Sud-Ouest, 8/6/2007:

Attention ça chauffe

Contrairement à l'été dernier, la centrale de Golfech ne devrait pas arrêter une de ses deux unités

L'an dernier, les responsables de la centrale nucléaire de Golfech ont été obligés de stopper une des deux unités de production à cause de la température trop élevée des eaux de la Garonne en période d'étiage. Au plus fort de la canicule, le fleuve atteignait presque les 30° en aval de la centrale, alors que la limite réglementaire était fixée à 28°(sauf autorisation exceptionnelle). Depuis la réglementation a changé. Oubliée, la limite des 28°.
Un décret de prise d'eau datant de septembre 2006 ne concerne plus que le différentiel entre la température des eaux en amont de la centrale et celle calculée en aval : il ne doit pas être supérieur de 1,25° entre juin et septembre. « C'est plus logique, assure-t-on à EDF. Car avec les fortes chaleurs estivales et le bas niveau des eaux, la Garonne était parfois plus chaude que la norme avant même de rentrer dans nos circuits. »
Les responsables de la centrale nucléaire ont donc accueilli le nouveau décret avec soulagement. Ce qui n'est pas le cas des associations écologistes, qui dénoncent une loi créée sur-mesure « pour éviter à l'État de remettre en cause sa politique énergétique basée sur le tout nucléaire ».

« La centrale peut tout à fait fonctionner si la Garonne atteint 40° »
(Rappel: la vapeur d'eau émise en permanence par les centrales nucléaires, est Le Grand Responsable de l'effet de serre !!!
"Gaz à effet de serre: vapeur d'eau 55%, nuages 17%, autres gaz 28% dont : Halocarbures 8%, protoxyde d'azote 5%, méthane 18%, gaz carbonique 69% [source GIEC])

Deux logiques s'affrontent. Pierre Salanne, porte-parole du collectif « vivre sans le nucléaire de Golfech », expose ses craintes : « L'augmentation de la température des eaux n'est pas le seul paramètre inquiétant. Il faut aussi prendre en compte les produits toxiques, utilisés contre la corrosion et les amibes, qui sont rejetés dans le fleuve. »
Face à ces sempiternelles accusations, la direction de Golfech reste sur la même ligne de conduite : « La police des eaux, les laboratoires indépendants et des universitaires contrôlent régulièrement la qualité et la température des eaux. Les effluents radioactifs et les produits chimiques ne dépassent pas les seuils réglementaires. »

Pas de sécheresse en vue. Pour refroidir ses deux unités, la centrale nucléaire pompe 7m3 d'eau par seconde à partir du canal de dérivation et en rejette 5,4m3/s. Au niveau le plus bas, la Garonne a un débit de 40m3/s. « Il n'y a donc aucune raison de s'inquiéter. Il y a toujours assez d'eau pour fonctionner », communique EDF.
Avec les fortes pluies du printemps, la Garonne devrait être suffisamment haute cet été. Mais avec le réchauffement général du climat, la question de l'augmentation de la température des eaux et de ses conséquences sur l'écosystème devra être posée. « La centrale peut tout à fait fonctionner si la Garonne atteint 40° dans les années à venir. Ce n'est pas un problème technique mais politique», conclut la direction de Golfech.

 

 

La Dépêche du Midi, 6/07/2006:

A Golfech la centrale nucléaire a stoppé un réacteur

Mardi après-midi alors que le thermomètre flirte avec les 35° et que l'air moite annonce la menace d'un orage, la Garonne affiche également une température anormalement élevée de 28°. Un taux qui enclenche automatiquement pour les responsables de la centrale nucléaire de Golfech des mesures de réduction de la production. «Depuis la canicule de 2003, la centrale est soumise au plan aléas climatiques» indique le directeur adjoint de la CNPE. Et ajoute: «Si la Garonne dépasse en aval de la centrale, la température de 28°, nous devons réduire nos rejets dans le fleuve.» Une mesure qui implique la réduction ou l'arrêt de la production qui d'ailleurs n'a qu'un impact limité sur la température de la Garonne. «Quand les deux réacteurs sont à pleine puissance, nous augmentons de 0,4 ° la température du fleuve et de 0,2° lorsque comme avant-hier, nous avons stoppé un réacteur, soit la moitié de notre puissance.» Le pic atteint dans l'après-midi dépassait donc la réglementation en vigueur puisque la Garonne affichait 28° en amont de la centrale. En l'état, l'arrêt total de la centrale n'aurait rien changé et le fleuve s'est rapproché du record de 29 ° enregistrés en 2003. Hier matin, la situation était redevenue normale, la Garonne affichant une température de 26,9°.

