DD Magazine, 16/10/2009: 

Pour les écologistes, les grandes banques françaises font fausse route

Les Amis de la Terre, Greenpeace et le Réseau Sortir du Nucléaire considèrent que les banques françaises s'obstinent à vouloir financer un projet d'EPR en Inde, nous enfermant toujours un peu plus dans la fuite en avant nucléaire, au risque d'un fiasco industriel.

Alors que l'électricien finlandais TVO vient d'annoncer que son EPR ne serait mis en service qu'en 2013 et que l'autorité de sûreté nucléaire finlandaise (STUK) a ordonné l'arrêt des travaux de soudure sur le chantier, les associations écologistes demandent aux banques françaises (BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et Natixis) de cesser immédiatement leurs pourparlers avec l'Inde et de se mettre enfin à financer les réelles solutions aux crises climatiques et énergétiques, à savoir l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables.

La presse indienne a évoqué hier pour la première fois les sources potentielles de financement des EPR envisagés dans ce pays. On y apprend ainsi que la Nuclear Power Corporation of India Limited (NPCIL) est en pourparlers avec quatre banques françaises : BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et Natixis, et une banque anglaise, HSBC, pour le financement de la construction de deux EPR (1). Ce qui provoque l'ire des écologistes.

Yann Louvel, chargé de campagne Finance privée aux Amis de la Terre, commente cette information : « On retrouve là les mêmes "usual suspects" que pour la majorité des projets controversés dans lesquels des banques françaises sont impliquées. BNP Paribas s'était déjà brillamment illustré pour son implication dans le projet de centrale nucléaire en zone sismique de Belene, en Bulgarie, et la Société Générale et le Crédit Agricole dans celui de Mochovce, en Slovaquie, deux projets obsolètes toujours pas opérationnels après 20 ans de tergiversations ».

Cette nouvelle intervient alors que le premier projet de construction d'EPR, à Olkiluoto, en Finlande, se transforme, selon les associations "un peu plus chaque jour en fiasco industriel et financier". Stéphane Lhomme, du Réseau Sortir du nucléaire ajoute : « Le chantier du premier EPR a déjà pris quatre ans de retard. La centrale devait entrer en fonction en 2009 alors que les dernières prévisions ont été repoussées à 2013 ! De même, sur le plan financier, AREVA avait vendu le projet aux Finlandais pour 3 milliards d'euros, mais nous en sommes déjà rendus à 5,5 milliards d'euros, soit un surcoût de plus de 80% ! Tout cela est dû aux multiples problèmes rencontrés sur le site, ce qui prouve bien que cette nouvelle génération de réacteur n'est qu'un miroir aux alouettes, comme l'est le nucléaire en tant que solution aux crises climatiques et énergétiques ».

Laura Hameaux, de Greenpeace France, conclut : « Les banques françaises ont assez fait parler d'elles avec la crise financière et les multiples scandales, ainsi que par leur implication dans de nombreux projets controversés aux impacts environnementaux et sociaux désastreux. Elles doivent immédiatement stopper leurs discussions avec NPCIL et cesser de détourner des capitaux vers ce type de fausses solutions pour se mettre enfin à financer les réelles solutions aux changements climatiques : l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables ».