L'Irak vend à une compagnie canadienne son concentré d'uranium

17/2/2009 - L'Irak a vendu les 550 tonnes de concentré d'uranium ou "yellow cake" accumulé par l'ancien dictateur Saddam Hussein à la compagnie canadienne Cameco Corp pour 90 millions de dollars, a indiqué mardi à l'AFP le porte-parole du gouvernement, Ali al-Dabbagh. "Le Conseil des ministres a approuvé aujourd'hui cette vente car nous avons signé le traité de non prolifération nucléaire et nous n'avons plus besoin de ces matériaux accumulés par l'ancien régime", a-t-il dit. L'Irak avait lancé un appel d'offres l'an dernier. Cameco Corp, producteur canadien d'uranium basé à Saskatoon (dans la province de Saskatchewan), avait remporté ce contrat. Les derniers vestiges des ambitions nucléaires de Saddam Hussein avaient été transportés secrètement en juillet 2008, grâce à l'aide des Etats-Unis, vers un port canadien sur un bateau qui avait traversé deux océans. Il reste encore à l'Irak à nettoyer les derniers déchets radioactifs restant dans l'ancienne centrale nucléaire de Tuwaitha, à 19 km au sud de Bagdad.

 


Greenpeace, jeudi 14 octobre 2004:

Au bout d'un an, les Nations unies entendent enfin les avertissements de Greenpeace en Irak
L'AIEA a des yeux dans le ciel : Greenpeace avait des inspecteurs sur le terrain

Mohamed El Baradei a annoncé à la communauté internationale que des installations nucléaires ont été pillées en Irak et que des matières nucléaires ont disparu. Greenpeace avait tiré l'alarme il y a déjà plus d'un an après avoir retrouvé des matières nucléaires égarées et les avoir ramenées au Centre nucléaire de Tuwaitha. A cause du refus des Etats-Unis de laisser le surveillant nucléaire des Nations unies rentrer en Irak, l'Agence a dû se contenter d'images satellites. Nous avons constaté sur place la justesse des inquiétudes des Nations unies.

Quand les troupes étasuniennes sont entrées à Bagdad, elles ont tout de suite sécurisé le périmètre du ministère du pétrole. Plus au Sud, les oléoducs et les puits de pétrole étaient gardés par des véhicules blindés.

Pourtant, à Tuwaitha, site où ont été effectuées les recherches nucléaires du régime de Saddam Hussein, fermé par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) des Nations unies avant l'invasion étasunienne, et contenant des équipements et des matières nucléaires, il n'y avait pas le moindre soldat pour monter la garde. Les habitants de la localité ont pu y prendre ce qu'il voulaient, dont des fûts qu'ils ont utilisé pour faire la cuisine et conserver de l'eau, après les avoir vidés du concentré d'uranium (yellowcake) qu'ils contenaient.

Fille se tenant devant l'école pour fille Al-Majidat située à proximité des installations nucléaire de Tuwaitha. A l'intérieur de l'école, Greenpeace a mesuré des niveaux de radioactivité plus de 3 000 fois supérieurs au niveau de fond.

Nous avions envoyé une mission en Irak en juin 2003 pour évaluer l'étendue de la contamination et demander aux Nations unies et aux Etats-Unis de prendre des mesures immédiates pour sécuriser et nettoyer le site. Nous avons apporté des fûts neufs pour les échanger contre les fûts contaminés utilisés par les habitants de la localité. Nous avons fait des mesures radiologiques dans les habitations et avons trouvé dans un cas un niveau de radioactivité 10.000 fois supérieurs au niveau de fond.

Nous avons présenté nos trouvailles à Mohamed El Baradei dans un rapport de 10 pages accompagné d'un documentaire vidéo en juillet 2004, quand les Etats-Unis ont autorisé une inspection limitée du site par l'AIEA. L'expert nucléaire John Large indiquait dans le rapport que les éléments que nous présentions laissaient penser "qu'une quantité considérable de matières radioactives et contaminées avait été enlevée des zones sécurisées du Centre nucléaire de Tuwaitha."

