La Tribune, 21/10/2004 :
Le choix du groupe américain pour certaines
opérations de maintenance est un sérieux revers
pour les filiales spécialisées dans les contrôles
nucléaires d'Areva et de Cegelec.
Le nucléaire sera ce matin le principal sujet à
l'ordre du jour du conseil d'administration d'EDF. Outre le choix
du site du futur EPR (voir encadré), le conseil sera consulté
sur le contrat qui doit être signé pour cinq ans
en matière de maintenance du parc nucléaire.
Le groupe public, qui vise à réduire ses coûts
de 30 %, va procéder à une refonte en profondeur
de ces opérations. Désormais, la majorité
des contrôles opérés en service sur les tubes
des générateurs de vapeur de ses 58 centrales devrait
ainsi être confiée à la société
Logitest, filiale du géant américain Westinghouse.
Sûreté bradée. Si la décision est confirmée,
il s'agirait d'un sérieux revers pour Intercontrôle,
filiale d'Areva par le biais de Framatome et CNDP, filiale de
Gegelec, les deux fournisseurs traditionnels d'EDF.
Jusqu'ici en effet, le premier assurait 50 % de ces prestations
de contrôle préventif et le second 33 %, le solde
revenant à Logitest. A la suite de l'appel d'offres lancé
en février 2004 par EDF, Logitest devrait se voir attribuer
50 % du marché, Intercontrôle 33 % et Cegelec 17
%. Pour obtenir ce contrat, "Logistest a cassé les
prix de 50 %", proteste Jean-Michel Rouve, secrétaire
(CFDT) du comité d'entreprise d'Intercontrôle. Areva,
qui a pourtant révisé ses tarifs à la baisse
de 30 %, a refusé de suivre, comme Cegelec.
Le manque à gagner découlant de la révision
de leur contrat pourrait déboucher sur des réductions
d'effectifs. Déjà, un comité d'entreprise
extraordinaire est convoqué demain chez CNDP pour examiner
un plan social qui pourrait menacer 83 emplois sur 194. Aucune
procédure n'est lancée chez Intercontrôle
où, selon Jean-Michel Rouve, entre 50 et 150 emplois pourraient
toutefois être touchés sur un effectif de 330 salariés.
Ce matin, les syndicats d'Areva et de Cegelec ont appelé
à manifester devant le siège d'EDF, accusé
de "brader et de mettre en péril la sûreté
des centrales nucléaires françaises".
Saisi le 22 juillet par la CGT du sujet, le cabinet de Nicolas
Sarkozy, auquel les syndicats vont demander une nouvelle audition,
aurait fait part de sa préoccupation à EDF.
Marc Lomazzi
20/10/04 - Les syndicats CGT, CFDT et CFE-CGC d'Areva ont appelé mercredi les salariés d'Intercontrôle, filiale de Framatome, à la grève jeudi pour dénoncer la vente par EDF de certaines de leurs missions de contrôles dans les centrales nucléaires à une multinationale américaine.
Les 320 salariés d'Intercontrôle, filiale de Framatome (holding Areva), mènent des contrôles sur les tubes des générateurs de vapeurs des centrales nucléaires d'EDF et les cuves des réacteurs nucléaires.
"EDF s'apprête à confier une grande partie du marché du contrôle et de la maintenance préventive de ses centrales nucléaires à la multinationale américaine Westinghouse, qui oeuvre sur le sol français au travers d'une société écran Logitest", indiquent dans un communiqué commun les trois syndicats.
Affirmant qu'"EDF brade et met en péril la sûreté des centrales nucléaires françaises", les syndicats estiment que "200 à 250 emplois sont menacés" par cette décision qui doit être avalisée jeudi en conseil d'administration.
A Lire:
Santé du travail
dans l'industrie nucléaire:
* Rationalité instrumentale et santé
au travail dans l'industrie nucléaire
* Rapport d'enquète de psychopathologie du travail au Centre de Production Nucléaire de Chinon
* Les résultats du nouveau management dans le nucléaire (information de la section syndicale FO)
* NUCLÉAIRE: SANS FOI, NI LOI! (information de la section syndicale FO)
USA : des travailleurs du nucléaire dénoncent des dysfonctionnements relatifs à la sûreté