Reportage photos : Festival ANTI-Atomique au Barp

Voir :
http://megajoule.6aout2005.free.fr




Sud Ouest, dimanche 7 août 2005:

La bombe reste d'actualité

A l'occasion du 60e anniversaire d'Hiroshima, l'Appel des cent à Bordeaux et Sortir du nucléaire au Barp ont rassemblé les militants d'un monde sans arme atomique

« J'avais 8 ans en 1945, mais je me souviens que l'événement m'avait marqué à l'époque. On en parlait entre copains », se souvient Christian Martinez. Avant de poursuivre : « Attention ! le feu nucléaire peut frapper de nouveau. » Yann Cambon, quant à lui, a participé aux essais nucléaires français dans le Pacifique en 1970 et 1971. Il se souvient de ce jour où, après un essai, « le vent a tourné, on a reçu une pluie radioactive mais personne n'a été évacué... Des légionnaires se sont douchés avec cette eau. Aujourd'hui, 32 % de ceux qui ont participé aux essais sont atteints de cancers multiples. »

Ces deux hommes ont évoqué leurs souvenirs et leurs craintes. L'un à Bordeaux-Lac devant la statue de « l'Oiseau de la paix », l'autre au Barp à la journée de «protestation citoyenne » des associations antinucléaires. Le soixantième anniversaire de l'explosion des bombes atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki a été marqué hier en Gironde par deux rassemblements pacifistes en des lieux symboliques.

Oeuvre d'un sculpteur japonais, le mobile en acier inoxydable se dresse au carrefour de l'avenue Marcel-Dassault et de l'avenue des Quarante-Journaux. Une trentaine de personnes s'y sont retrouvées en fin de matinée, conviées par le collectif de l'Appel des cent. Une gerbe a été déposée au pied de la statue, suivie d'une minute de silence. Plusieurs orateurs ont ensuite pris la parole, syndicalistes, élus du PCF. Greenpeace s'était joint à la commémoration avec notamment la présence de Xavier Renou, recruté en avril dernier par l'association pour renforcer la campagne en faveur du désarmement nucléaire.

Désarmer.

Les imposantes clôtures de protection du CEA (Commissariat à l'énergie atomique) au Barp, entre les pins maritimes et les grues du chantier du laser Mégajoule. Drôle d'endroit pour un pique-nique. Ils étaient pourtant près de deux cents à la mi-journée, invités par TchernoBlaye et le réseau Sortir du nucléaire. Avec musique et exposition d'une étrange sculpture métallique frappée d'un sigle rappelant le symbole de la radioactivité. Le cortège des voitures des manifestants s'est ensuite lentement déplacé vers le bourg pour un meeting et un concert.

Soixante ans après Hiroshima, la bombe atomique est toujours d'actualité. « La menace qui hier s'est matérialisée plane plus que jamais sur nos têtes avec près d'une quarantaine d'Etats sur le point de se doter de la bombe atomique », rappelle Xavier Renou. D'où l'urgence à relancer des négociations sur le désarmement;

Faut-il toutefois condamner tout le nucléaire ? Les avis divergent. Vincent Maurin, élu communiste bordelais, se félicite de la construction du réacteur expérimental Iter et ne rejette pas le laser Mégajoule, mais « il risque d'être plus au service de la guerre que de la paix » et « nous serons vigilants sur ses applications civiles ». Pour José Bové, qui intervenait hier après-midi au Barp via une allocution enregistrée, il existe un lien entre nucléaire civil et nucléaire militaire. L'un et l'autre doivent donc être refusés.

Ironisant sur les articles de presse qui voient dans le chantier du Barp « une manne pour la région », Stéphane Lhomme, animateur de Sortir du nucléaire, a réclamé que la manne en question soit « reportée sur les énergies renouvelables, l'éducation, la santé ». Selon lui, les recherches menées au laser Mégajoule pourraient contribuer à la création de « mini-nukes », de petites bombes atomiques utilisables sur les champs de bataille. Pour les uns et les autres, c'est une raison supplémentaire de mobiliser l'opinion publique sur le désarmement.

Michel Monteil