Le Progrès de Lyon, 18/7/2009:

Déchets nucléaires à Saint-Vulbas: Où en est le chantier ?

Les travaux préparatoires relatifs à l'entreposage de déchets nucléaires se poursuivent sur le site de la centrale nucléaire du Bugey. Un essai de forage aura lieu lundi prochain

Il fait dresser les cheveux des anti-nucléaires dont ceux de Stephane Lhomme, porte-parole de l'association «Sortir du nucléaire». "Il", c'est le projet Iceda, une installation de conditionnement et d'entreposage de déchets issus des neuf réacteurs EDF en cours de déconstruction. La mise en service de ces bâtiments est prévue en 2013. Mais depuis l'enquête publique en 2006, les essais se poursuivent sur le chantier installé à plusieurs centaines de mètres au sud de la centrale.

L'instruction du dossier sous la surveillance de l'ASN (Autorité de sûreté nucléaire) devrait mener jusquau décret d'autorisation attendu fin mars-début avril 2010, qui sera signé par l'exécutif. Pour l'instant, c'est l'arrivée d'une foreuse de 18 mètres de hauteur qui retient l'attention des responsables. Elle sera mise en service dès lundi pour deux jours d'essai nécessaires afin de valider des derniers paramètres techniques.

Si le résultat s'avère positif, l'étape suivante consistera à réaliser des inclusions définitives à la rentrée. Trois cents colonnes de bêton armé de 35 à 55 mètres de long qui viendront soutenir les futurs bâtiments. Un « champ de colonnes » comme le définit Martin Ray, ingénieur génie-civil, qui sera recouvert par la suite d'un matelas d'alluvions qui attend sagement à quelques mètres du chantier. « Il n'y a pas de caractère innovant dans cette technique, la longueur des inclusions n'est pas non plus exceptionnelles » souligne Thierry le Courtois, chef du projet Iceda. « Mais comme tout chantier, le forage peut provoquer des nuisances sonores pour la population alentour. C'est pourquoi nous interviendrons dans des horaires acceptables, huit fois 10 à 15 minutes par jour ».

A terme, une vingtaine de personnes travaillera sur ce site de 8 000 m2. Les déchets seront acheminés par camion et par train sur une voie ferrée privative de 200 mètres de long raccordée aux installations du CNPE du Bugey. Les colis constitués de 2 mètres cube de béton contiendront 500 kilos à deux tonnes de déchets. « La haute technicité minimisera la chute de colis » précise Thierry le Courtois. « Il y aura intervention humaine dans la manipulation et de la téléopération avec du personnel installé derrière des hublots ou des parois en béton ».

L'entreposage se faisant par convoyeur avec un système de pinces, les risques seraient d'après les techniciens quasiment nuls. Mais comment rassurer des riverains dont certains avaient signé une pétition en 2006 contre l'implantation d'un tel bâtiment. « Nous faisons des réunions publiques, nous tenons des commisions locales d'information, pour répondreà leurs attentes en matière d'information ». Une population qui aura le temps de s'habituer à Iceda. Sa durée de vie peut aller jusqu'à 50 ans.

 


Le Progrès de Lyon, 19/2/2009: 

Déchets nucléaires: EDF invitée à revoir la copie d'Iceda

L'autorité de sûreté nucléaire estime qu'elle ne dispose pas de tous les éléments lui permettant de donner son accord à la création d'Iceda, sur le site du Bugey à Saint-Vulbas

