne de contrôle qui sépare les deux pays.

Washington craignait que l'Inde ouvre un second front, amenant le Pakistan à en venir aux armes nucléaires, a indiqué l'ancien responsable.

Le 3 juillet, "de plus en plus d'informations arrivaient sur une escalade militaire dans la région, montrant que les Pakistanais préparaient leur arsenal nucléaire pour un éventuel déploiement", indique M. Riedel.

Le Pakistan et l'Inde ont tous deux effectué des essais nucléaires en 1998.

Ces craintes s'étaient accrues quand M. Sharif s'était rendu à Washington pour demander l'aide de M. Clinton. "Il amenait femme et enfants avec lui à Washington, ce qui pouvait indiquer qu'il avait peur de ne pouvoir rentrer chez lui si la rencontre échouait ou si les militaires lui demandaient de s'en aller", affirme M. Riedel.

L'ambassadeur saoudien, le prince Bandar ben Sultan, avait été mis à contribution et avait tenté de persuader le Premier ministre pakistanais de faire retirer ses troupes de Kargil, lors d'une conversation en voiture entre l'aéroport de Dulles et Washington. Cette conversation avait montré que le Premier ministre n'avait pas la situation en main.

Quand M. Clinton lui avait demandé où en était la menace de guerre nucléaire, "Sharif avait semblé déconcerté", démentant avoir donné des ordres pour qu'on prépare des missiles à têtes nucléaires, selon l'ancien responsable américain.

M. Sharif a fini par faire retirer ses soldats de Kargil mais son gouvernement a été renversé en octobre 1999 lors d'un putsch mené par le général Musharraf.

 



Taiwan avait envisagé l'arme atomique contre la Chine (presse)

TAIPEI, 14 avr - Taiwan avait envisagé l'utilisation d'obus à charges nucléaires contre la Chine au plus fort de la guerre froide mais les Etats-Unis qui devaient fournir les armes s'y sont opposés, a rapporté la presse dimanche.

Le United Evening News cite un document militaire déclassifié affirmant que le gouvernement dirigé par le Kuomintang (KMT) avait demandé le 4 avril 1961 une étude pour déterminer la faisabilité de telles attaques.

Le chef d'état major général, le général Peng Meng-chi, avait réclamé que l'étude porte notamment sur le tir de petites bombes atomiques depuis l'ile de Kinmen, au large de Taiwan, en direction de la ville chinoise de Xiamen, selon le journal.

L'étude avait été commandée après que les armées communistes eurent pilonné Kinmen en 1958, lançant 500.000 obus en 44 jours sur les soldats nationalistes.

Les documents cités montrent que l'étude suggèrait le tir d'obus à charge nucléaire par des canons d'une portée de 17 km depuis Kinmen, située à tout juste 2km du continent.

Selon le journal taiwanais, les obus auraient eu une puissance équivalente à un vingtième de la bombe de Hiroshima.

Mais les Etats-Unis ont rejeté le projet et n'ont pas fourni les armes nucléaires, craignant que cela n'amène l'URSS à augmenter son aide à la Chine.

 

 

Les Etats-Unis étudient la possibilité d'intercepteurs nucléaires (presse)

WASHINGTON, 11 avr - Le Pentagone étudie la possible utilisation d'intercepteurs nucléaires dans un système de défense nationale antimissiles, écrit jeudi le Washington Post citant de hauts responsables et experts américains.

Le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld a encouragé le Comité Science de la défense à explorer ce concept dans une étude à venir sur les approches alternatives pour intercepter les missiles ennemis, a déclaré au journal le président de ce Comité, William Schneider.

"Nous en avons discuté comme quelque chose qu'il est intéressant d'examiner" a ajouté M. Schneider

Le président George W. Bush en décembre dernier a annoncé sa décision de sortir les Etats-Unis du traité de défense antimissile ABM pour permettre le développement d'un système de défense antimissiles capable de détruire tout missile nucléaire ennemi en vol.

Ce projet de système controversé - la plupart des gouvernements estimant qu'il relance la course aux armements - en est aux premiers stades.

Il prévoit des intercepteurs expérimentaux basés à terre et en mer, ainsi que des lasers aéroportés. L'objectif pour les Américains étant d'avoir dès 2004 un début de capacité.

Comparé aux intercepteurs classiques actuellement en développement, M. Schneider a indiqué que ces intercepteurs nucléaires seraient plus efficaces contre des leurres et des agents biologiques de destruction.

Car au lieu d'avoir à distinguer des actuelles cibles de bombes de leurre déployés par des missiles ennemis pour tromper un intercepteur, a dit l'expert, de tels intercepteurs nucléaires pourraient par la puissance de leur explosion et des radiations détruire tout dans leur voisinage.

Des intercepteurs nucléaires pourraient ainsi détruire des agents biologiques que contiendraient des missiles tels que le bacille du charbon avant qu'ils n'atteignent le sol, a encore expliqué ce haut responsable.

D'autres experts cités par le Washington Post ont indiqué que cela requerrait un très grosse tête de plus d'une megatonne pour détruire des spores de charbon diffusés sur peut être plus de cinq kilomètres ou même davantage, ce qui mettrait en danger des satellites civils et militaires en orbite et interromperait les communications sur un vaste périmètre.

 

 

Un dirigeant japonais évoque l'option nucléaire face à la Chine

TOKYO, 7 avr - Un dirigeant conservateur japonais a averti que Tokyo pourrait se doter de l'arme nucléaire "du jour au lendemain" si la Chine représentait une menace militaire, ont rapporté dimanche des journaux japonais.

Les déclarations d'Ichiro Ozawa, un des chefs du Parti libéral d'opposition, risquent de provoquer des réactions de Pékin alors que le Premier ministre japonais se rend en fin de semaine dans le sud de la Chine.

M. Ozawa a précisé lors d'une conférence samedi dans la ville de Fukuoka qu'il avait mentionné l'option nucléaire lors d'une rencontre récente avec un responsable des renseignements du parti communiste chinois.

"La Chine développe son arsenal militaire pour rejoindre les rangs des superpuissances" et marcher sur la trace des Etats-Unis, a dit M. Ozawa, ex secrétaire général du Parti libéral démocrate au pouvoir et partisan d'un renforcement de l'armée japonaise.

"Il nous serait facile de produire des têtes nucléaires. Nous pouvons produire des milliers de têtes nucléaires du jour au lendemain", a-t-il affirmé, ajoutant que le Japon avait assez de plutonium dans ses centrales nucléaires pour produire peut-être 3 à 4.000 ogives.

Il a toutefois ajouté que ce qu'il souhaitait était une Chine démocratique et une société où la Chine et le Japon puissent coexister pacifiquement.

