Midi Libre, 20/11/2009: 

Comurhex-Areva: cinquante bougies et des déchets encombrants

L'usine de traitement d'uranium de Malvési célèbre son anniversaire et se prépare à franchir une étape importante de son existence avec le lancement du plan Comurhex II visant à la modernisation et l'extension du site. Pourtant, à l'heure des réjouissances, des ombres demeurent au tableau.

Cinquante bougies sur le gâteau et plus de 300 000 m3 de boues contaminées bien embarrassantes.

La Comurhex - filiale d'Aréva, le géant français du nucléaire - célèbre ce vendredi, son demi-siècle de présence en terre narbonnaise. Mais ce soir, en l'abbaye de Fontfroide, la photo souvenir, les petits fours, le repas de gala et les amabilités de circonstance auront bien du mal à dissimuler... le "cadavre dans le placard". Et quel "cadavre" : les bassins B1, B2 et B3 - autrefois destinés au lagunage des effluents - qui renferment « des radioéléments artificiels issus de la période allant de 1963 à 1980 » . Période durant laquelle Comurhex recevait de l'uranium issu du retraitement du combustible usé en provenance des centrales nucléaires .

Un constat rappelé par M. Kueny, membre de l'autorité de sûreté nucléaire (ASN), le 21 avril dernier, lors du comité local d'information et de concertation (Clic) de la Comurhex. Au cours de cette réunion, le représentant du "gendarme" du nucléaire pointait du doigt le fait que « ces bassins ne sont pas uniquement des installations connexes d'entreposage de l'usine actuelle, mais également des bassins d'entreposage de déchets plus anciens (...) Compte tenu des éléments dont dispose l'ASN, les bassins pourraient relever du régime des installations nucléaires de base (INB) ».

Depuis, la procédure de classement a été lancée et présentée aux autorités compétentes en la matière, à savoir les responsables du Plan national de gestion des matières et des déchets radioactifs (PNGMDR) et le ministère de l'Environnement. Désormais, le dossier suit son cours et devrait aboutir d'ici trois ans (lire ci-contre). N'en doutons pas, l'information sera largement relayée au cours de cette soirée anniversaire qui, nous l'avons appris hier, sera finalement "amputée" de la visite de l'usine de Malvési.

Pour Corinne Castanier, directrice de la Criirad (Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité), « le classement des bassins B1, B2 et B3 en installations nucléaires de base est un pas en avant. Cela signifie que l'on prend en compte la dangerosité des boues et de ce qu'elles contiennent : du plutonium, mais aussi d'autres éléments dits "transuraniens"... ».

La Criirad, qui tire la sonnette d'alarme depuis de nombreuses années - tout comme l'association Eccla (Écologie du Carcassonnais, des Corbières et du littoral audois) -, souhaite avant tout le classement de l'ensemble de la Comurhex en installation nucléaire de base. Ce qui est loin d'être acquis.

Et Corinne Castanier de relever une aberration : « On va se retrouver avec, d'un côté, l'usine et son statut d'installation classée pour la protection de l'environnement (ICPE), soumise aux seuls contrôles de la Drire (Direction régionale de l'industrie de la recherche et de l'environnement). Notons, au passage, que nous avons appris que la Drire se contente d'enregistrer les rapports remis par la direction de Comurhex. Et, de l'autre, les bassins devenus INB et placés sous la surveillance de l'autorité de sûreté nucléaire ».

Un scénario qui, selon la directrice de la Criirad, arrangerait bien du monde : « Il faut savoir qu'un site classé INB verse des taxes plus importantes aux communes qu'une ICPE. Qu'il est soumis à une surveillance draconienne de la part du "gendarme" du nucléaire et se doit d'informer régulièrement les populations et les élus sur ses activités... ». C'est donc pour tenter d'influer le cours des événements que la Criirad se prépare à lancer une nouvelle action devant le tribunal administratif de Montpellier.

Objectifs : « Faire annuler l'enquête publique qui vient de se dérouler dans le cadre du plan Comurhex II et l'arrêté préfectoral du 30 juillet 2008 pris par le préfet de l'Aude », détaille Corinne Castanier. Pour y voir plus clair, à ce niveau, il faut remonter à 2005.

