La Dépêche du Midi, 9/2/2009: 

Narbonne: 240 millions d'euros pour l'usine Comurhex

Le site de la Malvési, spécialisé dans la conversion de l'uranium, lance des grands travaux. Les entreprises locales sont invitées à y prendre part.

En pleine crise économique et plus particulièrement du bâtiment, voilà une nouvelle qui devrait en ravir plus d'un. D'ici à 2012, la société pour la Conversion métal, uranium et hexafluorure (Comurhex) de Malvési, verra son outil industriel entièrement renouvelé pour un montant de 240 millions d'euros.

« En pleine crise, nous espérons contribuer au dynamisme du tissu économique local, explique Laurent Azéma, coordinateur des achats pour le groupe Areva. Nous avons présenté aux entreprises locales les différents secteurs d'activités qui pourront nous intéresser ».

Et vu le projet audacieux soumis par le groupe Areva -maison mère de la société Comurhex- de nombreux secteurs de l'entreprenariat devraient être concernés par ces grands travaux. « Toutes les disciplines du bâtiment et travaux publics devraient être présentes. Cela passe du génie civil, aux équipements et procédés, en passant par la chaudronnerie, la tuyauterie et enfin l'électricité où il y aura fort à faire ».

L'année 2009 va alors être l'année des appels d'offres et de la réception des candidatures. Par l'intermédiaire du partenariat préexistant avec la chambre de commerce et de l'industrie (CCI) de Narbonne, un catalogue des besoins va être présenté aux entreprises locales afin qu'elles puissent se positionner. « Pour pouvoir répondre à certains appels d'offres, la CCI va même proposer à des petites entreprises de former des conglomérats ».

Une fois cette première étape effectuée et l'autorisation d'urbanisme obtenue (notamment après étude d'impact), les travaux devraient débuter à la rentrée 2010. L'usine de la Comurhex est située sur deux sites : Malvési et Pierrelatte. Le site de Malvési, situé à Narbonne, a été construit en 1959. Son rôle ? Réceptionner le minérai d'uranium dans son état naturel et lui faire subir les premières modifications chimiques en vue d'une utilisation nucléaire. « L'ultime étape de la modification se passe sur notre site de Pierrelatte », précise le professionnel.

Ces premiers grands travaux depuis cinquante ans font suite à une mise en sécurité des bassins en 2006. De nombreuses installations vont bénéficier de rénovations importantes afin de respecter les nouvelles normes en matière environnementale. « Les entreprises locales vont également être amenées à intervenir dans le cadre de la construction de 2 500 m2 de nouveaux bâtiments ». Et c'est bien connu : quand le bâtiment va, tout va !


Uranium: radioactivité "non négligeable" près d'une usine à Narbonne

22/09/2006 - L'usine de traitement d'uranium de Narbonne, la Comurhex (groupe Areva), émet des rayonnements autour de son site "à un niveau d'impact sanitaire non négligeable", a indiqué vendredi à la presse un expert venu faire des relevés à la demande de riverains du site.

L'ingénieur de la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), dont le laboratoire est agréé, a relevé des champs radioactifs en excès "au moins sur une bande de 400 mètres de long sur 300 mètres de profondeur" le long d'un chemin longeant les grillages du site industriel.

Les plus proches riverains, un couple et leurs deux enfants désormais enclavés dans le terrain de la Comurhex, ont indiqué à l'AFP qu'ils étaient particulièrement inquiets pour leur santé, mais qu'ils avaient refusé une première offre de rachat par l'entreprise de leur propriété de 5.000 m2.

Ils subissent au moins des radiations de l'ordre de 25 microsiverts/an (impact sanitaire non négligeable) en passant 15 minutes par jour sur le chemin. Selon la Criirad, le seuil "inacceptable" d'exposition aux radiations est légalement fixé à 1.000 microsiverts par an.

Ouverte en 1958, l'usine est spécialisée dans le traitement du minerai concentré d'uranium (yellow cake) et sa transformation en tétrafluorure d'uranium, avant d'autres opérations nécessaires à sa transformation en combustible pour les centrales nucléaires.