La publication des remarques du dirigeant conservateur intervient à quelques jours du départ du Premier ministre Junichiro Koizumi pour la Chine où il doit asister du 11 au 13 avril à une conférence économique sur l'ile de Hainan à l'occasion du 30ème anniversaire des relations diplomatiques entre Tokyo et Pékin.

 

 

Poutine "inquiet" de la possible reprise des essais nucléaire américains

MOSCOU, 7 avr - Le président russe Vladimir Poutine s'est dit "inquiet" dimanche de l'éventuel abandon par les Américains du moratoire sur les essais nucléaires, selon l'agence RIA Novosti.

Remarquant qu'il n'était pas encore question d'une "nouvelle doctrine nucléaire des Etats-Unis" dans la mesure où, "par bonheur", les principaux dirigeants n'en avaient pas encore parlé officiellement, M. Poutine a ajouté que les déclarations en provenance de Washington l'"inquiétaient" cependant.

Le président russe, qui s'exprimait devant des journalistes allemands à la veille d'une visite en Allemagne, a souligné que Washington avait signé mais pas ratifié le traité d'interdiction des essais nucléaires (CTBT) et s'est dit préoccupé par "les bruits concernant la possible utilisation de l'arme nucléaire par les Etats-Unis, y compris contre des pays ne disposant pas" de cette arme.

Dans un rapport secret sur la "révision de la doctrine nucléaire", dont la révélation avait fait grand bruit le mois dernier, le Pentagone envisage des frappes nucléaires contre sept pays, en représailles à une attaque majeure.

De plus les stratèges militaires américains n'excluent pas un jour la reprise d'essais nucléaires, suspendus depuis un moratoire en 1992, et proposent aussi de développer de petits engins nucléaires pour percer des bunkers enfouis profondément.

De tels engins font de l'arme nucléaire "une arme opérationnelle, ce qui est très dangereux", a relevé M. Poutine.

Le président américain George W. Bush est attendu à Moscou du 23 au 26 mai pour un sommet consacré au nouveau partenariat stratégique entre la Russie et les Etats-Unis né des attentats du 11 septembre 2001 à New York et Washington.

Les présidents russe et américain espèrent à cette occasion parvenir à un accord sur la réduction des arsenaux nucléaires de chaque pays entre 1.700 et 2.200 têtes nucléaires d'ici à 2012.



L'arme nucléaire est un moyen économique de faire la guerre, selon un ex-ministre

MOSCOU, 25 mars - L'arme nucléaire est un moyen économique de faire la guerre, selon l'ancien ministre russe de l'Energie atomique, Evgueni Adamov, qui prévoit une reprise des essais d'armes nucléaires, dans un entretien au quotidien russe Izvestia dans son édition de lundi.

"Je pense que le rôle de l'arme nucléaire va changer bientôt : on va cesser de la prendre comme facteur de dissuasion, elle peut s'avérer le moyen le plus économique de régler un conflit, afin de préserver ses forces vives et ses atouts matériels", déclare M. Adamov, qui a quitté son poste en mars 2001.

Les Etats-Unis n'excluent pas son utilisation contre des pays qu'elle soupçonne de chercher à se doter d'armes de destruction massive, comme l'Iran ou la Corée du Nord, selon un rapport récent du Pentagone dont des extraits ont été rapportés par la presse.

La Russie demeure également une cible potentielle des Etats-Unis, selon ce rapport.

La doctrine nucléaire de la Russie n'exclut pas de son côté l'utilisation de l'arme nucléaire contre des pays qui n'en sont pas dotés.

M. Adamov prévoit aussi une reprise des essais nucléaires, une éventualité envisagée par le rapport du Pentagone.

"Soit les pays du monde négocient et formulent des moyens pour ne jamais avoir recours à l'arme nucléaire, soit ceux qui en possèdent auront besoin de réaliser des essais", juge M. Adamov.

Les Etats-Unis ont maintenu un moratoire sur les essais nucléaires depuis 1992, comme la Grande-Bretagne, la France, la Russie et la Chine, mais des experts ont jugé que des essais seraient nécessaires pour vérifier la bonne tenue des arsenaux ou pour mettre au point de nouvelle armes.

Il n'est pas facile de déterminer "qui a le plus grand intérêt à violer le moratoire : les Etats-Unis, ou la Russie, qui a grand besoin de moderniser son potentiel nucléaire", déclare M. Adamov.

La Libye condamne les menaces britanniques de recours à l'arme nucléaire

TRIPOLI, 22 mars - Tripoli a vivement condamné vendredi les menaces du secrétaire britannique à la Défense Geoff Hoon de recourir à l'arme nucléaire contre des Etats "brigands", s'ils se servent "d'armes de destruction massive" contre des troupes britanniques.

"La Libye condamne les propos du secrétaire britannique (...) qui représentent une menace claire (de viser) certains pays avec des armes nucléaires", a déclaré un haut responsable du ministère des Affaires étrangères, Hassouna al-Chaouch.

"Nous ne pouvons pas nous taire face à cette menace", a-t-il ajouté, la qualifiant de "tentative stérile de (nous) effrayer".

M. Chaouch a rappelé que la Libye avait signé plusieurs accords internationaux contre le développement d'armes de destruction massive et appelé à "un dialogue équilibré entre les deux parties (britannique et libyenne) et à la non-ingérence dans les affaires internes".

M. Hoon a déclaré mercredi que son pays était prêt à utiliser l'arme nucléaire contre des Etats "brigands" comme l'Irak, l'Iran, la Libye ou encore la Corée du Nord, si ceux-ci se servent "d'armes de destruction massive" contre des troupes britanniques.

"Qu'ils soient absolument sûrs que dans les conditions appropriées, nous n'hésiterons pas à utiliser nos armes nucléaires", a-t-il affirmé devant la commission de Défense de la chambre des Communes.

 


Nucléaire: les propos de Hoon ne traduisent pas un durcissement (experts)

LONDRES, 21 mars - Les experts relativisaient jeudi les propos du ministre britannique de la Défense Geoff Hoon sur le recours à l'arme atomique contre l'Irak en cas d'attaque contre la Grande-Bretagne, affirmant qu'ils ne traduisent pas un durcissement de Londres en matière de dissuasion.
Geoff Hoon a affirmé mercredi devant la commission sur la défense des Communes que la dissuasion nucléaire pourrait ne pas suffire pour dissuader des "Etats préoccupants" d'attaquer la Grande-Bretagne. Et d'ajouter que la Grande-Bretagne n'hésiterait pas, "dans les conditions appropriées, à utiliser ses armes nucléaires si elle est attaquée".

