Le Monde, 2/10/05:

Du nouveau sur les nazis et la bombe
[Pour en savoir plus, lire: L'Allemagne et la course à l'atome]

Le scoop de l'ancien journaliste est une bombe à retardement. Dans le premier tome de ses Mémoires, publié vendredi 30 septembre en Italie, Luigi Romersa, 88 ans, raconte comment, le 12 octobre 1944, sur une base secrète de l'armée allemande, il a assisté à ce qui s'apparente à un essai nucléaire. Son témoignage vient renforcer la thèse défendue récemment par l'historien berlinois Rainer Karish, selon lequel les travaux des nazis sur la bombe atomique étaient beaucoup plus avancés qu'on ne l'a dit.

Le reporter, qui s'illustrera après la guerre sur tous les conflits pour l'hebdomadaire Tempo, a 27 ans à l'époque. Il est correspondant de guerre pour le Corriere della sera. S'il peut réaliser une longue enquête au coeur de l'Allemagne nazie, là où sont conçues ­ c'est le titre de son livre ­ "les armes secrètes d'Hitler", c'est qu'il a en poche deux lettres de recommandation de Mussolini, qui l'a convoqué à Salo. Il veut en savoir plus sur cette "bombe capable de renverser le cours de la guerre", à laquelle Hitler a fait allusion lors de leur dernière rencontre au château de Klessheim, en avril 1944. L'une des lettres est destinée à Goebbels, l'autre au Führer lui-même.

Fort de ce double sésame, le journaliste est reçu sur la fameuse base de Peenemünde, au bord de la Baltique, où quelques douzaines de scientifiques travaillent sous la direction de Wernher von Braun, le père des V2, puis de l'aventure spatiale américaine. Sur l'île de Rügen, le journaliste est conduit dans un bunker "situé à plusieurs kilomètres du lieu de l'explosion". Il décrit "un grondement qui fait vibrer les parois du refuge, suivi d'une lueur aveuglante, tandis qu'un dense rideau de fumée se répand sur la campagne". Le bunker est "englouti", puis c'est le silence. Les officiers conseillent de patienter plusieurs heures avant de sortir "parce que la bombe, en explosant, émet des radiations qui peuvent créer des dommages sérieux". Romersa voit ensuite arriver "d'étranges scaphandriers". Lui-même doit revêtir une combinaison et des bottes blanches, "peut-être en amiante".

Pourquoi avoir attendu si longtemps pour faire ces révélations ? Le vieil homme, dernier témoin vivant de cette explosion, certifie qu'il a écrit l'histoire pour l'hebdomadaire Oggi, dans les années 1950. Personne n'y a cru.

Jean-Jacques Bozonnet


Les nazis ont ("aurait") testé une bombe nucléaire en 1945

14/3/2005 - Les nazis ont testé en mars 1945 au sud de Berlin une bombe nucléaire rudimentaire, un essai qui a fait plusieurs centaines de morts, affirme un chercheur allemand, Rainer Karlsch, dans un livre publié lundi, La bombe d'Hitler.

On savait que les nazis procèdaient à de telles recherches, mais l'état d'avancement de leurs travaux n'avait jamais été démontré, selon l'auteur dont les affirmations n'ont pas été confirmées de source indépendante.

«Les physiciens allemands n'étaient pas à la traîne de leurs confrères aux États-Unis ou en Grande Bretagne pour la compréhension de la théorie. Ils savaient ce qu'était une bombe au plutonium et une bombe à l'uranium 235», a-t-il expliqué au cours d'une conférence de presse. Mais, ajoute l'universitaire berlinois, l'Allemagne nazie manquait de matériaux fissiles comme l'uranium enrichi pour produire une arme nucléaire à usage militaire.

Rainer Karlsch cite à l'appui de ses informations des témoignages et rapports des services de renseignements militaires soviétiques, puisés dans les archives de l'ex-URSS. L'explosion, affirme-t-il, a eu lieu le 3 mars 1945 sur le site militaire d'Ohrdruf, en Thuringe dans le sud-est du pays.

