2/7/2009 - Le gouvernement socialiste espagnol de José Luis Rodriguez Zapatero a décidé jeudi de rallonger de deux ans l'exploitation d'une centrale arrivant en fin de vie en 2011, selon plusieurs sources, optant ainsi pour un compromis pour l'avenir de l'énergie nucléaire en Espagne. Le sujet est sensible car c'est la première centrale à arriver en fin de vie sous le gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero.
Le chef du gouvernement avait promis de les fermer toutes au terme de leur cycle industriel pour les remplacer par des sources d'énergies renouvelables, dont l'Espagne est un des leaders européens. La centrale va fonctionner "jusqu'en 2013", a déclaré à la radio Cadena Ser le président de l'Association espagnole de l'Industrie électrique (Unesa), Pedro Rivero, ajoutant qu'il ignorait les détails. "Pour l'instant elle ne ferme pas, nous croyons que c'est bon pour tout le monde", a-t-il ajouté.
Le responsable du nucléaire chez Greenpeace, Carlos Bravo, a également affirmé que cette décision avait été prise et déploré que M. Zapatero ne respecte pas son engagement électoral, jugeant qu'il avait "cédé à la pression du lobby nucléaire". "Le crédit vert dont jouissait le chef du gouvernement est terminé", a-t-il déclaré. La centrale nucléaire de Garoña devrait donc fonctionner deux ans au-delà de son cycle prévu de 40 ans, qui expire en 2011. L'annonce officielle devrait être faite par le gouvernement à 18H00 (16H00 GMT). Le ministère de l'Industrie a refusé tout commentaire dans la matinée.
Une autre centrale nucléaire avait déjà été fermée en 2006, pendant le premier mandat de M. Zapatero, mais la décision avait été prise par son prédécesseur conservateur José Maria Aznar. M. Zapatero a indiqué jeudi matin que la décision sur Garoña serait "raisonnée et raisonnable", s'attendant à ce qu'elle soit "critiquée de part et d'autres". Garoña (nord) est la plus ancienne des centrales espagnoles. Le parc nucléaire espagnol compte six centrales (et huit réacteurs) et produit environ 20% de l'électricté consommée.
24/4/2009 - La plus vieille centrale nucléaire en activité en Espagne, située à Santa Maria de Garona (nord), a été contrainte de s'arrêter vendredi à cause d'un problème avec son générateur principal, a annoncé l'autorité de sûreté nucléaire espagnole. Le Conseil de sûreté nucléaire a précisé qu'il n'y avait aucun risque de fuite radioactive ou de dommages pour l'environnement. Il a également indiqué que les systèmes de sécurité avaient été activés correctement et qu'une enquête avait été ouverte sur l'incident. L'organisation écologiste Greenpeace demande depuis longtemps la fermeture de cette centrale pour des raisons de sécurité. La centrale a ouvert en 1970 et approche de la fin de sa durée de vie en fonctionnement estimée à 40 ans. Les autorités espagnoles envisagent toutefois de l'utiliser dix années supplémentaires. La décision de prolonger ou non son activité devrait être rendue en juin. L'Espagne compte six centrales nucléaires qui fournissent jusqu'à 30% de l'électricité du pays. Un moratoire sur la construction de nouvelles centrales a été instauré en 1983.
22/9/2008 - La ministre espagnole de l'environnement Elena Espinosa a réaffirmé lundi que la sortie de l'Espagne de l'énergie nucléaire ne faisait pas l'objet d'un débat au sein du gouvernement socialiste, et a dit dans un entretien au journal El Pais sa foi dans les énergies renouvelables. Interrogée sur l'éventuelle nécessité de prolonger la durée de vie des centrales nucléaires espagnoles, que le gouvernement veut laisser mourir de leur belle mort, la ministre a répondu: "c'est un thème qui ne fait pas débat". L'Espagne compte actuellement huit centrales nucléaires en fonctionnement, générant environ 22,8% de la production espagnole d'électricité, alors que la part du nucléaire en France approche les 80 %. Le gouvernement socialiste a répété à plusieurs reprises qu'il n'a pas l'intention de relancer la filière nucléaire et compte pour cela utiliser les centrales actuelles jusqu'à la fin de leur vie industrielle et ne pas en construire de nouvelles, malgré certaines dissensions. Certains experts estiment qu'il va être nécessaire de prolonger la vie de ces centrales et que l'Espagne aura du mal à se passer d'énergie nucléaire. Mme Espinosa s'est réjoui que "pour la première fois, en 2007, la production d'énergies renouvelables a dépassé l'énergie nucléaire. Cela nous confirme que nous allons dans la bonne direction et que nous parions sur les renouvelables". L'Espagne est notamment un des leaders mondiaux en matière de production d'énergie éolienne.
