Le nucléaire c'est de 1,1 à 61 millions de morts et de 2,3 à 123 millions de cancers

D'après le CERR (Comité européen sur le risque de l'irradiation) le nucléaire est responsable de 61,6 millions de morts par cancers depuis 1945, contre 1,1 million selon les sources officielles, le nombre de cancers est pour sa part évalué à 123,2 millions contre 2,3 et l'étude estime en outre que les radiations ont induit une importante mortalité infantile et foetale (3,4 millions).

(Il pourrait y avoir un nombre de morts considérable sans que cela soit perçu dans notre vie quotidienne. Comment est-ce possible ?
Prenons un exemple: Imaginons que nous connaissions bien une centaine de personnes. Pendant 10 ans, en moyenne, nous apprendrons une dizaine de morts dont 2 par cancers parmi nos connaissances. Si une catastrophe en France fait que sur les dix ans nous apprenons la mort de 12 de nos amis dont 4 par cancers, pourrons-nous voir une différence entre ces deux situations ? Et pourtant cela représenterait pour la France plus d'un million de morts par cancers supplémentaires. A une échelle indiviquelle, nous ne pourrions pas percevoir la catastrophe. A l'échelon national, statistiquement, il serait possible de voir la différence, mais dans chaque pays les statistiques nationales de mortalité sont sous la dépendance étroite de l'Etat, elles vont devenir de plus en plus une denrée hautement stratégique (pour l'URSS après Tchernobyl, c'est déjà fait).
Si maintenant on imagine une catastrophe faisant 100 000 morts par cancers répartis sur une dizaine d'années, il sera très difficile de la mettre en évidence statistiquement et pourtant les gens auront été tués par le rayonnement.
L'impunité est quasiment garantie pour les coupables d'une éventuelle catastrophe nucléaire. Les morts statistiques sont bien des morts inoffensives... pour les coupables qui savent bien qu'on ne pourra pas les prendre en flagrant délit.)

 

Le Soir, 12 février 2003:

Morbide bilan nucléaire  

Soixante millions de morts depuis 1945

Un étude internationale révise à la hausse les effets du nucléaire et propose des normes plus drastiques.

C'est une solide dose de poil à gratter que quarante-six scientifiques viennent de glisser dans la boîte aux lettres de diverses institutions internationales, dont la Commission européenne. Le premier rapport (1) du Comité européen sur les risques de radiations (2) remet en cause les normes et méthodes d'évaluation qui ont prévalu jusqu'à présent en matière de radioprotection.

Sollicitée et financée par le groupe Verts européens, il y a cinq ans, l'élaboration de cette étude a été coordonnée par le chimiste anglais Chris Busby et a rassemblé une palette d'experts « indépendants » du monde entier. Nous avons développé une méthodologie qui remédie aux manquements bien connus de la commission internationale de protection contre les rayonnements (CIPR), expose Chris Busby, cheville ouvrière de l'étude. Le modèle du CIPR a une base physique datant d'avant la découverte de l'ADN. Comme tous les modèles, elle est de nature mathématique, réductrice et simpliste. Bref dépassée.

Historiques, ces modèles prennent pour base d'analyse la quantité de cancers et de leucémies constatés suite à l'explosion de Hiroshima en 1945. Une relation linéaire trop simple, estiment les experts, qui déplorent l'absence de prise en compte de facteurs liés à l'exposition interne (ingestion et inhalation de particules) à la base de nombreux cancers, notamment aux abords des usines de retraitement de plutonium, en Russie. Mais les cancers ne sont pas les seules affections visées, pointe l'étude, qui évoque les mutations de l'ADN induites par la catastrophe de Tchernobyl, en 1986.

Un facteur de risque multiplié par soixante

Afin de revoir l'évaluation des risques lors des expositions aux rayonnements ionisants (essais nucléaires, pollution historique, proximité de centrales), l'étude a créé de nouveaux facteurs de pondération dits de « danger biophysique » ou de « danger lié la biochimie de l'isotope ». En appliquant ces principes aux données officielles des Nations Unies, l'impact sur la santé humaine d'une faible irradiation chronique est multiplié par soixante ! Si bien que le total des morts par cancers est estimé à quelque 61,6 millions depuis 1945, contre 1,1 million selon les sources officielles. Le nombre de cancers est pour sa part évalué à 123,2 millions contre 2,3. L'étude estime en outre que les radiations ont induit une importante mortalité infantile et foetale (3,4 millions).