Il reconnaît ne pas avoir de preuves directes, mais espère que son livre ouvrira la voie à d'autres recherches sur le sujet. Le chercheur précise avoir fait analyser des échantillons de sol, qui ont révélé selon lui la présence d'isotopes radioactifs.

D'après Rainer Karlsch, des témoins ont signalé avoir vu ce jour-là un brillant éclair de lumière et une colonne de fumée s'élever au-dessus de cette région. Dans les jours qui ont suivi, des habitants ont fait état de nausées et saignements de nez. Un témoin affirme avoir participé à la crémation de monceaux de cadavres le lendemain sur le site militaire. Les victimes avaient perdu leurs cheveux, des corps étaient boursouflés, couverts d'ampoules, avec la chair mise à nu.

Le test a fait plusieurs centaines de morts, prisonniers de guerre et travailleurs forcés, ajoute le chercheur. Deux mois plus tard, le 8 mai 1945, l'Allemagne nazie se rendait après la prise de Berlin par les Soviétiques.



Le Soir, 8/3/05:

Hitler aurait eu la bombe

Contrairement à une idée répandue, l'Allemagne nazie était parvenue à fabriquer un réacteur et une arme nucléaire peu avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, affirme un historien allemand dans un livre à paraître le 14 mars, selon son éditeur.
 

Dans son livre "La bombe d'Hitler", l'historien berlinois Rainer Karlsch affirme que le IIIème Reich disposait depuis l'hiver 1944/45 d'un réacteur nucléaire en état de marche et qu'au même moment des chercheurs allemands testaient sur l'île de Ruegen, en mer Baltique, ainsi qu'en Thuringe (centre-est de l'Allemagne) des armes tactiques nucléaires, sous la surveillance des SS.
  Le IIIème Reich était très près de remporter la course à la fabrication de la première arme nucléaire viable, affirme l'éditeur DVA dans un communiqué. Le chercheur affirme avoir découvert dans les environs de Berlin le premier réacteur nucléaire allemand en état de marche et être tombé dans des archives sur un projet de brevet de bombe au plutonium datant de 1941.
  A l'appui de ses recherches, Rainer Karlsch a épluché des plans de construction, des vues du ciel, des carnets de bord de chercheurs impliqués, des rapports d'espionnage américains et russes, ainsi que des analyses de sol, selon l'éditeur.
  En dépit de retards dûs au déblocage tardif de moyens financiers et aux actions de sabotage des alliés, les chercheurs allemands étaient parvenus à fabriquer des bombes sales (constituées de matériel radioactif et d'explosifs conventionnels), qui ont, sans avoir eu la portée des bombes atomiques américaines d'Hiroshima et de Nagasaki, tué plusieurs centaines de prisonniers lors d'un test en Thuringe.
  Un an après la découverte de la fission du noyau d'uranium par le chercheur allemand Otto Hahn en 1938, les nazis avaient rassemblé sous la houlette du professeur Werner Heisenberg ce qui leur restait de spécialistes de l'atome après les persécutions contre les juifs: parmi les chercheurs impliqués figuraient outre Hahn et Heisenberg, Carl Friedrich von Weiszaecker, Erich Bagge, Walther Gerlach, Max von Laue et Carl Wirtz.
  Ces derniers avaient toujours affirmé jusqu'à présent n'être pas parvenus à fabriquer l'arme nucléaire: Nous étions tous soulagés quand nous nous sommes rendus compte que nous n'y arriverions pas, avait affirmé von Weiszaecker après la guerre, cité par le journal Welt am Sonntag, qui publie un compte-rendu du livre.
  Selon les recherches de Rainer Karlsch, le retard du programme atomique allemand par rapport à celui des Etats-Unis s'explique avant tout par la tardive prise de conscience par les responsables nazis de l'importance stratégique de l'arme nucléaire.
  Ce n'est ainsi qu'en 1942 que les fonds nécessaires ont été débloqués, lors d'une audition d'Heisenberg devant le ministre de l'Armement, Albert Speer. En outre, le sabotage par un commando britannique en 1943 d'une unité de production d'eau lourde en Norvège a également provoqué des retards, selon Welt am Sonntag.