En décembre de cette année-là, Jean-Claude Bastion, alors préfet de l'Aude, paraphe un arrêté classant les bassins de décantation B1, B2 et B3 en... bassins de stockage. « Cela s'est fait par une simple procédure administrative, en totale violation de la législation qui impose, notamment, une enquête publique », explique la directrice de la Criirad. Le terme "stockage" sous-entend, ici, un maintien des boues contaminées, sans limite de temps, sur le site de Malvési. D'où le recours déposé devant le tribunal administratif de Montpellier par la Criirad en mars 2007.

Cette action en justice a finalement trouvé son épilogue en février dernier, lorsque la juridiction administrative a estimé que "le délit ayant disparu, il n'y avait pas lieu à jugement". Et pour cause ! En date du 30 juillet 2008, un nouvel arrêté préfectoral a envoyé aux oubliettes celui de 2005 et transformé les bassins en lieux d'entreposage connexes aux activités de la Comurhex. Comme on l'a vu plus haut, ce classement est, aujourd'hui, remis en cause par l'autorité de sûreté nucléaire elle-même...

Alors, à l'heure où Comurhex se prépare à franchir le cap de l'extension et de la modernisation, une question reste en suspens : quel devenir pour les boues contaminées ?

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« Le classement prendra du temps »

« Le classement des bassins ? C'est en cours. Il a été acté que B1 et B2 seraient classés en installations nucléaires de base (INB). Ça va se faire. Mais ça prendra du temps » , reconnaît Grégory Degenne. Le responsable de la communication à la Comurhex admet également que « des traces de plutonium sont présentes dans ces bassins mais en très faible quantité » .

Qu'induirait le classement INB des fameux bassins B1, B2 et B3 pour l'usine narbonnaise ? Grégory Degenne rétorque qu'un « rapport de sûreté doit être rédigé avant tout pour lister tous les scénarios possibles et répondre aux divers cas de figure. En gros, ce document devra dire "comment faire pour rendre le site sûr" » . D'où les deux à trois ans nécessaires à la rédaction de ce document de référence. Ensuite, le classement

INB pourra devenir une réalité. Et pour la direction de Comurhex, les embarrassants bassins seront, alors, des « centres de stockage » . En attendant, à l'image des responsables de l'usine de Malvési, Grégory Degenne place beaucoup d'espoirs dans le plan Comurhex II . « Cette phase de modernisation et d'extension va nous permettre de réduire de moitié les effluents. De même, la récupération des nitrates sera beaucoup plus conséquente » .

Et d'aller encore plus loin dans l'avenir avec un processus, actuellement étudié en recherche et développement aux États-Unis, qui « permettra la destruction totale des nitrates » . Mais pour cette solution "miracle" - utilisant tout de même du charbon et générant donc du gaz à effet de serre -, il faudra patienter une bonne dizaine d'années.

 


L'Indépendant, 9/10/2009: 

Réunion publique animée autour de "Comurhex II" (Areva)

La modernisation du site de Malvezy était le thème de la réunion organisée mercredi.

Narbonne. "Je compte sur vous pour que cette r éunion se déroule dans des conditions qui permettent à chacun d'intervenir de manière sereine". En concluant de la sorte son discours introductif, le sous-préfet Gérard Dubois rappelait le caractère sensible du sujet. L'usine Comurhex déchaînant fréquemment les passions, son agrandissement potentiel constitue pour certains une source d'inquiétude.

Et si les échanges de cette réunion publique se sont tenus sans incident, les Narbonnais, venus en nombre, ont exprimé sans détour leur scepticisme face au discours rassurant des responsables de Malvesi. "Vous nous avez gratifiés d'un exposé remarquable, où les choses sont présentées de manière idyllique", lance ainsi cet intervenant. "Je devine qu'il y a vingt ans, les précédents travaux de modernisation ont été décrits en des termes comparables. Sauf que depuis, le nombre d'accidents survenus sur ce site montre bien que les risques sont largement sous-estimés, que vos pratiques manageriales sont dignes des services secrets et qu'il faut aller très loin devant les tribunaux pour espérer connaître la vérité". Gloups !

