NouvelObs, jeudi 13 octobre 2005:

Des « écolos » aux atomes crochus...

Bruno Comby n'en démord pas : le nucléaire est l'avenir de l'écologie ! Il fallait un polytechnicien pour trouver ça. Il l'est. Du genre dynamique : il a créé l'Association des Ecologistes pour le Nucléaire, défend ses idées dans un livre préfacé par James Lovelock (1), l'inventeur de l'« hypothèse Gaïa », et affectionne les formules chocs : « Les déchets? On fait d'une petite souris une grosse montagne! »«Je suis prêt à échanger l'élimination des nitrates dus aux engrais chimiques contre un stockage géologique dans mon jardin! » Cet ancien administrateur du Comité national contre le Tabagisme proclame que «le plutonium n'est pas plus dangereux que la nicotine...». On ne fabrique pas encore de bombe à la nicotine, si ?
Plus nuancé, Jean-Yves Guézénec, secrétaire du Mouvement national de Lutte pour l'Environnement, lutte pour la bonne cause : «Notre position découle du fait que nous estimons que l'énergie nucléaire est absolument nécessaire, dit-il. On peut estimer que l'énergie de fission sera utilisée pendant un millénaire.» Hervé Nifenecker, de l'association Sauvons le Climat, soutient des positions voisines : le nucléaire et une bonne gestion des déchets préservent la planète, plus menacée par les gaz des avions à réaction que par les radiations.
Les représentants des trois associations ont organisé une conférence de presse à Bar-le-Duc le 26 septembre avec la SFEN, la Société française de l'Energie nucléaire, qui n'a rien d'écolo : elle se contente de promouvoir la cause de l'atome. Son représentant, Francis Sorin, déplore «le discours outrancier des anti-nucléaires, qui ne fait qu'alimenter la peur». Et ces pro-nucléaires qui se servent de l'écologie pour faire du lobbying, n'exagèrent-ils pas, eux aussi ?

(1) « Le Nucléaire, avenir de l'écologie ? », Editions TNR.

Michel de Pracontal