Le Monde, 31/10/07:

Entretien avec le porte-parole du réseau Sortir du nucléaire
Stéphane Lhomme : "Le Grenelle de l'environnement est une défaite majeure pour l'écologie"

En conclusion du Grenelle de l'environnement, le président Nicolas Sarkozy a souligné que pour lutter contre le réchauffement climatique, la France doit opter pour l'énergie nucléaire, sinon elle devra ''renoncer à la croissance''. Réfutez-vous cette alternative ?
S
i le nucléaire permettait vraiment de limiter les émissions de gaz à effet de serre et de suppléer au pétrole, il serait peut-être légitime de discuter de cette option. Mais selon l'Agence mondiale de l'énergie (AIE), le nucléaire ne couvre que 6 % de la demande mondiale d'énergie, une part si faible que son impact sur le climat est quasi nul. De plus, contrairement à ce qui nous est souvent dit, cette part va encore se réduire dans les années à venir : l'AIE reconnaît que la part du nucléaire dans l'électricité mondiale va passer de 17 % à 12 % en 2030, c'est-à-dire environ 5 % de l'énergie primaire mondiale, soit moins de 2 % de la consommation mondiale d'énergie. Tant qu'on croit que le nucléaire va empêcher, même partiellement, le réchauffement climatique, ce dernier aura de beaux jours devant lui.

Les ONG écologistes qui ont participé au Grenelle de l'environnement ont très vite accepté que l'avenir du nucléaire civil français reste en dehors du débat. Comment jugez-vous cette acceptation ?
Ces associations ont certainement estimé qu'elles pourraient se rattraper sur d'autres thèmes (biodiversité, transports, etc). Ce qu'elles n'ont pas compris, c'est qu'en se pliant au "préalable pronucléaire", imposé par M. Sarkozy, y compris son incroyable accord nucléaire avec le dictateur libyen Kadhafi, elles sont allées à la négociation déjà vaincues, soumises. Logiquement, elles ont été balayées sur l'ensemble des dossiers. En effet, contrairement à tout ce qui nous a été affirmé par la puissante communication élyséenne, le Grenelle est une défaite majeure pour l'écologie :
- réduction des pesticides... "si possible"
- moratoire autoroutier sauf contournements d'agglomérations ou "points noirs", autant dire que la plupart des projets actuels seront validés
- OGM : un gel... pendant l'hiver
- moratoire sur les incinérateurs : sauf en "dernier recours"... ce qui ne manquera pas de se produire
Le sommet a été atteint avec le nucléaire : M. Sarkozy a abusé l'opinion en annonçant qu'il n'y aurait pas de "nouveaux sites". Or, les projets de nouveaux réacteurs sont tous prévus dans des sites déjà existants ! Dans un pays où il y a 58 réacteurs en service (plus une douzaine déjà arrêtés, qui restent à démanteler), des projets à foison (EPR, ITER, etc.), des sites nucléaires gigantesques (La Hague, Tricastin, Cadarache, Marcoule, Bure, etc.), l'attitude des associations "compatibles Grenelle", qui ont baissé pavillon sur ce sujet, est tout simplement indigne.

L'écologie politique s'était jusqu'ici plus concentrée sur la lutte contre le nucléaire, la sortie du pétrole venant bien après. C'est en train de changer, semble-t-il...
C'est en train de changer dans le discours du pouvoir et celui des éditorialistes. Ce sont eux qui ont "décrété" que, subitement, le nucléaire n'était plus un problème, et même que c'était une "solution", et ce discours s'est imposé en continu. A force de répéter des choses parfaitement fausses, elle ont fini par devenir "vraies". En réalité, jamais la facture énergétique de la France n'a été aussi élevée. Et encore, il faut y ajouter la facture nucléaire (démantèlement, déchets) qui s'annonce astronomique. Entre 2003 et 2005, c'est l'Allemagne qui est exportatrice nette d'électricité vers la France, elle ne sort donc pas du nucléaire "en important l'électricité nucléaire française". Tout est à l'avenant : le nucléaire ne subsiste que grâce à des mensonges d'Etat entretenus par la publicité ou les discours du personnel politique.

Du Maroc à l'Iran en passant par l'Egypte, beaucoup de pays en développement souhaitent faire appel au nucléaire. Ont-ils un autre choix, compte tenu du coût de développement des énergies renouvelables ?
Il faut bien comprendre que, même si ces pays développent ­ hélas ­ des programmes nucléaires, cela ne couvrira qu'une part infime de leur consommation énergétique. Même la Chine, qui annonce 40 nouveaux réacteurs, espère seulement couvrir ainsi 4 % de son électricité, soit 0,7 % de sa consommation d'énergie. Dans ces dossiers, le nucléaire n'est en rien un outil d'indépendance énergétique : ce qui est en jeu, c'est soit une forme de "fierté" mal placée (du genre "Nous aussi, nous avons du nucléaire"), soit des considérations géopolitiques (ce sont les Etats-Unis qui poussent l'Egypte à relancer son programme nucléaire, pour contrecarrer la montée en puissance d'autres pays). Mais, dans tous les cas, il faut bien noter que ce ne sont jamais les peuples mais les dirigeants ­ souvent des autocrates ­ qui veulent du nucléaire.

Les antinucléaires sont souvent accusés de faire le jeu des pétroliers. Que répondez-vous ?
Il se trouve que nous dénonçons autant les uns que les autres car, contrairement à une idée reçue, ils ne sont pas concurrents mais ont des intérêts identiques : faire en sorte que nous consommions toujours plus d'énergie, litres de pétrole ou kilowattheures d'électricité. Leur seule crainte est la mise en place d'une société sobre qui développerait les économies d'énergie et les énergies renouvelables... et sabrerait leurs profits. D'ailleurs, en France, Total et Areva sont actionnaires croisés. Aux Etats-Unis, le plan énergétique de Bush impose de nouveaux forages pétroliers et de nouveaux réacteurs nucléaires. Autre exemple, c'est l'industrie nucléaire qui offre l'énergie nécessaire à l'extraction du pétrole des sables bitumineux de l'Alberta (Canada).

Propos recueillis par Matthieu Auzanneau

 



Rassemblement de militants écologistes contre un Grenelle jugé "radioactif"

PARIS, 28 octobre 2007 - Plusieurs centaines de militants écologistes ont manifesté samedi à Paris pour protester contre le Grenelle de l'environnement, qu'ils considèrent comme un "prétexte pour continuer le nucléaire" et jugent "radioactif". Symboliquement, les manifestants se sont allongés pendant une dizaine de minutes place Cambronne, près du boulevard de Grenelle (XVe arrondissement), avant de brandir vers le ciel des pancartes frappées du trèfle nucléaire. Le rassemblement, auquel participait le leader altermondialiste José Bové, s'est tenu à l'appel du réseau Sortir du nucléaire, qui revendique 800 associations fédérées et a critiqué dans un communiqué "un Grenelle radioactif". "Le Grenelle a servi entre autres choses à valider la continuation du nucléaire en France", a estimé le porte-parole du réseau, Stéphane Lhomme. Réagissant aux propos de Nicolas Sarkozy, qui a dit ne pas vouloir "créer de nouveaux sites nucléaires", M. Lhomme a dénoncé "une annonce trompeuse, indigne d'un président de la République". "Il est très facile de construire des dizaines de nouveaux réacteurs sur des sites qui existent déjà", a fait valoir le porte-parole. "Le nucléaire est une des pires calamités environnementales qui existent", a ajouté M. Lhomme, citant notamment les risques d'accidents et le problème des déchets radioactifs.

 


"Sortir du nucléaire", 27/10/2007:
Un millier de manifestants à Paris le 27 octobre pour dénoncer la politique pro-nucléaire de N. Sarkozy.


27/10/2007:
Voir le reportage vidéo de LCI sur la manif.




Communiqué "Sortir du nucléaire", 25/10/2007: (lire: Bilan - Le grenelle de l'environnement: un prétexte pour continuer le nucléaire)

Grenelle de l'environnement - Discours de M. Sarkozy : ajouter des énergies renouvelables entre les réacteurs nucléaires ne règlera rien

Les énergies renouvelables ne doivent pas servir à donner "bonne conscience" aux promoteurs du nucléaire.

Lors de son discours de cloture du Grenelle de l'environnement, le Président de la République a déclaré que les énergies renouvelables et le nucléaire devaient co-exister.

Tout en soutenant le développement des énergies renouvelables, le Réseau "Sortir du nucléaire" rappelle que les éoliennes et les panneaux solaires ne font pas disparaitre les déchets radioactifs, ne protègent pas des catastrophes nucléaires, et n'empêchent pas la prolifération et le terrorisme nucléaire.