 

 

Les Echos, 5/7/2006: 
EDF s'efforce de tirer les leçons de la canicule de l'été 2003

 


Nouvel Observateur, 21/7/2005:

Eté chaud pour EDF

Les Français craignent les chaleurs estivales, EDF encore plus. Dès la mi-juin, l'opérateur redoutait une production insuffisante cet été, du fait d'une sécheresse limitant le fonctionnement des centrales en bord de fleuves et de rivières. Il était prévu de faire tourner au maximum les 18 tranches de bord de mer (Gravelines, Penly, Paluel, Flamanville et Le Blayais) et de ne pas en arrêter plus de deux simultanément. Par suite d'imprévus, dont un afflux d'algues à Paluel, 5 tranches de bord de mer sont arrêtées ce mois-ci.
Le 8 juillet, la direction du parc nucléaire adressait aux directeurs de centrale un courrier électronique alarmiste: «La situation du parc de production EDF est actuellement tendue. Nous devons limiter au strict minimum les opérations à risque...» Il est précisé que le manque de puissance s'élève à «16 000 MW dont 9 500 MW non prévus», que «le fioul cher est démarré» et que «des achats sont réalisés à l'étranger».
La sécheresse risque d'amener certains sites à enfreindre les arrêtés qui fixent les niveaux de rejets dans les rivières. Ce qui a conduit le réseau Sortir du Nucléaire à attaquer en justice les centrales de Civaux, du Blayais, de Saint-Laurent et de Gravelines, toutes coupables d'infractions récentes.
La pénurie risque d'entraîner un fonctionnement en flux tendu des sites de bord de mer, situation que Sortir du Nucléaire qualifie de «préaccidentelle».

 


Sécheresse et nucléaire: Eté 2005, la pénurie et l'accident nucléaire menacent (Sortir du Nucléaire)

 

Risques de canicule: les anti-nucléaires tirent la sonnette d'alarme

17/6/2005 - Les risques de sécheresse et d'une nouvelle canicule qui se profilent pour cet été pourraient entrainer pour les centrales nucléaires françaises une situation pire qu'en 2003, affirme le réseau Sortir du nucléaire. "C'est le réchauffement climatique qui s'attaque au nucléaire, et non l'inverse comme le prétend la propagande orchestrée par EDF et les autorités françaises", martèle dans un dossier publié vendredi cette fédération qui revendique plus de 700 associations participantes. Les dérogations accordées à EDF durant la canicule de l'été 2003 sur les rejets d'eau chaude de ses centrales dans les fleuves avaient provoqué une vive polémique avec les écologistes. Ces rejets, selon le ministère de l'Ecologie, n'avaient eu aucune incidence sanitaire ni d'impact immédiat sur les poissons. Le réseau anti-nucléaire souligne que le débit des cours d'eau, indispensables au refroidissement des installations nucléaires, est plus faible cette année qu'il ne l'était au printemps 2003, tandis que Météo-France évoque un risque de nouvelle canicule. Sortir du nucléaire demande ainsi l'arrêt de la centrale de Civaux, dans la Vienne, l'un des départements français les plus touchés par la sécheresse cette année. "Les deux réacteurs de la centrale nucléaire de Civaux causent l'évaporation quotidienne de 147 millions de litres d'eau", souligne la fédération, alors que la Vienne "est une rivière au débit déja faible en temps normal". Sortir du nucléaire attaque également EDF en justice devant le tribunal de grande instance de Blois, estimant que les rejets chimiques de la centrale de Saint-Laurent (Loir-et-Cher) sont "2 à 4 fois supérieurs aux limites légales". D'une façon générale, les anti-nuclaires estiment qu'une nouvelle canicule conduirait, outre les dégâts environementaux, à un arrêt de nombreux réacteurs impossibles à refroidir, une importation massive d'électricité et un fonctionnement "à flux tendu" des réacteurs situés en bord de mer, venant pallier les éventuelles défaillances des installations situées en bordure de cours d'eau. Les défenseurs du nucléaire insistent depuis plusieurs années sur le fait que cette énergie, contrairement aux énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon), n'émet pas de gaz à effet de serre et ne contribue donc pas au réchauffement climatique (Faux, la vapeur d'eau est Le Grand Responsable de l'effet de serre ! Rappel : "Gaz à effet de serre: vapeur d'eau 55%, nuages 17%, autres gaz 28% dont : Halocarbures 8%, protoxyde d'azote 5%, méthane 18%, gaz carbonique 69% [source GIEC]). De leur côté, les écologistes jugent l'énergie nucléaire dangereuse en raison des risques d'accident et des déchets radioactifs et défendent un essor des énergies renouvelables (éolien, solaire, biomasse) et une meilleure maîtrise de la consommation d'énergie.


