Trop peu d'argent pour fermer les centrales nucléaires

25/4/07 - L'Organisme national des déchets radioactifs et des matières fissiles enrichies (ONDRAF) a d'importants doutes sur la manière dont Electrabel prépare la fermeture des centrales nucléaires et compte se débarrasser des déchets nucléaires.
"De Morgen" a pu consulter un rapport secret dans lequel l'ONDRAF écrit que Synatom, la filiale d'Electrabel chargée de gérer les fonds économisés pour la sortie du nucléaire, n'a aucune idée du coût final de l'opération. Dans ses prévisions, Synatom sous-estime une série de coûts pour le démantèlement des réacteurs et prévoit des marges de sécurité trop faibles, selon le rapport de l'ONDRAF. Il n'y a, en outre, toujours aucune certitude sur la manière dont les déchets nucléaires pourront être stockés en toute sécurité. Synatom a pour l'instant constitué une provision de 4,6 milliards d'euros, argent qui n'est pas géré par le gouvernement mais est placé.


La Dernière Heure, 18/11/2006:

Nucléaire : un rapport irradié

BRUXELLES Faire des économies d'énergie, mais ne pas tourner le dos aux centrales nucléaires. Voilà l'essentiel du rapport préliminaire de la commission Énergie 2030, appelée aussi commission D'Haeseleer, du nom de son président. Ce groupe d'experts a été constitué à la demande du ministre de l'Économie Marc Verwilghen, avec la mission de rendre un avis sur la politique énergétique que la Belgique doit suivre dans les années à venir.
Le rapport préliminaire indique clairement que la Belgique doit faire marche arrière dans sa décision, prise sous le précédent gouvernement, de sortir progressivement du nucléaire dès 2015. La commission envisage même la construction d'un nouveau réacteur et évalue son coût à 3 milliards d'euros !
Les associations de défense de l'environnement Greenpeace, Inter-Environnement et Bond Beter Leefmilieu ont condamné vendredi les conclusions de ce rapport, en expliquant notamment que la majorité des membres de la commission étaient, dès le départ, des pro-nucléaires. Un avis partagé dans certains milieux politiques. Le président du SP.A, Johan Vande Lanotte, a ainsi qualifié l'étude "d'escroquerie" au profit des producteurs d'énergie...
Jean-Pascal van Ypersele, climatologue à l'UCL et membre de cette commission, se dit lui aussi "en désaccord avec certaines conclusions et recommandations importantes" du rapport. Il explique notamment que des considérations autres que purement économiques doivent être prises en compte dans une discussion au sujet de la politique énergétique.
Les conclusions et recommandations vont être transmises à huit panels d'experts, a indiqué le ministre Verwilghen, soulignant que les conclusions pouvaient être revues. On trouvera des experts de la Commission européenne, de l'Agence internationale de l'énergie, des régulateurs, de l'Académie des sciences appliquées, de la Banque Nationale, du Conseil central de l'économie, du Conseil fédéral du développement durable et des représentants des consommateurs. Le rapport final, transmis au ministre avant le 19 juin 2007, sera soumis au Parlement.

B. F.

 

La Libre Belgique, 17/11/2006:

Nucléaire: la bagarre a commencé

L'étude sur l'avenir énergétique prône de garder l'option nucléaire. Dont les bénéfices seraient partagés. Vive réaction des milieux environnementaux.

L'application de politiques post-Kyoto plus rigoureuses en Belgique sans l'énergie nucléaire serait extrêmement coûteuse. Aussi, la Belgique devrait-elle garder l'option nucléaire ouverte et reconsidérer la fermeture des centrales." Telle est une des conclusions (du reste peu surprenantes...) du rapport de la Commission Energie 2030 révélé par "Le Soir". Ce document, rédigé par un panel d'experts et commandé par le gouvernement, est censé identifier les besoins énergétiques de la Belgique dans les vingt prochaines années et donner les réponses adéquates.
Il souligne que la Belgique ne peut se permettre d'exclure aucune source d'approvisionnement en combustible.
Il préconise aussi de répercuter les hausses du prix de l'énergie sur le consommateur. Ce qui serait tout bénéfice pour Electrabel qui produit une grande partie de son électricité avec des centrales nucléaires entièrement amorties ? Pas sûr. Les experts recommandent aux propriétaires de centrales nucléaires de trouver un accord pour "stimuler les investissements en économie d'énergie, le développement des énergies renouvelables,... ". Le document parle d'un "fonds" alimenté par les revenus liés au prolongement des centrales nucléaires. Ce fonds pourrait aussi financer le coûteux raccordement au réseau haute tension des éoliennes en mer.
Il souligne d'ailleurs que la Belgique devrait reconsidérer favorablement la politique des éoliennes offshore et en particulier les sites de Wenduine Bank et du Vlakte van de Raan.
En termes d'énergie renouvelable, compte tenu des possibilités limitées offertes par la Belgique (pas d'hydraulique, peu d'éolien), les experts préconisent une approche plus européenne. A l'heure actuelle, les producteurs sont contraints d'acheter des certificats verts lorsque le seuil de production verte n'est pas atteint. Les experts préfèrent un système de quotas en fourniture d'énergie renouvelable aux consommateurs avec, en parallèle, un système de certificats verts échangeables au sein de l'Union européenne.

Levée de boucliers
La divulgation de ce rapport préliminaire a suscité une levée de boucliers de la part des milieux environnementaux. Dans un communiqué commun, Greenpeace, Inter-Environnement Wallonie et Bond Beter Milieu mettent en doute la "totale indépendance" des membres permanents de la Commission chargée de rédiger ce prérapport. Et cela, en raison de leurs liens directs ou indirects avec le secteur de l'atome. Ils visent notamment le président William D'Haeseleer.
Le député CDH Melchior Wathelet a, quant à lui, interpellé à la Chambre Marc Verwilghen, le ministre fédéral de l'Energie à propos du texte. Lequel, selon lui, montre que "le gouvernement a laissé la situation se dégrader" en matière de politique énergétique. Pour lui, il est urgent d'avoir une politique claire. Le ministre a répondu que des mesures avaient été prises (développement de l'éolien, loi gaz et électricité, Pax electrica,...). Il a aussi défendu la procédure en cours. "Il faut faire le parcours dans son entièreté." C'est ce vendredi qu'il présentera le document préliminaire. La Commission économique de la Chambre en discutera lundi prochain.

Ariane van Caloen


Action de Greenpeace à la centrale nucléaire de Tihange

25/10/2006 Bruxelles - Une trentaine de militants de Greenpeance ont investi mercredi matin le site de la centrale nucléraire de Tihange, en province de Liège, pour dénoncer le vieillissement des réacteurs nucléaires belges et les problèmes de sécurité consécutifs. Le réacteur de Tihange 1 a passé l'an dernier le cap des 30 ans, délai innitialement prévu pour sa fermeture, a rappelé Greenpeace. "Or, au-delà d'une vingtaine d'années de fonctionnement, le risque d'accidents augmente chaque année de manière significative", a souligné l'association.
 

 

La Libre Belgique, 9/5/2006:

La Flandre, futur cimetière pour déchets radioactifs
Le rapport sur le dépôt final des déchets radioactifs sur la table du gouvernement.

La phase exploratoire en vue d'un dépôt final sur le territoire belge des déchets radioactifs de catégorie A (faible et moyenne activité et de courte durée de vie) vient de se clore. Le gouvernement -et en particulier le ministre de tutelle, Marc Verwilghen- dispose maintenant du rapport final de l'Organisme public qui gère les déchets radioactifs en Belgique (Ondraf) sur les deux projets en lice, celui de la commune de Dessel (Stola) et celui de Mol (Mona). Pour mémoire, le projet Fleurus-Farciennes (Paloff) -à proximité du site de l'Institut des radioéléments (Ire)- à fait long feu.

Les avant-projets transmis au gouvernement sont, selon l'Ondraf, prêts à passer en phase de projet. «Ils sont techniquement faisables et à même de répondre aux exigences en matière de protection de l'homme et de l'environnement, à court terme comme à long terme.» Au gouvernement maintenant de choisir une des quatre options présentées dans le rapport ainsi que le lieu de stockage. Sachant que cette phase d'avant-projet d'installation de dépôt final ne vaut pas engagement définitif pour la commune choisie, la décision définitive ne devant tomber que dans 5 ans. «Il s'agit d'une concrétisation très progressive», a commenté Jean-Paul Minon, directeur de l'Ondraf. Cela se comprend vu le caractère sensible du dossier.