2/8/2006:
Le gouvernement espagnol a annoncé mercredi
avoir infligé une amende record de 1,6 million d'euros
à une centrale nucléaire qui avait connu en 2004
une avarie de son système de refroidissement.
Le ministère espagnol de l'Industrie a indiqué dans
un communiqué avoir imposé trois amendes d'un montant
total de 1,6 million d'euros à la centrale nucléaire
Vandellos II, exploitée depuis 1987 par les compagnies
d'électricité espagnoles Endesa (72%) et Iberdrola
(28%).
Il souligne que cette sanction, prise sur recommandation du Conseil
de la sécurité nucléaire (CSN), "est
la plus importante jamais infligée en Espagne à
une installation de ce type", et se justifie par le "caractère
prioritaire de la sécurité des centrales nucléaires".
La centrale Vandellos II, située dans la région
de Tarragone (nord-est), avait subi le 25 août 2004 un incident
sérieux, avec la rupture d'un joint de tuberie de son système
de refroidissement liée à un problème de
corrosion, qui avait été "sans conséquences
pour ses employés et l'environnement".
Ses responsables sont triplement sanctionnés pour leur
mauvaise maintenance à l'origine de l'accident, pour ne
pas avoir effectué les réparations exigées
par le CSN et pour avoir omis de signaler à ce dernier
les premiers problèmes de corrosion de l'installation,
qui remontaient à 1993.
MADRID - Pour la première fois en Espagne, une centrale nucléaire a définitivement arrêté sa production dimanche, après 38 ans de fonctionnement, sur décision politique. Il s'agit du plus ancien des sept réacteurs nucléaires du pays.
Carte de 1993 extraite de l'Atlas du nucléaire
civil et militaire de Gérard Chaliand et Michel Jan.
1 mai 2006 - Cet
arrêt, salué comme une "victoire" par les
écologistes, intervient alors que, facture pétrolière
aidant, une nette inflexion en faveur de l'option nucléaire
est récemment apparue dans le discours des socialistes
espagnols au pouvoir.
L'arrêt définitif de la centrale José Cabrera,
à Almocinad de Zorita, près de Guadalajara (centre),
était prévu dimanche soir.
Il fait suite à une décision politique et aux critiques
des écologistes qui la jugeaient peu sûre. Son propriétaire,
le groupe Union Fenosa, assure qu'elle aurait pu boucler sans
problème son cycle de 40 ans de production et fermer en
2008 comme initialement prévu.
Greenpeace a saisi l'occasion pour exiger du chef du gouvernement
socialiste, José Luis Rodriguez Zapatero, qu'il tienne
sa promesse électorale d'annoncer un calendrier de fermeture
progressive de toute la filière nucléaire espagnole.
Extrait de l'Atlas du nucléaire
civil et militaire de Gérard Chaliand et Michel Jan, 1993.
"Il existe actuellement beaucoup trop
d'ambigüités sur ce thème au sein du gouvernement",
a déclaré le directeur des campagnes de Greenpeace
en Espagne, Mario Rodriguez à l'agence Europa Press.
La gauche espagnole, animée d'un fort courant antinucléaire
et anti-Otan au début des année 1980, s'est ralliée
au pragmatisme défendu par l'ancien gouvernement de Felipe
Gonzalez.
L'avenir de l'énergie nucléaire fait l'objet d'un
débat entre pouvoirs publics, écologistes et industriels,
à l'initiative du ministère de l'Industrie qui organise
des séances de travail mensuelles en vue de présenter
des conclusions lors du prochain débat sur l'Etat de la
nation.
Les centrales nucléaires espagnoles génèrent
actuellement 22,88% de la production d'électricité.
Union Fenosa prévoit de remplacer la centrale José
Cabrera par une centrale électrique classique à
cycle combiné, dotée de deux groupes de 400 mégawatts
et cinq fois plus puissante que la précédente. (ATS)
27/5/2005 - Les techniciens du Conseil de la sécurité nucléaire (CSN) en Espagne ont expliqué aux Cortès à Madrid leur version de l'incident survenu à Vandellos II, versant de nouvelles contradictions à la polémique qui ébranle l'organisme public.
Les huit experts responsables du rapport sur l'incident du mois d'août sur la centrale de Vandellos II, le plus grave depuis 1992, ont expliqué que le CSN avait depuis 1991 exempté l'installation catalane d'essais de contrôle de la canalisation dont la rupture en 2004 est à l'origine de l'incident. La présidente du CSN, María-Teresa Estevan Bolea avait affirmé, il y a un mois, devant les mêmes députés ne pas savoir pourquoi ces essais n'avait pas été effectuées dans la centrale et soutenu que ces vérifications auraient évité l'accident.
Mais la contradiction vient de l'intérieur, la directrice technique à la sécurité nucléaire du conseil, Isabel Medallo, considérant ledit examen «n'est pas le moyen le plus adéquate pour détecter ce genre de problème. Il aurait même pu ne pas servir à détecter la corrosion de la conduite», a-t-elle déclaré au sortir de sa comparution, lundi. I.Medallo estime également que les services de Vandellos II «ont préféré la production à la sécurité», le redémarrage du réacteur en août «s'est effectué dans des conditions de sécurité qui n'étaient pas les plus adéquates», a-t-elle insisté.
Un des experts a y compris déclaré aux groupes de l'Assemblé que l'incident du 25 août pourrait être reclassé de niveau 3, ce qui ne s'est plus vu depuis 1989, lors d'un incident sur Vandellos I. Les députés des Cortès sont sortis sceptiques de l'audience des experts qui contredisent leur présidente, le groupe socialiste réitérant son intention de réformer le CSN.
18/3/2005
- La production d'un tiers des neuf centrales nucléaires
en fonctionnement en Espagne se trouve paralysée à
la suite de différentes pannes, a-t-on appris vendredi
auprès du Conseil supérieur du Nucléaire
(CSN). Deux des réacteurs de la centrale d'Asco I (Tarragone,
nord-est) ont dûs être arrêtés à
la suite d'une panne dans les transformateurs électriques
de sortie qui ne devrait pas être réparée
avant deux semaines. Une fuite d'huile s'est produite, sans provoquer
de risques pour la population, selon le CSN. La centrale de Vandellos,
située également dans la région de Catalogne,
a suspendu ses activités pour recharger son combustible
après la détection d'un problème dans le
système d'eau de "services essentiels" de la
centrale. Elle devrait reprendre ses activités dans un
peu plus d'un mois. Enfin, la production de la centrale de Garona,
près de Burgos (centre-nord de l'Espagne) a été
arrêtée pour une recharge de combustible prévue
depuis deux mois, mais au cours d'une inspection, une anomalie
dans le système de ventilation a été repérée.
Le responsable du nucléaire de l'organisation écologiste
Greenpeace, Carlos Bravo, a dénoncé le "mauvais
fonctionnement" des centrales nucléaires catalanes
et "le manque de sécurité de la technologie
nucléaire espagnole, intrinséquement dangereuse".
Il existe neuf centrales nucléaires en fonctionnement en
Espagne, peu en comparaison à d'autres pays européens
comme la France, le Royaume-Uni ou même l'Allemagne.
Wise Amsterdam n°320, 3/11/89:
(Référence 320.2207, Wise Tarragone)
Les maires de quatre municipalités proches
de Vandellos (Mont Roig, Tivissa, Pradip et l'Ametlla) demandent
l'arrêt des réacteurs 1 et 2 jusqu'à ce que
les niveaux de sécurité soient conformes aux directives
du Conseil de Sûreté nucléaire (en 1988 il
y a eu trois incendies à Vandellos 2 en l'espace de cinq
mois, voir WISE 305.3048).
