Le Parisien, 18/7/2009: 

Quand EDF combat les économies d'énergie

Voltalis, un fabricant de boîtiers destinés à économiser l'électricité, vient d'être condamné à verser une taxe à EDF, qui s'estime lésée par cette technologie. Au grand dam des usagers.

Une décision « injuste et partiale ». Voilà comment Pierre Bivas, PDG de Voltalis, opérateur énergétique spécialisé dans la gestion de l'énergie pour les entreprises et les particuliers, qualifie la décision de la Commission de régulation de l'énergie (CRE). Selon nos informations, celle-ci vient de donner raison à EDF qui réclamait une « taxe » pour compenser le manque à gagner résultant des économies d'énergie réalisées par les clients de Voltalis.

Cette entreprise, créée en 2007, a en effet mis au point un boîtier qui se fixe entre le compteur EDF et le tableau électrique et permet de réaliser des économies d'énergie, déclenchées en temps réel par Internet, en stoppant par exemple le chauffage ou la climatisation. Des économies d'énergie qui allègent la facture des clients, au détriment d'EDF.
Le fournisseur d'électricité demandait ainsi « une rémunération de l'énergie effacée » par Voltalis. « Ceci signifie que, si un ensemble de clients d'EDF acceptent de réduire leur consommation, EDF exige d'être payé comme s'ils avaient consommé ! » précise Pierre Bivas. Cette taxe serait de l'ordre de 70 à 80 % des revenus de Voltalis, autant dire une ponction qui pourrait se révéler fatale pour l'entreprise. Les autres fournisseurs d'énergie (Poweo, Direct Energie) se sont joints à EDF tout en réclamant une taxe d'un montant bien inférieur.

Une décision surprenante

Pierre Bivas estime qu'EDF cherche à freiner la généralisation de ce système car elle ne possède pas encore la technologie pour la développer elle-même. S'il ne s'étonne pas du lobbying effectué par l'opérateur historique, il regrette que la CRE s'en soit fait l'intermédiaire. « C'est une décision contraire à la mission de la CRE de servir les intérêts du consommateur, contraire au Grenelle de l'environnement et contraire aux lois du marché car elle constitue une entrave à la concurrence », s'indigne Pierre Bivas.
Une décision d'autant plus surprenante que le 18 juin, la Ferc, l'équivalent américain de la CRE, encourageait au développement d'un système analogue qui permettrait d'économiser 20 % de l'énergie électrique consommée aux heures de pointe. Pierre Bivas ne compte toutefois pas en rester là : « Voltalis se réserve la possibilité de recourir à toutes les voies de droit pour faire rétablir la prééminence des consommateurs sur l'intérêt des fournisseurs, et au-delà de l'intérêt général comme de la protection de notre planète, tous menacés par cette décision. » Contactée hier, EDF n'a pas souhaité faire de commentaire.

 


EDF va être indemnisé pour les économies d'énergie réalisées par ses clients

18/07/2009 - L'opérateur Voltalis, qui commercialise des boîtiers permettant de réduire la consommation d'électricité, va devoir verser une indemnisation à EDF pour compenser le manque à gagner, a-t-on appris samedi auprès du fabricant, confirmant une information du Parisien. Selon une délibération de la Commission de régulation de l'énergie (CRE) datée du 9 juillet et qui vient d'être publiée, la loi impose que Voltalis rémunère les fournisseurs "pour l'énergie injectée mais non consommée par ses clients".

Les fournisseurs alternatifs d'électricité (Direct Energie, GDF Suez, Poweo...) se sont joints à la requête d'EDF, mais "les clients concernés sont majoritairement chez EDF", a indiqué Pierre Bivas, PDG de Voltalis. Le niveau de cette "taxe", qui "devrait entrer en vigueur d'ici un an au plus tard" selon lui, n'a pas encore été fixée.

"Cette décision est contraire à l'intérêt du consommateur et constitue une entrave à la concurrence", s'est insurgé M. Bivas qui se réserve donc "la possibilité de recourir à toutes les voies de droit" pour la contester. Fondé en 2007, Voltalis commercialise un boîtier qui s'installe sur le circuit électrique et permet de "moduler au cours du temps et ainsi d'optimiser la consommation de certains équipements électriques (radiateurs, ballons d'eau chaude, climatiseurs...)".

Selon le groupe, ce système se traduit par une diminution de la consommation annuelle d'électricité "jusqu'à 5 à 10%". De son côté, EDF n'a pas souhaité "commenter une décision de la CRE qui est une autorité souveraine et indépendante", a déclaré une porte-parole. "Des expérimentations sont déployées pour vérifier l'efficience du dispositif de Voltalis et EDF rappelle que l'entreprise est résolument engagée en faveur de la maîtrise d'énergie auprès de ses clients", a-t-elle ajouté.