Un désastre nucléaire

Notre lettre à El Baradei énumérait les matériaux que nous avions trouvés, en précisant où nous les avions trouvés, et indiquait que :

"Greenpeace est fortement préoccupée par le fait que le pillage des installations de Tuwaitha ait été si étendu au moment où nous sommes arrivés qu'il sera quasiment impossible à une équipe d'inspecteurs de rassembler les matériaux radioactifs inventoriés avant l'invasion. Ces inquiétudes se sont considérablement accrues ces dernières semaines suite à la révélation du fait que les Etats-Unis ont évacué de la zone, par voie aérienne, une quantité considérable de matières nucléaires, sans supervision de l'AIEA."

"Des matières nucléaires provenant d'Irak ont été retrouvées aux Pays-Bas et en Turquie, ce qui démontre que des matière nucléaires peuvent quitter le pays et le font."

Malheureusement pour les habitants, la contamination, elle, reste à Tuwaitha.

Le représentant de Greenpeace Mike Townsley avait déclaré au moment de notre inspection : "Si cela s'était produit au Royaume-Uni, aux Etats-Unis où dans tout autre pays, les villages entourant Tuwaitha fourmilleraient d'experts radiologues et d'équipes de décontamination. Le village aurait été déclaré zone sinistrée nucléaire et les habitants auraient immédiatement fait l'objet de visites médicales. Les Irakiens mériteraient d'être traités identiquement par la communauté internationale. Qu'ils soient ainsi ignorés est scandaleux, et cette négligence doit être réparée sans délais."

Rien n'a été fait à ce jour. Le mieux que l'AIEA ait trouvé à dire dans sa réponse à nos avertissements concernant les matières disparues a été que :

"L'Agence a donné des conseils aux autorités irakiennes concernant la sûreté et la sécurité des matières nucléaires et autres matières radioactives. Toutefois, l'aide de l'Agence est apportée sur demande, et, conformément au régime de confidentialité de l'Agence, l'Agence ne peut publier des informations protégées qu'avec le consentement de l'Etat ou des Etats concernés. Certaines de vos demandes et suggestions devraient donc plutôt être adressées au gouvernement provisoire irakien (...) Dans la situation actuelle, il est important que les inspecteurs de l'AIEA retournent en Irak (...)"

Le gouvernement provisoire n'a rien fait et l'AIEA est toujours interdite de séjour en Irak, selon la volonté des Etats-Unis. Les seuls gagnants dans toute cette histoire sont ceux qui cherchent à profiter des défauts de sécurité pour mettre la main sur des matières nucléaires égarées.

A quoi tout cela a-t-il servi ?

L'invasion de l'Irak était censée confisquer des armes de destruction massive. Elle était censée empêcher que des matières nucléaires échappent au contrôle des Nations unies. L'incapacité à sécuriser Tuwaitha est-elle le fruit d'une incompétence, ou est-ce simplement la preuve que la véritable priorité était de faire main basse sur le pétrole irakien ?

Dans tous les cas, il en résulte que le monde est un endroit plus dangereux aujourd'hui qu'avant l'invasion.

Pour un terroriste en herbe, le nombre d'occasions de s'emparer de matières nucléaires est de plus en plus grand. Si vous n'avez pas envie de récupérer de l'uranium enrichi en Irak pour faire une bombe sale, vous pouvez toujours vous tourner vers les camions de plutonium faiblement escortés qui sillonnent régulièrement la France ou bien vers un navire plein de plutonium militaire étasunien naviguant en haute mer.

La seule façon de s'assurer que des matières nucléaires ne se retrouvent pas entre de mauvaises mains est que tout le monde arrête d'en utiliser.

Pour en savoir plus

Vous n'avez pas besoin d'un système de surveillance par satellite pour constater le pillage des bâtiments et matériaux nucléaires en Iraq. Nous avons filmé les incidents mentionnés dans le rapport présenté à El Baradei, et vous pouvez les visionner en cliquant sur les liens ci-dessous (vidéo en anglais).

- Quick Time

- Windows Media

- Real Player

Vous pouvez aussi lire le compte-rendu de la visite de Greenpeace en Irak dans le blog de la mission d'inspection.

