Les Echos, 30/12/2005: 

EDF : l'opération de capitalisme populaire tourne au fiasco

Entre EDF et la Bourse, le courant n'est pas passé. Dès le début, son introduction en Bourse était mal engagée. Selon des professionnels, Bercy aurait voulu gagner quinze jours sur la procédure de mise en Bourse, ce qui n'aurait pas permis d'évaluer correctement le prix de souscription jugé acceptable par les investisseurs. Résultat : à 32 euros pour les particuliers (33 euros pour les investisseurs institutionnels), le prix retenu a été jugé trop élevé et les investisseurs institutionnels ont rechigné à souscrire.
Bercy a donc poussé ses feux du côté des particuliers. Cinq millions de Français ont souscrit, un nombre record qui a permis de célébrer le caractère de « capitalisme populaire » de l'opération. Mais l'action, trop chère, n'a dépassé son prix de souscription de 32 euros que quelques heures lors de la première séance de cotation avant de perdre 3 % le lendemain pour s'établir à 31 euros. Et encore les banques introductrices ont-elles soutenu à bout de bras le cours du titre par des achats durant les trois premiers jours de cotation... Au final, l'action n'a retrouvé un cours légèrement supérieur à 32 euros qu'à partir du 8 décembre et s'y cramponne.
Malgré son entrée dans le CAC 40 le 19 décembre, elle finit l'année sur une progression inférieure à 1 %. Le fiasco est acté, sur fond de suspicions : l'Autorité des marchés financiers a ouvert une enquête, des petits porteurs s'étant plaints de vente forcée par leur banque après avoir été facturés pour des actions EDF qu'ils ne voulaient pas acheter. Aujourd'hui, les plus optimistes reportent leurs espoirs sur le moyen terme, à l'instar du courtier Lehman Brothers qui a initié fin décembre le suivi du titre avec un objectif de cours de 38 euros d'ici à un an.