Le Monde, 1/12/2007:
DES CONTRÔLES radioactifs, menés par la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), puis par l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), ont mis en évidence une contamination radiologique et chimique autour d'une ancienne mine d'uranium, située sur la commune de Saint-Pierre, dans le Cantal.
Exploité de 1958 à 1985, notamment par la société Total Compagnie Minière France (TCMF), le site comportait une mine et une usine d'extraction. Au total, 1 350 tonnes de minerai ont été extraites du sol où ont ensuite été enfouies 530 000 tonnes de déchets. A la fin de son exploitation, le terrain a été réaménagé et confié à Areva. Il jouxte aujourd'hui des lotissements ainsi que des équipements communaux.
A proximité d'une villa, ainsi que sur des terrains de football et de camping, l'expertise révèle, selon la Criirad, des niveaux de radioactivité " de 100 à 700 fois " supérieurs à ceux des sols de la région. A l'intérieur même du site, la radioactivité dépasse en certains endroits " 30 000 fois le niveau naturel ".
PAS DE RISQUE MAJEUR
Enfin, des écoulements d'eau provoquent la contamination d'un bassin communal. Dans les zones ouvertes au public, les expositions cumulées " ne sont pas négligeables sur le plan sanitaire ", s'inquiète la Criirad, qui rappelle que les résidus de traitement de l'uranium sont des déchets à vie longue nécessitant un stockage spécifique.
Pour l'IRSN, " il n'existe pas de risque sanitaire majeur pour les populations ". Toutefois, des mesures de concentration de radon dans les habitations font apparaître, dans plusieurs cas, des taux supérieurs à 1 000 becquerels par m3, seuil imposant une intervention dans les bâtiments publics.
Sur la base de ces résultats, dit l'IRSN, pourraient être décidées " une amélioration de la surveillance du site " ainsi que d'éventuelles mesures de décontamination.
30/11/2007 - Une
étude de la CRIIRAD (Commission de recherche et d'information
indépendantes sur la radioactivité) rendue publique
vendredi confirme la contamination radioactive de Saint-Pierre,
un petit bourg du Cantal de moins de 200 habitants, s'alarme l'association
"Pour notre qualité de vie", l'une de celles
à l'origine de l'étude. Il faut dire que le site
en question a abrité de 1958 à 1981 une mine d'uranium
et de 1976 à 1985 une usine de traitement du minerai.
L'affaire a débuté en 2003 lorsque les membres de
cette association composée de riverains et "Nos enfants
et leur sécurité", autre association cantalienne,
se sont inquiétés de la qualité des eaux
d'un plan d'eau touristique aménagé en contrebas
de l'ancienne mine d'uranium.
Les premiers prélèvements effectués par la
CRIIRAD ont confirmé leurs doutes: les eaux issues du secteur
minier ainsi que les sédiments aux abords du plan d'eau
étaient bien contaminés radiologiquement et chimiquement.
Par ailleurs, des niveaux d'irradiation anormalement élevés
sur le terrain de foot du village en bordure du lotissement communal
suggéraient la présence de matériaux radioactifs
en surface du sol. L'étude complémentaire menée
de concert par la CRIIRAD et l'IRSN (Institut de radioprotection
et de sûreté nucléaire) confirme tous ces
premiers soupçons.
De la mine d'uranium, 1.350 tonnes de minerai ont été
extraites, alors que 530.000 tonnes de déchets radioactifs
ont été enfouies dans l'excavation de la mine à
ciel ouvert et que 70.000 tonnes de résidus fins et boues
sont stockées dans des bassins de décantation. Le
site est placé sous la responsabilité de la Cogema-Areva
depuis 1994.
Bruno Chareyron, responsable de l'étude pour la CRIIRAD,
a déclaré à l'Associated Press qu'il "est
urgent d'agir, notamment pour ce qui concerne les maisons du lotissement
communal où les niveaux de radon (gaz radioactif, NDLR)
sont à terme dangereux pour la santé des habitants.
Il est également impératif de ne plus rien construire
sur les parcelles de la commune contaminées. Il faut également
revoir les conditions de stockage des déchets radioactifs
miniers".
Pour lui, "Saint-Pierre est exemplaire des risques encourus
par une population mal ou non informée. Il faut absolument
faire comprendre aux élus et aux habitants qu'avant d'acheter
des terrains aux abords d'un ancien site minier, ils doivent être
très vigilants sur les risques de radioactivité".
Les analyses "révèlent la présence de
déchets radioactifs dans le domaine public, y compris sur
des parcelles dépourvues de toute servitude et sur des
terrains habités" et "les contaminations mises
en évidence dans un lotissement, au niveau du plan d'eau,
du terrain de foot, du stand de tir, etc. montrent l'absence de
prise en compte des risques radiologiques dans les projets de
construction et la mise en place d'équipements publics",
dénonce la CRIIRAD qui s'étonne des "conditions
de remise dans le domaine public des parcelles issues d'anciens
sites miniers ou nucléaires" et du "manque de
fiabilité des états des lieux officiels" de
la part de l'exploitant ou des services de l'Etat.
George Haag, président de "Nos enfants et leur sécurité",
ne dit pas autre chose: "Aujourd'hui dans ce genre de dossier,
le risque c'est l'oubli. Sans notre intervention, une parcelle
de la commune aurait été rendue constructible alors
que sur ce terrain avait été exploité un
filon d'uranium. Et nous avons eu du mal à avoir de gain
de cause auprès de la Cogema". Son association et
"Pour notre qualité de vie" ont déposé
plainte contre X et se sont constituées partie civile voilà
trois ans pour mise en danger de la personne d'autrui et abandon
ou dépôt de déchets. L'instruction est toujours
en cours au TGI d'Aurillac.