 

Dix kilos d'uranium manquent sur le site de Touwaïssa, en Irak
(voir le reportage en Realvideo 33Kb)

VIENNE (16 juillet 2003) - L'Agence internationale à l'énergie atomique a fait savoir qu'elle avait retrouvé la majeure partie des matériaux radioactifs pillés sur le site nucléaire de Touwaïssa, en soulignant toutefois qu'au moins dix kilos d'uranium manquent encore à l'appel.

L'AIEA présente ces conclusions dans un rapport envoyé mardi au Conseil de sécurité de l'Onu sur les inspections qu'elle a menées sur un site de stockage proche du complexe nucléaire de Touwaïssa, près de Bagdad.

Après le renversement du gouvernement de Saddam Hussein, en avril, par les forces américaines et britanniques, des pillards ont pénétré à Touwaïssa et dans au moins six autres sites nucléaires irakiens, vidant de leur contenu des centaines de fûts remplis de substances radioactives. La plupart des fûts ont été retrouvés, ainsi que leur contenu.

"La quantité et le type d'uranium perdu ne sont pas significatifs en termes de prolifération", écrit dans le rapport le directeur de l'AIEA, Mohamed ElBaradeï.

Le terme de "prolifération" décrit la capacité qu'a un pays ou un groupe d'utiliser l'uranium en question pour fabriquer des armes nucléaires.

Le matériau nucléaire concerné, de l'uranium naturel dit "faible", pourrait difficilement servir, en outre, à confectionner une "bombe sale" permettant de disséminer des substances radioactives sur un vaste secteur au moyen d'un explosif conventionnel tel que la dynamite.

Risque sanitaire

Mais ElBaradeï a déclaré qu'il "demanderait à l'autorité (d'occupation américaine) de faire son possible pour retrouver les produits manquants et, le cas échéant, de les rapporter au (site de stockage) (...) et de les placer sous scellés de l'agence"

L'AIEA avait fait savoir en avril aux Etats-Unis et à la Grande-Bretagne qu'il serait nécessaire de surveiller tous les sites nucléaires irakiens afin d'éviter une catastrophe écologique, médicale et humanitaire.

Les inspecteurs de l'AIEA ne sont revenus en Irak qu'au début du mois de juin.

Plusieurs témoins ont signalé, chez des habitants des villages proches de Touwaïssa, notamment des enfants, de problèmes médicaux rappelant ceux qu'entraîne habituellement l'exposition à des radiations.

Mais l'armée américaine n'a pas autorisé l'AIEA à évaluer la situation sanitaire de la population locale et a limité son champ d'intervention à un inventaire du contenu du site de stockage concerné par les pillages.

ElBaradeï a appelé les forces d'occupation américaines et britanniques à "assurer la protection physique et la sécurité de la totalité des matériaux nucléaires irakiens".

 

 

Irak: Greenpeace échange des tonneaux contaminés près du site nucléaire pillé d'Al-Tuwaïtha