"Je ne répondrai pas aux procès d'intention", annonce Jean-Marc Ligney, le directeur de l'usine, soucieux de ne pas rentrer dans le jeu des détracteurs du site. "Je précise cependant que nous avons adhéré dès le début à un programme européen de réflexion face aux évolutions de l'industrie chimique dans laquelle la notion de nucléaire occupe une place importante", rétorque un membre de l'assistance.

Responsable de l'association ECCLA, Maryse Arditi rebondit. "En matière d'incidents, il y a bien sûr les chimiques graves que l'on traite immédiatement, mais il y a aussi l'aspect radioactif et pollution au long cours. Depuis cinquante ans, des déchets faiblement radioactifs à vie longue s'accumulent dans vos bassins !" Jean-Marc Ligney a affirmé que ces lagunes "feront l'objet d'un plan national spécifique". "Comurhex II" divise plus que jamais la population.

 


Le Midi Libre, 11/8/2009:
Comurhex: La radioactivité accusée d'avoir tué l'ouvrier

 


Le Midi Libre, 27 mars 2009:

Soutien écolo au malade de la Comurhex-Areva


RAPPEL - Depuis 1995, Michel Leclerc se bat pour faire reconnaître la "faute inexcusable" de la Comurhex. C'est un soutien de poids qui était dans la salle d'audience du tribunal de Narbonne hier matin aux côtés de Michel Leclerc, ce Narbonnais atteint d'une leucémie dont il attribue la responsabilité à la Comurhex (1). José Bové en personne était là (lire l'interview ci-dessous), alors qu'une soixantaine de militants écologistes, altermondialistes et / ou occitanistes étaient rassemblés à l'extérieur (2).

Le tribunal devait examiner une requête de Me Muriel Ruef qui demande la nullité d'une expertise médicale défavorable à Michel Leclerc. Le document attribue, en effet, l'origine de sa maladie - diagnostiquée en 1991 - à son premier emploi de mécanicien automobile, de 1967 à 1980. Et plus particulièrement aux contacts répétés avec le benzène.

Or Michel Leclerc affirme que c'est lorsqu'il était mécanicien pour la société biterroise Serci, sous-traitant de la Comurhex sur le site de Malvési de 1980 à 1984 et en liquidation judiciaire depuis, qu'il a été contaminé par de la poussière d'uranium. Ce que le tribunal des affaires de la Sécurité Sociale de l'Aude a confirmé le 25 mai 1999. Mais, même si sa maladie professionnelle a été reconnue, la Comurhex n'étant pas l'employeur de Michel Leclerc, la juridiction n'était pas compétente pour condamner la filiale d'Aréva.

C'est pour cela que Michel Leclerc s'est tourné vers le tribunal de grande instance de Narbonne afin de faire établir "la faute inexcusable" de la Comhurex et obtenir dédommagement, 15 ans après le début de son combat judiciaire. L'expertise négative pour lui contrarie ses plans. Son avocate a dénoncé « l'impartialité » de l'expertise. Me Muriel Ruef soupçonne le professeur Burki qui l'a menée, d'avoir subi « des pressions » de la part de la Comurhex. Et plus tard d'avoir conclu son rapport avec « un copier coller » d'un rapport produit par la filiale d'Aréva.

Elle réclame l'annulation de l'expertise, puis soit un nouveau procès qui réexaminera l'affaire au fond, soit la désignation d'une contre expertise avec un expert éloigné de la région afin d'éviter d'éventuelles collusions. Les accusations sur l'impartialité de l'expert « choquent » Me Garcia.

L'avocat de la Comurhex défend « un rapport d'expertise parfaitement clair qui rejette la responsabilité » de son client. Il dénonce « la suspicion systématique qui a été jetée dès le départ sur l'expertise ». L'avocat affirme que le tribunal de Narbonne doit s'en tenir à « la décision du tribunal de la Sécurité Sociale qui n'a reconnu aucune faute de la Comurhex ». Délibéré le 19 juin.

