Des exercices d'accidents nucléaires qui laissent sceptiques

METZ, 19 nov - Les exercices d'alerte nucléaire avec participation des populations voisines des centrales, tel que celui qui vient de se dérouler à Cattenom (Moselle), laissent certains sceptiques quant à leur utilité en cas de catastrophe.

Après deux journées d'exercice de crise nucléaire la semaine dernière au Centre nucléaire de production d'électricité (CNPE) de Cattenom, les avis divergent sur la nécessité des exercices de "mise à l'abri" des populations.

Pour les autorités, c'est le satisfecit. "Les habitants semblent avoir tous bien obtempéré aux consignes dès le début de l'alerte et les moyens mis en place ont fonctionné comme prévu", s'est félicité le sous-préfet de Thionville, Dominique Blais, responsable de l'exercice.

En revanche, parmi les premiers à douter de l'utilité des exercices de "mise à l'abri" tels que celui de cette semaine, se trouvent les voisins allemands dont le gouvernement de coalition Verts/sociaux-démocrates a décidé en juin l'abandon de l'énergie nucléaire d'ici à 32 ans.

"Dans le cas d'un accident très grave, nous pensons qu'il n'est pas possible de sauver les populations vivant autour de la centrale", juge Ewald Adams secrétaire de l'association eurorégionale verte SarLorLux basée à Trèves (Rhénanie-Palatinat). "S'il s'agit d'un accident n'impliquant pas de rejets radioactifs, les exercices comme celui de Cattenom sont sans doute utiles", concède-t-il toutefois.

"Deux kilomètres c'est ridicule"

Parallèlement M. Adams souligne le caractère "arbitraire" à ses yeux de la mesure d'évacuation qui consiste à définir autour de la centrale un rayon de 25 km. "En cas d'accident, ce sont les paramètres météorologiques qui entrent en compte et devraient servir à définir le plan d'évacuation", assure-t-il.

Du côté des syndicats, dans les centrales, la question des exercices de crise n'est pas la préoccupation majeure.

"Nous sommes d'accord pour la sensibilisation des populations, mais ce que nous réclamons avant tout, c'est plus de transparence et d'information vers l'extérieur sur les activités de la centrale", déclare Norbert Schobert, responsable syndical CGT à Cattenom. "Il faudrait plutôt dire aux gens : +voilà ce que nous faisons pour éviter un pépin+", ajoute-t-il.

"L'exercice de Cattenom impliquant les populations a eu un intérêt, mais il faudrait tout de même organiser quelque chose de plus réaliste : le périmètre de deux kilomètres autour de la centrale, c'est ridicule", juge M. Schobert.

A la DRIRE Alsace, le responsable de la Division des installations nucléaires François Gauché qui a participé à l'exercice de Cattenom s'est voulu malgré tout rassurant: "en cas d'incident grave, on a plusieurs heures pour réagir et faire évacuer les populations : une centrale nucléaire n'est pas une bombe".


Exercice pour un incendie simulé à la centrale nucléaire de Bugey (Ain)

LYON, 17 nov - Une cinquantaine de pompiers de la région ont participé vendredi matin à un exercice pour un incendie simulé à la centrale nucléaire de Bugey (Ain), a indiqué l'EDF.

Le scénario, qui prévoyait une simulation d'incendie et d'évacuation de blessés, s'inscrivait "dans le cadre des exercices réglementaires imposés par le groupe de sûreté nucléaire d'EDF", précise un communiqué.

Ce genre d'exercice, qui a duré près de trois heures, est réalisé "chaque année par le site pour tester la qualité de l'interface entre EDF et les secours extérieurs en cas d'incendie ou d'accident", selon la même source.

La centrale de Bugey, située sur l'axe Lyon-Genève, comprend quatre unités de production de 900 MW chacune.




Exercice de crise nucléaire à Cattenom: habitants confinés durant une heure

CATTENOM, 15 nov - Les quelque 2.300 habitants de Cattenom (Moselle), où se trouve une centrale nucléaire, ont été confinés chez eux entre 9H30 et 10H30, mercredi, lors du deuxième jour d'un exercice de crise nucléaire, a constaté un journaliste de l'AFP.

Cette "mise à l'abri" des populations intervient pour la première fois depuis la mise en service de la centrale en 1986.

Alertés par des sirènes placées sur des véhicules de gendarmerie et des pompiers, les habitants se sont enfermés chez eux à partir de 9H30, en respectant les consignes, distribuées par la mairie, de fermer les fenêtres et les portes sans tenter aucune sortie pendant la période d'alerte.

