Les militaires russes cachent les fuites radioactives en Extrême-Orient (député)

MOSCOU, 1er mars - Les militaires russes "cachent les fuites de déchets radioactifs" en Extrême-Orient russe, a accusé le député russe Boris Reznik dans une interview au quotidien russe Izvestia publiée vendredi.

"Les dépôts des déchets nucléaires sont protégées pas tellement des terroristes mais en premier lieu des inspecteurs du ministère russe de l'Energie atomique qui s'en voient refuser l'accès sous prétexte du secret militaire", a souligné M. Reznik.

La flotte du Pacifique compte 75 sous-marins nucléaires mis hors service dont 45 encore chargés de combustible nucléaire. La moitié de ces derniers sont dans un état potentiellement dangereux, selon le responsable qui cite des documents secrets obtenus auprès des autorités nucléaires russes. (Selon l'organisation écologiste norvégienne Bellona, les réacteurs d'une centaine de sous-marins nucléaires mis au rebut attendent depuis plusieurs années d'être retraités)

Trois sous-marins qui ont subi des accidents nucléaires et toujours chargés de combustible se trouvent dans la baie de Pavlovskaïa, dans la région de Primorié. Leur niveau de radioactivité dépasse largement les normes, selon le député.

Aucun contrôle de la radioactivité n'a été effectué après le renflouage en 1997 d'un sous-marin naufragé près de la baie Kracheninnikov (Kamtchatka) avec le réacteur nucléaire en fonctionnement, selon la même source (voir: le démantèlement des sous-marins nucléaires).

Le journaliste militaire russe Grigori Pasko, condamné à quatre ans de prison pour "espionnage", avait à l'origine été poursuivi pour avoir transmis des informations à des médias japonais sur le déversement en mer du Japon de déchets radioactifs et chimiques par la marine russe.


"On entre facilement dans un site nucléaire russe", raconte un député

MOSCOU, 15 fév - La branche russe de l'organisation écologiste Greenpeace et le parti libéral Iabloko ont dénoncé vendredi "l'absence de systèmes de sécurité" dans les sites nucléaires en Russie, racontant comment leurs représentants ont réussi à pénétrer sur un de ces sites en Sibérie.
"En traversant la rivière Ienisseï (région de Krasnoïarsk, Sibérie) nous nous sommes retrouvés devant l'usine minière et chimique de Jeleznogorsk" où sont stockées plus de 3.000 tonnes de combustible nucléaire usagé, a raconté lors d'une conférence de presse le député de Iabloko Sergueï Mitrokhine.

"Personne n'était là pour nous demander nos papiers" et l'enceinte de l'usine contenait "des trous de la taille d'un homme", a assuré le député qui était accompagné lors de son voyage samedi dernier par deux écologistes de Greenpeace et une équipe de la télévision russe NTV.

"Nous sommes allés directement vers les dépôts où sont stockés des déchets nucléaires ukrainiens et bulgares. Une voiture avec des gardiens est passée à côté de nous, mais comme les habitants des localités voisines passent constamment par ici (pour raccourcir leur chemin) personne n'a fait attention à nous", a assuré M. Mitrokhine.

"Le fil barbelé censé protéger les dépôts était rompu (...) et rien de nous a empêché de monter sur le toit d'un dépôt en construction" situé tout près d'un autre site où sont stockés des déchets radioactifs, a-t-il affirmé.

"Il n'y a non plus aucun obstacle pour pénétrer dans ce dépôt" qui contient des déchets d'une radioactivité de plus d'un milliard de curies, a ajouté le député. Les fuites radioactives pendant la catastrophe de Tchernobyl avaient atteint 50 millions de curies, selon Greenpeace.

"J'ai peur d'imaginer ce qui pourrait arriver si un groupe de terroristes était à notre place", a relevé M. Mitrokhine.

Les systèmes de sécurité des sites nucléaires russes "manquent systématiquement de financement", a souligné le parlementaire qui compte envoyer au président russe Vladimir Poutine un compte-rendu de son voyage, ainsi que des images filmées à Jeleznogorsk.

Le député a refusé de dévoiler les noms de ses coéquipiers de Greenpeace, en raison de "plusieurs procès pour espionnage" en Russie, notamment celui du journaliste militaire Grigori Pasko qui a enquêté sur le déversement en mer du Japon de déchets radioactifs par la marine russe.

L'absence d'un système de sécurité dans le dépôt de déchets nucléaires de Jeleznogorsk risque d'entraîner "une catastrophe semblable à celle de Tchernobyl", dans le cas d'une éventuelle attaque terroriste, a affirmé un responsable de Greenpeace, Vladimir Tchouprov, lors de la même conférence de presse.

Les 20.000 tonnes de déchets nucléaires étrangers que le ministère russe de l'Enérgie atomique envisage d'importer en Russie doivent être stockées à Jeleznogorsk, a indiqué M. Mitrokhine.

Le Parlement russe a adopté en juin dernier des amendements à la loi sur la protection de l'environnement, qui autorisent l'importation en Russie de combustible nucléaire usagé pour le stockage et le retraitement.

La Russie "n'est pas prête à réaliser un tel projet pour des raisons de sécurité", a estimé M. Mitrokhine.

 

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