Conséquence « logique » pour ces experts : il importe de réduire la dose maximale de rayonnement admissible à 0,1 millisievert (contre 1 mSv actuellement) pour chaque être humain. Cela fait quinze ans que je collecte et j'analyse l'impact des radiations à faible dose, commente le biologiste russe Alexey Yablokov, coauteur de l'étude. Ces données m'ont convaincu que les standards internationaux ont jusqu'à présent reflété davantage les intérêts de l'industrie nucléaire que le souci réel de la santé humaine. Ce rapport est une bonne base pour créer un nouveau Comité mondial sur les risques des radiations !

Un vecteur politique, donc. Les Verts européens déclarent vouloir utiliser les résultats de cette étude afin de renforcer les normes européennes. Le Parlement s'est prononcé en ce sens, il y a quatre ans. Mais il avait été désavoué par le Commission. Du poil à gratter, disait-on ?

Christophe Schoune

(1) Synthèse et commande du rapport : www.euradcom.org, une traduction française du document est disponible en librairie.
(2) CERR, Comité européen sur le risque de l'irradiation, avenue de la Fauconnerie, 73, B-1170 Bruxelles-Belgique


"Recommandations du Comité Européen pour les Risques des Radiations (CERR): les effets sanitaires des expositions à de faibles doses de rayonnements ionisants, à des fins de radioprotection."

Annonce d'une nouvelle source de recommandations pour la radioprotection

Un groupe de scientifiques européens va publier prochainement un nouveau volume de conseils pour la radioprotection. Le Comité Européen sur les Risques des rayonnements (CERR)), qui comprend également des spécialistes de pays extérieurs à l'Union Européenne, a développé une méthodologie qui remédie aux manquements bien connus de la Commission Internationale de Protection contre les Rayonnements (CIPR).

Le modèle de la CIPR a une base physique, datant d'avant la découverte de l'ADN. Comme tous ces modèles, elle est de nature mathématique, réductrice et simpliste, et en conséquence, elle a une puissante capacité descriptive. Ses valeurs - "doses"- sont l'expression d'une énergie moyenne rapportée à l'unité de masse, les masses utilisées dans les applications du modèle étant supérieures à 1 kg.

Par analogie, un tel modèle ne distinguerait pas entre l'énergie moyenne transférée à une personne qui se chaufferait devant un feu de cheminée, et à une personne qui avalerait un morceau de charbon ardent. Dans ses applications aux problèmes en question - une exposition interne, à de faible doses d'isotopes ou de particules - il a été utilisée de manière purement déductive.

La base d'application de la CIPR est la quantité de cancers et de leucémies, suite à l'exposition à une irradiation gamma externe, aigue, à haute dose, d'un grand nombre de personnes à Hiroshima. En plus de cela, d'autres arguments basés sur des moyennes, ont été utilisés pour affirmer qu'il existe une relations linéaire simple (dans le domaine des faibles doses) entre la dose et la quantité de cancers. Cette base "Linéaire Sans Seuil" (LNT), permet de calculer, de manière simple, les augmentations de cancers prévisibles, par rapport à chaque irradiation externe donnée.

En comparaison, la démarche de l'ECCR est de type inductive, du type "regarder par la fenêtre" ce qui se passe dans le monde réel. Il existe de nombreuses données sur des taux anormalement élevés de cancers et de leucémies dans des populations vivant à proximité de sites nucléaires, en particulier quand (autour des usines de retraitement) les mesures dans l'environnement montrent une contamination par des radioisotopes artificiels. Par ailleurs, des populations entières ont été exposées aux retombées des essais nucléaires en atmosphère, les personnes vivant sous le vent, près des sites nucléaires ainsi que les cohortes exposées suite à des accidents (par exemple la cohorte des enfants leucémiques de Tchernobyl), ou suite à leur travail dans l'industrie nucléaire civile ou militaire.

En rédigeant ses Recommandations, le Comité a tenu compte d'une série d'études épidémiologiques, montrant une augmentation de la morbidité et de la mortalité par cancers, associée à des rejets radioactifs, comme la corrélation entre les retombées mondiales des essais nucléaires et l'épidémie de cancers du sein actuelle.

Le Comité a également pris en compte des études récentes sur des phénomènes comme l'instabilité génétique, et l'effet de proximité, qui peuvent induire des effets somatiques non cancéreux.

Il ne suit pas la CIPR, lorsqu'elle pense que la seule conséquence stochastique de l'exposition aux rayonnements est le cancer. Des atteintes générales à la santé, dont on souffre pendant toute sa vie, sont sans doute plus difficiles à quantifier, vu que ces chiffres peuvent aussi être dus à des progrès de santé publique, à une amélioration des conditions sociales, mais cette difficulté ne signifie pas que les rayonnements n'ont aucun effet sur ces paramètres.

Le Comité a, entre autres, tenu compte de données sur l'augmentation des taux de mortalité infantile, suite aux retombées globales des essais nucléaires en atmosphère, des données récentes sur la mortalité infantile et les enfants morts-nés, dans des régions avec contaminations différentes, de l'usine de retraitement et de fabrication nucléaire de Mayak, ainsi que des données sur une série de maladies non cancéreuses, à Hiroshima et dans les régions contaminées par l'accident de Tchernobyl. Le Comité considère que ces données sont confirmées par des travaux expérimentaux.

En conséquence, le Comité a déterminé des facteurs de risques pour des catégories d'atteintes mesurables. Là où les données précises manquaient, il a extrapolé à partir de la mortalité infantile et d'autres indicateurs, pour qualifier le risque "qualité de vie diminuée pour une personne". Il estime que cette réduction de la qualité de la vie, repose sur une large palette de morbidité qui conduisent à des morts prématurées, dans un système où d'autres facteurs resteraient constants. Les facteurs de risque sont donnés.

Le Comité a développé des facteurs de pondération, afin de tenir compte des divers dangers, associés à différents types d'expositions. Les nouvelles pondérations, dites "facteur de danger biophysique" (Wj) et "facteur de danger lié à la biochimie de l'iosotope" (Wk), présentent un grand avantage : bien que les risques nouvellement perçus des faibles doses, suite à des expositions internes ou externes, puissent être bien plus élevés que ce que supposait la CIPR, il n'est pas besoin de changer les cadres législatifs actuels, concernant les doses maximales permissibles.

Ce sont les doses elles-mêmes, qui seront calculées différemment. Ceci est particulièrement pertinent pour l'estimation des atteintes à la santé dues a une irradiation chronique par de faibles doses, suite à l'ingestion ou à l'inhalation de radioéléments rejetés dans l'environnement, dans le cadre d'autorisations légales ou suite à des accidents.

Ceci a des implications importantes pour la réglementation des rejets, ainsi que pour la dérégulation des territoires contaminés et des matériaux issus de la déconstruction nucléaire.

Le ECCR a appliqué les nouveaux facteurs de pondération Wj et Wk, aux données de l'IUNSCEAR pour la dose collective due à des retombées radioactives, y compris des essais nucléaires, jusqu'en 1989.

L'impact total sur la santé humaine est calculée et comparée avec les données de la CIPR :

- Total des morts par cancers : 61 619 512, (CIPR  : 1 173 606),
- Total des cancers : 123 239 024 ,(CIPR : 2 350 000),
- Mortalité infantile : 1 600 000, (non prise en compte par la CIPR),
- Mort foetale : 1 880 000, (non prise en compte par la CIPR),
- Perte de la qualité de vie : 10%, (non prise en compte par la CIPR).

Le Comité reconnaît le problème éthique posé par l'exposition de populations à des substances mutagènes sans qu'elles le sachent et sans qu'elles y consentent,et quand un grand nombre des personnes exposées (beaucoup d'entre elles n'étant pas encore nées), n'en tirent aucun bénéfice pour contrebalancer les atteintes à leur santé. C'est pourquoi le Comité s'est entouré de juristes, d'environnementalistes et d'universitaires, spécialistes des attitudes sociales face au risque et à la construction de la connaissance. [...]

www.euradcom.org, édition 2003.

