A propos de la contamination (par Tchernobyl) des trois bassins versants français du Var, de la Moselle, de la vallée du Tavignano en Corse

Fin 1987 nous avons eu connaissance d'un rapport de M. H. Maubert émanant du Centre d'études nucléaires de Cadarache intitulé « Premiers résultats des observations consécutives aux dépôts radioactifs de mai 1986 dans le bassin du Var » (PDF 2,9 Mo). Cette étude très détaillée indiquait une forte contamination radioactive en certains endroits du bassin versant du Var. Le rapport indiquait aussi que deux autres études avaient été effectuées dans la vallée de la Moselle et le bassin versant du Tavignano.

Lors du colloque public "Nucléaire-santé-sécurité" organisé les 21-22-23 janvier 1988 par le Conseil général de Tarn-et-Garonne, M. A. Grauby, chef du Département d'études et de recherches en sécurité et responsable hiérarchique des trois études effectuées tant dans l'est que dans le sud-est et en Corse était interpellé publiquement. La demande a été formulée d'une façon précise : les rapports analogues à celui du Var, à savoir ceux de la Moselle et du Tavignano, seraient-ils rendus publics ? la réponse a été nette et précise : non. Seuls des rapports de synthèse seraient fournis.

Ce colloque, où pourtant intervenaient des acteurs importants du nucléaire, à savoir M. P. Tanguy, inspecteur général pour la sûreté et la sécurité à EDF, le Dr Lafuma du CEA, le Dr Bertin d'EDF, et où pour une fois des "opposants" ou à tout le moins des scientifiques "critiques" étaient admis à donner leur avis, n'a eu aucun écho dans les médias.

Le bassin versant du Var

En juin 1988 la Gazette Nucléaire publie de larges extraits du rapport Maubert (GN 88/89). On y indique que dès la fin du mois de mai 1986 l'IPSN du Centre d'études nucléaires de Cadarache (qui dépend du CEA) a fait des analyses dans trois bassins versants français.

En ce qui concerne le bassin versant du Var le rapport Maubert indique les différents lieux de prélèvement effectués (plaine, montagne etc.).

Dans le chapître consacré aux végétaux cultivés comestibles H. Maubert indiquait :

« Si les normes européennes avaient été en vigueur dès le début du mois de mai, de nombreuses récoltes auraient dû être détruites».

Le Boréon, dans la vallée de la Vésubie, situé à une quinzaine de kilomètres à vol d'oiseau d'Isola 2000 est une tache très contaminée :

« le sol forestier du Boréon représente le maximum des activités trouvées dans la région et probablement en France » à savoir :

28 460 Bq/m2 pour Cs 134

63 175 Bq/m2 pour Cs 137 [1,7 Ci/km2]

160 218 Bq/m2 pour Ru 103

65 210 Bq/m2 pour Ru+Rh 106. On note en plus la présence notable d'Argent 110m, d'Antimoine 125 et du couple Cérium+Praséodyme 144.

« Si on fait la somme des radioactivités gamma d'origine artificielle on trouve 322 000 Bq/m2 [8,7 Ci/km2]. On multiplie encore ces valeurs si on ajoute à cela les radionucléides à vie courte qui avaient disparu au moment des prélèvements. En particulier pour le seul iode 131 à peu près 12 fois plus abondant que le césium 134, on trouve un dépôt estiméà 340 kBq/m2 [340 000 Bq/m2] ».

H. Maubert précisait pour la forêt du Boréon « C'est un haut-lieu touristique niçois où l'on cueille en saison myrtilles et champignons ».

Ainsi on peut légitimement se poser des questions concernant les problèmes thyroïdiens dans cette région.

Il n'y a eu aucune mise en garde de la population et aucun écho dans la presse.