Nucleonics Week, Washington, 27 septembre 2001:

L'autorité de sûreté nucléaire américaine (NRC, Nuclear Regulatory Commission) après les attentats terroristes

" Concernant les installations nucléaires le site web de la NRC ne donne plus leurs coordonnées géographiques. Il y a deux semaines n’importe qui tapant sur un ordinateur pouvait obtenir la latitude et la longitude des différents sites nucléaires. Désormais on considère que ce genre d’informations est une carte routière pour les terroristes. Le site web dit simplement : n’est plus disponible. Pour beaucoup de gens la croyance que la défense en profondeur —les multiples niveaux de protection incluant la redondance par conception, les barrières physiques [Ndt les gaines de combustible, la cuve, l’enceinte de confinement] et les procédures d’intervention des opérateurs- protègerait les travailleurs du site nucléaire et la population, cette croyance a été détruite le 11 septembre par les attaques terroristes. Les réacteurs nucléaires aux Etats-Unis n’ont pas été construits pour résister à l’impact direct de gros avions commerciaux de ligne et à l’incendie résultant. Ni la NRC ni l’industrie n’ont effectué d’analyses complètes de ce qui se passerait suite à un tel scénario. Des avions de passagers aussi volumineux que celui d’un Boeing 767 n’existaient même pas quand les réacteurs nucléaires étaient sur les planches à dessin. Mais les attentats suicides de New York et Washington du 11 septembre ont rouvert le débat sur la sûreté des réacteurs nucléaires et remettent en question la tenue des enceintes de confinement, la dernière barrière pour contenir un rejet radioactif. Et les cibles possibles ne s’arrêtent pas là : de nouvelles questions sont soulevées à propos de la vulnérabilité des piscines des combustibles usés et des installations pour combustibles usés qui sont sur les sites mêmes des réacteurs. Le Nuclear Control Institute et le Commitee to Bridge the Gap réclament l’installation d’armes antiaériennes sur chaque site avec 40 soldats de la Garde Nationale encerclant l’installation nucléaire en incluant l’accès à l’eau du site [rivière, mer, eau nécessaire pour le refroidissement du cœur], parce que, disent-ils, la possibilité d’un bateau-bombe, aussi impensable que ne l’était un avion-bombe, ne peut être exclue. La NRC a resserré ses dispositifs de sécurité sur ses propres installations, renforçant le contrôle des visiteurs et des véhicules dans ses agences principales et a installé des barrières en ciment à mi-hauteur d’homme autour de ses deux tours à Rockville (Maryland) qui sont situées sur une route principale à grande circulation dans un faubourg animé de Washington D.C. Un responsable de la NRC a indiqué que ces barrières n’étaient que temporaires. Cependant il avait été dit que la fermeture en mai 1995 de la route située devant la Maison Blanche, effectuée quelques semaines seulement après l’attentat par bombe d’un bâtiment fédéral d’Oklahoma City, serait provisoire. Or les barrières sont toujours là. Personne ne sait quel sera le coût définitif des attaques terroristes et si les installations nucléaires vont ressembler à des zones militaires. Personne non plus ne s’aventure à deviner ce que cela signifie pour le futur de l’énergie nucléaire dont beaucoup pensaient qu’elle était sur le point de renaître avec une nouvelle génération de réacteurs intrinsèquement plus sûrs. Mais l’industrie ne reste pas silencieuse. Elle dit qu’elle fera tout ce qu’elle peut pour protéger ses installations étant donné la valeur financière qu’elles représentent. Et ceci est vraisemblablement tout ce qui compte [continuer à pouvoir faire des bénéfices] ".

Traduction d’un article publié par Platts sous le titre: Sécurité nucléaire dans un nouveau monde de menaces.