Communiqués de presse du Réseau "Sortir du nucléaire", 17/6/2005: Eté 2005 : la pénurie et l'accident nucléaire menacent

 

 

Liberation, 17/6/2005 : 

Nucléaire. Le refroidissement des centrales pourrait être perturbé par la pénurie d'eau.

L'atome risque un coup de chaud

Quel sera l'impact de la sécheresse sur le parc nucléaire français ? A peu près nul selon les autorités de sûreté nucléaire, mais «inquiétant» selon le réseau Sortir du nucléaire qui lance une campagne de sensibilisation.

Pour fonctionner, une centrale thermique à combustible fossile ou nucléaire a besoin d'eau, entre autres pour son circuit de refroidissement. Quand elle fonctionne à plein régime, la centrale nucléaire de Civaux (Vienne) prélève 345 000 m3 chaque jour dans la Vienne. En cas de sécheresse, le niveau et le débit de la rivière baisse, «mais c'est un phénomène lent qu'on a le temps de voir venir», rassure Claude Jeandron, directeur adjoint du développement durable chez EDF.

Voir venir, cela signifie gérer ses réserves en cas de pénurie, vérifier les niveaux des barrages... Cette pénurie pose plutôt un problème de production que de sûreté. «Quand il n'y a pas assez d'eau pour le refroidissement, l'industriel doit arrêter sa centrale», indique Yves Boulaigue, de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Mais un réacteur à l'arrêt a toujours besoin d'eau pour refroidir son coeur.

Autre souci, les rejets. Chaque centrale dispose d'arrêtés (interministériels et préfectoraux) pour ses rejets. Certains visent les débits de cours d'eau minimaux en dessous desquels les rejets des effluents (chimiques ou radioactifs) sont interdits. A Civaux, les rejets sont impossibles quand le débit de la Vienne est inférieur à 10 m3 par seconde.

D'autres arrêtés visent les rejets dits thermiques : ceux de l'eau qui a circulé dans le circuit de refroidissement et qui en ressort avec quelques degrés de plus. «Ces rejets permanents génèrent un réchauffement du cours d'eau qui doit rester dans les limites fixées par les arrêtés», explique Yves Boulaigue de l'ASN. A Civaux, l'écart entre l'amont et l'aval ne doit pas dépasser 2°C.

Ineptie. Si Sortir du nucléaire alerte sur les effets d'une sécheresse, c'est à cause de la canicule de 2003. Cet été-là, on a vu une armée de brumisateurs rafraîchir les murs de la centrale de Fessenheim, dont la température frôlait les 50° C à l'intérieur des bâtiments. Cette image, en pointant l'ineptie d'une technologie hyperpointue secourue par des tuyaux d'arrosage, a fait beaucoup de tort à EDF. Autre problème : l'eau rejetée par les centrales dans les rivières était plus chaude que les seuils ne l'autorisaient et l'exploitant avait bénéficié de dérogations sur ses centrales de Tricastin, Golfech, Saint-Alban et Bugey.

Leçons. Toutefois, l'ASN est catégorique, «l'épisode de 2003 n'a posé aucun problème de sûreté». «Ce n'est pas le nucléaire qui va nous sauver du réchauffement climatique, mais c'est le réchauffement qui met en échec le nucléaire», ironise Stéphane Lhomme, de Sortir du nucléaire. Qu'il s'agisse du ministère de l'Ecologie, d'EDF ou de l'ASN, chacun affirme avoir tiré les leçons de la canicule.