Dans une première analyse du dossier de création d'une installation de conditionnement et d'entreposage de déchets activés (Iceda) sur le site du Bugey à Saint-Vulbas, transmis par EDF, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) estimait que les dispositions retenues par l'exploitant pour maîtriser les risques paraissaient « convenables ». Sous réserve, indiquait cependant le rapport, qu'une « justification du système de fondations des bâtiments soit apportée en préalable à la création de l'installation ». Et que des compléments d'information soient apportés par EDF concernant « la faisabilité des colis contenant les déchets les plus actifs »
Trois mois plus tard, l'autorité de sûreté nucléaire considère qu'elle ne dispose toujours pas de tous les éléments lui permettant de donner son accord à la création de cette installation.
Elle estime notamment nécessaire qu'une étude approfondie soit menée concernant le risque d'incendie sur le site. Et ce d'ici un mois. S'agissant ensuite des colis par cimentation des déchets « dont l'activité sera nettement supérieure à celle des déchets actuellement cimentés dans d'autres installations », qui seront produits dans l'installation Iceda, l'ASN considère comme « très insuffisants » les essais de fabrication de colis qui ont été réalisés par EDF. En l'occurrence un seul essai, qui ne suffit pas à « montrer que les risques d'altération sont maîtrisés ». C'est-à-dire, les risques de fuites radioactives. EDF est donc invitée à poursuivre ses essais.
Enfin, l'ASN émet des doutes quant à « la solution de renforcement de sol » choisie par l'exploitant. « EDF doit justifier le modèle d'interaction sol-structure retenu », indique le directeur de l'ASN, Jean-Christophe Niel, dans le courrier qu'il vient d'adresser à EDF. Qui a jusqu'au 31 mai prochain pour fournir un dossier de justification du comportement des bâtiments et du sol « tant en statique qu'en cas de séisme. » Pour espérer obtenir son autorisation à créer Iceda.
Le courrier de l'autorité de sûreté nucléaire sonne comme un rappel à l'ordre. Par ailleurs de nature à apporter de l'eau au moulin de l'association « Sortir du nucléaire », qui dénonce, depuis l'origine, une installation à risques pour la population.
La direction de la centrale du Bugey, qui pilote le projet, aurait-elle fait preuve de légèreté dans la conduite du dossier ? Elle indique que son instruction, de même que les essais réclamés par l'ASN sont toujours en cours, qu'elle a engagé «un dossier complémentaire de justification du comportement des bâtiments et du sol », comme démandé par l'ASN, et retient que « les risques associés à l'exploitation de l'installation sont globalement satisfaisants ».

Iceda, ici et puis là

Trois bâtiments nucléaires principaux doivent composer l'installation d'Iceda (Installation de conditionnement et d'entreposage de déchets activés).
La structure doit en effet comprendre un hall de réception des emballages de transport de déchets et d'expédition des colis, un bâtiment de traitement (conditionnement) des déchets et un bâtiment d'entreposage des colis. Ce dernier sera constitué de deux halls d'une capacité de 1 000 colis chacun. Un de ces halls sera temporairement utilisé comme entreposage tampon de conteneurs de déchets à faible ou moyenne activité à vie courte, et de colis de déchets de « graphite » irradié, issus du démantèlement des neuf réacteurs réacteurs « graphite-gaz » de Bugey 1.
[Les 9 réacteurs de l'ensemble de la filière dite "UNGG" (uranium naturel-graphite-gaz)] Car en 2025, les déchets devront être transférés vers un centre de stockage, définitif celui-ci.

 


Le Progrès de Lyon, 26/11/2008: 

Centrale du Bugey: le chantier de démantèlement redémarre

Un décret du 20 novembre vient rappeler qu'à l'issue du processus d'instruction réglementaire démarré en 2005, il autorise EDF à achever les opérations de mise à l'arrêt définitif du réacteur Bugey 1. Il permet également à EDF de procéder à son démantèlement complet. La première phase de travaux de mise à l'arrêt définitif, démarrée en 1997, s'était achevée fin 2005. Pour poursuivre le chantier, une demande d'autorisation de démantèlement avait été déposée en 2005 auprès de l'Autorité de sûreté nucléaire, et une enquête publique menée en 2006. La parution de ce décret permettra d'abord de poursuivre les travaux préparatoires à la déconstruction du caisson réacteur. La phase de démantèlement du caisson lui-même sera ensuite engagée avec son ouverture de la partie supérieure et le démantèlement sous eau des équipements situés à l'intérieur. Le décret fixe un délai de 16 ans et une réhabilitation du site prévue pour s'achever à l'horizon 2025. Rappelons que le site de Saint-Vulbas doit accueillir en 2012 Iceda, un bâtiment où seront entreposés des déchets radioactifs issus du démantèlement de neuf centrales dont Bugey1. Il est prévu que ces déchets soient acheminés en 2025 sur un centre de stockage définitif. Le réseau «Sortir du nucléaire» dénonce depuis plusieurs années ce chantier sur le site.