Il reste plus que jamais nécessaire de sortir, au plus vite, du nucléaire. C'est à cette seule condition que l'investissement dans les énergies renouvelables aura un sens, sera porteur d'avenir et qu'il sera possible de sauver la planète. Les énergies renouvelables ne doivent pas servir à donner "bonne conscience" aux promoteurs du nucléaire.

Le Réseau "Sortir du nucléaire" demande à nouveau l'arrêt immédiat des quatre chantiers nucléaires majeurs en France :
- le chantier du réacteur EPR (fission nucléaire) prévu à Flamanville (Manche)
- le chantier du réacteur ITER (fusion nucléaire) prévu à Cadarache (Bouches-du-Rhône)
- le chantier Bure (enfouissement des déchets radioactifs) dans la Meuse
- le chantier de l'usine Georges Besse 2 (GB2, enrichissement de l'uranium) dans la Drôme

De même, le Réseau "Sortir du nucléaire" demande l'arrêt des projets de vente de réacteurs nucléaires à des dictatures (Chine, Libye, Maroc) et en particulier l'annulation de l'accord Sarkozy-Kadhafi.


Communiqué, 12/10/2007:
Le Réseau "Sortir du nucléaire" rappelle que Al Gore ne soutient pas l'énergie nucléaire



Sud-Ouest, 10/10/2007: 

Un rassemblement contre le nucléaire

À l'occasion de l'étape périgourdine du Grenelle de l'environnement, le Réseau Sortir du nucléaire et plusieurs associations antinucléaires organisent un rassemblement de protestation « contre la politique pronucléaire de Nicolas Sarkozy et en particulier contre l'accord nucléaire Sarkozy-Kadhafi », explique dans un le réseau Sortir du nucléaire. « Il s'agira aussi de dénoncer les décisions prises avant même la tenue du Grenelle de l'environnement », précise aussi le communiqué. Ce rassemblement aura lieu lundi 15 octobre à partir de 13 heures devant le théâtre, où seront rassemblés les participants au Grenelle. Seront aussi présentes des associations qui luttent sur d'autres sujets : OGM, incinération, autoroutes, etc.

 

10/10/2007 : Le Nouvel Observateur
[Le blabla de] Nicolas Hulot : "Ce que je veux..."


Communiqué "Sortir du nucléaire", 9/10/2007:
"Grenelle de l'environnement" - Violences policières à Bourges : une personne sérieusement blessée


700 personnes réunies à Lyon pour le "contre Grenelle" de l'environnement

6/10/2007 - Environ 700 militants écologistes et altermondialistes se sont réunis samedi à Lyon pour un "contre Grenelle" de l'environnement visant à faire des propositions alternatives à celles qui vont émerger de la consultation organisée en octobre par le gouvernement. A l'initiative du mouvement de la Décroissance, des militants anti-nucléaires (Sortir du Nucléaire, Criirad), altermondialistes (Attac, Alter Ekolo), des organisations paysannes (Confédération paysanne, Nature et Progrès) ou politiques (LCR) ont défilé à la tribune devant une salle comble. "Nous voulons dénoncer l'OPA de la droite et des milieux d'affaire sur l'écologie, et verser au débat des propositions pour entrer dans une vraie négociation avec un rapport de force", a déclaré le politologue Paul Ariès. Le Grenelle de l'environnement "va permettre au gouvernement d'imposer sa vision de l'écologie en concédant quelques gadgets, comme la réduction de la vitesse de 10 km/h, mais sans remettre en cause le tout-routier ou le nucléaire", selon M. Ariès. Réclamant un moratoire durable sur les OGM, les autoroutes, les incinérateurs et le nucléaire, les militants ont réaffirmé leur souhait de faire payer l'eau et l'énergie en fonction des usages, d'interdire les grosses cylindrées, de reconvertir le réseau routier en voies de chemin de fer, cyclables, potagers, etc. "Certaines de nos propositions sont présentes dans le Grenelle officiel, mais elles ne seront jamais adoptées ni appliquées, alors que l'on sait aujourd'hui, a souligné M. Ariès, qu'il ne suffit pas de faire la même chose en consommant moins, mais qu'il faut totalement changer nos modes de vies".

 

Le Grenelle, un "marché de dupes" qui accouchera de "gadgets" (Paul Ariès)

6/10/2007 - Pour le politologue Paul Ariès, l'un des théoriciens du mouvement de la décroissance, qui a organisé samedi à Lyon un "contre-Grenelle" de l'environnement, le Grenelle organisé par le gouvernement est un "marché de dupes" qui n'accouchera que de mesures "gadgets".

Q: Réunir autour d'une table les acteurs de l'environnement pour améliorer la situation semble une bonne idée, pourquoi qualifiez-vous le Grenelle de "marché de dupes"?

R:
L'écologie du Grenelle est une écologie du bon sentiment, non culpabilisante, qui ne remet pas en cause les acteurs et les logiques coupables, et fait état de soins palliatifs plutôt que d'un traitement efficace. Le Grenelle laisse croire qu'on peut tout changer mais sans rien vraiment changer. Or en matière d'écologie il ne peut pas y avoir de consensus: il faut absolument faire des choix forts, que le gouvernement n'est pas prêt à faire.

Q: Ne peut-on pas espérer des mesures positives à l'issue de ce débat ?

R:
Oui, mais ce seront des gadgets, comme la réduction de la vitesse de 10 km/h, qui permettront à la droite et aux milieux d'affaires d'imposer leur vision de l'écologie, sans remettre en cause le tout-routier par exemple. On sait aujourd'hui qu'il ne suffit pas de faire la même chose en consommant moins, mais qu'il faut totalement changer nos modes de vie. Or les décisions, légitimées par le Grenelle mais prises in fine par le gouvernement, n'iront pas dans ce sens là. Et le Grenelle confisque du même coup la parole des écologistes, remplacée par celle du gouvernement.

Q: Quelles propositions pouvez-vous faire pour alimenter le débat ?

R:
Nous demandons, comme de très nombreux mouvements, un moratoire durable sur les OGM, les autoroutes, les incinérateurs et le nucléaire. Mais nous avons d'autres idées, notamment faire payer l'eau, l'électricité ou l'essence en fonction des usages - l'eau utilisée pour boire ou faire le ménage devrait être beaucoup moins chère que celle utilisée pour remplir une piscine. Nous pensons qu'il faut rendre les espaces consacrés à la voiture à leur usage premier - voies de chemin de fer, potagers, etc - ou développer des voies cyclables et piétonnes. Nous sommes favorables à la gratuité des transports en commun et à l'interdiction des grosses cylindrées, nous voulons une écologie politique, qui s'appuie sur des interdits légaux, et pas seulement sur des incitations.

 


Grenelle de l'environnement: les anti et les alters mobilisent

4/10/2007 - A quelques semaines du Grenelle de l'environnement fin octobre et alors que le débat public s'engage vendredi à Bourges, les détracteurs et les altermondialistes mobilisent dès le 6 octobre à Lyon et le 21 à Paris. Samedi, un "contre-Grenelle" est organisé à Lyon par les mouvements altermondialistes (Attac, la LCR, la Décroissance...) qui dénoncent d'avance "une opération de marketing et d'affichage" et des "mesurettes qui ne changeront rien". Pour Stéphane Lhomme, du Réseau Sortir du Nucléaire (RSN) qui participe à ce "contre-sommet de l'écologie", il s'agit "d'un Grenelle de l'économie, qui a même invité les pollueurs à discuter: or pour sauver l'environnement, il y a des décisions à prendre et à imposer, loin de l'écologie spectacle". Par ailleurs, un "Grand forum alternatif et citoyen" réunira le 21 octobre à Paris des syndicats et des associations environnementales, qui ont participé au Grenelle (membres de l'Alliance pour la Planète notamment), qui ont refusé de le faire ou n'ont pas été admises. Le débat s'engagera autour de 4 à 6 ateliers sur l'énergie et le nucléaire; les transports et la pollution; l'agriculture et l'alimentation (OGM et pesticides); et l'eau. "Nous ne sommes pas contre le Grenelle qui a permis la reconnaissance des associations, appelées à prendre la parole", précise l'une des organisatrices, la vice-présidente (Verte) de la région Ile-de-France Francine Bavay. "Les organisations qui y ont participé viendront nous dire ce qu'elles ont négocié et obtenu". Cependant, ajoute-t-elle, "le risque est que le débat ne reste que formel sans aboutir à rien de concret alors qu'il faut revoir et réguler les processus de production sans laisser peser la responsabilité sur les choix des consommateurs", estime-t-elle. Enfin, RSN appelle à manifester le 27 octobre à Paris "contre la politique pronucléaire de Nicolas Sarkozy", au moment où se tiendra le Grenelle proprement dit, la phase de négociations des 15 à 20 mesures phares qui seront retenues.

 


Grenelle de l'environnement: Nicolas Hulot pour un débat sur le nucléaire

3/10/2007 - Nicolas Hulot a souhaité mercredi un "débat de fond" sur l'énergie, en estimant qu'on ne pouvait "pas passer au forceps" sur le nucléaire lors du Grenelle de l'environnement. "Dans une démocratie digne de ce nom, sur le nucléaire, on ne peut pas passer au forceps", a-t-il déclaré sur France Inter. "On n'est pas à un an près, et un an, en déléguant aux députés et sénateurs un débat de fond sur l'énergie, je pense que c'est une manière rationnelle de ne pas se traîner ces choix comme un boulet pendant des années", a estimé l'animateur écologiste. "Le nucléaire ne peut pas se faire une virginité environnementale sur le dos de l'effet de serre", a-t-il par ailleurs mis en garde. Il a également souhaité que le Grenelle ne soit "pas pollué par les OGM et le nucléaire", deux sujets qui ont largement mobilisé les groupes de travail et sur lesquels il n'y a pas eu de consensus. "On ne peut pas tout trancher au moment du Grenelle. On peut très bien décider une consultation à l'échelle nationale pendant un an. C'est une possibilité. Sur des sujets qui ne sont pas anodins, on ne peut pas passer au forceps", a indiqué Nicolas Hulot.


Noël Mamère suggère aux ONG de se retirer du Grenelle de l'environnement

20/7/2007 - Noël Mamère, député-maire de Bègles (Gironde), a suggéré vendredi aux ONG de se retirer de la "pantalonnade" que constitue selon lui le Grenelle de l'environnement, estimant que le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo n'allait pas résister aux "grands lobbies".
"Il faut demander aux organisations non gouvernementales de se retirer de cette pantalonnade", a déclaré M. Mamère sur France-inter. En effet, selon lui, ONG et associations ont découvert jeudi que l'on avait introduit dans les discussions "des personnes morales supplémentaires". Cela signifie que "Jean-Louis Borloo ne va pas pouvoir résister aux grands lobbies", a-t-il dit, citant ceux du nucléaire, des semenciers, de l'agriculture, des infrastructures routières...
"On ne peut pas parler d'un Grenelle de l'environnement, en disant "on met tout à plat", tout en expliquant qu'il y a un certain nombre de choses dont on ne discutera pas, qui sont les choses essentielles pour le développement durable et la lutte contre l'effet de serre", a encore affirmé le député Verts.

 

 

Politis, 12/7/2007 : 

Grenelle de l'environnement: un marché de dupes ?

Les associations s'engagent avec circonspection dans le « Grenelle de l'environnement », qui devrait se tenir fin octobre. Elles craignent une récupération par le gouvernement et une division de leurs troupes.

Jeudi dernier, lors d'une réunion « vérité » dans le bureau de Nathalie Kosciusko-Morizet, une note émise la veille par le cabinet de la secrétaire d'État à l'Écologie met le « Grenelle de l'environnement » au bord de l'implosion, avant même son lancement officiel : au lieu d'une négociation multipartite [1], il n'est plus question que d'un simple processus de proposition destiné à inspirer un plan d'action gouvernemental ! Démenti gêné de « NKM » avant confirmation, lundi, de son patron Jean-Louis Borloo !

« La situation se tend nettement, c'est un vrai rapport de force, déplore Sandrine Mathy, présidente du Réseau action climat (RAC). Un pas en avant, deux en arrière, on navigue de surprise en surprise. Par exemple, on a découvert que l'agriculture avait disparu des thématiques » Avant d'être rétablie. Mais sans les OGM, simplement cantonnés aux questions sanitaires. Le stockage du CO2, très controversé par les associations, a surgi dans la thématique « énergie-climat », etc. Le Grenelle de l'environnement s'annonce-t-il déjà un marché de dupes ? Passage en revue des points de friction.

Neuf « grandes associations » écologistes ont été initialement convoquées pour lancer cet événement : Greenpeace, WWF, France nature environnement (FNE), la ligue Roc (pour la préservation de la faune sauvage et la défense des non-chasseurs), la Fondation Nicolas-Hulot (FNH), la Ligue de protection des oiseaux (LPO), ainsi que les Amis de la terre, le RAC et Écologie sans frontière, représentant l'Alliance pour la planète, plate-forme de 77 associations créée pour intervenir pendant les campagnes électorales. Certaines ont une forte légitimité (Greenpeace, WWF, FNE, Amis de la terre, FNH, etc.), mais la présence d'Écologie sans frontière, notamment, fait grincer des dents. Pratiquement inconnue, l'association connaît une notoriété soudaine, à l'occasion, par exemple, d'une étude sur la pollution de l'air parisien, publiée il y a un mois. « S'agit-il d'un plan de crédibilisation ? s'interroge Stéphane Lhomme, porte-parole du Réseau sortir du nucléaire. Ses positions modérées correspondent bien à ce que Sarkozy pourrait accepter. Est-ce un hasard ? »

Le casting de ce groupe dit « de contact » remonte au 31 mars. Nicolas Sarkozy, répondant au coup de gueule de Nicolas Hulot, qui déplorait la disparition de l'écologie dans la campagne présidentielle, avait reçu ce dernier, qui s'était adjoint des représentants d'associations : celles qui forment l'actuel groupe des neuf, validé ce jour-là par le futur Président, tout comme l'idée d'un Grenelle de l'environnement, émise par Écologie sans frontière.

L'Alliance pour la planète est déjà fragilisée par les premières manoeuvres : le Réseau sortir du nucléaire a quitté le collectif, qui refuse de faire de l'abrogation de l'arrêté gouvernemental autorisant la construction du réacteur nucléaire EPR un préalable à sa participation ; FNE s'est retirée, tout comme la FNH, pour avoir les mains libres lors des négociations. Nicolas Hulot renforce son rôle central dans le processus, et les associations historiques voient leur rôle amoindri. Ainsi, le RAC a dû laisser sa place à Good Planet, ONG créée en 2005 par le très médiatique photographe Yann Arthus-Bertrand. Et, alors qu'Alain Juppé avait décrété le nucléaire non négociable la veille de sa première rencontre avec les associations, le Réseau sortir du nucléaire (800 associations membres) se retrouve marginalisé, bien qu'ayant mis dans la rue 60 000 personnes contre l'EPR le 17 mars dernier.

Quelle est la légitimité des acteurs associatifs cooptés ? Le monde associatif est bien est en peine de répondre à cette question gênante, alors qu'il ne s'est jamais doté de critères de représentativité. Circonstance aggravante, le gouvernement tente de tirer parti de cette faiblesse pour imposer les représentants des associations au sein des groupes de travail (voir encadré). En particulier, l'Alliance, qui voit sa reconnaissance mise en question, compte durcir sa position.

Mais c'est aussi la marche forcée voulue par le Président qui met les associations en situation délicate. « Le rythme est démentiel, on n'a pas les moyens de travailler », reconnaît Yannick Jadot, de Greenpeace. Le Grenelle, initialement prévu en septembre, a été repoussé à fin octobre. « Mais c'est insuffisant pour une concertation aussi importante, juge Stéphen Kerckhove, directeur d'Agir pour l'environnement. On voudrait nous faire croire que l'urgence écologique justifie l'urgence médiatique orchestrée par Sarkozy, ce qui va rendre très difficile l'émergence de positions et de limites communes. Nous nous mettons en situation de subir sa logique de "coup". »

Trop dense aussi, ce Grenelle, qui pourra débattre « de tout », a prévenu Nicolas Sarkozy. « Mais comme il veut déboucher sur des mesures, va-t-on devoir hiérarchiser les crises ?, s'inquiète Stéphen Kerckhove. L'environnement n'est pas une foire au troc » Figure couramment citée de ce dilemme : lâcher prise sur le nucléaire (au nom du climat) pour gagner sur les OGM. « Le risque du clientélisme thématique existe, reconnaît Yannick Jadot. Il faut l'éviter en bâtissant une plate-forme de propositions et en renforçant la loyauté entre nous. »

Il n'est pas trop tôt pour parler de lignes rouges... Greenpeace signale d'ores et déjà qu'il ne se voit pas négocier quoi que ce soit lors d'un Grenelle alors que des militants écologistes seraient emprisonnés : des activistes de l'association, à la suite d'actions antinucléaires, ou des faucheurs d'OGM condamnés ­ José Bové, Jean-Émile Sanchez, Gilles Lemaire, etc.

Le mouvement associatif en a conscience : le rouleau compresseur du Grenelle de l'environnement risque de le diviser, facilitant la récupération de la mise par le gouvernement. Pourtant, estime Arthur Le Floc'h, des Amis de la Terre, « nous n'avons pas non plus intérêt à laisser trop de temps au gouvernement pour s'organiser ». Pour une frange des ONG, les cafouillages de ces dernières semaines traduiraient la crainte du Président d'être piégé par la machine qu'il a enclenchée. « L'enjeu est considérable, et la perspective d'une vraie négociation lui fait peur, estime Yannick Jadot. Nous avons pour nous la crédibilité de décennies d'expertise, et, dans l'opinion publique, la légitimité. Le gouvernement ne peut pas se payer le luxe d'un échec, et surtout pas de nous voir claquer la porte. »

Deux manifestations tentent de se monter en parallèle au Grenelle de l'environnement : ­ Un « Grenelle citoyen », piloté par Agir pour l'environnement, afin de faire participer le public. ­ Un contre-Grenelle, organisé par la mouvance de la décroissance, en réaction cette « l'OPA sur l'écologie ».

[1] En référence aux accords négociés entre syndicats, patronat et gouvernement en pleine crise de Mai 68.

 


JNE, 11/7/2007 : 

Menaces de rupture dans la préparation du Grenelle de l'environnement

Par Claude-Marie Vadrot

Le groupe des 9 (WWF, Greenpeace, Amis de la Terre, Ecologie sans frontière, Réseau Action Climat, France-Nature-Environnement, ROC, LPO, Fondation Hulot) qui représente le milieu associatif pour la préparation du Grenelle de l'Environnement, a failli claquer la porte au nez de Jean-Louis Borloo hier soir. Tout simplement parce que le ministre avait décidé que le Grenelle ne serait plus une négociation, mais une sorte de Forum. Les associations ont rappelé au ministre de plus en plus dépassé et inquiet que dans le texte de l'entrevue avec Nicolas Sarkozy, il était bel et bien écrit « négociations ».

Le ministre a cédé mais il a de plus en plus de mal, faute de maîtriser les dossiers, à résister au MEDEF, à la FNSEA et aux représentants des PME. Sans oublier la CGT et les syndicats de cadres. L e nombre des « participants » enfle tous les jours, le Grenelle tourne progressivement à la foire d'empoigne. Comme si les écologistes et les naturalistes allaient se mêler des négociations sur les salaires ou les retraites

De plus, les représentants de France-Nature- Environnement, dont la représentativité ne peut pourtant guère se mesurer à la LPO, au WWF, au RAC ou à Greenpeace est en train d'essayer de tirer la couverture à elle, en exigeant d'avoir la moitié des postes dans la représentation pour le Grenelle. Alors que de nombreuses associations trouvent qu'un tiers, c'est déjà généreux. En fait, FNE, anticipe des résultats du Grenelle et voudrait avoir la certitude de rafler la majeure partie des subventions qui pourraient en découler

Les prochains jours risquent d'être tendus et la rupture des pré-négociations reste tout à fait possible. Les réunions d'urgence succèdent aux réunions d'urgence alors que le torchon brûle toujours entre le ministre d'Etat et Nathalie Kosciusko-Morizet qui se voit peu à peu dépossédée de ses responsabilités.

 

 

Le Canard enchaîné, 11/7/2007: 

Grenelle de l'environnement: à l'écolo tiède

Par Jean-Luc Porquet

Mais d'où sort-elle ? C'est entendu, le Grenelle de l'environnement prévu pour octobre prochain mettra aux prises neuf associations écolos avec les syndicats (Medef compris), le gouvernement et les "collectivités territoriales". Qui sont ces neuf associations censées représenter les forces vives de l'écologie en marche ?

A côté des grandes machines comme Greenpeace, WWF, la fédération France Nature Environnement (qui rassemble 3 000 associations locales), les Amis de la Terre, la ligue ROC (Rassemblement des opposants à la chasse), on trouve les indispensables associations pi-pole, la fondation Nicolas Hulot (forcément), la Ligue pour la protection des oiseaux d'Allan Bougrain Dubourg, la petite association vue du ciel Goodplanet de Yann Arthus-Bertrand, et une association appelée ESF, Ecologie sans frontières. Le hic, c'est que celle-ci, personne ne la connaît. D'où sort-elle ?

Créée en 1999 par Franck Laval, un ancien de Génération écologie, ESF se présente comme un "collectif de juristes dont l'objectif est de criminaliser les pollution". Aucun permanent, pas de local ni de revue, ni d'actions remarquables, hormis de rares actions en justice, la création d'un fugace "comité anti-marée noir", lors de l'"Erika", et la récente publication d'une étude sur la pollution de l'air à Paris, payée 10 000 Euros à l'agence Horizon (et financée par la fondation Terre humaine). Bref, un groupuscule qui, selon Laval, fait dans le "lobbying institutionnel". Pourquoi pas ? Laval se vante d'être à l'origine du Grenelle : en mars dernier, pendant la campagne, il est allé démarcher les candidats pour leur proposer "trois ou quatre réformes institutionnelles".

L'idée du Grenelle y figurait, Nathalie Koscuisko-Morizet l'a repérée, Sarkozy s'en est emparé. Et, du coup, a propulsé ESF au rang de grand de l'environnement digne de siéger à la table des négociations. Et d'autant plus digne, d'ailleurs, que Frank Laval a des positions qui ne peuvent que plaire à not'omniprésident. Sur le nucléaire, par exemple, Laval se veut "positif". Et se dit partisan de "développer les énergies renouvelables par des financements importants". Résultat : "La part de l'énergie allouée au nucléaire baissera, c'est une autre façon de voir les choses." Certes. C'est surtout une admirable façon d'évacuer le débat

Justement : la question du nucléaire en est d'ores et déjà évacuée, du débat, puisque la principale association concernée, "Sortir du nucléaire", qui regroupe 799 associations, n'est pas invitée au grand raout d'octobre. Ni Negawatt, qui propose un projet énergétique alternatif. C'est comme si, lors du vrai Grenelle, Pompidou avait fait le tri parmi les centrales syndicales et en avaient exclu, par exemple, l'alors remuante CFDT

En Allemagne, les Verts avaient réussi à lancer un grand débat national sur ce sujet. Ils avaient obtenu des engagements sur la sortie du nucléaire en 2020. Certes, Angela Merkel essaie aujourd'hui de se dégager de cette contrainte, mais au moins cela se fait-il publiquement. Au moins y a-t-il un débat.

Chez nous, non. Sur ce sujet qui conditionne l'ensemble du débat énergétique, motus. Pas de vagues. Répétons pieusement les slogans: grâce-au-nucléaire-on-est-indépendant-et-on-ne-rejette-pas-de-CO2. N'examinons pas ce dogme trop près. Un Grenelle sans sujet qui fâche, ça ressemble à quoi ? Youkaïdi, youkaïda.

 

 


Grenelle de l'environnement: Robin des Bois se dit victime

9/7/2007 - L'association écologiste Robin des Bois s'estime victime d'un "traitement discriminatoire" dans la préparation du Grenelle de l'environnement qui associe neuf ONG, mais pas elle. "Nous considérons que le traitement discriminatoire imposé à Robin des Bois dans les perspectives du Grenelle de l'environnement est à la fois une erreur et une injustice qui dénotent une méconnaissance des travaux et des avancées réalisés dans les ministères", écrit-elle dans une lettre adressée le 6 juillet aux plus hautes autorités de l'Etat, dont le président de la République, le Premier ministre et le ministre de l'Ecologie et transmise lundi à l'AFP. Robin des Bois fait en effet valoir que "depuis 1980 (elle) a été sollicitée par les gouvernements successifs pour participer activement à des groupes de travail", notamment l'an passé à propos du porte-avions Clemenceau, et qu'elle fait partie à ce jour de treize groupes de travail ou commissions officiels. Dans un communiqué joint, elle dénonce "l'hégémonisme, l'opportunisme et le totalitarisme des multinationales de l'écologie", visant sans les nommer le WWF, les Amis de la Terre ou Greenpeace, associées au Grenelle.

 

 

Le Monde, 8/7/2007: 

Jean-Louis Borloo lance le "Grenelle environnement" avec l'aval des Verts

Marie-Christine Blandin, sénatrice Verte, coprésidera un groupe de travail du "Grenelle environnement" lancé par le gouvernement. C'est ce qu'a annoncé, vendredi 6 juillet, Jean-Louis Borloo, ministre de l'écologie, du développement et de l'aménagement durables, en présentant ce processus de consultation. Parmi les autres personnalités connues impliquées dans ce "Grenelle", l'économiste Nicholas Stern, célèbre pour son rapport fin 2006 montrant le coût extraordinaire du changement climatique, l'écrivain Denis Tillinac, le philosophe Michel Serres et l'ancienne secrétaire générale de la CFDT, Nicole Notat.

Le ministre a expliqué que la négociation aboutira en octobre à une quinzaine de projets opérationnels destinés à manifester l'engagement de la France dans "le développement durable" : "Il s'agit de changer la donne dans ce pays", a affirmé M. Borloo. Six groupes de travail prépareront les propositions sur lesquelles se formeront les projets : climat et énergie, biodiversité, environnement et santé, agriculture, démocratie écologique, économie compatible avec l'environnement. Ils impliqueront chacun une quarantaine de représentants des associations, des syndicats, des collectivités locales, des entreprises et de l'Etat. Les groupes travailleront pendant l'été une première synthèse de leurs discussions doit être prête en septembre. Des débats en province et sur Internet seront alors organisés, conduisant à des décisions d'action dans la deuxième quinzaine d'octobre.

La préparation des groupes de travail ne s'est pas faite sans mal, du fait de la passation inattendue de pouvoir entre Alain Juppé, qui avait initié le processus, et Jean-Louis Borloo. La place de l'agriculture a été un sujet délicat, la profession agricole se montrant très inquiète de ce qui pourrait mettre en cause son activité. Le nucléaire est un autre point de difficulté : alors que le gouvernement avait promis de ne pas prendre de décision avant la négociation, le maintien du décret d'autorisation du réacteur nucléaire EPR est considéré par des associations écologistes, tel le Réseau sortir du nucléaire, comme une contradiction. Les associations de protection du paysage, par ailleurs, "s'indignent de ne pas avoir été invitées à participer aux groupes de travail" dans un communiqué diffusé par la Fédération environnement durable. Cette exclusion leur paraît le signe d'un refus de débattre du problème de l'impact des éoliennes sur les paysages.

L'énergie sera ainsi, sans doute, un des points de crispation du "Grenelle". L'agriculture, les OGM, les agrocarburants, les autoroutes, pourraient être d'autres motifs de dispute. Mais pour M. Borloo, "ce sera un moment de confrontation, de difficultés, mais aussi de grand espoir. Quoi qu'il arrive, nous mettrons en place des programmes opérationnels. Et s'il y a désaccord, il pourra y avoir des arbitrages démocratiques".

L'état d'esprit, du moins dans les milieux écologistes qui se font le plus entendre, est cependant généralement de considérer que les discussions sont une chance à saisir et qu'elles permettront une réelle avancée. "Il faut se rappeler que la loi sur l'énergie fixe déjà l'objectif de diminuer par quatre les émissions de gaz à effet de serre en 2050, relève le climatologue Jean Jouzel, qui copréside un groupe de travail. On va définir les projets qui nous mettront sur cette trajectoire." Quant à Nicholas Stern, il a indiqué que la démarche pouvait placer la France en position de "leader" sur les politiques à mener pour "trouver le chemin d'une croissance à bas niveau de carbone".

 

 

Sortir du nucléaire réclame à Borloo une réponse sur l'EPR

6/7/2007 - Le Réseau "Sortir du nucléaire" se dit hostile au "Grenelle Environnement" du ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo dans la mesure où ce dernier ne s'est pas prononcé sur l'annulation du décret autorisant EDF à construire la première centrale nucléaire EPR. "Il n'est pas acceptable de participer au 'Grenelle de l'environnement' alors que, pendant ce temps, EDF tente de rendre irréversible la construction du réacteur", écrit dans un communiqué le réseau, qui regroupe plus de 800 associations écologiques. Sortir du nucléaire dit attendre une réponse à sa lettre en ce sens envoyée au ministre le jour de sa nomination, le 19 juin. A moins que le président Nicolas Sarkozy "n'annonce au plus vite l'abrogation du décret autorisant la construction de l'EPR, Sortir du nucléaire ne participera pas au 'Grenelle de l'Environnement'", ajoute-t-on. Jean-Louis Borloo souhaite associer les organisations écologistes à la préparation du train de mesures qu'il souhaite mettre en place à l'automne pour protéger la biodiversité, lutter contre la pollution et le réchauffement climatique. La mise en service du réacteur de troisième génération EPR (eau pressurisée), à Flamanville (Manche), conçu et développé par Areva et Siemens , est prévue pour 2012.

 

 

Blabla de promo:

Borloo lance la réflexion en vue du "Grenelle Environnement"

6/7/2007 - Réchauffement climatique, biodiversité, pollution : Jean-Louis Borloo a mis en place vendredi les groupes de travail chargés de préparer "le Grenelle Environnement" que le gouvernement veut lancer à l'automne. "L'idée, c'est d'établir 15 à 20 très grands programmes nationaux qui vont changer notre vie", a expliqué le ministre de l'Ecologie, du développement et de l'Aménagement durables. "Il faut utiliser cette crise comme une nouvelle opportunité. En gros, changer la société", a-t-il ajouté dans les jardins de l'hôtel de Roquelaure, où il avait convié la presse.

Scientifiques, élus et experts de haut rang ont été invités à participer aux six groupes chargés d'élaborer d'ici septembre un train de propositions dans leurs domaines respectifs : changement climatique et énergie; biodiversité et ressources naturelles; santé; production et consommation durables; démocratie écologique; emploi et compétitivité.

Parmi les personnalités conviées, on trouve l'ex-secrétaire générale de la CFDT Nicole Notat, le philosophe Michel Serres, la sénatrice Verts du Nord Marie-Christine Blandin, le cancérologue Dominique Maraninchi ou encore l'économiste britannique Nichola Stern, auteur d'un rapport remarqué sur le coût de l'inaction en matière environnementale. "Des gens indiscutables, au-dessus de tout soupçon", qui ont une "totale indépendance d'esprit", a souligné Jean-Louis Borloo, qui sera le grand animateur de cette grande session de "brainstorming" qui prendra fin à la rentrée.

Fin septembre-début octobre, des réunions interrégionales seront organisées, ainsi qu'une consultation du public via internet. Le Grenelle Environnement proprement dit, fruit des derniers arbitrages, est prévu fin octobre. Côté financement, aucun chiffre n'a encore été fourni. Jean-Louis Borloo a toutefois déclaré vendredi sur RTL que ce chantier serait "beaucoup plus important" que celui de la rénovation urbaine, qui était de 40 milliards d'euros. Le ministre voit d'ailleurs dans ce projet un parallèle avec son plan de Cohésion sociale, entré en application en 2005.

LA FRANCE PIONNIERE Composés de 40 membres, les groupes de travail sont répartis en cinq collèges représentant les acteurs du développement durable : Etat, collectivités locales, organisations non gouvernementales, employeurs et salariés. Parmi les multiples idées déjà avancées figurent l'introduction d'une "eurovignette" pour les camions transitant par la France, la promotion du covoiturage, de la bicyclette et des biocarburants ou encore la généralisation des ampoules peu gourmandes en électricité. La France est pionnière en la matière, a fait remarquer Nichola Stern. "C'est un très bon exemple que la France a donné et j'espère que d'autres pays vont la suivre", a-t-il déclaré. "Nous sommes le premier pays à organiser quelque chose d'aussi avancé. Sur beaucoup de sujets, il y a des incertitudes, y compris scientifiques", a renchéri Jean-Louis Borloo.

Malgré les risques, Nathalie Kosciusko-Moriset juge la démarche d'autant plus nécessaire que "l'opinion est prête". "Depuis plusieurs années et plus encore depuis quelques mois, il se passe quelque chose dans la société", a souligné la secrétaire d'Etat à l'Ecologie. "Le Grenelle de l'environnement, ça doit être le moment où toutes ces tensions mais aussi toutes ces opportunités qui émergent depuis quelques mois trouvent une solution".

Vice-présidente du groupe "biodiversité", la sénatrice écologiste Marie-Christine Blandin a expliqué avoir accepté ce rôle "non pas pour soutenir le gouvernement" mais "au nom de la République et de la planète". "Le risque existe à tous les niveaux, à tout moment, de faire un flop. On fera en sorte que ça n'arrive pas", a-t-elle dit. "Il faut positiver, ne pas prendre les gens de front et les associer à des choses où ils trouvent matière se regarder dans la glace".

 

 

JDLE, 6/7/2007: 

Le Grenelle de l'environnement s'organise

Ce matin, devant de nombreuses personnalités dont Nicholas Stern, Jean-Louis Borloo a précisé le dispositif qui permettra d'organiser le Grenelle de l'environnement, en octobre prochain. 15 à 20 «programmes opérationnels» devraient en découler.

C'est parti. Le ministère de l'écologie, du développement et de l'aménagement durables (Medad) a lancé, vendredi 6 juillet au matin, le Grenelle de l'environnement qui devrait se dérouler «fin octobre». Il a peu été question des 5 collèges (collectivités territoriales, associations, syndicats, représentants du patronat, et Etat) dont les noms des membres (8 par collège) devraient être donnés mardi 10 juillet, mais plutôt des 6 groupes de travail et de leurs présidents, «des gens indiscutables, au-dessus de tout soupçon», selon le ministre d'Etat Jean-Louis Borloo.