Selon lui, il est possible que de tels Etats soient "capables d'atteindre le Royaume-Uni d'ici quelques années".

Quatre Etats sont principalement visés: l'Irak, l'Iran, la Libye ou encore la Corée du Nord. L'Irak, dans le collimateur depuis des semaines de Washington et Londres, est cité en premier.

Londres montre ainsi sa détermination face à Bagdad mais ces déclarations ne constituent pas un "changement décisif" en matière de dissuasion nucléaire, estiment les analystes.

"La réforme stratégique (...) que le gouvernement a présenté en 1998 disait que nous (la Grande-Bretagne) n'utiliserions pas l'arme nucléaire contre un Etat non nucléaire tant que nous ne sommes pas attaqués", a expliqué à l'AFP Timothy Garden, spécialiste des questions de sécurité internationale et de défense au Royal Institute of International Affairs (RIIA).

Cela faisait partie d'un plan de non-prolifération des armes nucléaires, a-t-il ajouté.

Selon lui, les propos de M. Hoon "ne constituent pas un changement décisif mais clarifient les circonstances" dans lesquelles la Grande-Bretagne pourrait répondre à une attaque nucléaire. Dans le passé, celles-ci étaient "peut-être ambigües".

"Je ne vois pas ce qu'il y a de particulièrement nouveau. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France ont fait les mêmes déclarations", a renchéri Gary Samore de l'Institut international des Etudes Stratégiques (IISS).

En revanche, selon lui, il faut replacer ces déclarations dans le contexte "d'un risque grandissant de guerre" contre Bagdad, qui va donner lieu à de plus en plus de déclarations sur la présumée menace irakienne.

"Il est de plus en plus vraisemblable qu'une action militaire contre l'Irak intervienne d'ici à la fin de l'année", a estimé M. Garden.

Ces deux experts ont écarté tout lien avec le récent rapport du Pentagone sur la mise à jour de la doctrine nucléaire américaine, dont des extraits ont "fuité" dans la presse américaine.

D'après un rapport secret -- commandé par le Congrès -- le Pentagone envisage notamment l'utilisation d'armes nucléaires contre sept pays dont les quatre cités par la Grande-Bretagne, en représaille à une agression chimique ou biologique. "Ou dans le cas d'événements militaires surprenants".

Quant au projet de bouclier antimissile américain, M. Hoon a affirmé n'avoir reçu "aucune demande de la part des Etats-Unis d'utilisation du territoire (britannique) à des fins de défense antimissile".

Il a également noté que la Corée du Nord "paraissait proche de se doter de missiles balistiques" et qu'à ce titre elle constituait "une menace".

 

La Grande Bretagne utilisera l'arme nucléaire s'il le faut (Hoon)

LONDRES, 20 mars - La Grande Bretagne est prête à utiliser l'arme nucléaire contre des Etats "brigands" comme l'Irak, si ceux-ci se servent "d'armes de destruction massive" contre des troupes britanniques, a déclaré mercredi le secrétaire à la Défense, Geoff Hoon.
"Qu'ils soient absolument sûrs que dans les conditions appropriées, nous n'hésiterons pas à utiliser nos armes nucléaires", a affirmé M. Hoon devant la commission de Défense de la chambre des Communes, qui enquêtait sur le projet américain controversé de système de défense antimissiles.

L'arsenal nucléaire britannique ne suffira toutefois peut être pas à "dissuader des dictateurs comme Saddam Hussein d'attaquer notre pays avec des armes de destruction massive", a-t-il ajouté.

La possibilité existe que des "Etats préoccupants", comme l'Irak ou l'Iran, soient "capable d'atteindre le Royaume Uni" d'ici quelques années, a estimé M. Hoon.

Le secrétaire britannique à la Défense a souligné que la possibilité que des terroristes entrent en possession d'armes de destruction massive était la cause d'une "réelle inquiétude" et quelque chose "dont il faudra que nous nous préservions très sérieusement".

M. Hoon a réaffirmé que le gouvernement britannique ne s'était pas encore prononcé sur l'utilisation du système de défense antimissile, n'ayant pas reçu d'offre ferme des Etats-Unis.

"Bien que la guerre froide soit terminée, nous devons faire face à de nouvelles menaces émergentes. Il est donc juste que nous envisagions tous les éléments possibles d'une stratégie d'ensemble", a-t-il déclaré.


- A propos de l'emploi en premier de l'arme nucléaire



Plans nucléaires américains en vue d'un éventuel recours à l'arme nucléaire contre certains pays


Les Etats-Unis pourraient abandonner le moratoire sur les essais nucléaires (projet)

WASHINGTON, 15 mars - Les Etats-Unis pourraient abandonner le moratoire international sur les essais nucléaires pour leur permettre de mettre au point une nouvelle génération d'armes anti-bunkers, selon des extraits d'un document passant en revue la politique nucléaire américaine rendu public jeudi à Washington.
"Bien que les Etats-Unis s'efforcent de développer leur arsenal sans nouvel essai nucléaire, ils ne pourront pas maintenir cette position indéfiniment", peut-on lire dans ce document obtenu par le centre de recherche et d'analyse GlobalSecurity.org, basé à Washington qui l'a publié sur son site électronique.

Les auteurs de cette étude font remarquer que des problèmes dans l'arsenal américain avaient déjà été décelés, dus notamment à l'usure du temps ou à des défauts de fabrication.

"De plus en plus, un jugement objectif sur les capacités (nucléaires) dans un environnement où les essais ne peuvent avoir lieu, deviendra de plus en plus difficle", écrivent encore les autreurs de l'étude.

 

Le Devoir du 16/03/02
Bush oublie-t-il Hiroshima?

Nucléaire: Washington défend sa doctrine, étudie de mini-armes antibunkers

WASHINGTON, 15 mars - L'administration américaine, qui défend la mise à jour de sa doctrine nucléaire et n'exclut pas de reprendre un jour des essais nucléaires, étudie entre-temps la mise au point de nouvelles mini-armes nucléaires contre les bunkers souterrains.

"La révision de la doctrine nucléaire, c'est du bon travail", a déclaré le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld, en démentant que "le seuil du recours aux armes nucléaires ait changé".

Plusieurs pays, des démocrates et des journaux américains ont fait part de leurs inquiétudes à ce sujet.

La révélation par des quotidiens d'un rapport sur la mise à jour de la doctrine nucléaire américaine "n'a causé aucun problème avec la Russie", qui avait été "informée au préalable, comme nos alliés", a déclaré le chef du Pentagone lors d'un point de presse.

Il a précisé en avoir largement discuté cette semaine avec le ministre russe de la Défense Sergueï Ivanov.

Selon le ministre, la nouvelle position tient compte du fait que la guerre froide est finie et que la Russie n'est plus un ennemi, mais qu'en revanche "d'autres pays montrent leur intérêt à développer des armes nucléaires". "Il est tout fait juste pour les Etats-Unis d'être sensibles à ce genre de choses", a ajouté M. Rumsfeld.

Un expert en désarmement, Chris Hellman, a cependant estimé que Washington risquait de lever le tabou "moral, militaire contre l'utilisation" de ces armes depuis 1945 et d'encourager la prolifération. "Dès qu'elles auront une valeur opérationnelle, d'autres gens voudront en avoir aussi", a dit cet expert au Center for Defense information.

Selon le rapport remis au Congrès, le Pentagone propose d'envisager des attaques nucléaires contre la Russie et la Chine et cinq autres pays pourtant dépourvus officiellement de l'arme atomique - Irak, Corée du Nord, Iran, Libye et Syrie -, s'ils agressent les Etats-Unis ou leurs alliés avec des armes de destruction massive.

Le rapport envisage en outre la mise au point d'armes nucléaires de faible puissance pour aller détruire des bunkers enfouis profondément sous terre et contenant par exemple des agents chimiques ou biologiques.

Dans ce but, le document envisage des essais nucléaires, malgré le moratoire sur les essais respecté depuis 1992, en prévenant, selon des extraits publiés par le centre de recherche GlobalSecurity.org, que "si les Etats-Unis s'efforcent de développer leur arsenal sans nouvel essai nucléaire, ils ne pourront pas maintenir cette position indéfiniment".

Le sénat américain a rejeté en 1999 le traité sur l'interdiction des essais (CTBT) de 1996, qu'ont notamment ratifié la Russie, la Grande-Bretagne et la France. La Chine l'a signé comme l'Iran et Israël, mais pas l'Inde, ni le Pakistan.

Le ministre américain de l'Energie Spencer Abraham avait indiqué jeudi à la Commission des forces armées du Sénat qu'une étude de 10 millions de dollars était en cours pour voir si l'on pouvait modifier des têtes nucléaires existantes pour les transformer en armes pénétrant en profondeur.

Ce ministère est en charge de l'énergie nucléaire civile ainsi que de la gestion des stocks nucléaires militaires.

Depuis 1994, le Congrès américain interdit la recherche et le développement de nouvelles armes nucléaires de plus de cinq kilotonnes.

Interrogé à ce sujet, M. Rumsfeld a indiqué que l'exécutif n'avait fait aucune demande de changement au Parlement. "Si nous pensions être soumis à des contraintes excessives, nous demanderions des changements. Nous ne l'avons pas fait", a-t-il dit.

Par ailleurs, les Américains développent une énorme version de la bombe BLU déjà dans leur arsenal contre des objectifs renforcés, tels que les bunkers du président irakien Saddam Hussein, selon des experts. La "big BLU", une arme conventionnelle, sera bourrée de quinze tonnes d'explosifs.

 

 

Bush justifie la révision de la doctrine nucléaire et veut apaiser la Russie

WASHINGTON, 13 mars - Le président George W. Bush a justifié mercredi la révision controversée de la doctrine nucléaire américaine, afin de maintenir la dissuasion, tout en se déclarant optimiste quant aux négociations avec Moscou sur la baisse des arsenaux stratégiques.

Selon un rapport secret au Congrès, révélé par la presse américaine ce week-end, le Pentagone propose des attaques nucléaires contre la Russie et la Chine et cinq autres pays en cas d'agression majeure de leur part.

Ce réexamen vise à "faire comprendre très clairement à tous les pays qu'on ne peut menacer les Etats-Unis avec des armes de destruction massive", a-t-il dit lors d'une conférence de presse en indiquant que "toutes les options sont sur la table".

Selon M. Bush, la révision doctrinale n'est pas nouvelle et poursuit celle des administrations précédentes.

"La raison pour laquelle nous avons un arsenal nucléaire américain dont j'espère qu'il est moderne, adapté, et peut fonctionner, c'est qu'il permet la dissuasion de toute attaque contre l'Amérique", ou contre ses amis et alliés, a encore souligné le président américain.

D'après le rapport du Pentagone, dévoilé par la presse, les stratèges américains envisagent des attaques nucléaires contre la Chine, la Russie, mais aussi cinq pays officiellement dépourvus de l'arme atomique - Irak, Corée du Nord, Iran, Libye et Syrie - dans le cas d'une agression chimique ou biologique contre les Etats-Unis ou leurs alliés, ou dans celui "d'événements militaires surprenants".

Ces positions ont été critiquées par Pékin et Téhéran et la Russie, dont le ministre russe de la Défense Sergueï Ivanov est en visite à Washington, a "demandé des explications". Les grands journaux américains dénoncent aussi le risque que le Pentagone ne banalise l'arme atomique en envisageant le recours à des armes nucléaires de faible puissance.

Les Américains ne comptent "cibler aucun pays" au jour le jour avec leurs fusées nucléaires, a rétorqué de son côté le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld devant son homologue russe.

Selon lui, Moscou a été informé de cette révision dès janvier.

D'autre part, le président Bush a estimé possible de dépasser d'ici son sommet avec le président russe Vladimir Poutine, fin mai, le différend avec la Russie sur les modalités de la réduction annoncée des arsenaux nucléaires.

Les deux pays sont certes d'accord pour rabaisser leur arsenal stratégique de quelque 6.000 têtes nucléaires à une fourchette allant de 1.700 à 2.200 têtes.

Mais les Etats-Unis veulent garder en réserve une partie des ogives retirées de leur arsenal, en cas de crise.

La Russie demande au contraire un accord "juridiquement contraignant" et "irréversible" avec la destruction des ogives et de leurs vecteurs, en estimant que, sinon, un accord stratégique ne pourra pas être signé au sommet de Moscou.

M. Bush a fait état de "très bonnes discussions" à ce sujet avec Sergueï Ivanov.

"Je partage l'optimisme du ministre que nous arriverons à quelque chose d'ici mai. J'aimerais signer un document quand je serai en Russie. Ce serait une bonne chose", a-t-il dit.

"Ce qu'il nous faut explorer pleinement c'est comment vérifier au mieux ce qui se passe pour garantir que la confiance règne dans les deux pays", a souligné le président américain, en s'engageant à "travailler dur" en vue de "relations très bonnes avec la Russie".


Le Monde du 13/03/02
Le Pentagone énonce les cas d'utilisation de l'arme nucléaire


Communiqué de l'Observatoire des armes nucléaires françaises du 12/03/02

Les Etats-Unis menacent les Etats "voyous" de l'arme nucléaire

Les Etats-Unis menacent les Etats voyous de l'arme nucléaire Selon les données de la Nuclear Posture Review (mise à jour de la doctrine nucléaire), reprises par le Los Angeles Times, les Etats-Unis envisagent d'utiliser des bombes nucléaires de faible puissance contre les Etats voyous.