Sid MOKHTARI

(1) Sur le site de Malvési, la Comurhex reçoit du concentré de minerai d'uranium (14 000 tonnes par an soit le quart de la production mondiale) puis le transforme en tétrafluore d'uranium avant de l'envoyer à Pierrelatte. Le résultat final servira de combustible aux centrales nucléaires.
(2) Étaient notamment présents la Narbonnaise Maryse Arditi, Roland Desbordes, président de la Criirad et Frédéric Boutet du réseau "Sortir du nucléaire".

 


Le Midi Libre, 27 mars 2009:

José Bové dénonce « l'omerta du nucléaire »

L'altermondialiste est candidat aux Européennes pour "Europe Écologie"

Pourquoi êtes-vous là ?

Pour soutenir Michel Leclerc. Il y a un vrai souci avec cette entreprise. La question des poussières radioactives est majeure. Et si la faute de la Comurhex est reconnue dans cette affaire, cela voudrait dire qu'il y a aussi un problème pour le voisinage et les quartiers aux alentours. Mais il y a une omerta de la part de la Comurhex et de tout ce lobby nucléaire civil. Michel Leclerc dérange parce qu'il peut créer un précédent juridique.

Il est seul face à Aréva...
C'est effectivement David contre Goliath. Mais comme chacun sait, c'est David qui a gagné ! Nous, sur le plateau du Larzac, nous n'étions que 103 familles à lutter contre l'armée française qui voulaient nous prendre nos terres. On a gagné parce que notre combat était légitime comme l'est celui de Michel Leclerc. C'est un combat d'abord pour sa dignité. Il est broyé par la Comurhex et on le traite de menteur. Alors que tout démontre qu'il a été victime d'une contamination nucléaire.

Pourquoi faut-il "Sortir du nucléaire", votre slogan ?
Il faut sortir du nucléaire parce que nous sommes sur une bombe à retardement. La France est le pays le plus "nucléarisé" du monde. Un rapport de la DST dit que si un avion se crashait sur le dôme d'une centrale, il n'y en a pas un qui tiendrait et tout le pays serait touché ! Cette industrie est dangereuse aussi par ses déchets. Depuis 40 ans, à la Comurhex, il y a des stocks invraisemblables. Autre problème : comment le minerai arrive du port de Saint-Nazaire, (Loire-Atlantique) à Narbonne. Une bonne moitié de la France est traversée par des trains de minerais radioactifs. Il y a une contamination dans tous les sens et il va falloir faire une expertise de tout ça. C'est une question fondamentale pour les générations futures, pour des milliers d'années !

Certains disent que la France a bien fait d'opter pour le nucléaire, vu la cherté du pétrole...
Je pense que c'est un faux argument. La principale solution, c'est de se diriger vers des énergies durables et économiser l'énergie. On sait qu'on peut arriver à 50 % d'économie, en isolant les habitations, en choisissant d'autres types de véhicules... Cela permettrait aux gens d'avoir un meilleur niveau de vie parce qu'ils dépenseraient moins d'argent et à la société de moins gaspiller pour les générations futures.

 


Midi Libre, 26 mars 2009:

José Bové parle de justice ce matin

Tête de liste d'Europe Écologie pour la Région Sud- Ouest, le médiatique José Bové a choisi de s'arrêter ce matin à Narbonne. Dès 8h30, il sera présent devant le tribunal pour soutenir Michel Leclerc qui, frappé par une leucémie, se bat depuis quatorze ans pour faire reconnaître sa maladie et obtenir une indemnisation de la part de la Comurhex où il travaillait comme mécanicien industriel de 1980 à 1984.

José Bové ne sera pas seul. Il sera accompagné notamment de Roland Desbordes, président de la Criirad et Frédéric Boutet (réseau Sortir du Nucléaire). A l'invitation de La Confédération Paysanne, des Écologistes de la Narbonnaise, d'Europe Écologie, de Greenpeace, de Païs nostre, du Réseau Sortir du Nucléaire et des "Verts", le leader paysan aveyronnais animera à partir de 9h30 un débat sur la Justice à la salle du docteur Lacroix au Palais du Travail de Narbonne. José Bové interviendra pour dénoncer « une justice à deux vitesses » , lui, qui a dû répondre de ses actes devant la justice, notamment pour l'arrachage de plants transgéniques.

