Sud-Ouest, 24 mars 2007:
CNPE DU BLAYAIS. Hier, les représentants CGT du personnel ont organisé une manifestation. Ils dénoncent une baisse des effectifs qui s'étalera jus qu'en 2010
« Assemblée générale du personnel, restez ici, restez avec nous ! ». Hier matin, à l'heure de l'embauche, les représentants de la CGT du CNPE du Blayais ont donné de la voix à l'entrée de la centrale. Des banderoles et des croix mortuaires sur le rond-point avaient aussi été installés pour l'occasion. Ce qui avec un ciel plutôt chargé rendait l'ambiance assez particulière. Motif de la mobilisation et du mécontentement du syndicat : le contenu d'une note que la direction a récemment adressé à l'ensemble des agents qui évoluent sur le site.
A l'entrée de la centrale, environ 80 agents ont participé à la manifestation. Seul le syndicat CGT était représenté lors de ce mouvement. PHOTOS JULIEN LESTAGE
Elle renseigne les professionnels sur "l'évolution
des effectifs du CNPE". Conformément à des
orientations générales (celle de la DPN et du projet
STEP 2010), il est indiqué aux employés que le site
du Blayais, en moyenne, observera une baisse de ses effectifs
de 2 % par an jusqu'en 2010. Une diminution qui doit toucher plus
particulièrement les services de la maintenance et du tertiaire
(1).
Dans le détail, il est précisé que le taux
de renouvellement des départs à la retraite sera
de 1 pour 3 pour les métiers de la maintenance, quant à
ceux du tertiaire, la note analyse "nous avons à réaliser
un important effort d'optimisation, ce qui explique que les agents
partant en inactivité d'ici 2010 ne seront généralement
pas remplacés".
Au passage, ces personnels sont encouragés "pour ceux
qui souhaitent donner une nouvelle orientation à leur carrière"
à se reconvertir dans les métiers techniques.
Champ de croix, hier matin, devant la centrale
A la baisse. Devant
environ 80 personnes, et avant de s'inviter à la réunion
du comité d'hygiène, de sécurité et
des conditions de travail (CHSCT) du secteur maintenance, les
représentants de la CGT ont largement commenté cette
orientation dans la gestion de la centrale.
Pour Thierry Raymond, secrétaire général
adjoint CGT, la situation est préoccupante. "Il ne
s'agit pas de licenciements secs, mais au final, on perd 110 agents.
La politique du moment,
c'est de diminuer toujours plus les effectifs, puis de faire appel
à des sous-traitants, et dans des conditions pas toujours
confortables pour les
personnels qui interviennent. N'oublions pas qu'une centrale n'est
pas une entreprise comme une autre".
Véronique Savary, qui occupe les même fonctions syndicales
que son collègue, dénonce clairement des conditions
de travail qui se dégradent. Elle n'hésite pas à
parler de ces agents qui "commencent à subir une vraie
souffrance à leurs postes".
Un constat, selon elle, que les médecins du CNPE observent
de plus en plus lors de leurs consultations. Et la syndicaliste
de citer un article du journal Libération (15 mars), dans
lequel la sociologue Annie
Thébaud-Mony critique les conditions de travail dans le
nucléaire, et ce après le suicide de quatre
employés de la centrale de Chinon en l'espace de deux ans.
Lors de cette manifestation, et dans un autre registre, un représentant
du personnel qui est en charge de la surveillance de la centrale,
faisait remarquer que les six équipes EDF, allaient perdre
chacune un agent. "C'est préjudiciable pour nous,
mais aussi pour la sécurité du site" a conclu
le technicien.
Coté direction.
La direction du CNPE du Blayais n'a pas souhaité commenter
la manifestation organisée par la CGT, ni s'exprimer sur
le contenu de la note transmise aux agents.
(1). Service du tertiaire : le personnel administratif,
et le personnel chargé de la sécurité du
site