BAGDAD (28 juin 03) - L'organisation écologiste Greenpeace a lancé samedi une campagne dans les villages entourant le site nucléaire de Tuwaitha, pillé après la chute du régime de Saddam Hussein, pour échanger des tonneaux d'eau contaminés provenant du site contre des récipients propres. Des habitants voisins de la centrale, à quelque 25 km au sud de Bagdad, utilisent des tonneaux radioactifs qui ont été volés après la guerre pour stocker de l'eau et de la nourriture.
"Greenpeace espère qu'en offrant des nouveaux tonneaux spécialement destinés aux réserves d'eau, on pourra rendre les derniers barils contaminés aux militaires américains pour les mettre à l'abri à l'intérieur du site" nucléaire, a indiqué un porte-parole l'organisation, Mike Townsley, dans un communiqué.
Les tonneaux ont été contaminés par un dérivé de l'uranium et Greenpeace a averti que l'eau avait pu être empoisonnée par les habitants qui les nettoient dans le fleuve Tigre. Alors que l'armée américaine propose d'acheter les tonneaux radioactifs pour trois dollars, beaucoup les gardent car les tonneaux neufs valent 15 dollars, souligne Greenpeace. Cent cinquante des 500 tonneaux volés dans le site restent toujours introuvables. "Nous avons récupéré six tonneaux aujourd'hui (samedi) et c'est un bon début", a précisé M. Townsley.
Mardi, Greenpeace avait appelé la coalition américano-britannique en Irak à nettoyer les villages proches des installations nucléaires, dont la contamination radioactive a atteint selon elle des "niveaux alarmants".
Greenpeace avait indiqué avoir découvert de très forts niveaux de radioactivité dans plusieurs habitations. Dans l'une d'entre elles, ce niveau était 10.000 fois supérieur à la normale.
L'organisation accuse à ce propos la coalition d'empêcher les experts de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) de venir en Irak pour une mission de décontamination.
Une équipe de l'AIEA avait inspecté le site d'Al-Tuwaitha dans la deuxième semaine de juin. Le 21 juin, citant une source officielle de l'AIEA, la revue américaine Science avait indiqué que l'équipe avait retrouvé l'essentiel de l'uranium s'y trouvant avant-guerre.

 

L'équipe de l'AIEA poursuit son travail sur le site nucléaire d'Al-Tuwaïtha

AL-TUWAITHA (Irak), 10 juin 03 - Une équipe de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) poursuivait mardi, pour le quatrième jour consécutif, son inspection du site nucléaire d'Al-Tuwaïtha, près de Bagdad, pillé après la chute du régime de Saddam Hussein.

Les sept experts de l'AIEA sont arrivés sur le site en début de matinée, et après avoir enfilé des combinaisons blanches et mis des masques, ont inspecté des barils et des équipements placés en plein air avant de les transférer dans le bâtiment, sous les yeux des soldats américains gardant le site.

L'un des experts filmait les inspections destinées à vérifier si des matériaux radioactifs ont disparu dans le pillage du dépôt nucléaire, le plus important d'Irak, intervenu après la chute du régime de Saddam Hussein le 9 avril.

Il s'agit de la première équipe d'inspecteurs de l'Onu à revenir en Irak depuis l'évacuation, à la veille de la guerre, des experts de l'organisation internationale chargés de déterminer si l'Irak possédait ou non des armes de destruction massive.

Les experts ont entamé le 7 juin leur travail qui doit durer deux semaines et s'inscrit dans le cadre du traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Leur mission vise à "établir quels matériaux ont été déplacés et de sécuriser ce qui est resté".

Des habitants de la localité d'Al-Tuwaitha ont affirmé que les pilleurs avaient vidé des barils contenant des produits chimiques indéterminés. Ils les ont ensuite revendu à des gens qui les ont utilisés pour emmagasiner de l'eau et de la nourriture après les avoir lavés dans le Tigre.

Ce pillage a eu pour conséquence d'avoir exposé des localités entières à un empoisonnement radioactif et les habitants ont exprimé leurs craintes de voir leurs familles et enfants contaminés.

 

Manifestation d'habitants devant le site nucléaire pillé

8/06/03 - Des riverains ont manifesté dimanche devant la plus grande installation nucléaire irakienne pour demander à la communauté internationale de faire pression sur les Etats-Unis pour les aider à les sortir de leurs difficultés.

Quelques habitants de villages proches de l'installation d'Al-Tuwaïtha, près de Bagdad, mécontents d'avoir été intoxiqués par les produits pillés à la fin de la guerre sans que les Américains n'interviennent, étaient rassemblés devant l'entrée principal du site, en attendant en vain l'arrivée des experts de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

"Sauvez-nous des périls avant qu'il ne soit trop tard", était écrit en mauvais anglais avec le crâne et les os symbolisant le danger, à l'adresse des sept inspecteurs de l'AIEA, conduits par le sud-africain Brian Rens.

"Ouverture d'une enquête sur le rôle des forces américaines dans ce qui est survenu ici". "Nous demandons au Conseil de sécurité de l'Onu d'enquêter sur ces crimes", indiquaient d'autres calicots en arabe.