Ces mininuke ou selon le terme technique la B61-11, sont en réalité prêtes à l'emploi depuis la réussite de tests en Alaska en 1997. Le Congrès américain est même parvenu à contourner les mesures de désarmement internationales en rendant ces armes conformes au traité de non prolifération lors du vote du budget de la Défense pour 2001. En effet la B61-11 est une "refonte" d'une ancienne tête nucléaire de forte puissance, qui a été transformée en une arme anti-bunker conçue pour pouvoir détruire une installation souterraine enfouie sous 300 mètres de granit.

Une analyse du NRDC faite début janvier sur ce même rapport (Nuclear Posture Review), nous apprend que l'administration Bush, par une règle de calcul machiavélique, va multiplier par trois ses stocks de têtes nucléaires. Cette révélation sur les plans nucléaires secrets de l'administration Bush se pose une nouvelle fois en contradiction totale avec les accords de désarmement internationaux et une volonté de non -prolifération.

A l'occasion du prochain Comité préparatoire de suivi du Traité de Non-Prolifération qui va se dérouler du 8 au 19 avril 2002 à New York et après les annonces de réductions concertées des arsenaux russes et américains, l'Observatoire des armes nucléaires françaises pose la question de la réelle volonté des Etats-Unis d'arrêter la course aux armes nucléaires et de se conformer aux conditions du traité de non-prolifération.

Dans le cadre de ses objectifs, l'Observatoire des armes nucléaires françaises diffusera des informations sur les armes nucléaires miniaturisées et de faibles puissances sur son site internet.

Jean-Marie Collin - Observatoire des armes nucléaires françaises

Centre de Documentation et de Recherche sur la Paix et les Conflits Observatoire des armes nucléaires françaises 187, montée de choulans 69005 Lyon


 

Les projets nucléaires n'augmentent pas le risque d'une guerre de ce type (Rice)

WASHINGTON, 12 mars - La conseillère présidentielle américaine pour la sécurité nationale, Condoleezza Rice, a affirmé lundi soir que les récents projets sur des attaques nucléaires n'augmentaient pas la possibilité d'une guerre de ce type, prévenant néanmoins qu'une attaque contre les Etats-Unis avec des armes de destruction de masse recevrait une "réponse cinglante".

"L'idée que le seuil de déclenchement d'une guerre nucléaire est d'une certaine manière abaissé, est totalement fausse", a affirmé Mme Rice à la télévision PBS.

"Personne ne veut utiliser des armes nucléaires et ce président (George W. Bush) a beaucoup fait pour encourager et faire progresser des choses comme la défense antimissile", a affirmé Mme Riche, ajoutant que, de ce fait, ce n'était "pas la peine de s'inquiéter".

Révélé par la presse américaine le week-end dernier, un rapport sur la "révision de la doctrine nucléaire", destiné au Congrès (parlement), envisage des plans d'urgence d'utilisation d'armes nucléaires contre la Chine, la Russie, mais aussi cinq pays qui n'en ont pas officiellement -- Irak, Corée du Nord, Iran, Libye et Syrie -- en représailles à une attaque chimique ou biologique "ou dans le cas d'événements militaires surprenants".

Selon Mme Rice, le document fait la liste des menaces auxquelles font face les Etats-Unis et envisage "toute une série d'options dont le président a besoin pour dissuader l'utilisation d'armes de destruction de masse contre les Etats-Unis, ses forces, ses amis et ses alliés".

Elle a ajouté qu'il avait toujours été dans la politique américaine de donner une "réponse cinglante" à toute utilisation d'armes de destruction de masse contre les Etats-Unis, ses amis ou ses forces.

Néanmoins, le New York Times écrivait dans un éditorial mardi que cette nouvelle doctrine menaçait le Traité de non-prolifération nucléaire. "Si les propositions du Pentagone sont mises en oeuvre", estime le journal, "les engagements (non-nucléaires) ne seront plus valables et les pays (signataires) pourront en conclure qu'ils n'ont aucune raison de rester non-nucléaires". "En fait, ils pourraient décider qu'ils ont besoin d'armes nucléaires pour éviter une attaque nucléaire", ajoute le quotidien.

 

Libération le 12/03/02
Du nucléaire limité contre l'«axe du mal»

Le Pentagone est-il en train de se préparer à changer radicalement de doctrine en matière nucléaire? La fuite, dans le Los Angeles Times de samedi, d'un document confidentiel du département de la Défense peut le laisser supposer. Dans ce document destiné au Congrès, qui dessine ce que pourraient être les armements dans dix ans, le Pentagone suggère de se doter d'armes nucléaires offensives, de rayon limité, qui pourraient être utilisées non seulement contre la Chine ou la Russie, mais aussi contre les pays de «l'axe du mal» (l'Irak, l'Iran, la Corée du Nord) ou encore contre la Libye et la Syrie. Hier, Moscou et Pékin ont demandé des «clarifications» sur ce document, qui n'a pas manqué d'émouvoir diplomates et stratèges militaires du monde entier. Les grandes puissances considéraient jusque-là que l'arme nucléaire ne devait jamais servir: elle n'est légitime que dans son rôle de dissuasion. Le document suggère donc un vrai changement de doctrine. Ces armes, indique-t-il, auraient des retombées nucléaires limitées et seraient utilisées dans des cas bien précis: destruction de bunkers profondément enfouis , réponse à des attaques chimiques ou biologiques... Dès samedi, le Pentagone a dénoncé les «fuites sélectives et trompeuses». Interrogé par la presse hier à Londres, le vice-président Dick Cheney a minimisé l'affaire: «Il ne s'agit que d'un rapport habituel adressé au Congrès.
En déduire que nous préparons des attaques nucléaires préalables contre sept pays est un peu exagéré.»

Par Pascal RICHE

L'humanité du 12/03/02
Le Dr Folamour vit toujours au Pentagone



La France fidèle à la dissuasion et au concept de "non emploi"

PARIS, 11 mars - Le ministère de la Défense a refusé lundi de commenter les révélations sur un projet américain d'attaquer plusieurs pays à l'arme nucléaire, rappelant que le président Jacques Chirac a refusé que l'arme nucléaire, au coeur de la politique de dissuasion du pays, soit considérée comme une arme de bataille employée dans une stratégie militaire.

Le porte-parole du ministère de la Défense, Jean-François Bureau a rappelé que la position de la France en matière d'armes nucléaires avait été résumée par le président en juin dernier devant l'Institut des Hautes Etudes de la Défense nationale (IHEDN).

"Nos forces nucléaires ne sont dirigées contre aucun pays et nous avons toujours refusé que l'arme nucléaire puisse être considérée comme une arme de bataille employée dans une stratégie militaire", avait déclaré le président, ajoutant que "la France, fidèle à son concept de non-emploi, a et conservera les moyens de maintenir la crédibilité de sa dissuasion face à toutes les nouvelles menaces".

Si les Etats "dotés de capacités balistiques qui pourraient leur donner les moyens, un jour, de menacer le territoire européen avec des armes nucléaires, biologiques ou chimiques (...) étaient animés d'intentions hostiles à notre égard, les dirigeants de ces Etats doivent savoir qu'ils s'exposeraient à des dommages absolument inacceptables pour eux", avait poursuivi le président.

La France a choisi, en matière de dissuasion nucléaire la "stricte suffisance", tout en la plaçant "au coeur de la sécurité de notre pays", avait expliqué M. Chirac.

Des journaux américains ont révélé samedi l'existence d'un document sur la préparation de plans d'urgence en vue d'une éventuelle utilisation d'armes nucléaires contre la Chine, la Russie, l'Irak, la Corée du Nord, l'Iran, la Libye et la Syrie - ces cinq derniers pays ne disposant pas eux-mêmes, officiellement, de l'arme nucléaire.

Le secrétaire d'Etat américain Colin Powell et la conseillère présidentielle pour la sécurité nationale Condoleezza Rice ont affirmé que le rapport ne faisait qu'énumérer les "options" à la disposition des autorités américaines.

 

Plans nucléaires américains en vue d'un éventuel recours à l'arme nucléaire contre certains pays

WASHINGTON, 9 mars - La Maison blanche a demandé aux militaires américains de préparer des plans d'urgence en vue d'une éventuelle utilisation d'armes nucléaires contre la Chine, la Russie, l'Irak, la Corée du Nord, l'Iran, la Libye et la Syrie, affirme samedi le Los Angeles Times.
D'après un rapport secret du ministère américain de la Défense (Pentagone) présenté aux membres du Congrès (parlement) le 8 janvier et dont le quotidien dit avoir eu connaissance, il y a trois cas dans lesquels il pourrait être recouru à de telles armes : contre des cibles capables de résister à une attaque non-nucléaire ; en représailles à une attaque à l'arme nucléaire, biologique ou chimique ; ou "dans le cas d'événements militaires surprenants".

Le rapport souligne que le Pentagone devrait être prêt à faire usage d'armes nucléaires dans le cadre d'un conflit arabo-israélien, notamment d'une attaque irakienne contre Israël, d'une guerre entre la Chine et Taïwan, d'une attaque de la Corée du Nord contre la Corée du Sud.

Les responsables américains ont depuis longtemps reconnu qu'ils avaient des plans détaillés d'attaque nucléaire contre la Russie. Mais ce serait apparemment la première fois qu'une liste officielle de pays-cibles potentiels serait ainsi établie par les Etats-Unis, selon les analystes.

Des experts ont dit au Los Angeles Times qu'ils s'attendaient à de fortes réactions des gouvernements de ces Etats après les informations sur ce rapport.

"C'est de la dynamite", a par exemple commenté Joseph Cirincione, un spécialiste en armes nucléaires au Fonds Carnegie pour la paix internationale à Washington. "Je peux m'imaginer ce que ces pays vont dire à l'ONU", "cela fait clairement des armes nucléaires un outil pour faire une guerre, plutôt que pour dissuader d'en faire", a-t-il ajouté.

Le gouvernement américain "essaie désespérément de trouver de nouveaux usages pour les armes nucléaires, alors que leur usage devrait se limiter à la dissuasion", a, de son côté, averti John Isaacs, président du Conseil pour un monde viable. "Ce sont des propos très, très dangereux (...) Le docteur Folamour est manifestement toujours vivant au Pentagone", a-t-il conclu.

Au contraire, pour les analystes conservateurs, comme Jack Spencer, de la Fondation Heritage à Washington : "nous avons besoin d'une dissuasion crédible contre les régimes impliqués dans le terrorisme international et la mise au point d'armes de destruction massive".



Les plans américains inquiètent des responsables russes

MOSCOU, 9 mars - Des responsables russes ont répondu avec inquiétude samedi à des informations de presse selon lesquelles la Maison blanche a demandé aux militaires de préparer des plans d'urgence en vue d'une éventuelle utilisation d'armes nucléaires contre plusieurs pays, dont la Russie.
"Le Pentagone a décidé de vérifier la réaction des militaires et des politiciens russes", en organisant ainsi cette "fuite" d'information, a déclaré Dmitri Rogozine, président de la commission des Affaires étrangères de la Douma (chambre basse du Parlement russe), cité par Interfax.

Le quotidien américain Los Angeles Times a fait état samedi d'un rapport secret du ministère américain de la Défense, dont il dit avoir eu connaissance, nommant sept pays contre lesquels pourraient être employées des armes nucléaires.

Ce rapport "oblige la direction russe à apporter une plus grande attention à la sécurité militaire de l'Etat", a déclaré le général Léonid Ivachov, responsable des relations extérieures au ministère russe de la Défense jusqu'à l'été dernier, cité par Interfax.

Selon lui, les Etats-Unis "ont toujours considéré et considèrent l'URSS et la Russie post-soviétique comme un rival géopolitique", et "le coeur de la doctrine géopolitique des Etats-Unis est d'affaiblir ou de pousser le puissant Etat russe hors de la scène politique", a déclaré le général.

De son côté, M. Rogozine a estimé que "les tentatives de déplacer les armes nucléaires d'une catégorie politique à une catégorie d'armes qui puissent être utilisées dans un conflit sont dangereuses pour les Etats-Unis eux-mêmes".

Selon le quotidien américain, le rapport, présenté par le Pentagone au Congrès en janvier dernier, déclare que la Russie n'est plus officiellement un ennemi des Etats-Unis. Mais il constate, selon le Los Angeles Times, que l'arsenal russe, qui compte autour de 6.000 missiles stratégiques, est un sujet de préoccupation.

 

Le Pentagone se refuse à tout commentaire

WASHINGTON, 9 mars - Le département américain de la Défense s'est refusé à commenter samedi les informations parues dans la presse sur des plans d'urgence en vue d'une éventuelle utilisation d'armes nucléaires contre certains pays, estimant qu'il s'agit de "fuites sélectives et trompeuses".
"Nous ne ferons aucun commentaire sur des fuites sélectives et trompeuses", a noté le Pentagone dans un communiqué en précisant que le département de la Défense "ne discutera pas des détails classifiés d'un projet ou d'éventualités militaires".

Ce rapport secret du Pentagone, publié samedi par le Los Angeles Times, fait état de la préparation de plans d'urgence en vue d'une éventuelle utilisation d'armes nucléaires contre la Chine, la Russie, l'Irak, la Corée du Nord, l'Iran, la Libye et la Syrie.

"Cette revue de la position nucléaire américaine est la dernière d'une longue série de tels rapports sur le développement des armes nucléaires. Elle ne fournit aucune direction quant aux cibles ou à la planification concernant (l'armement) nucléaire", poursuit le communiqué.

Ces rapports, a encore souligné le Pentagone, sont "requis par la loi" et représentent "une large analyse des besoins de la dissuasion au 21e siècle".

Le Los Angeles Times indiquait que ce texte prévoyait trois cas dans lesquels il pourrait être recouru à de telles armes: contre des cibles capables de résister à une attaque non-nucléaire, en représailles à une attaque à l'arme nucléaire, biologique ou chimique ou "dans le cas d'événements militaires surprenants".

Il estime par exemple, selon le quotidien, que le Pentagone devrait être prêt à faire usage d'armes nucléaires dans le cadre d'un conflit arabo-israélien, notamment d'une attaque irakienne contre Israël, d'une guerre entre la Chine et Taïwan, d'une attaque de la Corée du Nord contre la Corée du Sud.

"Le département de la Défense continue à se préparer à une large éventail d'éventualités et de menaces imprévues contre les Etats-Unis et leurs alliés", note le communiqué du Pentagone.

"Une combinaison de capacités offensives et défensives, nucléaires et non-nucléaires est essentielle pour faire face aux besoins de la dissuasion au 21e siècle", souligne enfin le département de la Défense.

Le Monde (20/11/01)

"Mininuke", la bombe secrète


Un bombardier B2 largue une bombe B61-11, sans charge nucléaire, lors d'une campagne d'essais en 1998, en Alaska.


Dernière-née des arsenaux américains, la "mininuke", légère, puissante et bourrée de plutonium, est idéale pour détruire les bunkers. L'utiliser en Afghanistan  ? Seuls quelques parlementaires y ont pensé. Mais cette arme nucléaire existe.

C'est une bombe : effilée ­ 3,59 mètres de long sur 34 centimètres de diamètre ­, légère ­ 315 kilogrammes ­, puissante ­ de 300 tonnes équivalent TNT à 340 kilotonnes, selon le réglage. Larguée à très haute altitude, son "nez" durci lui permet de pénétrer dans le sol jusqu'à 6 mètres de profondeur, où elle explose alors. Idéale pour détruire les bunkers ou les usines chimiques enterrées. Particularité : la B61-11 est une bombe atomique à base de plutonium. Elle constitue la seule arme nucléaire qui soit entrée dans l'arsenal américain depuis 1989. Officiellement en 1997, pour être portée par le bombardier "invisible" B-2, qui est lui-même opérationnel pour une mission nucléaire depuis avril 1997. On l'appelle "mininuke", parce que sa plus basse puissance de 300 tonnes de TNT paraît minime comparée, par exemple, aux 13 kilotonnes de la bombe de Hiroshima.

Pourrait-on utiliser l'arme nucléaire en Afghanistan ? La question reste, pour l'heure, théorique, mais elle est jugée acceptable par une partie des Américains. Selon un sondage publié le 7 novembre par l'institut Zogby International, 54 % des 1 000 personnes interrogées pensent que l'utilisation de bombes nucléaires serait efficace dans la guerre contre le terrorisme. Ils font écho à quelques élus américains, émules du docteur Folamour : le 21 octobre, un représentant de l'Etat de New York, le républicain Pete King, estimait sur la radio WABC : "Je n'exclurais pas l'usage des armes nucléaires tactiques si je pensais que c'était nécessaire."

Le 17 octobre, Steve Buyer, représentant républicain de l'Indiana, avait exprimé cet avis, au cas où l'épidémie d'anthrax serait liée à Ben Laden : "Envoyez un petit dispositif atomique [dans les grottes des terroristes] et fermez-les pour un millier d'années." Fin septembre, c'est le sénateur Jon Kyl, de l'Arizona, qui avait évoqué l'emploi de ces armes : "Si une arme de destruction massive est utilisée contre nous, les coupables devraient attendre une réponse similaire de notre part." Déclarations de députés de base peu responsables ? Sans doute, même si l'usage de ces armes nucléaires légères n'est pas totalement exclu par des spécialistes.

Dans le National Journal du 8 septembre, avant les attentats contre les Etats-Unis, Paul Robinson, directeur du Sandia National Laboratories (un des laboratoires de conception des armes nucléaires), expliquait : "Nous avons besoin d'armes nucléaires à faible puissance, qui pourraient tenir en respect des Etats voyous."Et de préciser : "Lors de la guerre avec la Serbie [en 1999], nous avons attaqué les cibles souterraines avec des armes conventionnelles qui ont eu très peu d'effet."

L'administration Bush, sans insister sur cette possibilité, ne veut pas l'exclure absolument. C'est la règle de la dissuasion : ne dites surtout pas ce que vous ne ferez jamais, mais dites que vous êtes capable de le faire. Le 28 septembre, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a adressé un mémorandum aux parties prenantes du conflit s'amorçant en Afghanistan. Cette démarche, habituelle en cas de guerre, vise à rappeler aux belligérants les contraintes du droit humanitaire. Dans son texte, le CICR indiquait : "L'arme nucléaire est incompatible avec le droit international humanitaire." La représentation américaine à Genève a immédiatement protesté, exigeant que cette phrase soit ôtée. Motif invoqué : le droit international n'interdit pas le recours à l'arme nucléaire.

En fait, ce point n'est pas tranché : dans une"opinion" rendue le 8 juillet 1996, la Cour internationale de justice n'a pu se départager sur la question, sept juges estimant que l'arme nucléaire est légale, sept autres étant d'un avis contraire.

Quoi qu'il en soit, le CICR a adressé, le 5 octobre, aux parties un nouveau mémorandum ne mentionnant pas les bombes atomiques. Lors de la guerre du Golfe, le CICR avait envoyé aux belligérants un mémorandum similaire, mentionnant que l'arme nucléaire ne devait pas être utilisée. A l'époque, le texte n'avait pas suscité de réaction des Etats-Unis.