Comment ? En faisant des aménagements techniques (prévisions affinées de Météo France, installation de systèmes aéroréfrigérants, une meilleure gestion des réserves d'eau...), mais surtout en changeant les règles du jeu : pour ne pas risquer de dépasser les seuils, EDF a décidé de les relever. «Pour les centrales du futur, dès la conception, les hypothèses extrêmes doivent être réajustées de quelques degrés», explique Claude Jeandron.

C'est la seule solution pour EDF à moyen et long terme car il sera difficile d'éviter d'autres phénomènes climatiques intenses à l'avenir.

Laure Noualhat

 

 

Sortir du nucléaire craint une pénurie d'énergie pendant l'été

17/6/2005 - La France pourrait être touchée par une pénurie d'énergie nucléaire cet été si la tendance à la sécheresse se maintient, craint le Réseau Sortir du nucléaire dans un rapport rendu public vendredi. Aprés la canicule de l'été 2003, la sécheresse pourrait de nouveau mettre en difficulté le parc nucléaire français. En 2003, la France avait dû faire appel, pour couvrir ses besoins énergétiques, à une hausse des importations en provenance de l'Espagne et de Grande-Bretagne, d'après Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau Sortir du Nucléaire contacté par l'Associated Press. Une situation qui pourrait bien se reproduire cet été. En effet, les 58 réacteurs nucléaires français utilisent l'eau des rivières pour leur refroidissement. Or, en période de sécheresse et de canicule, le niveau d'eau est moins important, et la température plus élevée, selon le rapport. Stéphane Lhomme a ainsi expliqué que les centrales de bord de mer, qui elles, ne sont pas privées d'eau, risquaient toutefois de ne pas pouvoir couvrir tous les besoins en énergie de la population, tout en fonctionnant à «flux tendu». «Nous sommes dans une situation pré-accidentelle», a-t-il estimé, en dénonçant la volonté des centrales EDF de «produire à tout prix». L'ancien ministre délégué à l'Industrie Patrick Devedjian avait demandé en avril dernier aux centrales de rester en disponibilité en cas de sécheresse, contrairement à 2003 où certaines avaient été fermées. «Il y a là une véritable aggravation du risque d'accident nucléaire», juge le réseau Sortir du nucléaire dans son rapport. Seize des dix-huit centrales situées en bord de mer fonctionneront cet été, a expliqué vendredi un porte-parole de EDF. L'entreprise a tiré «de grandes leçons de 2003» et les réserves hydrauliques permettent de pourvoir aux besoins en au pour l'énergie électrique et nucléaire, a-t-il dit. Stéphane Lhomme s'est également inquiété de l'augmentation de rejets de l'eau de refroidissement dans les rivières, comme ce fut le cas en 2003. «Tous les étés, les centrales font des rejets illégaux», a-t-il affirmé, mettant en avant les risques pour l'environnement. Pour l'EDF pourtant, «tous les bilans montrent qu'il n'y a eu aucun impact sur l'environnement», selon son porte-parole. Si le nucléaire n'est pas «la panacée absolue», a-t-il concédé, cette énergie «ne rejette aucun CO2» et ne contribue donc pas au réchauffement climatique (Faux, la vapeur d'eau est Le Grand Responsable de l'effet de serre ! Rappel : "Gaz à effet de serre: vapeur d'eau 55%, nuages 17%, autres gaz 28% dont : Halocarbures 8%, protoxyde d'azote 5%, méthane 18%, gaz carbonique 69% [source GIEC]). Une position que ne partage pas Stéphane Lhomme. «Quand on parle d'énergie propre (à propos du nucléaire), c'est de la plaisanterie», a-t-il déclaré, avant de dénoncer «l'aveuglement des pouvoirs publics et d'EDF» sur la surconsommation en électricité française et les limites de l'énergie nucléaire. Le réchauffement climatique condamne le nucléaire», a conclu Stéphane Lhomme, s'élevant contre «l'impasse» dans laquelle se trouve selon lui la France.