Fûts défectueux

Au final, il s'agit quand même de stocker pour au moins 200 à 300 ans près les 70 000 m3 de déchets du programme nucléaire belge, démantèlement compris. Pour l'heure, lesdits déchets sont traités par Belgoprocess, filiale de l'Ondraf, et puis stockés dans des fûts entreposés dans des bâtiments spéciaux sur le site de Belgoprocess, à Mol. Mais, certains fûts sont défectueux et d'autres montrent des signes d'usure. Outre le choix du lieu, les autorités devront aussi choisir entre deux technologies d'enfouissement : sous la surface ou en profondeur. L'Ondraf évalue le coût des projets en surface de 350 à 500 millions d'euros, et celui du dépôt en profondeur de 600 à plus de 1 milliard d'euros.

Les Verts ont, en tout cas, déjà exprimé leurs critiques sur l'option de l'enfouissement et du stockage définitif présenté par l'Ondraf. «Etant donné l'état spectaculairement évolutif des fûts qui contiennent les déchets, les options d'enfouissement et de stockage définitif ne peuvent satisfaire, estime Ecolo. En outre, l'Ondraf entretient le flou autour de la définition des déchets en question et quant à leur dangerosité, puisqu'on ne sait toujours pas aujourd'hui si ce sont les déchets de faible ou de moyenne intensité radioactive qui sont concernés. Un élément loin d'être anodin quand on sait que les seconds peuvent être 400 fois plus radioactifs que les premiers

 


Agence de presse BELGA, 23/2/2006: 

Déchets nucléaires : Fleurus s'y oppose, Farciennes s'abstient

Le conseil communal de Fleurus s'est exprimé jeudi soir à une large majorité contre le projet de centre d'enfouissement de déchets nucléaires sur des terrains à la limite des communes de Fleurus et de Farciennes.
Les conseillers PS, cdH et Ecolo ont voté contre, seul le MR ayant voté pour, a indiqué jeudi soir le député fédéral Ecolo Jean-Marc Nollet, qui a assisté aux débats de l'assemblée fleurusienne. A Farciennes, tous les conseillers communaux (PS-cdH et MR) se sont abstenus.
"Je suis heureux et soulagé avant tout pour les riverains", a déclaré Jean-Marc Nollet. "Nous avons finalement pu convaincre de la pertinence de nos arguments contre ce projet. Cela démontre que majorité absolue (socialiste dans les deux entités, ndlr) ne signifie pas pouvoir absolu", a-t-il ajouté.
Lundi, les associations Greenpeace et Inter-Environnement Wallonie, associées au comité de riverains, avaient appelé les mandataires des deux entités à s'opposer à ce projet "dangereux, tant pour la santé et la sécurité des habitants que pour l'environnement".
Pour rappel, le 9 décembre 2005, l'asbl PALOFF (Partenariat local Fleurus-Farciennes) avait remis un avant-projet d'enfouissement de "déchets faiblement radioactifs et des mesures d'accompagnement requises", susceptible de voir le jour sur des terrains proches de l'Institut des Radio-Elements (IRE).
A l'époque, "sur les 25 personnes présentes, dont la moitié de conseillers communaux, 21 s'étaient exprimées en faveur de ce projet", s'est encore souvenu Jean-Marc Nollet. "Et quatre seulement s'y étaient opposées. On a fait du chemin depuis", s'est-il enfin réjoui.


 

La Libre Belgique, 2/11/2004 :

Cimetière flamand pour les déchets?

La commune de Dessel serait prête à héberger un dépôt final de déchets radioactifs de faible activité. Une première dans un dossier sensible et irrésolu. La commune flamande de Dessel pourrait bien rester dans les annales nucléaires comme la première en Belgique à s'être montrée disposée, sous certaines conditions, «à apporter une solution durable au problème de gestion à long terme des déchets de faible activité et de longue durée de vie». Un problème qui - à l'instar d'autres pays de l'Union européenne - n'est toujours pas résolu chez nous. Cela étant, rien n'est fait. Le projet de dépôt final que compte présenter l'Organisme national des déchets radioactifs et des matières fissiles (Ondraf) au ministre de tutelle, Marc Verwilghen (VLD), devra encore faire l'objet d'une évaluation avant une éventuelle décision finale en 2005. Il reviendra aussi au Fédéral de décider si le dépôt en surface est préférable à un enfouissement géologique (à 200 mètres de profondeur dans de l'argile). L'une et l'autre option ayant ses avantages et inconvénients.