Depuis cette époque, la doctrine sur l'utilisation tactique des armes nucléaires a évolué. Jusqu'alors, les présidents américains avaient maintenu l'engagement pris en 1978 par Jimmy Carter de ne pas utiliser l'arme nucléaire à l'encontre d'Etats n'en disposant pas. Mais, avec l'effondrement de l'URSS en 1991, la préoccupation militaire de Washington s'est déplacée vers les "Etats voyous", jugés capables d'utiliser des "armes de destruction massive", pas forcément nucléaires. Plusieurs rapports ont souligné l'utilité de l'arme atomique tactique, c'est-à-dire employée sur le champ de bataille.

Un document de l'US Strategic Command (Stratcom), daté de 1995 ("Essentials of Post-Cold War Deterrence") et révélé par un spécialiste des questions de désarmement, Hans Kristensen (du Nautilus Institute, à Berkeley), en vertu du Freedom Information Act, est explicite : il affirmait que l'option nucléaire devait rester ouverte quel que soit l'agresseur. "Il n'est pas désirable d'adopter une politique publique affirmant le refus de "frappe en premier" ; cela ne sert qu'à limiter spécifiquement les buts de dissuasion nucléaire des Etats-Unis sans apporter un bénéfice équitable", indiquait le rapport du Stratcom, qui est l'instance opérationnelle de gestion et de mise en uvre des armements nucléaires américains.

En novembre 1997, Bill Clinton permettait, dans la directive présidentielle no 60 dévoilée par le Washington Post du 7 décembre 1997, des frappes nucléaires en réponse à des attaques chimiques ou biologiques. La même année, les militaires se demandaient si une telle frappe ne serait pas justifiée contre une usine chimique construite par la Libye à Tarhunah, qu'ils suspectaient d'être destinée à fabriquer des armes chimiques.

La même année, la B61-11 entrait en service. Correspond-elle à un véritable besoin technique ? La problématique de la démolition d'ouvrages souterrains est apparue de manière criante lors de l'invasion du Koweït par l'Irak en août 1990. L'état-major américain a alors considéré que les bombes dont il disposait ne suffiraient pas à démolir le ou les bunkers souterrains de commandement irakien. Il lança un programme de développement d'une bombe "pénétrante" capable de réaliser cette tâche. En un temps record, la GBU 28 était réalisée, par adaptation de bombes préexistantes, et livrée en février 1991 : un engin utilisant un explosif "traditionnel", du tritonal, pesant 2 tonnes et mesurant 5,72 mètres sur 37 centimètres de diamètre.

Deux exemplaires de la GBU 28 allaient être largués depuis des avions F-111 en Irak. L'un est réputé avoir atteint son but, mais on ne sait pas avec quelle efficacité. Toujours est-il que, dans les années suivantes, le Los Alamos Scientific Laboratory allait développer la B61-11, dont il semble que le projet ait été lancé en 1989.

Même s'il est difficile, dans un domaine où, par définition, les données et les discussions techniques sont peu ouvertes, d'évaluer l'intérêt militaire des bombes pénétrantes "mininuke" par rapport à leurs rivales type GBU 28, la différence apparaît criante. Les "mininukes" sont plus légères : de l'ordre de 300 kilogrammes contre 2 tonnes. Mais, surtout, le saut est radical quant à la puissance explosive : la GBU 28 représente, avec ses 306 kilogrammes d'explosif tritonal, environ 385 kg de TNT. Près de mille fois moins que la B61-11, dont la puissance la plus basse est de l'ordre de 300 tonnes de TNT !

La position adoptée par Bill Clinton en 1997 n'a pas été modifiée par la suite. En janvier 2001, un rapport du National Institute for Public Policy, un "think tank" spécialisé sur les questions stratégiques, réaffirmait l'utilité d'armes nucléaires légères : "Dans le futur, les Etats-Unis peuvent avoir besoin de déployer des armes nucléaires simples, à faible puissance et guidées avec précision pour un usage possible contre des cibles particulières et renforcées telles que des usines souterraines d'armes biologiques."

Si les armes conventionnelles peuvent endommager les abords de caches souterraines, "une ou plusieurs armes nucléaires pourraient être requises pour détruire l'installation elle-même". Plusieurs auteurs du rapport se retrouvent à des postes élevés dans l'administration Bush : Stephen Hadley, qui est maintenant l'adjoint de Condoleezza Rice, la conseillère de M. Bush pour la sécurité nationale, Robert Joseph, assistant spécial du président pour les questions de prolifération, ou Stephen Cambone et William Schneider, qui sont des proches conseillers du ministre de la défense, Donald Rumsfeld.

La question des armes nucléaires de faible puissance a d'ailleurs été évoquée, sans doute pour la première fois dans une enceinte officielle, le... 13 septembre. C'était au Sénat des Etats-Unis, lors de l'audition du général Richard Myers pour sa nomination au poste de chef d'état-major interarmées. "Soutenez-vous le développement de nouvelles armes nucléaires à faible puissance ? Dans quelles circonstances soutiendriez-vous l'usage de telles armes ?", lui ont demandé les sénateurs du comité des forces armées, pour qui, comme pour de nombreux décideurs à Washington, la question n'est pas taboue. Le général a éludé la question, se contentant de dire : "Nous disposons déjà d'un certain nombre d'armes à faible puissance."

Cependant, aucun indice ne montre que l'entourage de M. Bush pourrait être sensible aux arguments des faucons atomiques. Un article du Japan Times du 20 septembre affirme que, selon une source diplomatique non précisée, le département de la défense a présenté l'utilisation d'armes nucléaires tactiques comme une option de rétorsion aux attaques terroristes du 11 septembre.

Mais, explique un expert français, "il est normal qu'en cas d'intervention les militaires proposent au président l'ensemble des possibilités imaginables. Pour autant que j'aie pu le comprendre de mes contacts à Washington, l'option nucléaire a été résolument écartée par Bush". Hans Kristensen confirme : "Je pense qu'aucune personne responsable à Washington n'imagine utiliser les armes atomiques dans la présente situation en Afghanistan. Le seul scénario possible serait que les Etats-Unis soient convaincus que quelqu'un s'apprêterait à lancer une arme nucléaire ou biologique depuis une position connue, et que le seul moyen de l'empêcher serait de nucléariser cette installation." Mais, poursuit Kristensen, "la réelle question est celle-ci : puisqu'aucun responsable ne considère sérieusement d'utiliser l'arme nucléaire au niveau actuel des hostilités, pourquoi la politique nucléaire l'envisage-t-il quand même ?"

C'est qu'aucune porte ne peut être fermée. Comme l'écrivait le rapport du Stratcom en 1995, "c'est s'affaiblir que de nous présenter comme trop pleinement rationnels et tête froide. Le fait que quelques éléments peuvent apparaître potentiellement "incontrôlables" peut être bénéfique pour créer et renforcer les peurs et les doutes dans les esprits des décideurs ennemis".

Hervé Kempf