 


Midi Libre, 21 mars 2009:

José Bové soutient l'irradié de la Comurhex

José Bové sera présent jeudi au tribunal aux côtés de Michel Leclerc. Il animera également un débat sur la Justice La Confédération Paysanne, les Écologistes de la Narbonnaise, Europe Écologie, Greenpeace, Païs nostre, le Réseau Sortir du Nucléaire et "Les Verts" ont décidé de frapper un grand coup le jeudi 26 mars lors du procès de Michel Leclerc devant le tribunal de grande instance de Narbonne.

Michel Leclerc, Sallèlois de 57 ans, se bat depuis quatorze ans pour faire reconnaître sa maladie et obtenir une indemnisation de la part de la Comurhex où il travaillait comme mécanicien industriel de 1980 à 1984. Il a été victime d'une leucémie et a dû été greffé. Maintenant, il attend enfin une décision de Justice. Jeudi,

Michel Leclerc et son avocat demanderont la nullité de la seule expertise effectuée, concluant que sa leucémie n'a pas été contractée à la Comurhex. Ils seront soutenus. En effet, ce jour-là, dès 8 h 30, Michel Leclerc pourra compter sur les présences devant le tribunal de Roland Desbordes, président de la Criirad, Frédéric Boutet (le Réseau Sortir du Nucléaire) et surtout José Bové, tête de liste de Europe Écologie : « Nous serons tous là » commente Maryse Arditi. Dès 9 h 30, ils rejoindront la salle du docteur Lacroix au Palais du Travail pour un débat suivi du compte-rendu du tribunal. José Bové interviendra pour dénoncer « une justice à deux vitesses ».

Au-delà du procès de Michel Leclerc, Maryse Arditi et les Écologistes de la Narbonnaise souhaitent mettre une pression supplémentaire sur la société Comurhex : « Le stockage autorisé des concentrés d'uranium devrait passer de 20 000 à 40 000 tonnes. Malgré les 300 M Euros de travaux, nous souhaitons que la Comurhex soit autrement surveillée qu'aujourd'hui car elle travaille très mal » conclut Maryse Arditi.

 


La Dépêche du Midi,9 février 2009:

Narbonne: 240 millions d'euros pour l'usine Comurhex

Le site de la Malvési, spécialisé dans la conversion de l'uranium, lance des grands travaux. Les entreprises locales sont invitées à y prendre part.

En pleine crise économique et plus particulièrement du bâtiment, voilà une nouvelle qui devrait en ravir plus d'un. D'ici à 2012, la société pour la Conversion métal, uranium et hexafluorure (Comurhex) de Malvési, verra son outil industriel entièrement renouvelé pour un montant de 240 millions d'euros. « En pleine crise, nous espérons contribuer au dynamisme du tissu économique local, explique Laurent Azéma, coordinateur des achats pour le groupe Areva. Nous avons présenté aux entreprises locales les différents secteurs d'activités qui pourront nous intéresser ».

Et vu le projet audacieux soumis par le groupe Areva -maison mère de la société Comurhex- de nombreux secteurs de l'entreprenariat devraient être concernés par ces grands travaux. « Toutes les disciplines du bâtiment et travaux publics devraient être présentes. Cela passe du génie civil, aux équipements et procédés, en passant par la chaudronnerie, la tuyauterie et enfin l'électricité où il y aura fort à faire ».

L'année 2009 va alors être l'année des appels d'offres et de la réception des candidatures. Par l'intermédiaire du partenariat préexistant avec la chambre de commerce et de l'industrie (CCI) de Narbonne, un catalogue des besoins va être présenté aux entreprises locales afin qu'elles puissent se positionner. « Pour pouvoir répondre à certains appels d'offres, la CCI va même proposer à des petites entreprises de former des conglomérats ».