La coalition américano-britannique a été la cible de sévères critiques pour n'avoir rien fait pour stopper les pillages.

Des habitants de la localité d'Al-Tuwaïtha ont affirmé que les pilleurs avaient vidé des barils contenant des produits chimiques indéterminés. Ils les ont ensuite revendus à des gens qui les ont utilisés pour emmagasiner de l'eau et de la nourriture après les avoir lavés dans le Tigre, selon eux.

Ce pillage a eu pour conséquence d'avoir exposé des villes et villages entiers à un empoisonnement radioactif et les habitants ont exprimé leurs craintes de voir mourir leurs familles et leurs enfants.

"J'ai entendu que le niveau de radiation était de 4.000 plus important que la normale", a affirmé l'organisateur de la manifestation, Mouzher Daoud Salmane, un avocat de 44 ans.

"Je suis très préoccupé par la santé de nos enfants. Ils vont mourir à cause de ce crime", a-t-il dit.

Un porte-parole militaire américain a affirmé que le danger occasionné par les pillages était "minimal", mais a indiqué que le Centre américain pour la promotion de la santé et de la médecine préventive allait examiner les Marines qui assurent la sécurité autour du complexe.

"Les Américains se fichent de nous, ils viennent seulement pour le pétrole", a souligné M. Salmane.

"Est-ce la liberté promise? A l'époque de Saddam, le gouvernement ne faisait pas attention à nous. Nous sommes les victimes à la fois des Etats-Unis et de Saddam", se plaint-il.

Les sept experts de l'AIEA, arrivés vendredi en Irak, ont quitté le site et n'ont fait aucune déclaration aux journalistes. Ils doivent pendant leur mission de deux semaines vérifier si des matériaux radioactifs ont disparu dans les pillages.

Il s'agit de la première équipe d'inspecteurs de l'Onu à revenir en Irak depuis le départ du pays, à la veille de la guerre, des experts de l'organisation internationale chargés de déterminer si l'Irak possédait ou non des armes de destruction massive (ADM).



Les habitants d'Al-Tuwaitha craignent l'empoisonnement

Al-TUWAITHA (Irak), 7 juin 2003 - Des habitants d'Al-Tuwaïtha, où des experts de l'Onu ont commencé à inspecter le plus important site nucléaire d'Irak, se sont dits inquiets samedi du danger de contamination pour leurs familles et enfants.

Le site d'Al-Tuwaïtha, près de Bagdad, a été pillé après la chute du régime de Saddam Hussein et les résidents craignent que les fermes de même que l'eau ne soient empoisonnées.

"Nous n'achetons plus du lait, ni du fromage ni du yaourt d'ici. Même les légumes sont dangereux", indique Ahmed Hussein, 25 ans, père de deux enfants. "Nous allons à Bagdad pour nous approvisionner".

Sept experts de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sont arrivés au site, pour le premier retour en Irak d'inspecteurs de l'Onu retirés du pays avant la guerre qui a renversé Saddam Hussein.

Mais ces experts ne sont pas chargés de rechercher des armes de destruction massive qu'aurait possédées Saddam Hussein et qui furent l'un des prétextes avancés par la coalition dirigée par les Etats-Unis pour lancer la guerre contre l'Irak.

Leur mission consiste à inspecter durant deux semaines le site pillé d'Al-Tuwaïtha afin de vérifier quels matériaux ont pu y être volés, déplacés ou si des substances ont été renversées. Les matériaux dans ce site avaient été répertoriés pour la dernière fois par l'Onu en décembre.

Des résidents de la localité ont indiqué que les voleurs avaient vidé des barils de substances chimiques pour les revendre à des gens qui les ont utilisés pour conserver l'eau et la nourriture avant de les laver dans le Tigre.

Comme résultat, des villes et des villages entiers pourraient probablement se trouver exposés à un empoisonnement et des habitants affirment craindre le pire.

"Le goût et l'odeur de l'eau sont devenus très bizarres, cela ressemble à des produits chimiques", indique Khoudair Ahmed, 43 ans, un marchand de fruits au marché d'Al-Tuwaïtha. "J'ai neuf enfants qui ont tous bu de cette eau et sont tous tombés malades".