A partir de la semaine prochaine, et jusque fin septembre, les groupes élaboreront des propositions d'action. Une consultation des partis et des fondations politiques a été prévue, de même que celle du public et des inter-régions, à travers des réunions, des «chats» et des forums sur internet. Entre 15 et 20 propositions d'actions devraient, au final, être actées lors du Grenelle.

On annonçait en vedette américaine Al Gore, c'est finalement le Britannique Nicholas Stern, premier économiste à avoir évalué les conséquences financières de l'inaction en matière de changement climatique, qui co-présidera avec Jean Jouzel, climatologue et membre du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), le groupe de travail intitulé «Lutter contre les changements climatiques et maîtriser l'énergie». C'est probablement le groupe dont les travaux seront les plus attendus, étant donné l'enjeu majeur que ce thème représente. D'ailleurs, il est le seul à être animé par deux co-présidents, deux vice-présidents (Edouard Bard, climatologue, et Yves Lion, architecte et urbaniste) et constitué de trois ateliers (transports et déplacements, bâtiment et urbanisme, énergie et stockage du carbone). Ce troisième atelier abordera le thème très sensible de la filière nucléaire.

Le gouvernement de Nicolas Sarkozy a continué son débauchage à gauche puisque la sénatrice verte Marie-Christine Blandin a été nommée vice-présidente du groupe de travail n°2 «Préserver la biodiversité et les ressources naturelles». Son président est un autre sénateur, cette fois-ci UMP, Jean-François Legrand, président du Cercle français de l'eau. «Ce sont les deux seuls élus politiques qui président un groupe de travail, le choix s'est fait compte tenu de leur personnalité particulière», a précisé Jean-Louis Borloo.

Le groupe de travail n°3, «Instaurer un environnement respectueux de la santé», va se pencher sur la réduction des substances chimiques, l'air, les déchets, les pollutions, la qualité de l'alimentation, mais aussi les OGM, thème sur lequel devraient se confronter les ONG et les représentants patronaux. Dominique Maraninchi, à la tête du conseil d'administration de l'Institut national du cancer (Inca), présidera ce groupe, accompagné comme vice-président d'Alain Grimfeld, pédiatre et président du comité de la prévention et de la précaution.

«Adopter des modes de production et de consommation durables: agriculture, pêche, agroalimentaire, distribution, forêts et usages durables des territoires». C'est le défi lancé au groupe de travail n°4, co-présidé par Jean-Robert Pitte, géographe et président de l'université Paris-Sorbonne et Denis Tillinac, écrivain et journaliste. Selon Jean-Louis Borloo, le premier représente «l'urbanité», le second, «la rusticité». Une vice-présidente, Laurence Tubiana, directrice de la chaire de développement durable à l'Institut d'études politiques de Paris, a été nommée vice-présidente. Le philosophe Michel Serres participera également aux travaux.

L'ancienne secrétaire générale de la CFDT, Nicole Notat, présidera le groupe qui doit «construire une démocratie écologique». La présidente de l'agence de notation sur la responsabilité sociale des entreprises Vigeo sera assistée par le vice-président Michel Prieur, spécialiste du droit de l'environnement.

Last but not least, la recherche, l'innovation, la fiscalité, l'emploi, la compétitivité seront abordés au sein du 6e groupe de travail «Promouvoir des modes de développement écologiques favorables à la compétitivité et à l'emploi». A sa tête, l'économiste Roger Guesnerie, aidé par le philosophe Dominique Bourg, et Bernard Ramanantsoa, directeur général de HEC.

Une question demeure toutetois: les citoyens seront-ils au rendez-vous? La fédération écologique France Nature environnement (FNE) a d'ailleurs appelé à ce que le Grenelle ne soit pas «un événement parisien». De son côté, Marie-Christine Blandin a déclaré: «Le risque existe à tous les niveaux, à tout moment, de faire un flop. On fera en sorte que ça n'arrive pas. Il faut positiver, ne pas prendre les gens de front et les associer à des choses où ils trouvent matière à se regarder dans la glace».

 


Le "Grenelle" de l'environnement doit déboucher sur "15 à 20" mesures concrètes, selon Jean-Louis Borloo

6/7/2007 - Le "Grenelle" de l'environnement, qui se tiendra à la mi-octobre, doit aboutir à "15 à 20 grands programmes" concrets pour mieux "changer la donne" et lutter contre le réchauffement climatique, a annoncé vendredi le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo. Annoncé le 21 mai dernier par le président Nicolas Sarkozy, qui a promis durant sa campagne de mettre le développement durable au coeur de ses priorités, ce "Grenelle Environnement" sera un "contrat entre l'Etat, les collectivités territoriales, les syndicats, les entreprises et les associations". Le chef de l'Etat veut que ce "contrat engage les responsables" sur des mesures concrètes faisant l'objet d'une évaluation annuelle.

Jean-Louis Borloo a détaillé le dispositif vendredi au cours d'une conférence de presse. Initialement nommé ministre de l'Economie, des Finances et de l'Emploi dans le premier gouvernement Fillon, M. Borloo a remplacé à l'Ecologie Alain Juppé qui a démissionné au lendemain de sa défaite aux élections législatives le 17 juin dernier.

Au cours d'une première phase, du 9 juillet à fin septembre, six groupes de travail, de 40 membres chacun, vont élaborer une série de propositions. Un premier groupe se penchera sur la lutte contre le changement climatique et la maîtrise de la demande d'énergie, s'intéressant aux transports, à l'aménagement, la construction, l'habitat et l'énergie. "Tout le monde parle de la nécessité de faire un énorme travail sur les logements, l'isolation, l'énergie", a noté Jean-Louis Borloo. Les différents groupes se pencheront sur la biodiversité et les ressources naturelles (eau, espaces protégés, pêche, ressources halieutiques), sur un "environnement respectueux de la santé" (qualité de l'alimentation, pollutions, qualité de l'air, déchets), les "modes de production et de consommation durables" (agriculture, agroalimentaire, pêche, forêt, développement durable des territoires). Ils plancheront également sur la "démocratie écologique", s'attachant à débattre d'une réforme des institutions, ainsi que sur des "modes de développement écologiques favorables à l'emploi et la compétitivité".

Les groupes de travail, a expliqué M. Borloo, seront présidés par des personnalités "dont la caractéristique première est la totale indépendance d'esprit", dont l'économiste Nicholas Stern de l'université d'Oxford. Il a estimé dans un rapport du gouvernement britannique publié en octobre 2006 que le réchauffement de la planète aura des répercussions économiques aussi dévastatrices que les deux guerres mondiales ou la crise de 1929 si l'on ne fait rien pour l'endiguer. La sénatrice (Verts) du Nord Marie-Christine Blandin, le président de l'Université de Paris-Sorbonne Jean-Robert Pitte, l'écrivain Denis Tillinac ou le philosophe Michel Serres, ou l'ancienne secrétaire générale de la CFDT Nicole Notat figurent parmi les personnalités qui participeront aux travaux.

De la fin septembre à début octobre, une phase de consultation du grand public et des acteurs locaux doit s'organiser autour des différentes propositions, sous plusieurs formes. Un site Internet dédié, http://www.legrenelle-environnement.fr doit permettre l'élaboration de débats et forums. Six réunions publiques, dont au moins une en Outre-mer, seront par ailleurs organisées dans toute la France, tandis que les partis et fondations politiques seront consultés. Les conclusions de ce débat seront ensuite tirées à la mi-octobre lors du "Grenelle Environnement".

Jean-Louis Borloo n'a pas chiffré le coût de ce programme. Il "sera beaucoup plus important que le chantier de rénovation urbaine, qui lui était déjà de 40 milliards", a simplement expliqué le ministre vendredi matin sur RTL. Le réseau "Sortir du nucléaire" a fait savoir dans un communiqué le même jour qu'il ne "participera pas au Grenelle de l'environnement", à moins que Nicolas Sarkozy "n'annonce au plus vite l'abrogation du décret autorisant la construction de l'EPR", réacteur nucléaire de nouvelle génération à Flamanville (Manche).

 


Grenelle de l'environnement: les Verts suggèrent que les partis soient "observateurs"

5/7/2007 - Les Verts ont proposé jeudi que les partis politiques aient "un statut d'observateurs" au sein des six groupes de travail qui ont commencé à se réunir dans le cadre du "Grenelle de l'environnement". Les Verts ont adressé jeudi un courrier au ministre de l'écologie Jean-Louis Borloo et à sa secrétaire d'Etat Nathalie Kosciusko-Morizet, "afin de leur proposer que les partis politiques aient un statut d'observateurs" au sein de ces groupes de travail, "afin que puisse être anticipé et préparé le travail parlementaire qui sera fait à l'issue du processus du Grenelle", indique Yann Wehrling, porte-parole, dans un communiqué. Il précise que les Verts vont par ailleurs "mettre en place un comité de suivi et d'évaluation en leur sein", qui sera coordonné par Michèle Rivasi, ex-responsable de Greenpeace-France, Dominique Voynet, sénatrice et ex-candidate à la présidentielle, et lui-même, afin de suivre les avancées de chaque groupe de travail du Grenelle.

