Des écologistes demandent à la France d'abandonner un projet d'uranium

26/4/2005 - Des organisations écologiques ont dit mardi avoir demandé au gouvernement français de mettre un terme aux démarches de la Cogéma, filiale de la société publique Aréva, pour exploiter une mine d'uranium située dans un parc national d'Australie.Un moratoire de cinq ans, imposé par les priopriétaires fonciers aborigénes sur l'exploitation de la mine de Koongarra dans le parc national de Kakadu, est arrivé à échéance mardi.La Cogéma, filiale nucléaire du géant de l'énergie Aréva, a indiqué qu'elle allait relancer ses démarches pour exploiter ce gisement, situé à 250 km à l'est de Darwin dans le nord de l'Australie.Cette mine a été découverte en 1971 et contient environ 14.000 tonnes d'oxyde d'uranium.Cinq organisations écologiques ont indiqué avoir écrit à l'ambassadeur de France en Australie à propos de ce site, qui se trouve dans un parc classé au patrimoine mondial."Nous lançons un appel au gouvernement français pour qu'il reconsidère son engagement dans ce projet trés controversé", peut-on lire dans ce courrier."Une volonté du gouvernement français d'exploiter une mine d'uranium dans un site naturel et culturel aussi sensible et internationalement réputé porterait atteinte à la réputation de la France", ajoutent les écologistes.Le Centre de l'environnement des Territoires du Nord, la Fondation pour la conservation australienne, Greenpeace, Les amis de la Terre et la Société des déserts estiment que l'exploitation de cette mine endomagerait des zones humides de valeur internationale.Ces organisations considérent également que ce projet affecterait la région la plus fréquentée du parc du Kakadu, Nourlangie Rock, et engendrerait des problèmes à long terme de toxicité et de radioactivité.

 

 

Le Monde, 22/2/2005:

Areva ne renonce pas à son gisement d'uranium australien contesté

Sydney de notre correspondant

Les responsables d'Areva n'ont pas mis bien longtemps à comprendre qu'ils auraient le plus grand mal à exploiter leur gisement d'uranium de Koongarra, en Australie. Les prospecteurs ont découvert ce filon de 14 000 tonnes d'oxyde d'uranium dans le Territoire du Nord en 1971, mais, en trente-quatre ans, aucune société n'est parvenue à obtenir le droit de creuser.

Le terrain se situe à 3 kilomètres de Nourlangie. Ce rocher, qui est une des principales attractions touristiques de la région, est couvert de peintures aborigènes et appartient au parc national de Kakadu, classé par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité.

Les communautés indigènes originaires de cette zone, à 250 kilomètres à l'est de Darwin, se sont toujours opposées à l'arrivée des groupes miniers. Elles ont obtenu en 2000 un moratoire de cinq ans qui empêche Areva de fouiller des terres, même concédées.

A l'approche du 26 avril, date de la fin de la suspension provisoire de prospecter, la presse australienne a accusé le groupe français de vouloir lancer ses bulldozers à l'assaut de Kakadu. Le directeur général de la Cogema en Australie, Stephen Mann, a cherché en vain à mettre fin à la polémique en expliquant que sa société ne faisait que lancer les formalités administratives pour obtenir une nouvelle concession sur le terrain.

500 MILLIONS D'EUROS POTENTIELS

Pour lancer l'exploitation du gisement, "nous avons besoin d'un climat politique propice, et je ne pense pas que nous ayons cela en Australie", concède Tim Gitzel, le directeur des activités minières d'Areva. Les déclarations des hommes politiques locaux confirment son analyse. "Quelle personne sensée voudrait ouvrir une grosse mine juste à côté de Nourlangie ? commente Kon Vatskalis, le ministre des mines du Territoire du Nord. Quelles seraient les conséquences sur le tourisme ? Il y a tant de choses à prendre en compte avant même de commencer à creuser." "Nous ferons tout ce que nous pouvons pour empêcher l'ouverture de cette mine", prévient Peter Robertson, le porte-parole du Centre pour l'environnement du Territoire du Nord.

Areva pense qu'il lui faudra encore cinq ou dix ans pour obtenir les autorisations nécessaires pour exploiter Koongarra. "Nous ne souhaitons pas abandonner ce site, prévient M. Gitzel. Le climat politique peut évoluer.Nous avons vu cela se produire dans certains pays, comme le Canada."

Le gisement n'est pas gigantesque et la proportion d'uranium dans le sol (moins de 1 %) est faible comparée à celle enregistrée sur certains filons canadiens (18 % à 20 %) d'Areva, qui produisent chaque année jusqu'à 7 000 tonnes. Mais, avec le cours de la livre d'uranium qui a triplé en trois ans, Koongarra représente un trésor potentiel de 500 millions d'euros.

La production mondiale d'uranium, en 2003, n'a pas dépassé 42 180 tonnes, alors que les besoins mondiaux approchaient 77 000 tonnes, selon l'Association nucléaire mondiale. Les centrales nucléaires tournent en puisant dans les stocks militaires des puissances nucléaires, mais ces sources finiront par se tarir. D'où l'importance stratégique, pour Areva, de posséder des gisements d'oxyde d'uranium inexploités.

Frédéric Therin

 

Réseau "Sortir du nucléaire", le16/02/2005 :
Cogéma veut exploiter un site sensible en Australie