Consultation
En attendant, c'est l'asbl Stola-Dessel (un mixe de représentants de l'Ondraf et de la commune) qui s'est chargée de consulter la population. La réceptivité annoncée de cette dernière à un projet pourtant controversé s'explique par la présence d'un site nucléaire (Belgoprocess) qui stocke déjà à titre provisoire des déchets radioactifs. De fait, Dessel fait partie des 4 communes pressenties pour accueillir des déchets nucléaires - avec Mol côté Flandre - en raison de la présence de Belgoprocess et Fleurus et Farciennes en raison de la présence de l'Ire, l'Institut des radioéléments.
Côté wallon, un partenariat local Fleurus-Farciennes (Paloff) a été créé afin d'étudier la faisabilité de l'implantation d'un dépôt de déchets nucléaires sur le site de l'Ire, situé à cheval sur ces deux communes de la Basse-Sambre. D'ici quelques jours l'on devrait d'ailleurs connaître le sentiment des riverains de la région sur ce projet. Pas sûr qu'ils manifestent la même «bienveillance» que ceux de Dessel. Ainsi, le comité de vigilance de Fleurus-Farciennes s'est d'ores et déjà opposé au projet de dépôt de déchets nucléaires sur le territoire de la commune. Pour mémoire, depuis 1998, l'Ondraf est chargée de trouver l'emplacement où pourrait s'installer un dépôt final de déchets nucléaires de faible activité et de courte durée. Si les déchets de faible activité sont entreposés provisoirement chez Belgoprocess (filiale de l'Ondraf), le site de stockage définitif devra être prévu pour accueillir tous les déchets passés, présents et à venir, liés au programme électronucléaire belge existant, y compris après le démantèlement des actuels réacteurs de Doel et de Tihange. La fin des opérations de stockage n'est pas envisagée avant l'an 2060. Outre les enjeux environnementaux, le projet d'une dernière demeure pour déchets nucléaires représente aussi un solide pactole qui se chiffre déjà en dizaines de millions d'euros, récoltés via un prélèvement sur les factures d'électricité. Outre un important chantier de génie civil, le projet implique l'emploi de 50 à 60 personnes pendant l'exploitation et un potentiel non négligeable de retombées fiscales, industrielles, commerciales et même touristiques. En France, le site de stockage de Soulaines (Aude) a accueilli plus de 60.000 visiteurs depuis sa mise en activité il y a dix ans.



Belgique: plus de 400 fûts de déchets radioactifs sont défectueux

2/2/03 - Plus de 400 fûts de déchets radioactifs stockés à Dessel (nord de Belgique) sont considérés comme défectueux et pour une partie d'entre eux, estimés plus dangereux, il n'existe pas actuellement en Belgique de solution technique de reconditionnement, selon un rapport officiel, révélé par le quotidien Le Soir.
426 fûts nucléaires de 400 litres de matière radioactive, mélangée à différents composants (ciments, bitume) ont des défauts de natures diverses qui nécessitent au minimum un reconditionnement et au mieux une solution de stockage définitif, selon un rapport de l'Organisme national de gestion de déchets radioactifs (Ondraf), cité par Le Soir.
Parmi eux, 124 colis, "moyennement radioactifs", datant de 1983 à 1989, sont considérés comme plus dangereux, en raison de leur rayonnement plus intense, et nécessitent une autre solution, souligne le quotidien.
Pour les fûts "faiblement radioactifs, il va falloir clairement expliquer quel type d'enveloppe on va ajouter pour pouvoir garantir aux populations que ces fûts resteront stables pendant 300 ans, alors qu'on a constaté qu'il y avait des problèmes après 20 ans", a affirmé le secrétaire d'Etat à l'Energie, Olivier Deleuze, sur la radio publique belge RTBF."Il y a par ailleurs des fûts moyennement radioactifs, plus dangereux, et il n'y pas aujourd'hui de solutions pour ces fûts", a ajouté le secrétaire d'Etat, qui avait réclamé un rapport à l'Ondraf à ce sujet.
Pour sa part, le directeur de l'Ondraf, Jean-Paul Minon, a affirmé sur RTBF qu'"il existe des solutions pour les fûts cimentés, le tout étant de les mettre en oeuvre".
"Mais pour les fûts en bitume il faudra d'abord comprendre quel est le problème", avant de pouvoir estimer "les coûts de l'opération". Pour ces fûts, qui nécessitent une solution géologique à long terme, "il faudra probablement se tourner vers l'étranger", a-t-il dit au quotidien Le Soir.
Un responsable de l'Ondraf, cité par l'agence Belga, a affirmé pour part qu'il n'existe aucun danger pour la santé publique, tant pour le personnel de l'Ondraf que pour les riverains des installations.

Belgique, les poubelles nucléaires débordent, abandon du nucléaire d'ici à 2025