D'après un article de "El Pais" du 25 octobre,
l'AIEA a dit que l'accident de Vandellos 1 était l'incident
le plus grave dans une installation nucléaire depuis Tchernobyl.
Mais l'AIEA démentirait.
Les causes de l'accident du 19 octobre proviennent de l'arrêt
de brusque (pour des raisons encore inconnues) d'une turbine.
Le poids de la machine (cinq tonnes) a réchauffé
l'huile de lubrification, qui s'est décomposée et
a dégagé de l'hydrogène qui à son
tour a explosé. La turbine a alors pris feu.
Comme la centrale n'a pas d'équipement contre l'incendie,
elle a fait appel à des pompiers des environs (jusqu'à
ceux de Bella Terra, située à 100 km). L'incendie
a duré quatre heures et demi et sérieusement affecté
deux des quatres liaisons entre la turbine et le système
de réfroidissement de la centrale.
Le Conseil de Sûreté
nationale et le gouvernement ont d'abord déclaré
qu'il n'y avait pas eu de fuite radioactive, mais les autorités
ont contredit par la suite cette affirmation en disant qu'il n'y
avait pas de niveau de radiation significatif et que les populations
des environs ne couraient aucun risque. WISE
Tarragone a publiquement demandé aux autorités de
Catalogne de rendre publiques les mesures qu'elles fait faire
près de la centrale.
Les Commissions ouvrières, syndicat auquel sont rattachées
des organisations de pompiers, dit que les pompiers ont risqué
leur vie parce qu'ils ne disposaient pas des équipements
prévus par le plan d'urgence nucléaire et qu'ils
n'avaient été, prévenus des risques de radioactivité.
Ils ont ainsi commis des erreurs : ils ont d'abord utilisé
de l'eau parce qu'ils ne connaissaient pas la nature du sinistre
(ce qui a provoqué des courts-circuits supplémentaires
dans le système électrique). La fumée importante
qui s'est dégagée au-dessus du site serait venue
des isolateurs électriques (d'après Carlos Fernandes
Palomero).
Les pompiers ont ensuite été emmenés à
Vandellos 2, où on a vérifié leur niveau
de contamination, les analyses se sont révélées
négatives, mais Ils ont demandé, lors une conférence
de presse, qu'il soit procédé à un nouvel
examen par des médecins indépendants de l'industrie
nucléaire.
Vandellos 1 est arrêtée, sans doute pour six mois
au moins. L'Hifrensa, consortium franco-espagnol qui exploite
la centrale, envisage de refaire démarrer ce réacteur
avec une seule turbine, à 50% de ses capacités.
Le réacteur de Chinon A 3, de même nature que Vandellos
et qui connaît des problèmes de corrosion analogue,
doit être démantelé. Une de ses turbines pourrait
être transportée à Vandellos.
Le prototype de Vandellos 1, la centrale de St-Laurent-des-Eaux
a également connu de nombreux incidents. Le 13 mars il a été le théâtre
de l'accident connu le plus grave dans une installation française.
L'unité 1 de St. Laurent doit être démantelée
en avril 1990, et l'unité 2 en 1992.
Vandellos 1 a une longue histoire de surchauffe et de corrosions
(de son système de refroidissement, justement). Le réacteur
n'était qu'à 80-85 % de sa capacité quand
l'accident s'est produit. Après l'accident de Tchernobyl,
le Conseil de Sûreté national a ordonné cinq
modifications, mais deux seulement avaient été menées
à bien. L'une de celles qui n'ont pas été
accomplies est directement liée à l'accident :
le CSN avait demandé que les quatre alimentations du système
de refroidissement soient rendues plus indépendantes les
unes des autres. Une cinquième liaison aurait été
rendue impossible par suite de son coût. Si le système
de refroidissement avait cessé de fonctionner, les 3000
tonnes de graphite auraient pris feu.
Le CSN a admis que cet accident était le pire jamais survenu
dans une centrale espagnole, mais le public n'a pas été
depuis tenu au courant des investigations sur ses causes. D'après
WISE Tarragone, l'incendie aurait pu être évité
parce que le même type d'accident était déjà
arrivé à l'un des deux réacteurs d'Asco (autre
centrale nucléaire espagnole). Les opérateurs de
Vandellos n'en avaient pas tiré d'enseignement. Toujours
d'après WISE Tarragone, le système de défense
incendie de Vandellos 1 ne répondrait pas aux normes de
l 'AIEA.
Des organisations antinucléaires de la région ont
appelé à une manifestation le vendredi 27 octobre
devant le siège de l'Hifrensa à Barcelone. Une manifestation
devant la centrale a été appelée par les
municipalités voisines de Vandellos pour le 4 novembre.
(sources WISE-Tarragone, "El
Pais" des 22, 24, 25, 27 et 28 octobre 1989 ;
Nuclear Power Reactors in the World, édition d'avril 1989).
Der Spiegel, 30/10/89:
Le jeudi 19 octobre, les habitants des environs
de la centrale de Vandellos ont pu voir s'élever la fumée
d'un incendie situé sur le site nucléaire. Ce n'est
qu'au cours des jours suivants qu'ils ont pu apprendre ce qui
s'était passé.
Une des deux turbines de
la centrale a explosé et s'est enflammée. L'incendie,
alimenté par huile lourde des compartiments de la turbine
s'est étendu et a mis en danger le système de refroidissement
du réacteur.
On n'a sans doute évité l'accident majeur que de
justesse. Les antinucléaires pensent
qu'il s'agit là de l'accident de centrale le plus grave
depuis Tchernobyl. Les autorités et les équipes
de secours ont également sombré dans la confusion
devant l'accident qui touchait ce vieux réacteur, "de
l'époque de De Gaulle" (d'après le ministre
de l'industrie espagnol).
Il est entré en service en 1972, utilise de l'uranium naturel
et est refroidi par du dioxyde de carbone. L'eau de mer circule
dans le secondaire pour évacuer la chaleur excédentaire,
et 3000 tonnes de graphite servent de "modérateur".
Quatre pompes fournissent le dioxyde de carbone nécessaire.
L'arrêt de cette alimentation entraînerait l'incendie
du graphite et produirait un accident comparable à celui
de Tchernobyl. Or l'incendie de la turbine a endommagé
deux des quatre pompes et menacé les deux autres. Le circuit
secondaire a même connu des périodes de déséquilibre
au cours de la nuit de l'accident : les deux pompes encore
en état de marche ont connu des moments de dysfonctionnement.
L'accident a pris naissance "loin du réacteur"
(d'après les paroles d'un représentant de la centrale) :
une des turbines a dû être déconnectée
par suite de problèmes techniques, ce qui a produit de
violentes vibrations dans le circuit de refroidissement [...].
Une fissure est apparue, l'hydrogène est entré par
là et au contact de l'air s'est enflammé. L'incendie
s'est propagé jusqu'au système de cables électriques.
D'après le syndicaliste
Ruiz (des Commissions Ouvrières), lorsque les pompiers
sont arrivés, les techniciens étaient en pleine
confusion, et prenaient la fuite. Les pompiers
n'avaient pas été prévenus qu'il s'agissait
d'un feu d'huile et de cables électriques, et leur premier
véhicule ne contenait pas de la mousse, mais de l'eau (pour
les feux de forêts). Même avec la mousse, l'incendie
ne s'arrêtait pas parce qu'il était alimenté
par des canalisations souterraines. Les pompiers ont finalement dû combattre directement
le foyer sans vêtements de protection,
et sans savoir s'ils subissaient
des radiations.
L'action de sauvetage a presque causé la catastrophe :
l'eau initialement déversée a envahi les sous-sols
de la centrale et menacé de provoquer l'arrêt des
systèmes de sécurité encore en état.
Il a fallu la pomper, mais on a retiré beaucoup plus d'eau
que ce qui avait été déversé. "Nous
ne savions pas, à ce que dit un membre des équipes
de secours, si le circuit secondaire n'avait pas explosé
et libéré toute cette eau, ou si nous l'avions nous
même transférée du bassin alimentation du
système".