 


Résultat dans la presse en France après la publication (2 ans plus tard) d'un contre rapport des officiels français de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN)... presque rien:

Le Monde, 14/12/2005:  

L'impact des contaminations radioactives internes mérite un réexamen

Les normes d'exposition à la radioactivité sont-elles insuffisamment protectrices pour la population ? En 2003, des experts mandatés par les députés Verts européens l'affirmaient. L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) français vient de répondre par la négative, sans nier que certains aspects de la question sont "recevables et méritent débat".

Dans son rapport de 2003, le CERI (European Committee on Radiation Risks) évaluait à plus de 61 millions dans le monde le nombre de morts par cancer dues, jusqu'en 1989, aux retombées radioactives principalement liées aux essais nucléaires dans l'atmosphère. Soit trente fois plus que les estimations résultant des modèles de radiotoxicologie en vigueur. [Donc il y a officiellement d'après l'IRSN, 2 millions de morts par cancers dus au nucléaire !]

L'IRSN conteste le mode de calcul retenu par le CERI et souligne des "incohérences" dans son raisonnement. Pour cet organisme public, qui s'est entouré pour l'occasion d'experts extérieurs, y compris liés à des associations de défense de l'environnement, il n'y a pas lieu de remettre en cause le système actuel de radioprotection.

"Néanmoins, poursuit-il, certains composants de ce système pourraient probablement être améliorés en s'intéressant de façon plus explicite et systématique aux incertitudes liées à la détermination de la dose après contamination interne." Celle-ci désigne les radionucléides inhalés ou ingérés. Cette prise de position constitue en soi un événement, tant le raisonnement qui guide les normes émanant de la Commission internationale de protection radiologique (CIPR) semble intangible.

Ces normes sont pour une bonne part déduites de l'étude des survivants des bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki. Or ces populations ont subi essentiellement des expositions externes ponctuelles élevées. Les pathologies qu'elles développent au fil des décennies sont-elles représentatives de celles qui pourraient résulter d'expositions chroniques à faibles doses, internes et non externes ? C'est ce que s'est demandé le CERI.

ETUDES SUR L'ANIMAL. "C'est une bonne question, mais le CERI n'apporte pas un raisonnement scientifique suffisamment fondé pour y répondre, estime Jacques Repussard, directeur général de l'IRSN. Pour autant, l'impact des contaminations internes à faibles doses mérite des investigations."

L'IRSN a entamé des travaux sur l'animal, pour étudier l'apparition à faibles doses de maladies autres que le cancer. Les résultats seront publiés dans les prochains mois. L'Institut recommande la mise en place de programmes de recherche "de fond" pour cerner la façon dont les radionucléides migrent et se fixent dans les organes et les tissus. [Il faudra probablement encore 50 ans d'étude pour que l'IRSN admette les dangers du nucléaire ? ? ?]

Dans la mesure où il s'agit de métaux lourds, ils peuvent avoir des effets chimiques propres, qu'il conviendra tout d'abord de caractériser. Enfin, des études épidémiologiques analytiques, conduites sur des populations comme les travailleurs du nucléaire, dont on connaît précisément le degré de contamination interne, seront nécessaires sur le long terme.

Le coordinateur de l'étude du CERI, Chris Busby, se félicite que les questionnements sur l'impact des contaminations internes soient pris en compte par les autorités françaises. Il estime cependant que les données épidémiologiques recueillies depuis l'accident de Tchernobyl sont déjà suffisamment claires pour invalider les modèles de la CIPR.

"En Suède, l'épidémiologiste Martin Tondel a mis en évidence un risque excédentaire dans les zones exposées aux retombées de Tchernobyl, souligne-t-il. La littérature scientifique russe va dans le même sens." L'étude de l'impact des faibles doses sur la réparation de l'ADN a considérablement progressé, dit-il. Une raison de plus pour fonder la radioprotection sur la biologie plus que sur la physique.