 

 

Le Monde, 20/6/2007:
(Blague du jour...)

Nicolas Hulot quitte l'Alliance pour la planète

Nicolas Hulot a annoncé que sa fondation se retire de l'Alliance pour la planète "car le type de fonctionnement [de la Fondation Nicolas Hulot] n'est pas compatible avec la gouvernance associative de l'Alliance", indique le compte rendu de la réunion du mardi 19 juin de cette fédération qui rassemble plus de 70 associations.

La réunion visait à préparer le "Grenelle de l'environnement", convié par Nicolas Sarkozy et prévu en septembre, sous l'autorité du nouveau ministre de l'écologie, du développement et de l'aménagement durables, Jean-Louis Borloo. L'Alliance pour la planète rassemble notamment les ONG internationales Les Amis de la Terre, Greenpeace et le WWF-France ou encore Ecologie sans frontières. Elle est le principal interlocuteur du gouvernement sur les thèmes d'écologie au sein de la société civile.

La Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l'homme compte notamment les sociétés L'Oréal, TF1 et EDF parmi ses partenaires fondateurs. Nicolas Hulot, qui avait suspendu ses activités à TF1 pendant la durée de la campagne présidentielle, sera à nouveau à l'antenne de la chaîne à la rentrée, avec son émission Ushuaïa.

"UN PEU UNE DÉSERTION"
Daniel Richard, président du WWF-France, se dit "déçu" par la décision de Nicolas Hulot et ne cache pas son incompréhension. "C'est un peu une désertion, en pleine préparation du Grenelle de l'environnement", regrette-t-il. M. Richard souligne :
"Nicolas Hulot n'a jamais rien négocié, par contre c'était un passeur médiatique remarquable pour les idées écologistes."

Le président de l'ONG remarque que l'animateur était à l'origine beaucoup moins radical que la plupart des membres de l'Alliance sur la question des incinérateurs, des OGM et du nucléaire. Toutefois, il souligne que Nicolas Hulot s'était aligné sur la plate-forme de revendications de l'Alliance. "Il n'était pas antinucléaire mais l'est devenu, ces derniers mois."
Contactée, la Fondation Hulot n'avait pas apporté de commentaire supplémentaire, mercredi à la mi-journée.



Le Canard enchaîné, 23/5/2007: 

T'as voulu voir Grenelle

Ils en avaient tellement envie ! Eux, les écologistes, les zozos, ceux qui veulent s'éclairer à la bougie, ceux dont la classe politique française ricane depuis trente ans, et voilà que not' nouveau président les reçoit en petites pompes à l'Elysée ! Et leur dit tout ce qu'ils voulaient entendre : en octobre prochain, les gars, j'organise un « Grenelle de l'environnement ». Oui, Grenelle, comme en mai 68 ! Et on parlera de tout, « sans tabous »

Et, attention, on se fixera des objectifs précis, chiffrés, sur cinq ans, ça sera du concret, du solide, pas du bla-bla. D'ailleurs, c'est l'aimable Juppé, avec sa tête de converti à l'écologie, qui va s'occuper de tout, lui et son Grand ministère du Développement durable. Affriolant, non ? Alors les neuf présidents d'associations écolos (de Greenpeace à WWF en passant par les Amis de la Terre) sont sortis de l'Elysée ravis.

« Une rencontre historique », a dit l'ami des oiseaux Bougrain Dubourg. « On met enfin de côté nos petits préjugés », dit Nicolas Hulot. Quels préjugés ? En février dernier, l'Alliance pour la planète, qui rassemble 71 associations de défense de l'environnement (dont celles qu'a reçues Sarkozy lundi), avait examiné à la loupe et noté les programmes des candidats : avec 8,5 sur 20, Sarko avait écopé d'une des pires notes écolos.

Il faut dire que l'homme « qui va faire ce qu'il dit » l'avait très nettement dit : il voulait bien tout mettre sur la table, sauf
Sauf le nucléaire : pas question d'un moratoire sur l'EPR.

Sauf les OGM : pas question d'arrêter les essais en plein champ.
Sauf les autoroutes : pas question de cesser d'en mettre partout.

Et puis pas question non plus de déranger les tenants de l'agro-industrie qui ont fait de la France un champion mondial des pesticides, et de ses rivières parmi les plus polluées d'Europe.
Pas question, même si toutes les villes de plus de 100 000 habitants sont désormais abonnées aux pics d'ozone et de gaz carbonique (24 jours par an en moyenne) et qu'une étude de l'Inserm vient de prouver que les gaz d'échappement rendent vraiment les enfants malades (asthme et eczéma), pas question de s'attaquer à la bagnole.

Pas question non plus d'énerver nos amis chasseurs. Ni l'ami Bouygues, qui continue de couvrir la France d'antennes relais. Ni l'ami Proglio, qui trouve que 158 incinérateurs (record mondial) ne suffisent pas vraiment. Etc. Bref, si quelqu'un a de « petits préjugés » sur l'écologie, c'est bien Sarkozy !

Et justement : aujourd'hui, les Verts sont dans les choux, et l'écologie politique à la ramasse. Avant les législatives, il essaie donc de rafler la mise en montrant que, plus Vert que lui, y a pas, même à gauche. De là à croire qu'à peine élu il a de nouveau « changé »Ah, un détail : le « Grenelle de l'environnement », qui devait avoir lieu en septembre, est repoussé à la première quinzaine d'octobre. Cas de force majeure : Nicolas Hulot doit finir un tournage pour TF1.

 

 

 
Le Monde, 22/5/2007: 

Interview d'Yves Cochet, député verts de Paris

"Il serait bien ingénu de croire qu'on peut attendre quoi que ce soit de ce gouvernement en matière d'écologie"

Nicolas Sarkozy a invité les associations écologistes à l'Elysée pour préparer un "Grenelle de l'environnement". Les Verts sont spectateurs. Le signe que cette thématique vous échappe ?
Non. C'est normal que le président de la République invite les ONG de l'environnement et pas les partis politiques. Si on se réfère à l'histoire, en 1968, lors de la négociation des accords de Grenelle, les syndicats avaient été conviés à la négociation, pas les formations politiques de l'opposition. Les ONG comme l'Alliance, le WWF, la Fondation Nicolas Hulot et Greenpeace vont discuter de la forme que va prendre ce "Grenelle de l'environnement". Rien ne plus normal. Les Verts n'ont pas vocation à y être.

Mais qui peut croire qu'on peut attendre une vraie inflexion écolo de la part d'Alain Juppé ou de Nicolas Sarkozy ?
Il y a quelques jours, j'étais invité à une émission de la chaîne Public Sénat avec un représentant de l'UMP, Yves Jégo. Je lui ai posé trois questions. Sur le nucléaire : le gouvernement va-t-il renoncer à l'EPR ? Sur les organismes génétiquement modifiés : va-t-il continuer la culture de milliers d'hectares d'OGM en plein champ ? Et, enfin, va-t-il maintenir le programme autoroutier ? Le député de Seine-et-Marne a répondu que, évidemment, le président de la République allait poursuivre ces programmes comme il l'avait assuré pendant la campagne présidentielle. Sa seule proposition était de dire qu'il fallait éteindre les appareils de télévision en veille pour faire des économies d'énergie. C'est dérisoire ! Alain Juppé va donc appliquer le programme de Nicolas Sarkozy. Je le répète : il serait bien ingénu de croire qu'on peut attendre quoi que ce soit de ce gouvernement en matière d'écologie.


 
Libération, 22/5/2007: 

Le nucléaire, seul atome de discorde avec Sarkozy

Reçues hier à l'Elysée en vue du Grenelle de l'environnement, les ONG ont été séduites.

