Libération, 24/8/2009: 

«Sortir du nucléaire» blanchi - Son porte-parole avait rendu public un rapport compromettant d'EDF.

Justice . Tout ça pour ça. En pleine torpeur estivale, l'enquête judiciaire visant Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau Sortir du nucléaire, vient de faire l'objet d'un classement sans suite. Il était poursuivi pour violation du secret défense, délit passible - sonnez trompettes - de cinq ans de prison et 75 000 euros d'amendes.

Attentat aérien. En novembre 2003, Stéphane Lhomme avait rendu public un document confidentiel d'EDF reconnaissant qu'un réacteur nucléaire [dit] de troisième génération, de type EPR, ne saurait résister à un crash d'avion de ligne, ou encore un attentat aérien suicide à la mode du 11 Septembre. Contrairement à ce que prétendent officiellement les autorités françaises. D'emblée, la forme semble l'avoir emporté sur le fond. Saisie, la section antiterroriste (sic) du parquet attendra mai 2006 puis mars 2008 pour le placer en garde à vue dans les locaux de la DST (Direction de la sécurité du territoire). Intimidation ? Dans la foulée, par solidarité, Greenpeace avait aussi publié le document sur son site internet. Sans que le parquet de Paris ne pousse le ridicule à élargir les poursuites.

Cinq ans après les faits, la justice vient de clore le dossier. Dans une lettre d'une page adressée le 30 juin à l'avocat de Stéphane Lhomme, mise en ligne en fin de semaine dernière sur le site de Sortir du nucléaire, deux petites phrases qui disent l'embarras du vice-procureur de la République. La première, penaude : «J'ai l'honneur de vous informer que la procédure diligentée à l'encontre de votre client a fait l'objet ce jour d'un classement sans suite.» La seconde, pour tenter de sauver l'honneur : «Cependant, j'attire l'attention de votre client sur le nécessaire respect des dispositions légales relatives à la protection des documents classifiés.»

Pétition. En résumé, Stéphane Lhomme a commis un délit, mais le parquet n'ose pas le réprimer, sauf à ce qu'il recommence. En juin, une pétition signée par 30 000 personnes (dont Corinne Lepage, Noël Mamère, José Bové, Jacqueline Fraysse, Olivier Besancenot, Kent) réclamait l'abandon des poursuites. On ne savait pas le parquet antiterroriste aussi sensible à la vox populi. Sortir du nucléaire jubile : «Il est implicitement reconnu que, dans certaines circonstances, il est justifié de révéler un document confidentiel défense.»


Voir:
Appel pour un classement "sans suites" en faveur de Stéphane Lhomme, porte-parole du Réseau "Sortir du nucléaire", accusé de "terrorisme" et menacé de 5 ans de prison pour avoir révélé la vulnérabilité du réacteur nucléaire EPR en cas de crash d'avion de ligne.

 


Document classé rendu public: pas de poursuites contre l'anti-nucléaire Stéphane Lhomme

21/8/2009 - L'enquête visant le porte-parole du réseau Sortir du nucléaire, Stéphane Lhomme, soupçonné d'avoir publié un document confidentiel défense, a été classée sans suite par le parquet antiterroriste, a-t-on appris vendredi auprès de son avocat, Me Benoist Busson.

L'enquête préliminaire ouverte pour compromission du secret de la Défense nationale, un délit passible de cinq ans d'emprisonnement et de 75.000 euros d'amende, a été classée le 30 juin, six ans après son ouverture. Les faits remontent à 2003 quand Stéphane Lhomme a rendu public ce document qui, selon lui, fait état de "la vulnérabilité de la future centrale nucléaire EPR en cas de crash d'avion de ligne".

Ce document avait été saisi par les policiers de la DST lors d'une perquisition au domicile du militant anti-nucléaire bordelais. Dans ce dossier, Stéphane Lhomme avait à deux reprises été placé en garde à vue, en mai 2006 puis en mars 2008. A l'occasion de sa première garde à vue, plusieurs associations anti-nucléaires avaient publié le document sur leur site internet, notamment sur celui de Greenpeace France.

Dans une lettre à l'avocat, le parquet a annoncé le classement sans suite mais rappelé "le nécessaire respect des dispositions légales relatives à la protection des documents classifiés" par son client, a relaté Me Busson. "Quand il y a une infraction, on vous poursuit et on vous condamne. Là c'est une manière de dire, il y a une infraction, n'y revenez pas", a-t-il observé, voyant dans cette affaire "une garde à vue détournée de son objet" et un moyen pour "faire pression sur un militant d'une association agréée".

Dans un communiqué, Sortir du nucléaire a ironisé sur le fait que "la justice tolère la publication illégale d'un document". Pour le réseau, "il est implicitement reconnu que, dans certaines circonstances, il est justifié de révéler un document confidentiel défense".