Une fois cette première étape effectuée et l'autorisation d'urbanisme obtenue (notamment après étude d'impact), les travaux devraient débuter à la rentrée 2010. L'usine de la Comurhex est située sur deux sites : Malvési et Pierrelatte. Le site de Malvési, situé à Narbonne, a été construit en 1959. Son rôle ? Réceptionner le minérai d'uranium dans son état naturel et lui faire subir les premières modifications chimiques en vue d'une utilisation nucléaire. « L'ultime étape de la modification se passe sur notre site de Pierrelatte », précise le professionnel. Ces premiers grands travaux depuis cinquante ans font suite à une mise en sécurité des bassins en 2006. De nombreuses installations vont bénéficier de rénovations importantes afin de respecter les nouvelles normes en matière environnementale. « Les entreprises locales vont également être amenées à intervenir dans le cadre de la construction de 2 500 m? de nouveaux bâtiments ». Et c'est bien connu : quand le bâtiment va, tout va !

 


Finance plus, 28/1/09:

Areva: remporte auprès d'EDF un contrat de plusieurs millions d'euros

Areva et EDF ont signé un contrat de plusieurs centaines de millions d'euros, portant sur la fourniture de services de conversion d'uranium.

Ce contrat, qui débute en 2009, sera alimenté par la production des usines de Comurhex, puis sera assuré à partir de 2012 par les usines de Comurhex II, le nouvel outil de conversion du groupe AREVA.

"Cet investissement, dont les travaux de réalisation ont été lancés en 2008, s'inscrit dans le contexte de renaissance du nucléaire et permettra ainsi à AREVA de sécuriser les approvisionnements de ses clients dans le domaine de la conversion", est-il expliqué.

" Nous nous réjouissons de ce contrat qui apporte aux deux groupes une visibilité et une sécurité d'approvisionnement de services de conversion d'uranium, secteur stratégique et très concurrentiel du cycle du combustible ", a déclaré Christian Barandas, PDG de Comurhex et Directeur de la Business Unit Chimie d'AREVA.



Uranium: radioactivité "non négligeable" près d'une usine à Narbonne

22/9/2006 - L'usine de traitement d'uranium de Narbonne, la Comurhex (groupe Areva), émet des rayonnements autour de son site "à un niveau d'impact sanitaire non négligeable", a indiqué vendredi à la presse un expert venu faire des relevés à la demande de riverains du site.

L'ingénieur de la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), dont le laboratoire est agréé, a relevé des champs radioactifs en excès "au moins sur une bande de 400 mètres de long sur 300 mètres de profondeur" le long d'un chemin longeant les grillages du site industriel.

Les plus proches riverains, un couple et leurs deux enfants désormais enclavés dans le terrain de la Comurhex, ont indiqué à l'AFP qu'ils étaient particulièrement inquiets pour leur santé, mais qu'ils avaient refusé une première offre de rachat par l'entreprise de leur propriété de 5.000 m2.

Ils subissent au moins des radiations de l'ordre de 25 microsiverts/an (impact sanitaire non négligeable) en passant 15 minutes par jour sur le chemin. Selon la Criirad, le seuil "inacceptable" d'exposition aux radiations est légalement fixé à 1.000 microsiverts par an.

Ouverte en 1958, l'usine est spécialisée dans le traitement du minerai concentré d'uranium (yellow cake) et sa transformation en tétrafluorure d'uranium, avant d'autres opérations nécessaires à sa transformation en combustible pour les centrales nucléaires.

Depuis 2004, plusieurs incidents se sont produits. Des ruptures de digues, des débordements ou des fuites des bacs de décantation de l'usine ont laissé échapper des quantités importantes de boues radioactives à proximité de la société, qui a dû interrompre quelques mois son activité début 2006, selon la Direction régionale industrie recherche environnement (Drire).

Ces boues contenaient notamment de l'uranium 238, 234 et 235, des éléments radioactifs indestructibles ou encore du thorium 230, aussi radio-toxique que le plutonium.

La Criirad s'interroge également sur la multiplication des bassins de rétention qui sont déjà au nombre de 11, sans que n'ait été posé le problème du stockage à long terme des boues radioactives.

L'entreprise Comurhex n'a pu être jointe vendredi après-midi.