Libération, 13/12/2004:
Histoire d'une petite censure. Cette année, la Fête des lumières
avait donné carte blanche à Pierre Bongiovanni,
qui proposait notamment d'installer une sculpture interactive
sur la place des Célestins. Pour l'illuminer, il fallait
appeler un numéro de téléphone. Les appels
permettaient de récolter des fonds (Libération de
mercredi) : Bongiovanni avait choisi de destiner cet argent à
un hôpital de Tchernobyl.
Une façon de rappeler que «les gâteries lumineuses
ont un coût». D'inciter, aussi, «les passants
et les politiques à réfléchir sur cette débauche
d'électricité, luxe inouï». Mais voilà.
A Lyon, EDF est l'un des principaux partenaires de la Fête
des lumières. Elle verse 80 000 euros, et fait partie du
«comité de direction», au côté
de la ville, en tant que «partenaire fondateur». Et
selon l'artiste, l'entreprise publique a menacé de se désengager
si le nom de Tchernobyl était évoqué. Il
aurait cédé à la demande des organisateurs,
car des artistes étaient déjà engagés
et le projet, bien entamé.
Isabelle Rabeyron, chef de projet pour la Fête des lumières,
tempère à peine. «Ce n'est pas une censure,
dit-elle. C'est vrai qu'EDF préférait qu'on associe
cette installation à autre chose qu'à Tchernobyl.
Il y a eu un consensus au sein du comité. Nous avons proposé
à Pierre Bongiovanni que ces fonds soient reversés
à une association suisse, Villes unies contre la pauvreté,
dans laquelle la ville de Lyon est très impliquée.»
Ils participeront donc à l'éclairage public d'Ouagadougou,
au Burkina.
Olivier BERTRAND