 


Le Progrès, 26/9/2008: 

Centrale nucléaire du Bugey: les inquiétudes des experts

Un rapport de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) publié hier s'inquiète d'une pollution des sols et de la nappe phréatique autour de plusieurs centrales nucléaires, dont celle du Bugey

Des déchets radioactifs datant des années cinquante et soixante sont à l'origine de contamination du sous-sol et parfois des nappes phréatiques, indique un rapport de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), mis en ligne hier. En cause, des conditions d'entreposage « ne présentant pas un confinement des matières suffisant ». Parmi les sites concernés, pour la plupart les premiers réacteurs nucléaires français, apparaît la centrale du Bugey.

Le rapport identifie la zone dite de « la butte » au sud du site : soit un million de m3 de déblais naturels divers auxquels s'ajoutent « quelques déchets non radioactifs provenant de la construction des différentes tranches, des aéroréfrigérants, des stations de pompage » et des résines des déminéralisateurs amenées entre 1978 et 1982. Mais les analyses radiologiques menées sur les eaux souterraines « ne relèvent rien d'anormal ». Un autre entreposage, proche du réacteur Bugey 1 qui doit être déconstruit, « a été vidé et n'est plus utilisé ».

Existe-t-il alors un risque sanitaire pour la population vivant aux abords de la centrale ? Selon l'IRSN « le Rhône constitue la principale cible d'une pollution éventuelle. De nombreux captages d'eau potables existent le long du Rhône à l'aval du site, soit dans la nappe alluviale, soit directement dans le Rhône ».

Hier soir, Jacques Munier, le directeur de la centrale attendait d'avoir vu le rapport. Mais la préfecture de l'Ain se voulait rassurante indiquant que l'Etat multiplie les contrôles sous l'égide de la Drire. Des contrôles dits « de prévention de la pollution et des risques » à travers l'instruction des demandes d'autorisation d'installations classées (appréciation des modifications apportées par les exploitants à leurs installations, examen d'analyses ou d'études imposées à ces derniers (études de dangers, études de sols, études technico-économiques de gestion de l'eau, etc.) Et des contrôles des installations, directs lors d'inspections sur site ou de contrôles inopinés, ou indirects lors de l'examen de résultats de mesures de rejets polluants à l'émission, des bilans de fonctionnement décennaux consistant en la réactualisation périodique de l'étude d'impact des installations.

Plus de contrôles souhaités. Le code de la santé publique impose aussi aux distributeurs d'eau potable un contrôle annuel de la qualité radiologique de leur eau. Et la centrale du Bugey réalise ses propres analyses de l'eau prélevée dans des puits du site. Elle mesure le tritium et l'ensemble des rayonnements bêta. Les chiffres publiés mensuellement étant inférieurs au seuils réglementaires.

Pas de quoi s'affoler donc ? Voire. « Si les dispositions prises pour la surveillance des nappes phréatiques sous les sites nucléaires sont globalement satisfaisantes, indique le rapport de l'IRSN, une « amélioration de la connaissance de l'hydrogéologie aux abords des sites » est souhaitable. « Aucun bilan national de la qualité radiologique des eaux de consommation n'est disponible » déplore d'ailleurs l'IRSN.

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Criirad : «Il serait temps de réagir»

Le rapport de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) fait, entre autres, état d'une « contamination de la nappe par du tritium observée localement en 1984 » entre la centrale du Bugey et le Rhône. Une contamination qui aurait pour origine des fuites de tuyauteries, qui ont donc été traitées. C'était il y a 24 ans

« Si une telle contamination a été constatée, il devrait y avoir des sanctions. Il serait tout de même temps de réagir », affirme Roland Desbordes, président de la Criirad (Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité) « Et puis, je ne comprends pas qu'il y ait autant de tuyaux percés dans des industries censées être à la pointe de la technologie »

Concernant les sites d'entreposages des déchets, le rapport de l'IRSN précise qu'ils « ne présentent pas un confinement suffisant et sont à l'origine de contaminations du sous-sol proche, voire des nappes phréatiques sous-jacentes ».