L'étendue de ce drame potentiel est inconnue et Brian Rens, qui dirige l'équipe de l'AIEA, a déclaré à Bagdad vendredi que les craintes portaient plus sur une large contamination qu'à des radiations nucléaires émanant du site.

Selon l'AIEA, le dépôt d'Al-Tuwaïtha contient des centaines de tonnes et des milliers de barils d'uranium naturel faiblement enrichi, qui ne sont pas "très dangereux pour la santé publique" mais ce ne sont pas "non plus des substances que nous voudrions voir traîner par terre".

"L'objectif de notre mission est d'établir quels matériaux ont été déplacés et de sécuriser les matériaux laissés sur place", a dit M. Rens.

Les troupes américaines gardent désormais le site 24 heures sur 24. Le commandant Frank McClahy, présent sur le site, a fait état de "craintes" que des matériaux sensibles aient été pillés ou jetés. "Nous sommes très inquiets et c'est pour cela que nous sommes là", a-t-il dit.

Mais les habitants de la localité se demandent si ces inspections et les nouvelles mesures de sécurité américaines n'arrivent pas trop tard.

"Ils ont tout volé, des robinets, des équipements, des meubles et des machines. Je ne laisse plus mes enfants boire de l'eau et j'ai également peur de leur donner de la viande et de la nourriture", dit encore Khoudair Ahmed. "De plus et à cause de cela, les prix de la nourriture baissent".

Mais les adultes ne peuvent pas tout le temps convaincre les enfants de ne pas sauter dans les eaux du Tigre pour se rafraîchir, par cette chaleur accablante.

"Mes parents et professeurs m'ont prévenu que c'était dangereux mais je m'en fous", indique Mohammad Abdel Wanass, 12 ans, entouré de ses amis qui disent ne pouvoir s'empêcher de nager dans la rivière.

"Nous n'avons pas peur de la pollution ou de l'épidémie. Si nous ne pouvons pas nager dans cette rivière, ils doivent nous trouver une autre", ajoute le garçon.


 



Le Monde 07.05.03

Des éléments radioactifs ont été volés sur un site nucléaire irakien
(voir le reportage en Realvideo 33Kb)

Le complexe atomique d'Al-Tuwaitha, situé à une vingtaine de kilomètres de Bagdad, a été, lui aussi, la proie des pillards. Certaines des matières disparues pourraient contaminer les populations locales et servir à la fabrication de "bombes sales".

AL-TUWAITHA de notre envoyé spécial

Avec des précautions de démineur, l'ingénieur irakien montre les endroits sur lesquels il ne faut surtout pas poser le pied. Ici, un petit tas de cristaux jaune : "Du "yellow cake"", à base d'uranium naturel.

Là, un monticule de poudre noire : "De l'oxyde d'uranium." Partout, des plaques de ciment ont été coulées à la va-vite pour tenter de fixer au sol les résidus de matières radioactives. "Ces produits sont très dangereux à respirer", commente l'ingénieur. On se trouve dans le complexe d'Al-Tuwaitha, le principal site nucléaire irakien, à une vingtaine de kilomètres de Bagdad.

Bien que contrôlé par les forces américaines, le centre atomique a été la proie de pillards qui n'avaient visiblement pas conscience des risques encourus. "Radioactivité. Ne pas entrer", avaient écrit des militaires anglo-saxons, dans leur langue, sur les murs de l'entrepôt pillé, dont les alentours sont parsemés de substances toxiques. Les portes du hangar sont ouvertes, laissant voir des centaines de gros fûts métalliques : "Leur contenu est très riche en particules alpha", explique l'ingénieur Hicham Abdulwalik, mardi 6 mai. Des pillards ont essayé d'ouvrir ces conteneurs, heureusement sans succès. Mais "d'autres barils, stockés après avoir été en grande partie utilisés, ont été vidés sur place et emportés", assure le fonctionnaire. C'est alors que les morceaux de yellow cake et d'oxyde d'uranium ont été répandus, affirme-t-il, à l'unisson avec ses collègues de la Commission irakienne de l'énergie atomique (CIEA) qui font visiter les lieux.