Ce n'est que le jour suivant que la température du réacteur
est revenue à sa valeur normale.
Les négligences ne se sont pas arrêtées là :
les pompiers n'ont n'ont été soumis à un
contrôle de radioactivité que quatre jours plus tard
(la poussière radioactive éventuelle ne pouvait
plus être détectée). Dans toute la Catalogne, les pompiers n'ont à
leur disposition que trois combinaisons pour intervenir en milieu
irradié. Ils menacent de ne pas se déplacer pour
un incendie de centrale à l'avenir s'ils ne reçoivent
pas d'appareil de mesure de radioactivité.
Le mardi 24 octobre, un transformateur auxiliaire de la centrale
a subi un court-circuit, avec un fort relâché de
fumée. L'affaire n'a pas eu de suite mais la population
ne s'en est pas moins inquiétée.
Les autorités veulent remettre en marche Vandellos 1 dans
quatre mois (elle est sensée fermer en 2003) en remplaçant
la turbine par un appareillage venu de la centrale analogue de
Saint Laurent
El Pais, 29/10/89:
Ce sont des habitants proches de la centrale qui ont indiqué vers 21 H 40 à la police que de la fumée sortait par moments de la centrale. L'avarie s'est produite dans le turbogénérateur du groupe primaire. L'hydrogène est entré en contact avec l'air, provoquant une explosion. La salle de contrôle située à 15 m du réacteur a commencé à être envahie par une épaisse fumée. Il a fallu utiliser des masques à oxygène pour continuer à travailler. Des conduites amenant de l'eau de mer ont été rompues par l'incendie et la salle a été remplie d'un mètre d'eau (ce qui a bloqué divers systèmes de sécurité).
Le Gouvernement Civil a décidé
après 22 h de déclencher le Plan d'Urgence nucléaire
de Tarragone. L'anné
précédente, en sept mois de fonctionnement, Vandellos 2
avait connu trois incendies. Ce n'est qu'à
22 h 21 que le Gouvernement Civil a su où était
située l'avarie. L'intervention
des pompiers a eu lieu dans une confusion considérable,
et dans une atmosphère de peur d'une fuite radioactive.
A 23 h 33, la direction de la centrale admet que la réfrigération
du coeur subit des interruptions. A 23 h 36, l'incendie est contrôlé,
mais non pas étouffé. Ce n'est que vers 2 h du matin
que la centrale peut dire que que le feu est éteint et
que le refroidissement du coeur fonctionne.
Au matin, les autorités prétendent qu'il n'y avait
pas de danger (mais la Protection Civile affirme le contraire).
II est probable que le Conseil de Sûreté nucléaire
va exiger des réaménagements tels que les travaux
seront longs (un à trois ans) et le coût énorme.
Le réacteur s'est trouvé arrêté 32
secondes après le début de l'incendie (on ne sait
pas si c'est à la suite d'une réaction automatique,
ou de l'action d'un opérateur). L'EDF qui possède
des parts de Vandellos a déclaré qu'elle ferait
tout pour que ce réacteur reste en fonctionnement jusqu'à
l'an 2003, comme prévu. Vandellos 1 est une centrale au
graphite-gaz d'un type voisin de celui des quatre réacteurs
français qui vont être arrêtés au cours
des trois prochaines années. EDF explique que la situation
en France est différente : elle possède des
centrales produisant du courant moins cher, ce qui n'est pas le
cas de l'Espagne (EDF n'admettrait l'arrêt que si les parois
du réacteur avaient subi des dommages structurels dans
l'incendie).
La conception du réacteur
était défectueuse en ceci que les vents ont poussé
les flammes vers l'intérieur, vers le réacteur.
Les autorités centrales espagnoles sont plus sceptiques
sur l'avenir de Vandellos 1 et envisagent d'en faire une poubelle
nucléaire.
Un plan d'urgence contesté
L'attitude de la direction de la centrale,
qui a prévenu les pompiers avant l'autorité chargée
du Plan d'Urgence nucléaire de Tarragone, pouvait compromettre
l'efficacité du plan (dont la Protection civile a la charge).