Rien de surprenant aux yeux de la Criirad, de son président et de son vice-président Romain Chazel. « Quand j'ai appris l'existence du rapport, ça m'a fait rigoler, lance ce dernier. Ça fait des mois qu'on avait dit aux autorités de faire attention à ces buttes d'entreposage. Jusqu'à présent, rien n'avait été fait. Il était temps ». Et de noter : « Lorsque l'IRSN met en ligne un rapport de 200 pages qui est incompréhensible au commun des mortels, on peut s'interroger sur ce qu'on entend par transparence ».

NOTE : La Criirad tient à préciser qu'elle n'a pas pris connaissance de l'intégralité du rapport et que ces premières réactions n'ont été recueillies que sur la base de brèves informations

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L'IRSN, un institut sous tutelle

Créé en 2002, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, auteur du rapport, est un établissement public à caractère industriel et commercial placé sous la tutelle conjointe du ministère de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement durable et de l'Aménagement du territoire, du ministère de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi, du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, du ministère de la Défense et du ministère de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative.
Il rassemble près de 1 600 salariés parmi lesquels de nombreux spécialistes, ingénieurs, chercheurs, médecins, agronomes, vétérinaires et techniciens, experts compétents en sûreté nucléaire et en radioprotection ainsi que dans le domaine du contrôle des matières nucléaires sensibles.
L'IRSN est l'expert public en matière de recherche et d'expertise sur les risques nucléaires et radiologiques. Les opposants au nucléaire lui reprochent régulièrement son manque d'indépendance.

 


Le Dauphiné Libéré, 7/5/2008: 

Déchets radioactifs: EDF a choisi le Bugey

La centrale nucléaire du Bugey, située sur le bord du Rhône, regroupe quatre unités de production d'électricité et une unité en cours de déconstruction, comme prévu au programme entrepris par EDF en 2001. Également concernées par ce plan de déconstruction: sept autres tranches nucléaires dites de "première génération", ainsi que le réacteur de Creys-Malville (Isère).

Une installation de conditionnement et d'entreposage. "En conformité avec ce programme de déconstruction, EDF a pour projet de construire une installation provisoire permettant de conditionner et d'entreposer des déchets nucléaires (moyenne activité à vie longue) issus de ces 9 réacteurs en déconstruction, ainsi que certains déchets de même nature provenant des réacteurs en exploitation", explique Jacques Munier, directeur de la centrale du Bugey.

Une solution intermédiaire en attendant que ces déchets soient évacués vers le centre de stockage définitif de l'Andra (Agence Nationale pour la gestion des Déchets radioactifs) prévu dans la loi-programme sur la gestion des matières et déchets radioactifs à l'horizon 2025. Cette solution s'appelle Iceda, soit "Installation de conditionnement et d'entreposage de déchets activés". Un projet programmé sur le site du Bugey. Globalement, le chantier de construction d'Iceda est chiffré à quelques dizaines de millions d'euros. Il devrait débuter en 2008 pour une durée de 3 ou 4 ans.

Afin d'effectuer des essais précis sur le comportement des sous-sols de la zone susceptible d'accueillir le bâtiment Iceda et affiner les calculs, un chantier de mesures et de forage se déroule sur le site jusqu'en juin. Il s'agit de tester, en grandeur nature sur une superficie de 100 m?, les fondations profondes du futur bâtiment. Actuellement sont réalisés des forages dans lesquels sont coulées des colonnes cylindriques de 45 mètres de long en béton armé (inclusions rigides).

Des essais sur le comportement des sous-sols. La prochaine étape sera la construction de deux dalles béton, sur lesquelles des essais vibratoires seront réalisés pendant une quinzaine de jours. Ensuite, place aux tests de tassement, effectués en chargeant les dalles de tonnes de terre amenées par camions depuis une parcelle, propriété d'EDF située à proximité du futur chantier. Le lancement de la construction d'Iceda reste conditionné à l'obtention du décret d'autorisation de création et que le projet a fait l'objet d'une enquête publique durant l'été 2006.