"Quand les "Ali Baba" [surnom donné aux pillards] sont venus, les soldats américains étaient postés à quelques centaines de mètres. Mais ils n'ont rien fait", témoigne un habitant du village situé de l'autre côté des barbelés qui, neutralisés en plusieurs points de passage, ne protégeaient plus le site nucléaire.

visite interdite "Les gens sont si pauvres Ils se sont servis des barils pour mettre de l'eau ou des aliments", indique un autre villageois. Un drame, si l'on en croit le chef du département de physique nucléaire de la commission irakienne, le Dr Shaker Al-Jibouri : "Qu'une personne avale un seul atome d'uranium et elle développera un cancer à court terme", affirme-t-il.

Même le "saint des saints" d'Al-Tuwaitha, le centre de recherches et d'expérimentations atomiques, a été la cible des pillards, selon le Dr Ahmed Al-Bahili, un autre dirigeant du complexe. Derrière des collines artificielles, le coeur du nucléaire irakien abrite les réacteurs les plus célèbres de la région : Osiris et Osirak (construits par la France, avec une coopération italienne), le second ayant été détruit en 1981 par l'aviation d'Israël, qui soupçonnait l'Irak d'y préparer une bombe atomique ; un réacteur de fabrication russe a été bombardé, lui, par les Américains, en 1991.

"Les trois réacteurs nucléaires n'étaient plus en activité depuis 1991", assure le docteur. Ils sont flanqués de divers laboratoires - agriculture, physique ou chimie - où "les voleurs ont tout emporté", indique la même source.

Renvoyant sèchement les visiteurs, les forces américaines interdisent désormais la visite du centre de recherches au motif qu'il est contaminé. Le Dr Al-Bahili a cependant été autorisé quotidiennement à y revenir, jusqu'au lundi 5 mai. Des substances hautement toxiques - isotopes, césium, thorium et cobalt - ont été dérobées dans les laboratoires, assure le scientifique. "On les conservait dans des conteneurs de la taille d'un verre. Certains étaient vides", précise-t-il. En outre, des expériences nucléaires avaient cours sur des insectes et des animaux : "Les vitres ayant été cassées, des mouches et des souris ont pu s'échapper, ce qui constitue une autre source de danger", prévient le scientifique.

Muni de compteurs de radioactivité, le Dr Al-Bahili s'est rendu dans les villages environnants. "J'ai détecté plus de vingt maisons où les dosages d'émission étaient de 30 millirads [600 fois plus que la dose autorisée]. Et je suis certain de n'avoir visité qu'une infime partie des habitations contaminées". Il est catastrophé : "Quand les voleurs ont fini par apprendre que leur butin était dangereux, ils l'ont sans doute jeté dans l'eau de la rivière ou dans les ordures, le vent se chargeant de disperser les résidus".

les craintes de l'aiea Amer, le scientifique irakien met en cause l'armée américaine, qui n'aurait rien fait pour empêcher les pillages. "Au début, ce sont les forces britanniques qui gardaient Al-Tuwaitha, avec une trentaine de chars. A partir de la seconde moitié d'avril, les Américains les ont remplacés, avec seulement trois chars".

Appelant à une "plus grande coopération de la communauté internationale", le Dr Al-Bahili ne veut pas croire que les substances dérobées puissent tomber aux mains de groupes terroristes qui fabriqueraient des "bombes sales" (radioactives). C'est pourtant l'une des craintes avancées par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), à Vienne. Une porte-parole, Melissa Fleming, redoute que des matériaux radioactifs dérobés à Al-Tuwaitha servent précisément à fabriquer des "bombes sales". A moins que les sources radioactives en question soient du type de celles qui sont utilisées dans le domaine médical.

Erich Inciyan

 

El-Baradeï souhaite reprendre des inspections en Irak
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a demandé aux Etats-Unis de la laisser enquêter sur le pillage du site nucléaire d'Al-Tuwaitha (au sud de Bagdad).

