Dernières Nouvelles d'Alsace, 08/08/2004
Après un trajet en bus de plus de 1
000 km et 12 heures d'attente à la frontière ukrainienne,
les enfants de Tchernobyl ont dû regagner leur foyer (lire
notre édition du 07/08).
Pas de vacances en France pour les enfants de Tchernobyl. La nouvelle
est tombée comme un coup de massue vendredi : les 71 enfants
ukrainiens qui devaient arriver ce week-end dans le Haut-Rhin
pour passer le mois d'août dans des familles d'accueil étaient
bloqués à la frontière. Motif : un nouveau
décret présidentiel, pris deux jours avant, durcit
les conditions de sortie du territoire des enfants mineurs. Il
stipule que tout départ doit être accompagné
de l'autorisation des parents, dûment signée et authentifiée
par un notaire. Mission impossible pour la plupart des enfants
qui habitent souvent dans des coins reculés du pays.
Préjudice
L'association « Les enfants de Tchernobyl
» prend généralement en charge tous les aspects
administratifs du voyage, mais « les préparatifs
normaux pour une telle entreprise prennent déjà
six mois », désespère Thierry Meyer, président
de l'association. « Les enfants sont restés bloqués
jusqu'à 19 h 15 vendredi soir, puis ils sont rentrés
à Kiev à 6 h le lendemain. Et nous avons appris
quelques heures plus tard que des bus d'autres associations, en
partance pour d'autres pays européens, étaient également
bloqués à la frontière. Nous avons dû
tout annuler pour le mois d'août. »
Si la déception est grande pour les enfants, elle l'est
aussi pour les familles, les membres de l'association et les bénévoles
qui auront oeuvré des mois durant pour préparer
ces vacances. D'importants frais étaient déjà
engagés. Les bus, par exemple, étaient déjà
loués et payés. L'association évalue les
premières pertes à plus de 12 000 euros. Des pertes
très importantes, puisqu'elle se finance essentiellement
lors de l'opération « 10 000 oeufs pour les enfants
de Tchernobyl », manifestation parrainée par les
DNA.
Décret fantôme
Ce qui met le plus en colère Thierry Meyer, c'est ce fameux décret dont personne encore n'a vu la moindre ligne. Ni le consul d'Ukraine à Paris, ni l'ambassadeur de France en Ukraine. « Cela fait 15 ans que nous travaillons dans ce pays. Nous avons tout essayé, ni la négociation ni les petits "cadeaux" habituels n'ont porté leurs fruits, preuve que la décision vient de très haut ». Le président sort tout juste d'un conseil d'administration fleuve qui aura duré plus de cinq heures. « Nous allons commencer par demander une audience à l'ambassadeur ukrainien. S'ils ne veulent plus de notre aide, qu'ils nous le disent. Nous allons les mettre devant leurs contradictions. » Les membres de l'association sont indignés, mais pas résignés. « Nous allons nous battre pour ces gosses ! »
Olivier Blaszczyk