"C'est bien d'être avertis et entraînés, parce que si ça arrive on saura ce que nous sommes censés faire", estimait Sylvianne Him, patronne du bar La Terrasse, précisant toutefois que "si ça arrive vraiment les gens risquent de paniquer un peu plus qu'aujourd'hui".

Vers 10H30, les habitants sont timidement sortis de chez eux, les gendarmes et les pompiers annonçant la fin de l'alerte.

Le sous-préfet de Thionville, Dominique Blais, responsable de l'exercice de mercredi, a indiqué que "les habitants semblent avoir tous bien obtempéré aux consignes dès le début de l'alerte et les moyens mis en place ont fonctionné comme prévu".

Une habitante de Cattenom affirme pourtant qu'elle n'était pas au courant de l'exercice. "Je n'ai pas regardé ma boîte aux lettres et je n'ai pas eu la lettre qui devait nous prévenir", a expliqué Myriam Bouvier. "Alors, je suis sortie avec ma petite fille et un pompier nous a tout de suite dit de rentrer chez nous", a-t-elle raconté.

"On a entendu les pompiers, les sirènes et il a fallu que j'explique à ma fille que ce n'était qu'un jeu, car elle a eu un peu peur".

Un incident de niveau 3 sur l'échelle [médiatique] internationale des évènements nucléaires (INES) qui en comporte 7 avait été simulé mardi, déclenchant le Plan d'urgence interne (PUI) de la centrale et le Plan particulier d'intervention (PPI) de la préfecture de Moselle.

Le Centre nucléaire de production d'électricité (CNPE) de Cattenom est la deuxième centrale nucléaire en France en puissance après celle de Gravelines (Nord). En 1999, ses quatre tranches de 1300 Mw ont produit 34 milliards de kWh.

 

Grave accident simulé dans le berceau du nucléaire civil français

CHINON (Indre-et-Loire), 17 oct - Un "exercice national de crise" a débuté mardi et se poursuivra mercredi, à la centrale de Chinon, dans le berceau du nucléaire civil français, consistant à faire face à un grave accident imaginaire mettant en danger les populations environnantes.

Pour cet exercice de grande ampleur, il a été simulé un scénario-catastrophe au cours duquel le coeur d'un des quatre réacteurs de la première centrale française commencerait à fondre et qu'une fuite dans la paroi en béton d'un mètre d'épaisseur de l'enceinte de confinement entraînerait un rejet de radioactivité dans l'atmosphère.

Au cours de la journée de lundi, les équipes de la centrale ont été mobilisées pour ce "plan d'urgence interne", tandis que les services de la préfecture d'Indre-et-Loire déclencheront mardi le "plan particulier d'intervention" (équivalent du plan ORSEC pour les inondations). Ils inviterons la population d'Avoine, commune la plus proche, à rester à domicile, procéderont à des barrages routiers et feront évacuer les quelque 350 élèves de l'unique collège.

Cet exercice fait partie de la dizaine de cette ampleur pratiquée chaque année dans une centrale française. Il est surveillé en direct à Paris à la fois par le centre de crise EDF de Saint-Denis et par la Direction de la Sûreté des Installations Nucléaires (DSIN) de Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine).

Le scénario a été mis au point par l'Institut de Protection et de Sûreté nucléaire, qui dépend désormais du ministère de l'Environnement.

Un tel accident de niveau 5 sur l'échelle [médiatique] INES (Tchernobyl était de niveau 7) est quasi impossible en France, ont indiqué à la presse les responsables d'EDF sur le site, étant donné les multiples systèmes de sécurité existants dans les centrales françaises (58 réacteurs au total).(------> Liste chronologique des accidents et incidents graves survenus sur un réacteur)

Deux accidents du même type ont eu lieu dans le monde: en 1957 à Windscale et en 1979 à Three Mile Island aux Etats-Unis, où un endommagement grave du coeur du réacteur n'avait entraîné que des rejets radioactifs à l'extérieur extrêmement limités.
(non pas limités du tout
------> L'incendie de Windscale
en 1957 et un documentaire vidéo de 50 mn en RealVidéo 21 kb qui explique le rôle de l'usine et les circonstances de l'accident
------> La leçon de Harrisburg
------> Ce que serait l'accident majeur (1979))

Des observateurs chinois de la centrale de Daya Bay, construite et opérée avec EDF assistaient à l'exercice.

Le premier réacteur nucléaire français, le seul en forme de sphère, a été mis en service en 1963 à Chinon, jusqu'en 1973, puis est devenu un musée du nucléaire civil très visité chaque année. Quatre réacteurs de 900 MW ont ensuite été construits sur le site.