Pourquoi ce site ? Pourquoi EDF a-t-elle choisi le site du Bugey pour cette installation et dans quel contexte ? La centrale du Bugey regroupe quatre unités de production d'électricité et une unité en cours de déconstruction. Pour le transport de ces déchets, le rail a eu la préférence d'EDF, le site de Bugey dispose d'une entrée ferroviaire. Enfin, il fallait un site de production possédant suffisamment de foncier pour ne pas que cela gêne la construction d'autres moyens de production. C'est également le cas du Bugey.

 

REPÈRES

L'instruction
Depuis l'enquête publique de l'été 2006, le processus réglementaire du projet d'implantation d'Icéda suit son cours. Le dossier a été examiné en mars 2007 par l'Autorité de sûreté nucléaire, qui a demandé à EDF des compléments d'analyse et diverses précisions (notamment sur les fondations du bâtiment) pour poursuivre l'instruction visant à délivrer le décret d'autorisation de création.

Le calendrier
2005: Décision d'EDF d'implanter une Iceda (Installation de conditionnement et d'entreposage de déchets activés) à Saint-Vulbas.
2006: Enquête publique.
2008: L'instruction du dossier se pousuit.
2009:
Probable parution du décret d'autorisation de création. Début des travaux de construction de l'Iceda qui, prévus sur 3 ans, devraient générer 200 à 300 emplois.
2012: Mise en service.
2020-25: Fin de la déconstruction de Bugey 1 et des autres réacteurs "première génération".

La déconstruction des centrales
En 2001, EDF décide de déconstruire ses neuf réacteurs définitivement mis à l'arrêt: un à Brennilis (Finistère), trois à Chinon, deux à Saint-Laurent (Touraine), un à Chooz (Meuse), et ceux de Bugey 1 (Ain) et de Creys-Malville (Isère). Pour ce faire, EDF s'engage en octobre 2005 à respecter un délai de 25 ans.

 


Dauphiné Libéré, 27/4/2008: 

ICEDA - Trois mois de tests avant sa construction

La construction de l'installation de conditionnement et d'entreposage de déchets activés (Iceda) est prévue pour 2009 sur le site de la Centrale nucléaire du Bugey, à Lagnieu. Avant d'ériger le bâtiment censé abriter 500 tonnes de déchets radioactifs issus du démantèlement de neuf réacteurs dont Bugey 1, des essais sont nécessaires pour tester le comportement des sous-sols de la zone qui accueillera Iceda. Depuis une dizaine de jours et jusqu'en juin, un chantier est en cours pour construire deux plates-formes et ensuite procéder aux essais. L'une d'elles sera soutenue par neuf colonnes en béton armé, planté à 43 mètres de profondeur. Les résultats des tests vibratoires et de tassement de chacune des plates-formes seront ensuite comparés. Une zone de 100m2 est dévolue à ce chantier complexe, étape incontournable pour obtenir, courant 2009, le décret d'autorisation de construction qui lancera les travaux d'Iceda, dont la mise en service est annoncée pour 2012.

 


Lyon Capitale, 30/08/2005: 

Les déchets français les plus radioactifs pourraient débarquer dans le Bugey

Nucléaire. Un centre d'entreposage des déchets radioactifs est prévu en Rhône-Alpes. Topo sur l'un des plus importants projets nucléaires français de ces prochaines années qui reste encore très discret.

Et si Rhône-Alpes devenait l'une des poubelles radioactives les plus nocives de France ? La question peut se poser à la lecture du dossier que déposera EDF, dans le courant du mois de septembre, à la direction générale de la sûreté nucléaire et de la radioprotection (DGSNR*)

Le fournisseur d'éléctricité français, propriétaire des dix-neuf centrales nucléaires françaises, a décidé, selon nos informations, de construire, dans le Bugey, un site d'entreposage des déchets radioactifs dits à moyenne activité et à longue durée de vie. Autrement dit, les déchets nucléaires parmi les plus inquiétants. Concrètement, EDF s'apprête à démanteler une partie de ses centrales nucléaires, pour la plupart vieillissantes et, dont certaines sont carrément en fin de vie. Or, les déchets les plus dangereux - les pièces métalliques issues du coeur même du réacteur - ne peuvent être entreposées sur aucun site de stockage français existant. Il s'agit donc pour EDF de trouver une solution.