«Il est vraiment fort...» Quittant l'Elysée, hier, même les écologistes les plus durs se sentaient tout chose. Après près de deux heuresde réunion avec le nouveau chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, et son super ministre de l'Ecologie, Alain Juppé, les représentants des principales associations de défense de l'environnement (1) sont sortis impressionnés par le style Sarkozy ( «c'est lui qui commande, mais il sait écouter, y compris la contradiction» notait l'un d'eux) et plutôt emballés par ce «Grenelle de l'environnement» que les autorités s'engagent à organiser pour l'automne. Mais aussi «paradoxalement, un peu tristes» , notaient certains. Car «au fond, ce que fait Sarkozy aujourd'hui n'est pas très compliqué. Pourquoi ne l'a-t-on pas fait dix ans plus tôt ?» .
«Contrat». Rien à dire, donc, sur l'ambiance, «constructive et détendue» selon France nature environnement (FNE), «franche et cordiale» selon Greenpeace. Sur le fond, il faudra attendre un peu pour avoir du concret. Une nouvelle réunion est prévue d'ici au 14 juillet afin de fixer la date et le lieu de ce Grenelle, et de définir des groupes de travail. Les ONG ont obtenu qu'il s'agisse non pas d'un énième colloque sur les dangers menaçant la planète mais d'une négociation à cinq (Etat, collectivités territoriales, patronat, syndicats et ONG) sur des sujets bien concrets. Trois priorités ont été définies ? réchauffement, biodiversité, lien santé/environnement ? à partir desquelles une dizaine de programmes d'action seront lancés. L'idée est d'aboutir à un «contrat» sur cinq ans avec réévaluation annuelle. «L'époque des colloques est derrière nous, le temps est à l'action» , affirme Sarkozy. « Le Grenelle de l'environnement sera un contrat et je veux que ce contrat engage les responsables.» Voilà pour le positif.
Le négatif est davantage dans les hésitations et les silences des uns ou des autres. Tous ont beau dire qu'il n'y avait aucun tabou, hier à l'Elysée, force est de constater qu'il en est ressorti un de taille : le nucléaire. A une question sur le nouveau réacteur EPR, le président de la République a répondu très clairement : «Le gouvernement précédent a signé un décret lançant sa construction, je ne reviendrai pas là-dessus.» Une fin de non-recevoir qui risque de «plomber» le futur Grenelle, comme le soulignait hier un des participants à la réunion.
«S'il s'avérait que l'on ne peut pas aborder un sujet de fond tel que celui-ci, nous, on lâchera la négo», affirme Yannick Jadot, qui représentait Greenpeace. «D'autant que j'ai été très surpris par les déclarations d'Alain Juppé durant le week-end qui semblaient préempter les décisions de ce Grenelle.»
Le nouveau ministre de l'Ecologie a en effet affirmé à plusieurs reprises, ces derniers jours, que la France «ne pourra pas se passer du nucléaire dans les trois ou quatre prochaines décennies» et qu' «il n'y a pas de solution sans nucléaire» . Même Nicolas Hulot, plus connu pour ses interventions sur les grands espaces, a regretté, devant Sarkozy, que le lancement de l'EPR se soit fait «trop vite» et «sans vrai débat» . En réalité, personne ne voit le chef de l'Etat abandonner ce projet mais tous espèrent qu'il «compensera» ce fait acquis par des décisions plus fortes, sur les énergies renouvelables par exemple. «S'il ne bouge pas sur l'EPR, qu'au moins il bouge sur la transparence, sur l'ouverture du débat, sur les économies d'énergies... Qu'il décide qu'un euro investi dans le nucléaire entraînera l'injection d'un euro dans les renouvelables », plaide Serge Orru, du WWF-France. «La France doit entamer une vraie mutation, il faut que l'écologie pollinise l'ensemble de la société !...»
Excités. Au-delà du simple Grenelle, les ONG se félicitent d'être considérées désormais comme des interlocuteurs à part entière, plus seulement comme des militants excités. «On est contents de mettre en valeur notre travail de proposition plutôt que notre travail de protestation qui, souvent, n'est pas compris» explique Arnaud Gossement, de France nature environnement. «Enfin, on met de côté nos petits préjugés» se félicitait Hulot, sans qui la réunion d'hier n'aurait sans doute jamais eu lieu. A l'issue d'un déjeuner avec Alain Juppé (qu'on se rassure, aucun thon rouge au menu), certains ont juste demandé une faveur : l'amnistie de José Bové, l'arracheur d'OGM.

 

 

"Sortir du nucléaire": le gouvernement contre un débat sur le nucléaire

21/5/2007 - Le gouvernement "veut empêcher le débat sur le nucléaire", a affirmé lundi dans un communiqué le Réseau "Sortir du nucléaire", affirmant avoir été "exclu" de la réunion de préparation au "Grenelle de l'environnement" qui s'est tenue à l'Elysée le même jour.

Le Réseau, qui revendique plus de 760 associations, a dénoncé "la tentative du nouveau pouvoir en place d'empêcher tout débat sur la question du nucléaire".

Disant "n'avoir pas été convié" à la rencontre entre le président Nicolas Sarkozy et le ministre d'Etat chargé de l'Ecologie, du développement et de l'aménagement durables Alain Juppé, "Sortir du Nucléaire" souligne que ce dernier a "clairement exclu toute remise en cause des projets de l'industrie nucléaire, en précisant simplement qu'il faudra +l'expliquer aux Français+".

"Cette façon de faire est inacceptable", a estimé le Réseau.

Il a indiqué être "disposé à participer au +Grenelle de l'environnement+, mais seulement si le nucléaire peut être débattu et que les décisions n'ont pas été prises auparavant..." comme, selon lui, dans le cas du réacteur EPR à Flamanville (Manche).

"Sortir du nucléaire" avait déclaré la semaine dernière qu'il refuserait de participer au Grenelle de l'Environnement "si le décret de création du réacteur nucléaire EPR (de Flamanville) n'était pas préalablement abrogé".

 


La Croix, 21/5/2007: 

Stéphane Lhomme: "Le nucléaire reste un sujet interdit"

Alain Juppé a posé un énorme préalable à ces négociations de Grenelle en prenant position en faveur de la construction du réacteur EPR, et donc d'une augmentation du parc de réacteurs nucléaires. Cela explique pourquoi nous n'avons pas été conviés hier à l'Elysée. Le nucléaire reste un sujet tabou, interdit. Où est la rupture chère à Nicolas Sarkozy si l'on poursuit la politique de fuite en avant ?

Le nucléaire ne règle pas le problème du réchauffement. Il a même une responsabilité spécifique : c'est justement pour "justifier" le nucléaire que des chauffages électriques ont été installés de force partout en France. Le comble, c'est que lors de pics de froid, les réacteurs ne suffisent pas à alimenter tous ces chauffages ! On doit alors importer de l'électricité pour les faire fonctionner !

Le nucléaire a tué toute politique d'efficacité énergétique. Il pose, en outre, quantité de problèmes environnementaux : les déchets, le risque, et la prolifération et, ce que l'on sait moins, la pollution chimique. De par ses rejets dans les rivières, le parc nucléaire est un des premiers pollueurs chimiques de France.

Stéphane Lhomme est Porte-parole du Réseau Sortir du nucléaire

 

 

"Il n'y a pas de solution sans le nucléaire", affirme Alain Juppé

20/5/2007 - Alain Juppé, le nouveau ministre d'Etat chargé de l'Ecologie, du développement et de l'Aménagement durables, a affirmé dimanche que "le nucléaire n'est pas la solution pour les prochaines années", mais qu'"il n'y a pas de solution sans le nucléaire".

"Je crois qu'il n'y a pas de solution en matière énergétique dans les années qui viennent sans poursuite de l'équipement de la France en centrales électro-nucléaires, il faut donc mettre en oeuvre le programme de centrales de la troisième génération, tout en préparant la quatrième génération", a estimé M. Juppé, invité du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI.

Dans un communiqué, le Réseau "Sortir du nucléaire" a dénoncé dimanche "la tentative du nouveau pouvoir en place d'empêcher tout débat sur la question du nucléaire", se disant "exclu des concertations" prévues lundi à l'Elysée pour préparer le "Grenelle de l'environnement" qui doit se tenir à l'automne.

Nicolas Sarkozy et Alain Juppé doivent recevoir lundi plusieurs associations en vue de la préparation de ce "Grenelle de l'environnement". M. Juppé a évoqué la présence d'"une dizaine d'ONG, par exemple WWF, Greenpeace, les Amis de la terre, la fondation Nicolas Hulot". Il a précisé que l'après-midi, plusieurs personnalités seraient également reçues, comme Edgar Morin et Jean-Marie Pelt.

"L'objectif de cette première série de réunions est d'essayer de fixer l'ordre du jour du Grenelle de l'environnement", a poursuivi l'ancien Premier ministre. "Le concept, c'est quatre participants autour de la table. C'est l'Etat, ce sont les entreprises, ce sont les organisations syndicales et c'est la société civile, et en particulier les associations et les ONG".

"Nous allons essayer de faire la liste des grands sujets prioritaires et de nous mettre d'accord, au moment de ce Grenelle, sur les actions à engager" concernant notamment "les OGM", "le réchauffement climatique", "les arbitrages à faire en matière de transports", a également souligné Alain Juppé.