Le Figaro, 5 décembre 2005:  

De nouvelles incertitudes sur le risque nucléaire

L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire pointe des insuffisances sur les méthodes d'évaluation des effets des radiations réalisées d'après Hiroshima.

EN JANVIER 2003, le Comité européen sur le risque d'irradiation (Ceri-ECRR en anglais) avait publié un rapport exigeant une révision des normes de protection contre la radioactivité. Il demandait que la dose maximale de rayonnement reçue par le public soit fixée à 0,1 mSv (millisievert) au lieu de 1 mSv (l'équivalent de quelques radios des poumons), comme c'est le cas en France depuis 2002 en application de la directive européenne de 1996. Selon ce groupe de travail créé par les Verts européens, le nucléaire civil et militaire (les essais dans l'atmosphère ont duré jusqu'à la fin des années 80) serait à l'origine de 60 millions de cancers dans le monde depuis 1945. Autrement dit, tout le système de radioprotection fondé sur les recommandations de la CIPR (Commission internationale de protection radiologique) à la suite des explosions d'Hiroshima et de Nagasaki serait inefficace et à revoir.

La semaine dernière, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a publié une analyse critique du rapport du Ceri. Ses conclusions très balancées auront sans doute le don d'agacer autant les antinucléaires que les pronucléaires. En effet, les experts de l'IRSN contestent les chiffres avancés par le Ceri, car ils ont relevé plusieurs erreurs de calcul. Ils estiment néanmoins que « les questions du Ceri sont pertinentes », sans toutefois remettre en cause les modèles d'évaluation du risque de la CIPR.

« Le système actuel de radioprotection peut être amélioré en s'intéressant de façon plus explicite et systématique aux incertitudes liées à la détermination de la dose après contamination interne », peut-on lire dans le résumé du rapport. Cette déclaration pour le moins sibylline signifie qu'à la différence de l'Académie de médecine, par exemple, les rapporteurs de l'IRSN estiment qu'il est légitime de s'interroger sur l'impact sanitaire des retombées de l'accident de Tchernobyl dans les pays d'Europe de l'Est. Cette question est au centre d'une vive polémique en France depuis plusieurs années. En effet, l'évaluation des risques de la CIPR est fondée sur les survivants d'Hiroshima-Nagasaki qui ont été exposés à une exposition externe et à un flash. Or la contamination interne et chronique à des faibles doses, que les populations de Biélorussie expérimentent actuellement à leur corps défendant, constitue une situation entièrement nouvelle.

Les pathologies cardio-vasculaires et les troubles du comportement constatés chez les enfants de Biélorussie, les baisses de fertilité qui touchent les adultes sont-ils dus à l'ingestion d'aliments faiblement contaminés ou au stress, au tabac et à l'alcool ? « Il faut tirer ça au clair sans préjuger du résultat », indique Jacques Repussard, le directeur de l'IRSN. Sur place, l'hétérogénéité géographique des contaminations ne facilite pas le diagnostic.

L'organisme français devrait prochainement publier les résultats d'une étude épidémiologique conduite en Russie (hôpital de Tchetchersk). Les résultats d'expériences de contamination à des faibles doses d'éléments radioactifs réalisées sur l'animal devraient bientôt être publiés. Ces travaux menés dans le cadre du programme Envirhom par le laboratoire de Cadarache devraient mettre en évidence la complexité du processus de contamination.

Le rapport de l'IRSN est le fruit de la collaboration d'experts n'appartenant pas tous à l'IRSN. On trouve parmi eux plusieurs scientifiques étrangers ou issus du monde associatif. Cette volonté de pluralisme vise à sortir l'IRSN de son isolement. « Il y a eu des réticences pour que ce rapport sorte. Il est prêt depuis un an. La question des contaminations chroniques pose beaucoup de problèmes nouveaux, témoigne Monique Sené, du GSIEN (Groupement des scientifiques pour l'information sur l'énergie nucléaire). On est en train de découvrir que la nature chimique des radioéléments a des conséquences très importantes au point de vue des cellules et des organes. »

Yves Miserey