VIENNE, 6 mai 2003 - Mohammed el-Baradeï a demandé aux Etats-Unis de permettre à l'Agence internationale à l'énergie atomique (AIEA) qu'il dirige d'envoyer une mission spéciale de se rendre au centre de recherches nucléaires d'al-Tuwaitha, qui serait pillé, a annoncé lundi la porte-parole de l'AIEA, Melissa Fleming.

Par ailleurs, le directeur général de l'agence onusienne réaffirme, dans un entretien que diffusera mardi la chaîne allemande de télévision ZDF, qu'"il n'y avait pas d'élément" justifiant, dans le dossier nucléaire, l'offensive américaine en Irak. Il subsiste néanmoins de interrogations sur la destruction éventuelle par Bagdad d'armes bactériologiques et chimiques, ajoute-t-il. "Je ne crois pas que la communauté internationale sera satisfaite, aussi longtemps que ce ne sera pas nous, les inspecteurs en désarmement de l'ONU, qui irons là-bas examiner les découvertes", souligne-t-il.

Mohammed el-Baradeï a demandé le retour des inspecteurs à al-Tuwaitha à la suite d'allégations alarmantes émanant de témoins oculaires et des médias. La lettre, envoyée la semaine dernière, restait sans réponse lundi.

On dénombre un millier de sources radioactives en Irak -des sites utilisant du matériel radioactif pour l'industrie ou la médecine-, mais celui d'al-Tuwaitha est la plus inquiétante, selon Mme Fleming.

Les experts de l'AIEA avaient visité al-Tuwaitha, dans le cadre des inspections en désarmement de l'ONU, avant la guerre en Irak, lancée le 20 mars par les Etats-Unis. La présence de tonnes d'uranium partiellement enrichi ou naturel a été enregistrée, une partie pouvant probablement entrer dans la fabrication d'armes.

Des ordinateurs, meubles et équipement scientifique ont été volés par les pillards, mais on ignore si du matériel nucléaire a aussi disparu du complexe, situé à 20km au sud de Bagdad. Les troupes américaines ont trouvé la porte de l'un des sites de stockage nucléaire enfoncée le mois dernier. Les autorités américaines assurent que les lieux sont à présent sécurisés.

 

Les Etats-Unis protègent le site nucléaire irakien de Tuwaitha

11/04/03 - Les autorités américaines ont assuré à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qu'elles protègent et assurent la sécurité du site nucléaire irakien de Tuwaitha, au sud de Bagdad, indique un communiqué de l'AIEA sur le site internet de l'Agence.

"Les autorités américaines ont assuré à l'AIEA que le matériel nucléaire stocké sur le site irakien de Tuwaitha est proprement protégé et mis en sécurité" indique le communiqué, précisant que cette indication a été donnée par les Etats-Unis en réponse à une lettre qui leur a été adressée par le directeur-général de l'AIEA, Mohamed ElBaradei.

M. ElBaradei a dans sa lettre "indiqué que jusqu'au retour de nos inspecteurs en Irak les Etats-Unis ont la responsabilité de maintenir la sécurité" de ce site, précise le communiqué.

Le communiqué indique que "la plupart du matériel nucléaire et radioactif" qui est "sous contrôle régulier de l'AIEA depuis 1991" est notamment "stocké (...) dans trois bâtiments" du site.

M. ElBaradei demande aussi que l'AIEA puisse "retourner" à Tuwaitha "aussi tôt que les circonstances le permettent pour vérifier s'il n'y a pas eu de détournement de matériel nucléaire" stocké sur ce site.

Le communiqué indique que les inspecteurs de l'AIEA ont visité ce site nucléaire "de nombreuses fois" au cours des dernières inspections de l'Agence entre novembre 2002 et mars 2003 lorsqu'ils n'avaient trouvé aucune preuve d'une activité nucléaire interdite de l'Irak.

Le site nucléaire de Tuwaitha avait été bombardé par des avions de combat israéliens en 1981 qui y avaient détruit la centrale nucléaire d'Osirak, connue sous le nom de Tamouz par les Irakiens. Les Israéliens soupçonnaient alors l'Irak de construire une bombe atomique sur ce site.