Depuis 2004, plusieurs incidents se sont produits. Des ruptures de digues, des débordements ou des fuites des bacs de décantation de l'usine ont laissé échapper des quantités importantes de boues radioactives à proximité de la société, qui a dû interrompre quelques mois son activité début 2006, selon la Direction régionale industrie recherche environnement (Drire).

Ces boues contenaient notamment de l'uranium 238, 234 et 235, des éléments radioactifs indestructibles ou encore du thorium 230, aussi radio-toxique que le plutonium.

La Criirad s'interroge également sur la multiplication des bassins de rétention qui sont déjà au nombre de 11, sans que n'ait été posé le problème du stockage à long terme des boues radioactives.

L'entreprise Comurhex n'a pu être jointe vendredi après-midi.


Le Figaro, 17/11/2004 :

Les antinucléaires accusent Areva d'impréparation
Relayant un rapport d'inspection, Sortir du nucléaire dénonce la lenteur des procédures d'alerte

Les antinucléaires ne désarment pas. À la veille de l'ouverture du capital d'Areva et des exercices de simulation d'accident prévus demain et après-demain dans la Drôme, le réseau Sortir du nucléaire, qui regroupe près de 700 associations, rend public un rapport accablant pour l'usine Comurhex, l'une des unités du site de Pierrelate. Cette entreprise, filiale à 100% de Cogema depuis 1992, transforme 11 000 tonnes d'uranium chaque année. Daté du 2 septembre, le document a été rédigé non point après un incident mais à la suite d'une inspection de routine portant sur la façon dont l'usine est censée gérer une situation de crise. Le contrôle a été effectué par des inspecteurs de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), organisme qui dépend de trois ministères (Industrie, Santé, Environnement) et qui, comme son nom l'indique, est chargé d'assurer la sécurité dans les centrales nucléaires.

L'inspection «a montré que vous disposiez d'un plan d'urgence opérationnel, régulièrement testé», indique le rapport en préambule, avant de passer en revue des lacunes plus ou moins graves.

Le plan d'urgence ne prend pas en compte le risque sismique. «Aucun des bâtiments utilisés pour la gestion de crise n'est adapté au séisme ni ne possède de système de filtration permettant la survie au passage d'un nuage toxique.» Pire : «Le bâtiment de direction, où se trouve le commandement, ne dispose d'aucune alimentation électrique secourue (indépendante, NDLR), ce qui le rendrait quasi inopérant en cas de perte totale des alimentations électriques.»

Autre dysfonctionnement : l'organisation ne permet pas de garantir que le personnel d'astreinte sera présent sur place «dans un délai raisonnable». Plus étonnant encore, «les numéros de téléphone fournis par Areva à l'Autorité de sûreté pour la constitution de l'annuaire de crise ne sont pas opérationnels». Enfin, lors de l'exercice de simulation qui accompagnait l'inspection, la préfecture n'a été prévenue que trente-neuf minutes après l'alerte, alors que le nuage toxique avait franchi la plate-forme au bout de huit minutes. D'où la constatation des inspecteurs : «Votre organisation conduit indubitablement à un retard inacceptable dans la mise en oeuvre des moyens de protection des populations.»

L'exploitant dispose généralement de deux mois pour trouver des solutions aux problèmes soulevés par les inspecteurs. La direction de l'usine Comurhex de Pierrelatte affirme «avoir pris immédiatement des décisions par rapport aux remarques de l'ASN, notamment pour la réactivité face à la crise. Nous avons changé nos procédures d'alerte de façon à avoir une réponse beaucoup plus rapide.» À la direction d'Areva, on confirme avoir «pris en compte les observations des inspecteurs», en fiabilisant notamment le dispositif d'alerte.

Le réseau Sortir du nucléaire ne cache pas son scepticisme face aux capacités de mise en conformité de l'entreprise. «Que va-t-elle faire pour adapter au risque sismique les locaux prévus pour gérer la crise ?» demande Stéphane Lhomme, son porte-parole.

Muriel Frat