Par ailleurs, les groupes écologistes locaux considèrent
que l'objectif réel de ce plan est d'empêcher la
fuite de la population irradiée (pour qu'elle n'entre pas
en contact avec les populations non contaminées). II prévoit
qu'en cas de fuite radioactive, les routes passent sous contrôle
de la Garde civile, et que celle-ci aurait le droit de soumettre
les gens à des examens radiologiques (dans des Unités
de Répartition et de Decontamination qui d'après
les écologistes ressembleraient plus à des camps
de concentration qu'à des services d'aide sanitaire).
Pour que le plan puisse fonctionner, il faudrait que l'administration
centrale fournisse des moyens qui font encore défaut (amélioration
des voies de communication pour rendre possible des évacuations
d'urgence, installation de mégaphones pour prévenir
la population de la zone).
L'Ametlla (le comité antinucléaire) appelle à la grève générale pour demain 30 octobre afin d'obtenir le démantèlement de Vardellos 1
Ametlla de Mar est une ville (d'environ 5000
habitants) située à 9 kilomètres de la centrale.
Le comité antinucléaire a convoqué une grève
générale de 24 heures, qui est soutenue par la municipalité.
On demande le démantèlement immédiat de Vandellos
1, et le démantèlement progressif de Vandellos 2,
Asco 1 et Asco 2 (toutes situées dans la province de Tarragone).
Les habitants des environs s'estiment gravement lésés
par les annulations de réservations hôtelières
et d'achats de résidences d'été.
Le programme de la journée de grève comprend une
"cacerolada" à dix heures du matin, un hommage
à 12 heures à l'attention de trois femmes qui avaient
été arrêtées en 1974 pour avoir manifesté
contre le projet initial des centrales nucléaires, et une
manifestation à 17 heures.
Le Comité antinucléaire est soutenu par les jeunes
de la localité, et a reçu des facilités de
la municipalité (locaux, lignes téléphoniques).
Le fait qu'un circuit pour motocyclettes soit à moins de
deux kilomètres de la centrale semble une source importante
de motivation.
Les municipalités de Montroig, Pratdip et Tivissa sont
moins engagées (ils demandent aussi la fermeture de Vandellos
1 et le gel du second réacteur tant que les carences du
Plan d'Urgence ne seront pas comblées). Une manifestation
a également été appelée par les étudiants
pour le lundi 30 octobre. Diverses forces syndicales essayent
de constituer un mouvement de citoyens antinucléaire à
Tarragone. Le CDS doit proposer à la prochaine séance
de la municipalité de cette ville le démantèlement
de la centrale qui a subi l'incendie.
Les pompiers se sont de
leur côté indignés de l'attitude du personnel
de la centrale pendant l'accident. D'après Josep Pino,
chef du détachement de pompiers de Amposta (près
de Tarragone) : "Les techniciens ont fui de la zone
du sinistre et nous sommes restés seuls pendant qu'on entendait
des cris "ça va sur le réacteur", "ça
va sur le réacteur". La direction
de la centrale et la société Hifrensa ont démenti
ces informations, et on parle de sanctionner l'auteur de ces paroles.
El Pais, 27/10/89:
Le Conseil de Sûreté nucléaire,
CSN, a déclaré dans un communiqué le 26/10/89
que l'accident du 19 octobre peut être considéré
comme "l'événement le plus grave jamais survenu
dans une centrale nucléaire espagnole". Un court-circuit
s'est encore produit le 26 (dans un autre réacteur de Vandellos,
mais n'a pas provoqué d'incendie). Un turbogénérateur
principal a été détruit le 19, et le problème
majeur portait sur le refroidissement du réacteur, qui
n'était pas direct ement concerné par l'incendie.
L'article signale quelques déclarations d'un porte-parole
de WISE.
(voir aussi AFP du 24/10/89 qui rapporte qu'une enquête
a été ouverte en raison du retard avec lequel l'accident
a été annoncé aux autorités compétentes,
et que la société propriétaire de la centrale,
l'Hispano Francesa de Energia
Nuclear, est pour 25 % propriété d'EDF. Selon un communiqué de WISE, World Information
Service on Energie, l'accident de Vandellos 1 est le plus important
depuis celui de Tchernobyl).