La Provence, 25/6/2009: 

Peut-on vivre tranquille à proximité de Cadarache ?

La foule est venue nombreuse à la réunion publique organisée à Vinon-sur-Verdon. "Vous n'êtes pas crédible ! On ne peut pas vous croire", lance un quinquagénaire au fond de la salle. "On est responsables de nos enfants et je m'inquiète pour eux", surenchérit une habitante de Rians. Maires, représentants d'association, particuliers, employés du CEA Cadarache, la foule est venue nombreuse, avant-hier soir à Vinon, pour découvrir les résultats de l'étude permettant de déterminer l'impact des activités nucléaires de Cadarache sur l'environnement.

Malgré les diaporamas, les explications des responsables du commissariat à l'énergie atomique (CEA) n'ont pas eu l'effet escompté. Convaincre la population semble peine perdue. Le ton est monté car, dans les esprits, même si le risque est faible, il n'en est pas moins réel. La commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) a réalisé, à la demande de la commission locale d'information (Cli) de Cadarache, une expertise à partir des données existantes sur les rejets des installations nucléaires du centre depuis sa création en 1959.

Le seul hic est que les données fournies proviennent du CEA. "L'étude a ses limites car nous n'avons aucun élément sur la base secrète, ni de mesures à l'intérieur du site et de données indépendantes", a souligné Bruno Chareyron, directeur du laboratoire de la Criirad.

Attention aux véhicules!

Les rejets dans la Durance et dans l'atmosphère, les infiltrations dans les sols l'analyse a porté sur les éléments potentiellement radioactifs. Une faible contamination des eaux souterraines a été révélée. "Cette pollution témoigne de la nécessité d'améliorer la conception des installations", a-t-il expliqué. Quant à la Durance, il n'y a pas de surveillance des berges ni de mesure de tritium sur les plantes aquatiques et les poissons. Et pour ce qui est des rejets atmosphériques, aucune donnée avant 1979! La Criirad a recommandé d'effectuer une reconstitution historique grâce aux cernes de croissance d'arbres.

Mais le point noir, c'est le transport. "Le grand public ignore que les véhicules siglés au trèfle radioactif le sont aussi! Ce n'est pas la peine de stationner à côté. Une exposition de plus de 30 minutes n'est pas négligeable." En 2007, 1043 véhicules sont entrés et sortis du centre Henri Maubert, représentant de Cadarache, a tenu à préciser que "les contrôles des rejets sont permanents et l'impact est très faible. Il y a 10000 mesures par an."

Le CEA s'est engagé dans des actions, telles que l'analyse des végétaux et une étude sur les transports. Bien que mouvementée, cette réunion publique est peut-être le signe d'une avancée en terme de transparence.

 

EN CHIFFRES

1600 hectares. C'est la superficie du site de Cadarache créé en 1959.
19 installations nucléaires de base, dont une secrète. 29 installations pour la protection de l'environnement.
0 mesure indépendante effectuée à l'intérieur du site. La Criirad a disposé pour cette étude des documents du CEA.

 

Les 3 questions à Claude Cheilan, maire de Vinon-sur-Verdon

Après ces explications, êtes-vous rassuré en tant que maire? "Je suis surtout rassuré sur l'indépendance de la Cli. Le CEA s'est exprimé aujourd'hui. C'est un pas en avant!"

Vinon-sur-Verdon est à quelques kilomètres du centre " Lors du dernier exercice, la préfecture m'a téléphoné pour me signaler que, compte tenu des conditions météo, Vinon-sur-Verdon aurait été la commune la plus touchée. Mais ils n'apportent aucune solution!"

Si l'alerte sonne demain, savez-vous quoi faire? "J'ai un dossier PPI épais comme un bottin, des pompiers non formés, une population non informée et la sirène de Cadarache, on ne l'entend pas! Je souhaite qu'on mette en place des procédures de formations et d'informations régulières."