Et c'est le site du Bugey qui semble le mieux adapté. Selon Michel Uhart, directeur de la centrale de l'Ain, le site vient d'être retenu par EDF car "le réacteur 1 du Bugey sera le premier des neuf réacteurs français à être démantelé". En réalité, le Bugey a été choisi pour deux autres raisons : c'est l'un des rares sites en France à encore disposer de terrains libres suffisants, en plus d'être relié à un important réseau de voies ferrées, solution a priori plus sécurisante que la route pour le transport des matières nucléaires.

Résultat, à l'horizon 2011, un hangar de 130 mètres de long par 80 mètres de large et 20 mètres de haut, entièrement bétonné, devrait sortir de terre au sud de la centrale du Bugey. C'est ici que seront entreposées quelques 2 000 tonnes de structures en métal des centrales nucléaires françaises. Ces pièces métalliques radioactives seront enfermées dans des fûts métalliques, eux-mêmes placés dans des coques en béton de vingt centimètres d'épaisseur, elles-mêmes coulées dans du béton, pour être bien sûr.

Ce qui n'empêchera pas d'atteindre un niveau de radioactivité, pour chaque pièce, de l'ordre du million, voire du milliard de becquerels par gramme. "Avant que la radioactivité ne redevienne à son niveau naturel, explique Roland Desbordes, président du laboratoire indépendant de la Criirad, à Valence, il faudra attendre des centaines d'années voire des millions d'années pour certaines déchets étant donné que les déchets à longue durée de vie perdent la moitié de leur radioactivité tous les 30 ans" .

Un site définitif ?
La gestion des déchets radioactifs reste en effet la problématique numéro un du nucléaire. Or, les futurs déchets du Bugey, à vie longue, ne peuvent être stockées en surface que temporairement. Sur le papier, EDF prévoit un stockage d'une quarantaine d'années. Mais les déchets ne seront-ils pas entreposés plus longtemps ? Un débat public national sur le sujet est prévu à partir du 12 septembre. Mais, selon les propos, début juillet, de Christian Bataille - auteur de la loi du même nom sur les déchets radioactifs - il ne concernera que les déchets "présentant la double spécificité haute activité et à longue durée de vie". Autrement dit, nada pour les déchets du Bugey ! En conclusion, la région la plus nucléarisée de France va accueillir des déchets, parmi les plus radioactifs de l'hexagone, dont on ne sait ce qu'ils deviendront à long terme.

* la DGSNR élabore et met en oeuvre la politique du gouvernement dans le domaine du nucléaire.

Guillaume Lamy


Encadré

Vers un débat public ?
Entre la procédure d'autoprisation de création du site d'entreposage et celle de mise enservice, il faut compter, en moyenne, trois ans de discussions. Le dossier d'EDF devra passer par la direction générale de la sûreté nucléaire et de la radioprotection, des experts indépendants et les ministres concernés. Souhaitons que le débat public se saissise de cette question et que politiques et citoyens débattent sur ce dossier capital pour Rhône-Alpes.

Encadré + carte
Les déchets radioactifs en France
Il existe 4 sites principaux de stockage des déchets radioactifs en France. Tous ces sites sont temporaires, avant de trouver une solution pour un stockage définitif.

- L'usine de retraitement de la Hague
Type de déchets : haute et moyenne activité à longue durée de vie (HAMA-VL).
Capacité : 12 420 conteneurs ( Un conteneur mesurant 1,50 m de haut pour 60 cm de diamètre.). Stockage actuel : 8073 conteneurs. Particularités : accueille aussi les déchets étrangers. Surveillé par des lance-missiles.

- Le centre de stockage de la Manche
Type de déchets : faible et moyenne activité et à vie courte (FMA-VC) Capacité : 527 000 m3. Stockage actuel : Saturé. Fermé en 1994.

- Le centre de stockage de Morvilliers
Type de déchets : très faible activité (TFA). Capacité : 650 000 m3. Stockage actuel : 15 000 m3.

- Le centre de stockage de Soulaines
Type de déchets : faible et moyenne activité et à vie courte (FMA-VC). Capacité : 1 000 000 m3. Stockage actuel : 136 562 m3 (au 31/12/2002).